Méditation du 32ième dimanche du T.O.

« Au milieu de la nuit, un cri est poussé, Voici l’époux »

 

 

Le Christ nous prépare à son retour. La venue du Fils de l’homme est une joie pour le croyant qui connaitra les délices de la civilisation de l’amour. Toutefois il faut nous tenir prêts afin de ne pas nous laisser entrainer dans la tiédeur de la foi et oublier la vigueur de notre jeunesse quand il s’agit d’être en relation avec Dieu. Notre vocation de Fils de Dieu demande de rendre compte de notre vocation lors de la venue du Fils au dernier jour. Notre foi n’est pas une catégorie de valeur à vivre pour soi-même ou pour les autres, mais elle se comprend dans l’attente de la grande espérance du salut, et du dessein de Dieu de laisser l’amour rayonner pour toujours. Dans ce dernier chapitre avant la Passion du Christ, cinq paraboles nous aident à comprendre le plan du salut, afin d’entrer dans la mystère de la croix pour accueillir celui de la résurrection. Car s’il peut être banal à l’époque de mourir comme condamné sur la croix, la résurrection reste un phénomène unique, et nous demande d’être ouverts aux possibles de Dieu en tenant son âme devant Lui égale et silencieuse afin de la contempler en vérité et de témoigner «  Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contempléLa Vie s’est manifestée ; nous l’avons vue, nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons cette Vie éternelle »[i]  Car la rencontre avec le Christ est la promesse du salut, et s’enracine dans une expérience personnelle, et demande une disponibilité de tout notre être pour lui rendre témoignage.

 

Quatre paraboles décrivent ce temps de l’éternelle communion avec Dieu. Celle du déluge (Mt 24,37-42) qui nous appelle à veiller dans la foi afin d’être attentifs aux signes, et d’entrer dans la promesse du salut. La deuxième parabole  nous invite à la disponibilité, parce que le jour de Dieu viendra comme un voleur dans la nuit, c’est-à-dire « à l’heure où nous n’y penserez pas »[ii]. Il nous faut perdre les certitudes de ce monde qui passe ,pour entrer dans l’aventure de la civilisation de l’amour et être vigilants. La troisième parabole, (Mt 24,45-51) nous invite à persévérer dans l’attente, et non se perdre dans le désordre de son péché. Quand bien même le maître se fait attendre, continuons de persévérer dans la recherche du bien et de développer une attention aux frères pour les pousser à s’orienter vers Dieu. L’onction de l’Esprit nous pousse à agir avec nos frères dans cette recherche mutuelle du salut. « L’espérance est audace, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne »[iii]. » Le bon serviteur sera attentif alors à prendre en charge son personnel que lui a confié le Seigneur pour travailler pour le bien du royaume. La quatrième parabole est celle des dix vierges Mt 25,1-13) que nous méditerons. Et en  conclusion (Mt 25,14-30)  la célèbre parabole des talents développés dans une exégèse avec une finesse psychologique par Marie Balmary[iv]. Par cette parabole qui synthétise toutes les autres, nous sommes rappelés à notre propre responsabilité pour vivre la communion avec Dieu. Oui, Il nous a aimés le premier, et Il est à l’initiative de notre foi, mais nous avons à répondre dans un acte libre à son amour. Si Dieu nous a créés c’est pour aimer, et donc il est toujours à l’initiative, le manque de foi ne peut jamais être imputé à un dieu qui appellerais plus l’un que l’autre. Il est de notre responsabilité propre d’accueillir dans le jardin de notre cœur, ses pas, ce qui demande d’être vigilants, de nous tenir prêts, et de persévérer dans l’attente, afin de venir à sa rencontre.

