Père Grégoire. “Alors, quel est mon mérite ? C’est d’annoncer l’Évangile” (5TO Année B)

Y a-t-il un thème plus important aujourd’hui que d’annoncer l’Évangile du Seigneur ? Un sujet qui traverse le XXe siècle avec une inquiétude grandissante des papes, voyant se raréfier les vocations dans l’Occident chrétien et la diminution drastique des communautés, devenant ainsi le petit reste du nouvel Israël. Une inquiétude vue par un premier synode (1974) au lendemain du Concile (1962-1965) donnant lieu à une exhortation apostolique de Paul VI « Evangelii Nuntiandi » qui s’interroge sur comment « annoncer l’Évangile aux hommes de notre temps »[i] ? La question est ancienne, car il nous faut développer toute une pédagogie mystagogique pour révéler le Christ. Derrière le mot mystagogie, il faut comprendre les mystères de la foi, qui sont toujours à découvrir, à essayer de comprendre en partie, et à approfondir toute sa vie, dans cette recherche incessante du désir de Dieu. Pourtant arrive une question nouvelle d’annoncer la foi à des baptisés culturels qui n’ont aucune pratique. C’est un nouveau défi car nous ne partons plus d’une terre vierge, mais d’une terre en jachère, qui demande un effort supplémentaire pour éveiller à la connaissance de Dieu avec la résistance de l’indifférence de quelqu’un qui sait déjà tout. En effet, « un grand nombre de baptisés qui, dans une large mesure, n’ont pas renié formellement leur baptême mais sont entièrement en marge de lui, n’en vivent pas. »[ii] Une préoccupation qui donne un nouveau départ à l’évangélisation, qui ne peut être le même que pour ceux qui sont dans l’ignorance. Le pape Jean Paul II parle de nouvelle évangélisation, pour annoncer de manière renouvelée à ceux qui ont déjà eu des bribes de foi, une intelligence de la foi dans la révélation de la vérité du Christ Sauveur.

Ce désir de Dieu commence par la ferveur que nous pouvons déployer à travers les expressions de notre foi. Le catéchisme doit non seulement être un lieu de connaissance, mais aussi l’approche apologétique d’une foi qui réveille les cœurs et réchauffe les âmes dans la présence de la Personne Don et la joie du Christ Sauveur qui nous mène au Père. Il y a bien une redécouverte du lien fraternel, pour non seulement vivre notre foi de manière explicite, mais aussi en être témoins dans toutes les réalités de notre vie quotidienne. Les temps passés ensemble, que ce soit dans l’aide au ménage ou aux devoirs, l’aide à la cuisine ou à la comptabilité, comme tout autre besoin est un partage solidaire des compétences pour annoncer la civilisation de l’amour. À chaque fois que nous sommes proches des demandes des personnes, nous aidons à une rédécouverte de l’esprit évangélisateur des premiers témoins. Cet appel missionnaire, nous devons en être tous acteurs.

1. L’annonce de l’Évangile, vocation de tout baptisé

« Frères, annoncer l’Évangile…, c’est une nécessité qui s’impose à moi. » L’évangélisation vient d’un double appel, d’abord baptismal et ensuite de la vocation particulière. Lorsque Paul parle de l’importance d’annoncer l’Évangile dans l’enseignement et l’exemplarité de sa vie, c’est parce qu’il est dans sa vocation propre de témoin, dans la consécration de tout son être. D’où parfois le malentendu de certains baptisés, qui ne se sentent pas concernés par l’annonces laissant cela pour ceux qui en ont fait l’objet de leur consécration. Mais l’annonce de l’Évangile concerne tout baptisé, chacun selon sa vocation spécifique. Il n’y a pas une professionnalisation de l’annonce de l’Évangile comme d’autres pourraient le penser. Le témoignage de la Parole de Dieu est d’abord un exemple de vie. La vie des évangélisateurs doit éclairer comment agir aujourd’hui. « Le monde qui, paradoxalement, malgré d’innombrables signes de refus de Dieu, le cherche cependant par des chemins inattendus et en ressent douloureusement le besoin, le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible[iii]. »[iv] Cela nous appelle à chaque instant à témoigner de ce que nous vivons intérieurement, que nous soyons au volant ou dans les transports, dans nos interactions avec notre prochain, au travail ou à la maison. Nous devons retranscrire, par tout notre être, cette Parole de vie qui donne sens à ce que nous faisons.

