Mois de Marie – Mai 2021

Disciple de la joie

Le mois de Marie nous fait entrer dans le mystère de l’homme et de son oui à Dieu, reconnaissant l’œuvre de Dieu dans sa vie et le partage de la joie de son amour. C’est une occasion de communion intense où la créature vient adorer son créateur et contempler sa sagesse en toutes ses décisions. Ce oui de confiance en son amour est l’expression d’une communion en profondeur qui dit l’ajustement entre nos vies et la volonté de Dieu.

1 Une vie dans l’Esprit Saint

Durant sa vie, l’Immaculée conception n’a jamais quitté cette image de Dieu, et donc a pu vivre une action de grâce avec la participation de l’Esprit Saint dans tous ses choix. À l’Annonciation, il y a bien une explication de comment va se faire la naissance de Jésus, mais aucune sur qui est l’Esprit Saint, puisqu’elle en vit déjà et n’en a jamais été coupée par le péché. L’Esprit Saint a orienté sa vie pour aiguiser sa volonté dans la liberté du don, et ainsi être capable d’aimer en vérité. Marie, en disciple fidèle, a toujours travaillé cette exigence du service de Dieu et de ses frères par sa disponibilité, telle que nous le montrera plus tard la Visitation. Elle se met à disposition de la grâce qui passe, comme confiante en l’œuvre de Dieu dans sa vie.

La vie de Marie ondoyée dans l’Esprit Saint est une histoire de fidélité, d’engagement et d’exigence de la Parole de Dieu qui se réalise en toute circonstance. L’analogie du mariage pour présenter Marie comme épouse de l’Esprit Saint, et en même temps Mère de Dieu (Théotokos) dans l’incarnation du Verbe, dit quelque chose de la force de communion et, en même temps, de la limite de notre compréhension humaine. Celle-ci ne peut mesurer la richesse d’une telle relation qui, par des images humaines, tend à rendre compte d’une vérité qui nous dépasse. La grâce de l’Esprit Saint dans la vie de Marie l’a fait tressaillir de joie, courir sur les montagnes et bondir dans les vallées à la recherche de la volonté du Père dans le souffle de l’Esprit et l’accueil particulier et unique du Fils dans sa vie.

2 Prier Marie, idolâtrie ?

Il faut repositionner la question du culte à Marie et des excès qui ont pu être vécus. En première disciple, elle nous montre le chemin, même si parfois elle ne comprend pas bien, comme nous le révèlent les évangiles synoptiques[i] Ils sont venus chercher Jésus parce qu’ils pensent qu’ « Il a perdu le sens. »[ii] Il ne peut pas nourrir une telle foule et cela va se terminer en émeute. Une vision bien humaine que Jésus reprend : « quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur, et une mère. »[iii] Marie, comme nous, dans son discernement, cherchait à protéger son Fils alors que Celui-ci rappelle que ce qui importe c’est de marcher dans les pas du Père qui est aux cieux. Elle est imitable car, comme nous créature de Dieu et en même temps notre mère, parce qu’elle a pleinement vécu la fécondité de sa foi, en révélant dans sa vie l’amour de Dieu et l’obéissance à sa sainte volonté en toute circonstance .Une maternité spirituelle pour nous montrer le chemin de liberté, une fécondité de la relation à travers cette invitation à faire tout ce qu’Il nous dira, et une tendresse dans l’intercession pour être toujours là que ce soit à Cana, à la croix ou à la Pentecôte.

2.1 L’idolâtrie en question

Peut-être faut-il rappeler ce qu’est une idole, avant d’employer des mots dans un contresens permanent. L’idole est ce qui nous détourne de Dieu : le veau d’or, les poteaux sacrées et tous les rites revêtant un aspect d’aliénation, de peur, de violence et de haine. L’idole est très clairement un obstacle qui nous détourne de Dieu. En continuant notre réflexion nous comprenons que l’idolâtrie obère notre relation à Dieu, à nos frères et à nous-mêmes, c’est-à-dire nous prive de liberté, nous enferme sur nous et nous fait partager ce règne de peur et de rejet. Plus largement, est idolâtrique toute relation qui occupe pleinement notre temps au lieu d’être dans notre devoir d’état et notre relation à nous-mêmes et à nos frères.