 

1.   Le royaume des cieux– l’éloge de la sagesse et la dénonciation de la folie

 

« Le royaume des cieux est semblable à dix vierges ….» Il y a dix vierges, comme les dix commandements de la loi. C’est-à-dire un parallèle avec ceux qui vivent pour le royaume et s’abstiennent des biens du monde pour un profit meilleur vécu dans la grande espérance du salut. « Je suis définitivement aimée et quel que soit ce qui m’arrive, je suis attendue par cet Amour. »[v] Si toutes se sont tournées vers la loi du royaume cinq en oublient la notion de noces et se lassent de garder la Parole de Dieu dans leur cœur. Elles ont fait la 1ère communion, parfois la profession de foi, rarement la confirmation, souvent se sont mariées à l’Eglise puis ensuite, c’est le désert de l’absurdité du monde, et de la vanité du temps qui passe. La religion étant un entracte à notre vie quotidienne, comme une roue de secours à prendre en cas de besoin. En effet, lorsqu’on attend l’époux qui tarde, nous savons bien que très souvent la notion de temps est très relative. Nous pouvons nous mettre à disposition du Seigneur et oublier qu’Il est présent en chaque eucharistie, comme un sacrifice offert pour nous. Sous prétexte de nous mettre au service de Dieu nous n’y mettons pas l’huile de l’amour dans la lampe des Ecritures. La folie des vierges est de prendre les lampes sans prendre les huiles. C’est bien plus que de la distraction, une forme de mise en parenthèse de la vie spirituelle.

Mais le mot grec implique l’idée de folie et en même temps d’impiété, c’est-à-dire sans Dieu, sans vie de prière.. C’est bien une forme de folie de ne pas croire en Dieu. Il y a le refus de la transcendance et de la dimension spirituelle, et l’attente marque la forme d’indifférence, pas toujours hostile, mais complètement imprévoyante. Les autres vierges, avaient l’intelligence de la foi, et donc pouvaient contempler Dieu, définition même de la sagesse, et du cœur pur. C’est dire qu’elles cultivaient la vertu de prudence, pour faire les choses avec discernement. D’ailleurs l’exercice de ce discernement se voit à la réponse aux vierges folles. Elles ne peuvent contrevenir à la vérité de l’amour en passant l’huile puisqu’elles mêmes n’en auraient plus, mais elles donnent un conseil avisé en les invitant à aller chez le marchand (ouvert au milieu de la nuit comme chacun sait), pour aller à la source puiser le nécessaire. Mais le vrai manque n’est-il pas d’être absent au maitre de la vie ? La vraie pauvreté de l’homme, n’est-elle pas de s’éteindre devant la lumière de Dieu dans sa vaine recherche d’autosuffisance, croyant maitriser tout l’ADN et se faisant terrasser par un tout petit virus ? La folie n’est-elle pas de laisser ouverts certains commerces dit utiles, dans une compréhension marchande, et fermer les Eglises et les lieux de recueillement, comme si Dieu ne devait pas être premier ?

 

La foi est donc de poursuivre la fidélité au Seigneur afin de se laisser conduire dans la sagesse de son dessein qui gouverne notre histoire. Cette Toute Puissance de Dieu qui se manifeste toujours à l’homme comme une proposition d’accueil, et de disponibilité.  « La vertu est au service de la sagesse et la sagesse prédispose à accueillir le don qui provient de Dieu. Ce don fortifie la vertu et permet de jouir dans la sagesse des fruits d’une conduite et d’une vie qui soient pures. »[vi] Les vierges sages, sont là pour accueillir le don de l’époux, qui est sa présence, et en même temps ce temps de joie d’être ensemble. Le refus de Dieu et de son don d’amour, empêche d’être illuminé par sa présence, et nous laisse à la porte là où il y a pleurs et grincements de dents.  Il nous faut redécouvrir la richesse de la relation à Dieu, en le remettant au cœur de notre vie.  « A la lumière de la foi, j’ai acquis la sagesse; à la lumière de la foi, je suis forte, constante et persévérante; à la lumière de la foi, j’espère: je ne faiblis pas sur le chemin. Cette lumière m’enseigne la route.” »[vii] Accueillir le Christ nous fait entrer dans la salle des noces, parce que nous voyons les choses autrement, et tous les jours sont des jours d’une joie profonde parce qu’Il est avec nous. Laissons-nous le temps d’aller à sa rencontre. Je le répète, laissons-nous le temps. L’enjeu actuel est peut être bien celui-là, cette disponibilité à Dieu, cette gratuité du temps où l’amour répond à l’amour, et non dans une fuite vers l’immédiateté d’une société tournée vers elle-même. « Aussi il est urgent de récupérer le caractère particulier de lumière de la foi parce que, lorsque sa flamme s’éteint, toutes les autres lumières finissent par perdre leur vigueur »[viii]