Il y a urgence à rappeler que nos communautés doivent être d’abord et avant tout missionnaires, c’est ainsi que l’on peut comprendre le terme de conversion pastorale, comme une recherche commune de témoigner de notre foi de manière toujours renouvelée. Le devoir de l’annoncer, pour faire connaître le Christ Sauveur et vivre de la foi, est un appel de tout baptisé et un engagement à y mettre tous les moyens. « Le motif initial de l’évangélisation est l’amour du Christ pour le salut éternel des hommes. Les vrais évangélisateurs veulent seulement offrir gratuitement ce qu’ils ont eux-mêmes reçu gratuitement. » [v] L’urgence de l’annonce nous concerne tous et demande un engagement au service de la foi. « L’annonce et le témoignage de l’Évangile sont même le premier service que les chrétiens doivent rendre à chaque personne et au genre humain tout entier, appelés à transmettre à tous l’amour de Dieu qui se manifeste en plénitude dans l’unique Rédempteur du monde, Jésus Christ. »[vi] Il faut nous mettre en marche à l’appel des béatitudes pour entendre cette joie de l’Évangile.

2. L’annonce de l’Évangile, une bénédiction

« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » Ne pas dire notre foi est une malédiction, comme ne pas annoncer Celui qui nous aime et cette relation d’amour que nous expérimentons dans notre façon de vivre à l’heure de l’Évangile. C’est une condition de mon baptême, mais aussi de ma vie d’enfant de Dieu. « Lorsqu’on le communique, le bien s’enracine et se développe. C’est pourquoi, celui qui désire vivre avec dignité et plénitude n’a pas d’autre voie que de reconnaître l’autre et chercher son bien. »[vii] Il nous faut avoir des paroles lumineuses pour aider à la prise de conscience d’une Vérité qui nous dépasse et qui se propose au cœur de chacun pour une transformation de tout l’être. C’est ainsi que nous bâtissons l’Église de Dieu en annonçant à chacun la joie de l’Évangile et partageant notre vie intime spirituelle.

La vie d’enfant de Dieu est d’abord celle du dialogue avec Dieu dans la prière et la méditation des Écritures, car c’est Lui qui est premier dans tout ce que nous faisons et c’est vers Lui que nous nous tournons pour rendre grâce lorsque tout est accompli. La méditation des Écritures nous introduit dans le discernement de ce que nous devons vivre de manière authentique. Cette vie se déploie dans l’enseignement de l’Église et notre communion avec le magistère, comme une recherche de la vérité effectuée dans un dialogue permanent et avec l’autorité des vocations particulières. Comme nous le rappelle saint Laurent, le trésor de l’Église, c’est les pauvres. La vie intime de la foi demande une attention au service de la charité, dans l’accompagnement des souffrants et des malades, de ceux qui sont en situation d’exclusion ou dans une perte de repères de soi. « Celui qui annonce l’Évangile participe à la charité du Christ, qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous. »[viii]Ce service de la charité se nourrit du sacrement de la charité qu’est l’eucharistie, nourriture de l’être pour dynamiser le don et répandre ainsi l’amour Oui, c’est le Christ qui nous envoie évangéliser auprès de tous, et transformés par sa présence renouvelée en nous, nous annonçons l’amour.

3. L’annonce de l’Évangile comme dimension communautaire

C’est une mission qui m’est confiée. L’évangélisateur ne part pas seul, c’est au nom de l’Église et de sa communauté, qu’il évangélise. Comme l’évêque aimait le rappeler, les curés agissent en son nom lorsqu’ils font œuvre d’évangélisation et qu’ils promeuvent l’annonce de la foi dans l’accueil des réalités fraternelles. Cette mission se vit en communion pour partager le don de la grâce, par une vie dans l’Esprit. Vivre les charismes, comme un lieu de louange et d’action de grâce, est une bénédiction.