Si nous étions idolâtres, le fait de détruire une statue de Marie serait tuer Marie (et pareil raisonnement pour les saints). La notion de sacrilège concerne les espèces eucharistiques où le Christ est vraiment présent et le fait de profaner ce qui est béni. « Le sacrilège consiste à profaner ou à traiter indignement les sacrements et les autres actions liturgiques, ainsi que les personnes, les choses et les lieux consacrés à Dieu. Le sacrilège est un péché grave surtout quand il est commis contre l’eucharistie puisque, dans ce sacrement, le corps même du Christ nous est rendu présent substantiellement. »[iv] Rien de tel pour toutes les représentations, que ce soit en peinture, statue ou sous toute autre forme. Si elles sont bénies, nous prendrons soin de les restaurer en cas de dommage et si cela s’avère irréparable, de les détruire entièrement pour qu’elles ne soient plus reconnaissables et ne portent pas atteinte aux sentiments des croyants. Mais dans tous les cas, nous reconnaissons bien que l’objet n’est qu’un objet et n’est pas idolâtrique. Changer de statue de saint n’est pas changer de foi !!! Il en va de même pour Marie, mettre Marie de Guadalupe en remplacement de Marie de Fatima n’est pas une autre mère de Dieu. L’accusation d’idolâtrie contre l’Église catholique est blasphématoire et blesse le dialogue dans la recherche d’unité de l’Église.

Il nous faut bien comprendre que les représentations de Marie et des saints, comme de Jésus, nous poussent à prier Dieu le Père et demander la venue de l’Esprit pour que nous suivions les pas du Fils. Marie nous accompagne dans cette prière pour remplir sa vocation de médiatrice de toutes grâces, ce qui signifie concrètement qu’elle porte à son Fils nos prières pour que Celui-ci réalise ce qui est demandé. Mais le fait de prier Marie est aussi une occasion pour nous de purifier notre prière. Nous voyons bien là qu’il n’y a aucun lien idolâtrique, mais plutôt un lien de communion et de prière d’intercession.

2.2 Marie nous attire vers le Christ

Il faut repositionner la question du culte à Marie et des excès qui ont pu être vécus. Marie a été confiée par Jésus à Jean, c’est-à-dire à l’Église, comme mère prévenante. Elle ne fait rien d’elle-même mais touche le cœur de Dieu en intercédant dans la communion des saints. Pourtant Marie a une place particulière parce qu’elle est la mère du Sauveur et a un rapport tout-à-fait unique avec Dieu. Le nier serait stupide et le rendre conjoncturel, centré sur un aspect de l’histoire sans relire la volonté de Dieu dans son projet de création serait particulièrement restrictif. L’histoire du Salut ne s’arrête pas comme une série d’épisodes indépendants : c’est toute l’histoire de l’alliance éternelle, tissée par l’incarnation du Christ, dont Marie, par sa disponibilité, montre le chemin que nous devons suivre. « En effet, ce que l’intelligence de la foi a saisi concernant Marie se situe au centre le plus intime de la vérité chrétienne. En réalité, l’incarnation du Verbe ne peut être pensée en faisant abstraction de la liberté de cette jeune fille qui, par son assentiment, coopère de façon décisive à l’entrée de l’Éternel dans le temps. Elle est la figure de l’Église à l’écoute de la Parole de Dieu qui, en elle, s’est faite chair. Marie est aussi le symbole de l’ouverture à Dieu et aux autres ; de l’écoute active qui intériorise, qui assimile et où la Parole divine devient la matrice de la vie. »[v] La vie de Marie, tournée vers Dieu et en continuel chant d’action de grâce, est pour nous l’occasion de voir l’ajustement à la Parole de nos vies et les fruits de joie que cela porte.