 

2.   La nuit épreuve et délivrance

 

«  Au milieu de la nuit, il y eut un cri « : ‘Au milieu de la nuit,  de cette « nuit obscure d’angoisses d’amour enflammée »[ix], pleine de nos rêves et de nos cauchemars, là où le temps n’existe plus, mais seulement le repos. De ces nuits du deuil, où tout nous semble perdu et vide, et confronté au silence pour seule réponse. De ces nuits à perte de sens, où l’illusion de la fête et des rencontres nous fait courir à perte d’être. Nuits de la solitude, où nous devons garder confiance en la Parole dans cette attente d’un renouveau. C’est là qu’un cri d’allégresse surgit, celui qui faisait notre attente revient. « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre »., l’attente a été longue plongeant tout le monde dans le sommeil, et pourtant, quelqu’un veillait, prêt à informer tout le monde de la joyeuse nouvelle. Non tout ne s’est pas fini avec la nuit du péché, le cri de la vertu d’espérance a ouvert nos horizons. « au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. »car le cri nous pousse à garder sagesse en contemplant le Seigneur, et en restant avec Lui et non rechercher la vanité du monde, dans ces lampes sans huile. La purification que nous avions à vivre dans la nuit, doit nous rendre disponibles à la relation avec Dieu en recherchant à s’ajuster à son amour par l’intensité de notre présence.

 

Quel est le veilleur au cœur de cette parabole, pas un mot, juste un cri, et la précipitation des vierges pour aller à la rencontre de l’époux. Le voici Il vient au plus profond de nous-mêmes pour nous retrouver. « quand l’homme rentre dans son propre fond, au plus intime de lui-même, et y cherche le Seigneur…le royaume de Dieu est en lui… Quand l’homme est entrée dans cette maison et a cherché Dieu dans ce fond le plus intime, Dieu vient aussi chercher l’homme et bouleverse la maison de fond en comble »[x] Le royaume est alors à comprendre non comme un lieu géographique, mais comme un lieu relationnel, où l’homme est en pleine communion avec Dieu, et ajusté à sa Parole pour tenir sa lampe allumée, et entrer dans la joie vivifiante. Il peut contempler Dieu d’un cœur pur, puisqu’il est resté fidèle. Les vierges sages, disent cette prudence de se tenir en Dieu et d’être toujours dans l’attente de sa venue pour être prêt.

 

3.   La civilisation de l’amour éternel

L’annonce du royaume connait des éveilleurs de la Parole qui dans la nuit de nos traversées, nous rappellent à cette joie de la présence de Dieu. Cela n’empêche pas le deuil, et le travail de conversion que nous avons à vivre dans un abandon plein de confiance en sa Parole, mais ce n’est pas une fin en soi, mais le début d’une nouvelle relation, d’une rencontre d’un bonheur jusque là caché, et qui se révèle. Oui, Dieu est là, devant cette mer rouge fermée, pour l’écarter. Il est là, dans cette tempête pour l’apaiser. Il est là, dans la nuit pour être jugé et livré. Mais elle est là cette nuit resplendissante de la résurrection. «  J’avais dit : « Les ténèbres m’écrasent ! » mais la nuit devient lumière autour de moi.  Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! »[xi] Alors que tout semblait perdu, nous voici invités à entrer dans une nouvelle relation, celle de l’espérance du salut, le Sauveur nous fait apparaitre la civilisation de l’amour où nous sommes attendus.  Nous accueillons la Parole et nous entrons en dialogue avec l’époux, dans la prière, l’adoration, la contemplation, et le service de la charité. Oui au milieu de la nuit, il faut s’activer dans l’espérance, pour accueillir la lumière de la vérité dans l’intelligence de la foi et la dynamique de l’amour.