Dès le baptême, nous sommes envoyés pour la mission prophétique de vivre et d’enseigner l’amour comme lieu de réalisation de soi dans la gratuité du don. Le service de l’autre et l’attention à l’autre sont la mission première de l’Église qui est confiée à chacun : avoir le souci de son frère. Nul besoin d’aller chercher au bout du monde, notre premier devoir est le principe de réalité dans la proximité, c’est-à-dire le pauvre Lazare à la porte de notre maison. Vouloir aider le monde entier est souvent vouloir se payer de mots. L’appel à la réalité, la proximité, est le lieu de réalisation d’une mission à accomplir avec la grâce de l’Esprit Saint, à l’écoute de la voix du Seigneur par la lecture de la Bible, résonnant dans nos actes. « Si des hommes proclament dans le monde l’Évangile du Salut, c’est par ordre, au nom et avec la grâce du Christ Sauveur. “Comment prêcher si l’on n’a pas d’abord reçu mission ?”[ix], écrivait celui qui fut certainement l’un des plus grands évangélisateurs. Personne ne peut le faire à moins d’avoir été envoyé. »[x] Nous ne partons pas seuls, mais envoyés par le Christ sur le chemin du monde et confortés par nos frères dans une communauté ouverte à l’aventure du renouvellement et de la conversion. Ce n’est jamais seul mais en Église qu’il faut partir annoncer le salut pour le monde, dans le discernement du frère et le souffle de l’Esprit.

4. L’annonce de l’Évangile comme une gratuité à vivre

 « Sans rechercher aucun avantage matériel. » Ce qui doit assurément nous séparer de certains mouvements protestants, c’est notre rapport à l’argent. Nous n’annonçons pas l’Évangile pour nous promener avec une crosse en or massif ou rouler dans des voitures hors de prix et au-delà de l’usage matériel. Nous annonçons le Christ dans la gratuité de notre temps, de notre présence et du partage de nos compétences. Une gratuité qui se vit dans la liturgie par l’animation des messes ou le service de l’autel, ou encore la préparation des célébrations et le service du chant. Une gratuité qui se poursuit dans les divers services, que ce soit à travers les catéchistes qui se rendent disponibles, ceux qui vont auprès des plus pauvres pour leur rappeler la sollicitude de notre Église auprès de tous, ceux qui accompagnent la paroisse dans toutes les tâches administratives ou financières. C’est toujours un service de la gratuité qui s’exprime lorsque chacun de nous dit sa joie d’être aimé par Dieu et amène d’autres chrétiens à venir avec nous pour le Christ. « L’exercice même de la charité est gratuit[xi]. L’amour et le témoignage rendu de la vérité visent à convaincre d’abord par la force de la Parole de Dieu[xii]. La mission chrétienne réside dans la puissance de l’Esprit Saint et de la vérité elle-même proclamée. »[xiii] Elle est donc l’expression d’un don de serviteur fiable, à travers la parole annoncée, par leur exemple de vie et le détachement des biens de ce monde, pour s’attacher à ce qui ne meurt pas. Néanmoins, il y a aussi l’annonce d’un principe de réalité, qui renverse les valeurs et fait des biens matériels des moyens et non une fin, donnant à l’espace de la rencontre la chasteté financière nécessaire à la vraie relation. Oui, il y a une pudeur à avoir dans notre relation à l’argent, afin d’exercer la vertu de prudence et discerner avec sagesse ce qui conduit à Dieu.