Dans sa vocation particulière qui l’a fait naître Immaculée conception, elle est comme l’ainée dans la foi qui nous montre la route à prendre et la bonne disposition pour être tout au Christ. De plus, en tant que Théotokos – Mère de Dieu, elle a le cœur maternel attentif pour amener à son Fils ceux qui lui sont confiés. « À partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour de l’Annonciation et qu’elle maintint sous la croix dans sa fermeté, cette maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après l’Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession multiple, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel[vi]. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, et qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse. »[vii] Elle entretient cette prévenance de Dieu pour nous, dans une coopération maternelle vivant la foi dans la confiance en son amour. Marie est notre mère, qui nous apporte son expérience pour nous mener vers Dieu à travers son fils le Christ, notre Seigneur.

Nous ne connaissons Marie que par l’incarnation du Verbe, et nous ne comprenons la révélation du Salut qu’à travers la croix et la résurrection du rédempteur. Mais tout cela ne prend sens que dans le oui de Marie et son acceptation à s’ouvrir à la grâce de Dieu. « La réalité humaine, créée par le Verbe, trouve vraiment son plein accomplissement dans la foi obéissante de Marie. De l’Annonciation à la Pentecôte, elle se présente à nous comme la femme totalement disponible à la volonté de Dieu. Elle est l’Immaculée Conception, celle qui est « pleine de la grâce » de Dieu[viii], docile à la Parole divine de façon inconditionnelle[ix]. »[x] C’est en cela que, non seulement elle est imitable et une invitation pour nous à marcher sur le chemin de sainteté plein d’espérance avec le concours de l’Esprit Saint, mais c’est aussi l’occasion pour nous de compter sur sa prière d’intercession pour nous amener à son Fils et ainsi connaître la vraie joie du Salut.

2.3 Marie et les évangiles

La place de Marie dans les quatre évangiles est mentionnée très rapidement. Que ce soit saint Matthieu et surtout saint Luc, elle est présente dans les évangiles de l’enfance. Chez saint Matthieu, on apprend qu’elle est enceinte par l’Esprit Saint et que saint Joseph, fidèle à la Parole de Dieu, entend par songe qu’il faut continuer de vivre la volonté de Dieu par le mariage. Saint Luc, plus prolixe, nous raconte la vocation de Marie à travers l’Annonciation et son contexte, avec la naissance de Jean le Baptiste, cousin de Jésus, puis la fécondité du témoignage de la grâce par la Visitation comme lieu de reconnaissance de l’œuvre de Dieu. Une vrai épopée, où Dieu continue de se révéler dans l’histoire des hommes à travers l’accomplissement de sa promesse. Faut-il dire que saint Luc était un disciple de saint Paul, et fortement influencé par celui-ci ? De là à comprendre que la mère du Sauveur, dès le commencement du christianisme, avait une forte place, parait être une évidence.

L’évangile de saint Jean avec son splendide prologue, qui est une véritable méditation du Verbe incarné, parle de Marie lors du premier signe de Jésus à Cana. Première remarque préliminaire : Jean a vécu avec Marie, puisqu’il lui a été confié par le Christ et a donc probablement les sources les plus proches. Deuxième remarque : Marie apparaît au moment du premier signe du ministère de Jésus. Cana est une préfiguration du repas eucharistique, de l’eau changée en vin puis en sang du Christ. Marie était présente lors d’un repas de noce (pour comprendre il faut savoir que le repas de noce durait plusieurs jours et que tous ceux qui connaissaient de près ou de loin pouvaient être invités). Elle est présente devant la croix, à la juste place de celle qui accompagne le fruit de ses entrailles, comme l’humanité souffrante devant le drame de l’absurdité et de la mort. Enfin, femme de l’Esprit, elle continue de recevoir grâce sur grâce à la Pentecôte, elle aussi amenée à partager dans le silence de son cœur l’émerveillement des dons de Dieu à tous les hommes.

