Proposition de lecture continue de la Bible pour le Carême

Pandémie oblige, j’ai pensé que nous pourrions relire le texte de l’Exode, temps d’un passage de la Mer rouge et traversée du désert pour la Terre promise. Rien n’est simple pour personne. Or, peut-être qu’il nous faut à nouveau méditer cette expérience de nos frères ainés dans la foi. Dans l’autre siècle, nous avions l’Église du silence, aujourd’hui nous avons l’Église du confinement. Guère propice à nos réunions communautaires, voués à la virtualité de nos réunions pour communiquer la relation, exercice un peu difficile, et pourtant, dans la méditation de la Parole de Dieu, peut-être avons-nous à relire notre expérience à travers la lecture de l’Exode, la manifestation de Dieu qui écarte la Mer rouge, la tentation de l’idolâtrie et du veau d’or, pensant au tout sanitaire en oubliant l’unique salutaire. Les murmures incessants contre la justice et la paix pour un individualisme exacerbé, ou l’oppression des commandements qui nous font tourner en rond dans la sècheresse du lieu. Le défi des eaux de Mériba ou des serpents pour nous rappeler ce qui fait vraiment sens et ce vers quoi nous devons nous tourner : la croix du Christ.

 L’Évangile de Marc dans cette année B était une évidence, même si nous l’avions déjà lu l’année dernière, peut-être qu’il nous faut approfondir cette heure de l’Évangile à vivre dans nos choix quotidiens, si facile à dire et à écrire, mais si difficile à vivre dans le quotidien avec pugnacité et persévérance.

 Non, je ne me suis pas trompé, j’ai proposé de méditer deux fois le psaume de la loi (Ps 118 (119) le plus long de la Bible), parce qu’il est aussi le psaume de l’amour de la Parole et de l’attachement à la volonté de Dieu. Au début du carême, il nous aide à entrer dans une démarche de conversion. À la fin du carême, il est une prière de communion et d’intériorité avec notre Seigneur. Entre ce psaume, une proposition des psaumes des montées et de louange. Les psaumes des montées étaient chantés lors des pèlerinages vers la montagne de Jérusalem (d’où le nom), ils sont des psaumes de prière à psalmodier et parallèlement à redécouvrir dans la méditation de l’action de Dieu dans notre vie. Or, la conversion du carême est une montée vers Pâques et non l’entracte d’une vie. C’est-à-dire que les résolutions de carême doivent nous permettre des changements de vie et des transformations de façon de faire.

 A la proposition du groupe de liturgie de l’ensemble paroissial, peut être pourrions-nous vivre un temps de partage d’abord en famille, puis avec des amis, avec le principe de précaution mais sans vivre dans une tyrannie de l’exclusion sociale. À chacun, selon sa propre conscience et dans le discernement éclairé, de prendre position afin de témoigner de sa foi et de développer la vertu d’espérance dans le service de la charité, qui passe par le témoignage de ce que nous avons vécu à travers la lecture de la Bible. Nous pouvons expérimenter la tendresse de Dieu dans notre vie à travers la Parole partagée et l’émerveillement de sa présence dans la vie de nos frères.

 La lectio divina n’est pas une lecture d’un roman, elle demande de prendre du temps, de méditer les phrases, de vivre des silences et d’aller au rythme des mots, laissant vibrer telle phrase, résonner tel mot, contempler telle scène que nous lisons. Entendre le souffle de l’Esprit, qui nous parle à travers cette Parole, et faire l’expérience de la relation à Dieu tout simplement. Cela demande de prendre du temps et d’être là, sans penser à autre chose que d’être vivant avec le Vivant. Que la lectio divina ouvre à la prière, pourquoi pas ? Laissons la présence de Dieu habiter notre histoire et formulons une prière d’action de grâce. Écrire ce que nous avons médité laisse une trace de notre expérience spirituelle et permet ensuite, lors de l’échange, de nous souvenir de ces moments où le temps nous a laissé entrevoir l’éternité de Dieu dans l’amour.

 Dans les groupes de partage, partager ce qui a été vécu dans la semaine, simplement. Cela demande de la part de chacun, aucun jugement, ni accord, ni désaccord, juste une écoute du vécu. Cela permettra au groupe de pouvoir partager sans peur d’être jugé. Peut-être qu’à la fin des échanges, des questions pourront surgir afin de laisser les uns et les autres, aller plus loin dans cette rencontre avec le Seigneur. Le discernement des frères dans les simples interrogations peut être une source d’avancée spirituelle. N’oublions pas qu’il nous faut être doux et humbles de cœur pour être pleinement artisans de paix et ainsi témoigner de la miséricorde du Seigneur pour chacun d’entre nous.

 L’invitation à la lectio divina pourra se vivre en famille, mais aussi avec d’autres chrétiens dans une ouverture œcuménique, et ainsi mettre en pratique l’enseignement du Christ « lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom je suis là au milieu d’eux ». Enfin, si certains le souhaitent, ils peuvent partager une synthèse des échanges du groupe sur le site de la paroisse (écrire au Curé), afin de rendre compte de ce qui s’est vécu dans les différents groupes. Témoignons de ce feu intérieur que nous communiquent les Écritures

 Père Greg. BELLUT- 17 fevrier 2021

Curé de St Charles Borromée

Ensemble paroissial de Joinville le Pont