Dans un monde oppressant d’utilité et de valeurs de rapport, la gratuité est un vrai témoignage. Ni par appât, ni par pouvoir, mais au nom du Christ. Nous devons, par notre vie, avoir un zèle pour l’Évangile et la joie du partage. « Un cœur missionnaire est conscient de ses limites et se fait « faible avec les faibles […] tout à tous »[xiv]. Jamais il ne se ferme, jamais il ne se replie sur ses propres sécurités, jamais il n’opte pour la rigidité auto-défensive. Il sait que lui-même doit croître dans la compréhension de l’Évangile et dans le discernement des sentiers de l’Esprit, et alors, il ne renonce pas au bien possible, même s’il court le risque de se salir avec la boue de la route. »[xv] Le seul confort qui vaille, c’est l’Évangile, et le seul avantage est de sauver le plus de monde possible. Rendre gloire à Dieu c’est accueillir les signes qu’Il nous donne dans notre vie, avec humilité, pour nous savoir les uns les autres au service d’un seul et même Père. Il ne s’agit donc pas de tirer la couverture à soi, ni de rechercher un profit mercantile en proclamant la foi, mais juste d’accueillir l’Esprit Saint. Il nous rend disponibles à sa présence et nous permet de répondre Oui à son amour, sans vêtement de rechange, un seul bâton à la main, mais la foi chevillée au corps, l’amour comme regard de bienveillance sur le prochain et l’espérance comme chemin de la vraie vie.

5. L’annonce de l’Évangile comme un service

« Sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Évangile. » Y a-t-il une préséance à annoncer l’Évangile ? En tout temps et en tous lieux, nous devons avoir l’audace de l’annonce, toujours avec humilité et douceur, mais aussi avec persévérance au moment favorable où les cœurs s’ouvrent à la rencontre de Celui qui vient. Saint Paul nous rappelle que le seul droit que nous pourrions avoir d’annoncer l’Évangile est le droit du service de l’amour, c’est-à-dire de nous mettre encore plus à servir nos frères et à promouvoir la civilisation de l’amour dans la recherche du meilleur bien. « Je me suis fait esclave de tous », c’est dire l’engagement que nous devons vivre, dans le don sincère de nous-mêmes pour la plus grande gloire de Dieu. Il y a bien une radicalité à annoncer l’Évangile, car nous avons le droit d’être consumés par le zèle de la venue du Royaume et de la grande espérance du Salut, que nous attendons avec joie lors de la deuxième venue du Christ.

La prédication de l’Évangile est un service permanent à disposition de l’Esprit, pour nous inspirer les paroles ou les actes qu’il convient de faire. Nous ne comprenons pas toujours, mais Dieu sait. « Il est bon de souligner ceci : pour l’Église, le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. »[xvi] Cela concerne tout baptisé : la joie de croire et de partager cette rencontre d’amour avec Dieu fait de nous des zélateurs de la foi. Un zèle missionnaire qui attend le moment propice pour annoncer la joie de l’Évangile.

6. L’annonce de l’Évangile, une liberté à retrouver

« Libre à l’égard de tous. » La vertu d’espérance nous fait découvrir la force du message à annoncer et éloigne de nous tout esprit de peur, pour garder notre confiance en Dieu. Les martyrs nous rappellent sans cesse la radicalité du don de la vie pour une vie meilleure en Dieu, de communion et de félicité. Cette liberté d’enfant de Dieu qui nous fait agir sous les motions de l’Esprit Saint et nous envoie aux carrefours du monde pour continuer d’annoncer, malgré les moqueries et les quolibets, malgré la culture de haine et la violence qu’elle déchaîne, malgré les obstacles et les persécutions. « La parole a en soi un potentiel que nous ne pouvons pas prévoir. … L’Église doit accepter cette liberté insaisissable de la Parole, qui est efficace à sa manière, et sous des formes très diverses, telles qu’en nous échappant elle dépasse souvent nos prévisions et bouleverse nos schémas. »[xvii] Si nous ne comprenons pas toujours la culture du rejet et de l’abandon, la grâce surgit dans la lumière de la conversion et offre une liberté nouvelle. À travers la persécution, certains retrouvent la foi, d’autres se convertissent radicalement, d’autres encore trouvent la paix de l’âme auprès de leur Sauveur.