Bien que ce soit évident, il nous faut encore rappeler que nous n’avons qu’un seul médiateur : le Christ. « Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous des formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source. »[xi] Mais que nous n’ayons qu’un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit Saint, n’empêche pas de vivre la communion des saints pour vivre la louange de Dieu. Quant à Marie, elle tient la première place, elle qui a su dire oui à chaque instant de sa vie et dans la fidélité au Seigneur de la vie.

2.4 Les fondements scripturaires de la prière mariale

L’accusation d’idolâtrie portée par les plus sectaires des protestants revient souvent sur le même argument : il n’y a pas d’assise scripturaire, Marie dans le Nouveau Testament n’est que de passage, et rarement mentionnée, c’est bien la preuve qu’elle n’occupe aucune place dans la prière des premiers chrétiens.

Si nous lisons les évangiles, nous verrons que l’une des premières prières après le benedictus de l’homme de Dieu, Zacharie, est la prière du Magnificat[xii] que Marie exprime lors de sa rencontre avec Elisabeth et que l’Église dès les premiers temps a repris à la prière du soir (les vêpres). Marie apparaît donc comme celle qui nous introduit à la prière en recevant le Sauveur. Le Magnificat est la prière de la première des disciples, que nous continuons de méditer à travers les âges et qui nous conduit à la louange de Dieu. En effet, Marie immanquablement nous invite à la louange de Dieu, et non à sa louange personnelle. Elle nous introduit à vivre de la vie de Dieu, en suivant son exemple et sa maternelle sollicitude, pour nous apprendre les premiers pas dans la familiarité avec Dieu.

La critique de l’Ave Maria n’est pas plus fondée dans le rejet. En effet, il part d’un verset biblique qui est la salutation de l’ange « Réjouis toi – Paix à toi ; favorisée (choisie – gracifiée), le Seigneur est avec toi »[xiii] et notre prière continue dans le prolongement de l’évangile : et Jésus le fruit de ton sein est béni (le fruit de tes entrailles pour les judaïsants)[xiv]. La seconde partie de la prière de l’Ave Maria prolonge l’expression du concile d’Ephese (faisant partie des 4 grands conciles reconnus par toutes les confessions – protestants et orthodoxe, Nicée[1] – Constantinople[2], Ephese[3] et Chalcédoine[4]), Sainte Marie Théotokos – Mère de Dieu et une invitation de l’Église à l’intercession « priez pour nous pécheurs maintenant et à l’heure de notre mort ». La prière tournée vers le Christ demande la communion de la mère pour nous amener à son Fils et nous aider à garder l’espérance malgré nos nombreux péchés, car Dieu est miséricorde, et elle trouvera les bons mots pour lui parler.

Cela dit en passant, lorsque les gens attendent une manifestation particulière, c’est bien à Marie qu’ils s’adressent, et elle les tourne vers son Fils. « Ils n’ont plus de vin », et même si le Fils n’est pas bien disposé, parce que son heure n’est pas venue, elle sait qu’elle peut compter sur lui « faites tout ce qu’Il vous dira », et l’eau devint vin. Marie participe au premier signe de Jésus aux yeux des hommes et notamment des disciples (mais son premier oui à l’annonciation ne participe-t-il pas au signe de Dieu dans le renouvellement de son alliance ?). Et si nous prolongeons la maternelle attention de la Mère de Dieu pour les croyants, nous la voyons prier avec les apôtres à la Pentecôte. Silencieuse certes, mais présente, et toujours disponible aux demandes.

Je ne citerai pas toutes les mentions dans les évangiles durant la vie du Christ, mais en relisant l’Apocalypse, nous pouvons nous apercevoir que Marie avait une place prépondérante dans l’histoire du Salut, comme celle qui avait fait face à l’antique dragon en mettant au monde « un enfant male »[xv]. Et le démon « s’en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus. »[xvi] Être enfant de Marie c’est garder les commandements de Dieu et vivre du témoignage du Christ, important à savoir avant de crier à l’idolâtrie. Marie nous amène toujours à Dieu et à son Christ. Femme de l’Esprit, elle garde vivante cette foi et notre prière pour que sa sollicitude maternelle nous aide à laisser l’Esprit agir en nous et qu’à notre tour nous puissions prier « Abba Père » en confiance et en vérité.