 

La promesse du royaume se vit dans la confiance en Dieu et en sa parole en persévérant dans notre vie à nous ajuster à sa volonté pour mieux correspondre à notre vocation de fils de Dieu appelés à être des fils de lumière.  « La foi n’est pas une lumière qui dissiperait toutes nos ténèbres, mais la lampe qui guide nos pas dans la nuit, et cela suffit pour le chemin. À l’homme qui souffre, Dieu ne donne pas un raisonnement qui explique tout, mais il offre sa réponse sous la forme d’une présence qui accompagne, d’une histoire de bien qui s’unit à chaque histoire de souffrance pour ouvrir en elle une trouée de lumière »[xii]  Une nuit de délivrance où la lumière de la foi éclaire nos pas et où l’espace est à nouveau réapproprié. Nous ne sommes plus dans la nuit de solitude, mais dans la clarté de la relation où nos lampes allumées de la prière et la méditation de la prière, nous font marcher vers nos frères pour annoncer cette joie du Christ Sauveur qui se propose à tous. Quittons l’insouciance pour habiter la sagesse, qui est contemplation de l’œuvre de Dieu dans notre vie et communion. Il ne s’agit pas tant d’être dans la loi de l’attente, et d’avoir rempli les obligations, que de penser à l’amour en ayant les réserves d’huile nécessaire pour vivre la fête de la communion.

 

4.   L’insouciance et le témoignage de notre foi

 

L’insouciance est de vivre dans la vanité de ce monde accaparé par l’inutilité, alors que la sagesse est de rechercher son salut à travers un dialogue incessant avec Dieu, la méditation de sa Parole et le service du frère. Notre témoignage est alors notre manière d’agir dans la recherche des choses spirituelles, et d’affirmer sa foi au-delà des apparences. « les chrétiens sont appelés à servir non seulement comme « un phare de la foi pour l’Église universelle, mais aussi comme un levain d’harmonie, de sagesse et d’équilibre dans la vie d’une société qui, traditionnellement, a été et continue d’être pluraliste, multiethnique et multi-religieuse »[xiii]»[xiv] Dans ce temps de pandémie, nous avons à rappeler à nos contemporains une hiérarchie des valeurs, où ce n’est ni le commerce ni la santé du corps qui est premier, mais bien ce qui a du sens dans la recherche de la santé de l’intégralité de l’homme, et rechercher l’utilité de son temps dans le service de la charité. C’est ainsi que nous ne pouvons pas être surpris par le jour du Seigneur, mais l’accueillir au plus profond de notre cœur, et avec Lui, célébrer la fête de la vie donnée par la générosité de l’amour de Dieu.

 

Aujourd’hui encore, nous ne comprenons pas toujours le dessein de Dieu, et le pourquoi du chemin qu’Il nous fait emprunter, mais nous sommes confiants en son amour, et nous persévérons dans la vérité pour accueillir la vie en plénitude. La lumière de la révélation du Christ nous fait entrer dans un mode nouveau de relation, parce que tout y est sens. Car la sagesse du partage qui se fait dans un pan du manteau donné, se révèle dans la nuit comme accueil de Dieu dans le plus petit des frères. Cela doit nous faire goûter la nuit du renoncement et de la relation pour retrouver le sens de l’homme et de ce qui est premier, c’est souvent ce qui se passe dans les grands événements de notre vie, et des questionnements que nous posons. Le pourquoi devient en deux mots, le pour – quoi. Pour quel chemin de croissance, pour quelle vie qui prend sens ? Ce n’est plus pour interroger Dieu que d’orienter notre vie vers l’attente de l’époux qui vient, et tenir nos lampes allumées à la lumière de la résurrection et de la pentecôte

 