Nous ne comprenons pas toujours, mais nous savons que c’est Dieu qui agit en toute circonstance, comme Don de sa présence au plus profond de nous-mêmes, pour nous aider à faire les bons choix. C’est pourquoi nous annonçons que Jésus vient tous nous sauver et nous révéler la promesse du Salut éternel. Mais plus encore cette liberté qui nous envoie annoncer la joie de l’Évangile à tous, riches ou pauvres, savants ou ignorants, d’une couleur de peau ou d’une autre, d’une culture ou de l’autre, car chaque homme est d’abord notre frère, même s’il nous persécute. Cet impératif de fraternité nous rappelle l’importance de la consolider à travers l’annonce d’un seul et même Dieu, qui est Notre Père et fait de chacun de nous des fils. Notre Seigneur, Jésus Christ, restaure ce lien de fraternité dans le sacrifice de la croix et la gloire de la résurrection, promesse réalisée et tenue. D’un seul et même Dieu à travers l’action de la Personne Don au service de l’amour et qui reçoit et partage cette grâce et, en même temps, lui donne ce dynamisme de l’amour qui la rend inventive.

7. L’annonce de l’Évangile transforme

Être missionnaire, pour annoncer la Parole et remplir notre vocation prophétique de témoigner de la Parole dans notre vie, demande d’être attentifs aux moyens que nous utilisons pour partager notre joie de l’Évangile. « La centralité du kérygme demande certaines caractéristiques de l’annonce : qu’elle exprime l’amour salvifique de Dieu préalable à l’obligation morale et religieuse, qu’elle n’impose pas la vérité et qu’elle fasse appel à la liberté, qu’elle possède certaines notes de joie, d’encouragement, de vitalité, et une harmonieuse synthèse qui ne réduise pas la prédication à quelques doctrines parfois plus philosophiques qu’évangéliques. »[xviii] En bref, qu’elle rappelle l’amour comme principe dynamique de la vie en Dieu et la volonté de vivre la fraternité, en communion comme artisans de paix. Cela n’enlève en rien la radicalité de la Parole qui demande la conversion, et non la compromission, et une transformation de tout notre être dans la vérité de notre vocation d’images de Dieu. L’écologie intégrale demande d’avoir accès à toute la personne, dans ce qui la structure, et lui révèle l’interaction d’unité entre elle-même, les autres, et ceux qui l’entourent.

L’annonce de l’Évangile rappelle cette vitalité du dialogue, qui demande de la patience et de la persévérance, pour être semé et porter du fruit, ainsi que la capacité de recevoir la Parole, comme un lieu de croissance, et d’accueillir dans la tradition apostolique la connaissance de Dieu, afin de faire participer notre intelligence à ce chemin d’écoute de la Parole et de vie avec Dieu. C’est le sens même de la civilisation de l’amour. Être chrétien nous transforme, mais vivre notre foi à plusieurs finit par transformer notre société et l’orienter vers les choix de la vie, de l’amour et de la beauté. Citoyen de la civilisation de l’amour, nous devons faire de notre temps l’espace de l’action de grâce pour les bienfaits de Dieu et d’une prière de louange pour tout ce qu’Il nous donne à vivre. « Le Seigneur veut nous utiliser comme des êtres vivants, libres et créatifs, qui se laissent pénétrer par sa Parole avant de la transmettre. »[xix]

Synthèse

Demandons au Seigneur de nous apporter ses lumières pour vivre de manière authentique l’appel des premiers chrétiens à proclamer la Bonne Nouvelle. « L’évangélisation ne se réalise pas seulement à travers la prédication publique de l’Évangile, ni uniquement à travers des œuvres de quelque importance publique, mais aussi au moyen du témoignage personnel, qui demeure une voie de grande efficacité pour l’évangélisation. »[xx] Si le thème, j’en conviens, apparaît souvent dans les lettres pastorales, c’est qu’il doit être premier dans nos priorités, au sein de notre communauté. Il nous faut être évangélisateur dans les préparations aux sacrements, mais surtout dans le service « après-vente ». Car il ne s’agit pas simplement d’aider au baptême par le catéchuménat, le baptême des petits enfants ou le mariage, encore faut-il fidéliser par l’attractivité de la foi à travers nos activités paroissiales, et c’est un défi. Comment sommes-nous “appelants” au cœur de notre église ? Le Père curé en a une charge directe, mais chaque paroissien en a une responsabilité partagée. Ensemble, essayons dans un premier temps de réfléchir, puis de mettre en œuvre, sous le souffle de l’Esprit Saint, les actions pastorales qui rejoindront le plus grand nombre.