2.5 La communion des saints

En fait, le refus de prier Marie et la peur d’idolâtrie vont avec la méconnaissance de la communion des saints et la réalité de la prière, ici-bas sur terre comme au ciel. Penser qu’il n’y a pas de communion des saints, comme nous l’affirmons pourtant dans le Credo, est une grave erreur de la foi. Mais de quels saints parlons-nous ? Des croyants ici-bas, certes, mais aussi de ceux qui au ciel prient pour nous afin que Dieu agisse dans nos vies. Cette double communion nous aide à comprendre la prière pour les morts et les âmes du purgatoires comme une participation au Salut pour tous les hommes et dans toutes les réalités, celles que nous voyons et celles que nous ne voyons pas, d’une part, et à continuer l’œuvre de Dieu dans ce lien fraternel qui n’a plus de distance entre le ciel et la terre, puisque le Christ a vaincu la mort. Cette fraternité renouvelée doit nous faire entrer dans cette prière de la communion des saints, et Marie, reine du Ciel, en est l’exemple type.

Relisons ensemble le catéchisme de l’Église catholique au numéro 957 sur « La communion avec les saints. » Nous ne vénérons pas seulement au titre de leur exemple la mémoire des habitants du ciel ; nous cherchons bien davantage par là à renforcer l’union de toute l’Église dans l’Esprit grâce à l’exercice de la charité fraternelle. Car tout comme la communion entre les chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur chef, toute grâce et la vie du peuple de Dieu lui-même. » Prier les saints continue notre appel à vivre ce lien fraternel renouvelé dans le mystère du Verbe incarné. Cette fraternité est renforcée par la volonté de communion et d’accueil de la volonté de Dieu dans notre vie, comme dans la richesse des relations qu’Il nous fait découvrir. Plus nous sommes unis au Christ, plus nous sommes attentifs à la communion entre nous sur terre, comme avec ceux qui intercèdent pour nous au ciel.

3 Marie nous montre l’obéissance à la prière trinitaire

Elle a été un chant d’action de grâce vers Dieu notre Père et son âme a magnifié le Seigneur parce qu’Il agit avec puissance dans sa vie et s’est manifesté dans son histoire, et qu’elle ne peut que Le chanter éternellement. Cette disposition à méditer les Écritures et à scruter la volonté de Dieu dans sa vie quotidienne l’a rendue pleinement participante à l’œuvre du Salut, par son oui à l’Esprit Saint, c’est-à-dire, par un renouvellement tout à fait unique de la naissance du Verbe incarné. Marie a vécu cette vie dans l’Esprit Saint dès sa participation à la prière et sa docilité à la Parole. Néanmoins l’Annonciation renouvelle la vie dans l’Esprit unique, car Il est présent d’une nouvelle manière et implique une autre forme de participation et de responsabilité.

3.1 La prière à Marie

La prière que nous faisons à Marie continue l’intuition prophétique du Magnificat : « « Toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses »[xvii] Ce culte, tel qu’il a toujours existé dans l’Église, présente un caractère absolument unique ; il n’en est pas moins essentiellement différent du culte d’adoration qui est rendu au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à l’Esprit Saint ; il est éminemment apte à le servir. En effet, les formes diverses… font que, à travers l’honneur rendu à sa mère, le Fils, pour qui tout existe[xviii] et en qui il a plu au Père éternel « de faire habiter toute la plénitude »[xix], peut être comme il le doit, connu, aimé, glorifié et obéi dans ses commandements. »[xx] C’est d’ailleurs pourquoi nous prions le chapelet en méditant les mystères liés au Christ. Toute prière mariale part de la parole de Dieu et, par les soins maternels de Marie, nous laisse accueillir l’Esprit Saint pour nous conduire vers le Père à la suite de son Fils. Marie ouvre la marche pour nous rendre attentifs à la Parole dans notre vie .Par son intercession, nous entrons un peu plus dans le mystère de l’incarnation et de la volonté de Dieu dans notre vie, et sa prière nous fait tendre vers l’espérance du Salut final.