Prendre l’huile de la sagesse pour laisser briller notre foi demande alors une conscience aigüe de la nécessaire évangélisation auprès des enfants et des jeunes. Nous ne pouvons pas laisser nos progénitures dans l’indigence spirituelle au nom d’une liberté qui souvent est démission. Nous ne pouvons pas vivre notre vie communautaire dans la paroisse en touriste spirituel, dans une tiédeur de plus en plus froide de nos engagements. La folie des vierges est dans l’irresponsabilité calculée de leurs actes. La folie des familles est de vivre leur foi dans un désengagement de leur progéniture pour les choses spirituelles. La folie d’une communauté paroissiale est d’oublier d’annoncer cette joie de croire, cette force d’aimer, cette humilité de la vérité qui bouscule l’impossible pour se plonger dans la réalité de la présence de Dieu.

 

5.       La triple mission de l’Eglise

Notre foi se comprend dans la triple tâche de l’Eglise pour redécouvrir  la civilisation de l’amour.

La première est d’annoncer la Parole et d’en vivre comme témoin, c’est-à-dire à ne pas se contenter de savoir les Ecritures ou vivre les commandements sans charité, mais au contraire de se laisser pétrir par la Parole, prévoyant pour le combat spirituel et pugnace dans l’attente. « Une culture populaire évangélisée contient des valeurs de foi et de solidarité qui peuvent provoquer le développement d’une société plus juste et croyante, et possède une sagesse propre qu’il faut savoir reconnaître avec un regard plein de reconnaissance. »[xv] Dans l’annonce de la parole nous faisons œuvre de justice, et préparons à un développement qui porte du fruit. L’activité missionnaire est un vrai défi pour l’Eglise de ce temps, avec une perte de la foi à travers les générations, et un refus de l’Evangile, sans cesse rappelés par nos mass medias modernes, disant ce qui leur convient et refusant le bel horizon du royaume pour une république individualiste où le bien commun est une somme d’intérêts personnels pour un vivre ensemble qui tient plus d’une colocation que d’une vie de communion.

 

La deuxième est de célébrer les sacrements, et vivre une liturgie, certes personnelle, mais aussi communautaire : n’ayons pas une inclination protestante de notre foi, en faisant de la célébration dominicale une option. Dès le temps apostolique, les chrétiens se réunissaient les dimanches, parce qu’il était le jour du Seigneur, et priaient, vivaient ensemble, et partageaient ce temps spécifique. Ni courses, ni repas de famille, ou de futiles loisirs, ne les éloignaient du principal qui est d’aimer Dieu et de sanctifier le temps par une présence active. Faut-il rappeler le premier commandement de l’Eglise « ” Les Dimanches et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l’obligation de participer à la Sainte Messe et de s’abstenir des œuvres serviles “. [ce qui] demande aux fidèles de sanctifier le jour où l’on commémore la Résurrection du Seigneur, ainsi que les principales fêtes liturgiques où l’on honore les mystères du Seigneur, de la Bienheureuse Vierge Marie et des Saints, avant tout en participant à la célébration eucharistique qui rassemble la Communauté chrétienne, et de se libérer de tous ces travaux et de ces affaires qui sont de nature à empêcher la sanctification de ces jours[xvi] »[xvii] . Entrer dans la sagesse des vierges prévoyantes, demande d’évangéliser notre temps afin de mettre Dieu à la première place. 

 

La troisième tache de l’Eglise est le service de la charité, qui se vit d’un point de vue communautaire par la conférence Saint Vincent de Paul ou le Secours catholique, mais  également dans un souci personnel de rejoindre notre entourage pour veiller au soin de            chacun. Mais actuellement plus qu’une solidarité économique, nous avons à vivre une solidarité relationnelle en prenant du temps avec les uns et les autres, en maintenant un accueil ouvert et bienveillant, et en prenant soin d’être présents à ceux qui nous entourent. Et c’est vrai que les pensées vagabondes d’antan ont laissé place à une société des écrans, où nous montrons de manière active notre désintérêt de l’entourage et notre fermeture à un seul horizon. « L’amour dans la vérité, dont Jésus s’est fait le témoin dans sa vie terrestre et surtout par sa mort et sa résurrection, est la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière »[xviii] Le service de la charité rend compte de notre foi en la résurrection, d’une part, et de notre espérance au salut d’autre part, pour partager cet amour à tous, et ainsi proposer d’entrer ensemble dans la civilisation de l’amour.