 À travers nos rencontres, comme la catéchèse, les demandes d’écoute et d’accompagnement, et même jusqu’aux préparations d’enterrement, préparons les cœurs à une autre dimension de la rencontre du Christ, qui transforme les personnes et fasse rayonner la foi. « La conversion pastorale est un des thèmes fondamentaux de la “nouvelle étape de l’évangélisation”[xxi] que l’Église est appelée aujourd’hui à promouvoir, afin que les communautés chrétiennes soient toujours plus des centres qui favorisent la rencontre avec le Christ »[xxii]. À chacun d’entre nous d’entrer en prière et d’implorer l’Esprit Saint, pour nous donner la grâce de savoir évangéliser les cœurs afin de trouver les moyens d’annoncer à tous l’amour de Dieu, qui vient nous sauver et redonner sens à toute notre vie. « Il s’agit d’une action pastorale qui, grâce à une collaboration effective et vitale entre prêtres, diacres, consacrés et laïcs, ainsi qu’entre diverses communautés paroissiales d’un même territoire ou d’une région, ait le souci de trouver ensemble les demandes, les difficultés et les défis de l’évangélisation et qui cherche à intégrer des voies, des instruments, des propositions et des moyens capables de les affronter. »[xxiii] Ensemble, marchons dans les charismes qui nous sont propres pour témoigner efficacement de cette joie de la rencontre avec notre Sauveur.

7 février 2021 – Père Greg – Curé

Saint Charles Borromée – Joinville-le-Pont

Lettre à télécharger en .pdf

Sources :

[i] &1 Evangelii Nuntiandi

[ii] &56 Evangelii Nuntiandi

[iii] Cf. He 11, 27.

[iv] &76 Evangelii Nuntiandi

[v] &8 aspect de l’évangélisation 2009 – congrégation de la doctrine de la foi

[vi] Benoît XVI, Discours à l’occasion du quarantième anniversaire du Décret Ad gentes (11 mars 2006) : AAS 98 (2006), p. 334 ; La Documentation catholique 103 (2006), p. 506

[vii] 9 Evangelii Gaudium

[viii] &11 aspect de l’évangélisation

[ix] Rm 10, 15.

[x] &59 Evangelii Nuntiandi

[xi] . Benoît XVI, Encycl. Deus Caritas Est (25 décembre 2005) n. 31 c : AAS 98 (2006), p. 245; La Documentation catholique 103 (2006), p. 183

[xii] Cf. 1 Co 2, 3-5 ; 1 Th 2, 3-5 et Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décl. Dignitatis Humanae, n. 11.

[xiii] &12 Aspect de l’évangélisation op cité

[xiv] 1Co 9, 22

[xv] &45 Evangelii Gaudium

[xvi] &41 Evangelii Nuntiandi

[xvii] &22 Evangelii Gaudium

[xviii] &165 Evangelii Gaudium

[xix] &151 Evangelii Gaudium

[xx] &11 aspect de l’évangélisation op cité

[xxi] Cf. Id., Exhortation apostolique Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 287 : AAS 105 (2013), 1136.

[xxii] &3 instruction sur la conversion pastorale 29 juin 2020 Congrégation pour le clergé

[xxiii] &123 Instruction sur la conversion pastorale

Source illustration : Joseph-Benoit Suvée (1743-1807). La prédication de Saint-Paul, ca 1779. Los Angeles County Museum of Art