La messe du samedi est traditionnellement tournée vers Marie (comme celle du lundi vers l’Esprit Saint) et nous conduit à mieux comprendre la prière d’intercession comme une prière de communion fraternelle et de cohésion ecclésiale. Ne pas prier Marie doit poser des graves questions. Comment parler de Jésus en ignorant sa mère, voire la méprisant ? « L’Église persévère dans la prière, comme les Apôtres, avec Marie, mère du Christ, et avec ceux qui, à Jérusalem, constituaient le premier noyau de la communauté chrétienne et attendaient en priant la venue de l’Esprit Saint. »[xxi]

3.2 Quelques points d’ajustement

La prière mariale ne doit pas tomber dans les excès comme le rappelle le concile Vatican II. « Il exhorte vivement les théologiens et ceux qui portent la Parole de Dieu à s’abstenir avec le plus grand soin, quand la dignité unique de la Mère de Dieu est en cause, à la fois de tout excès contraire à la vérité et non moins d’une étroitesse injustifiée[xxii]. L’application à la sainte Écriture, aux écrits des Pères et des docteurs, à l’étude des liturgies de l’Église, sous la conduite du magistère, doit leur faire mettre dans une juste lumière le rôle et les privilèges de la bienheureuse Vierge, lesquels sont toujours orientés vers le Christ, source de toute vérité, sainteté et piété. Qu’ils se gardent avec le plus grand soin de toute parole ou de tout geste susceptibles d’induire en erreur (sur la véritable doctrine de l’Église) soit nos frères séparés, soit toute autre personne. »[xxiii] Il nous faut rappeler sans cesse une pratique de la prière tournée vers le Christ mais qui n’ignore pas la prière d’une mère qui sait trouver les mots nécessaires pour faire entendre raison. Marie continue d’intercéder pour notre monde et pour chacun de nous, lorsque nous lui demandons avec ferveur.

Les attaques diaboliques contre Marie et ses enfants sont nombreuses, et il nous faut les voir et les reconnaître. Tout propos haineux contre la Vierge mère et tout discours hurlant, tonitruant et gesticulant à perdre sens sont très clairement la manifestation d’un grand désordre spirituel, et ont souvent comme source le Diable que l’on voudrait combattre par ailleurs mais qui devient notre complice dans ces situations-là. Nous ne discutons pas avec le Tentateur, nous devons fuir et refuser d’entrer en contact avec lui, il n’y a pas de dialogue possible, juste la prière du combat spirituel et le refus qu’il entre dans notre vie. Il n’y a pas non plus une négociation de ce qui pourrait être entendable dans le langage du frère, lorsqu’il manifeste une attitude diabolique. Il nous faut reconnaître et discerner ces cas graves et refuser d’en être complices par notre présence. Oui en face du mal, il nous faut avoir le courage soit de combattre, soit de fuir, mais jamais d’être passifs ni indifférents ou sélectionner l’attitude en fonction des circonstances. L’exigence spirituelle parfois demande une certaine radicalité.

Hélas, même dans l’Église catholique l’on peut entendre des choses bizarres qui vont à l’encontre du catéchisme de l’Église ou de la foi. Non ce n’est pas une foi plus riche ou plus solide ou plus intelligible dans la révélation que de ne pas prier Marie et d’être seulement dans la méditation de la Parole, c’est juste une porte que l’on se ferme dans la compréhension du Verbe incarné. Non la prière mariale n’est pas la prière des pauvres gens qui ne peuvent pas faire autrement, alors que les « hauts » spirituels, eux, sont dans la méditation et l’extase. C’est juste une infirmité de notre foi et une immaturité spirituelle profonde que d’omettre Marie dans nos prières. On peut y voir d’ailleurs un certain orgueil à ne pas reconnaître l’humble présence de la mère du Sauveur dans notre aventure spirituelle et à refuser le don du Christ à la croix, sous prétexte de ne vouloir dépendre que de Lui.