 

Synthèse

 

« Voici l’époux, sortez à sa rencontre » La foi est un voyage où nous sommes amenés à sortir de nous-mêmes pour entrer dans la salle du banquet de l’Esprit Saint à travers ses dons. L’Eglise doit être en sortie, encore faut-il puiser dans l’huile de la grâce, c’est-à-dire persévérer dans la prière, confiant dans la Parole de Dieu et s’imprégner de fraternité. « La présentation du message évangélique n’est pas …une contribution facultative : …. Il est unique. Il ne saurait être remplacé. Il ne souffre ni indifférence, ni syncrétisme, ni accommodation. C’est le salut des hommes qui est en cause. ….. Il comporte une sagesse qui n’est pas de ce monde. »[xix] A nous de l’annoncer en vérité, de le vivre dans l’amour et de porter la lumière de l’espérance à tous. Regardons dans ce temps de crise sanitaire, économique, sociale et politique cet appel missionnaire de l’Evangile à prévoir la lumière de la foi dans la grâce du salut promis à tous.

 

Veiller jusqu’au milieu de la nuit, demande de s’ouvrir à la rencontre avec Dieu dans l’inattendu de sa présence. Il y a bien une recherche d’un meilleur bien qui redonne sens à tout ce que nous faisons. C’est la conversion que nous sommes appelés à faire en ce dimanche. En effet « Le bien prend sa source dans la sagesse et dans l’amour. En Jésus-Christ, le monde visible, créé par Dieu pour l’homme[xx] _ ce monde qui, lorsque le péché y est entré, a été soumis à la caducité[xxi] _, retrouve de nouveau son lien originaire avec la source divine de la sagesse et de l’amour »[xxii] Dans ce temps de crise sanitaire, qui s’ouvre sur une crise civilisationnelle, peut être pourrions-nous être le sel de la terre en rappelant l’importance du sens de Dieu et de la prière dans les rassemblements liturgiques, et lumière du monde en témoignant de l’attention aux frères, et notamment aux plus isolés.  Alors avec le psalmiste nous pourrons faire notre cette prière. « Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours :      je crie de joie à l’ombre de tes ailes. »

 

Père Greg BELLUT – Curé de St Charles Borromée –

8 novembre  2020

 

 

 

 

[i] 1 Jn 1,2

[ii] Mt 24,43-44

[iii] Salutation aux étudiants du Centre Culturel Père Félix VarelaLa Havane – Cuba (20 septembre 2015) : L´Osservatore Romano, éd. en langue française (24 septembre 2015), p. 10.

[iv] Abel ou la traversée de l’Edent – Marie Balmary

[v] &3 Spe Salvi

[vi] TDC 57 &4 du 18 mars 1981

[vii] Ste Catheirne de Sienne, Dialogo, c.CLXVII in TDC 62 du 28 avril 1981

[viii] &2 Lumen Fidei

[ix]  P 571 œuvres complètes St Jean de la croix

[x] P 102 Sermon – Jean Tauler

[xi] Ps 138(139) 12

[xii] &57 Lumen Fidei

[xiii] Benoît XVI, Homélie de la messe dans la Vallée de Josaphat, Jérusalem (12 mai 2009) : AAS 101 (2009), p. 473, L’ORf, 19 mai 2009, p. 12.

[xiv] &89 Verbum Domini

[xv] &68 Evangelii Gaudium

[xvi] cf. CIC, can. 1246-1248 ; CCEO, can. 880, § 3 ; 881, §§ 1. 2. 4

[xvii] &2042 CEC

[xviii] &1 Amour dans la vérité

[xix] &5 Evangelii Nuntiandi

[xx] Gn 1,26-30

[xxi] Rm 8,20 Rm 8,19-22 GS 2 GS 13

[xxii] &8 Redemptor Hominis