Il y a eu aussi des excès dans une mariologie qui en oubliait le Christ et le salut de Dieu. On priait Marie et on croyait en Marie, mais pas au Christ. Ou on ne priait que Marie, en oubliant qu’elle n’est qu’un passage de témoin pour nous amener à son Fils. Et cela a été très tôt dans l’Église. Le fait que Mahomet, en écrivant le Coran, ait sur la sainte Trinité parlé du Père, du Fils et de Marie n’est pas juste l’ignorance de l’Esprit Saint. Il y avait aussi probablement une place de Marie pas très ajustée qui faisait voir de l’extérieur une certaine confusion, même si bizarrement le Coran reconnaît par contre l’intervention de Dieu dans la virginité de Marie pour la rendre Mère Nous sommes invités à approfondir ce mystère dans notre vie spirituelle, par la recherche de vérité dans notre vie et à approfondir notre attitude envers Dieu pour être le plus libre possible dans l’amour du don.

Le développement du culte marial, au détriment de tout autre culte lié au Christ, pose aussi problème et ne peut que questionner. Mal prier Marie c’est l’offenser ; lui donner une place qu’elle n’a pas, en voulant la mettre en avant, n’est pas juste et blesse la mère du Sauveur dans son message, pourtant toujours tourné vers le Christ. Il nous faudra dans cet excès de zèle refuser certains chants ambigus, comme ceux qui disent « gloire à Marie », parce que la seule gloire est à Dieu. On évitera aussi de réciter le chapelet sans dire les mystères, car l’un et l’autre se complètent dans la vérité de la prière.

Les apparitions de la Vierge Marie sont bien plus nombreuses que celle du rédempteur ou des saints. Mais elles sont là pour délivrer un message et faire avancer notre foi vers une communion plus profonde avec le Christ notre Sauveur. La recherche du spectaculaire ne fait pas avancer la foi, au contraire elle nous fait régresser dans le magique. D’ailleurs, à la multiplication des pains, la première chose que fait Jésus avec les disciples, c’est de les envoyer en pleine mer pour éprouver le combat spirituel et l’importance de la foi en toute chose. Le miracle est juste le signe de l’efficacité de la parole de Dieu dans nos vies, et non une facilité de jouissance d’un bien personnel. Il nous faut sans cesse nous souvenir que Marie nous accompagne sur ce chemin d’humanité comme une mère avec ses enfants, et qu’en aucun cas elle ne vient occulter le Christ, au contraire elle s’efface devant lui et nous appelle toujours aujourd’hui à faire tout ce qu’Il nous dira.

4 Le mois de Marie

Le mois de mai est dédié à Marie. C’est le temps de la fécondité et de l’éclosion du printemps avec les premiers fruits. C’est aussi pour nous l’occasion de nous rappeler que nous avons une mère et qu’il nous faut particulièrement nous tourner vers elle pour traverser les épreuves, car elle nous tient la main pour nous amener au Christ notre Sauveur. « Marie demeure ainsi devant Dieu et aussi devant toute l’humanité le signe immuable et intangible de l’élection par Dieu dont parle la lettre paulinienne : dans le Christ, « il nous a élus, dès avant la fondation du monde…, déterminant d’avance que nous serions pour lui des fils adoptifs »[xxiv]. Il y a dans cette élection plus de puissance que dans toute l’expérience du mal et du péché, que dans toute cette « hostilité » dont l’histoire de l’homme est marquée. Dans cette histoire, Marie demeure un signe d’espérance assurée. » Or le pape François nous invite à un mois de prière et d’intercession pour que Dieu mette un terme à cette pandémie. Ce mois de Marie, en pleine année de saint Joseph d’une part, et de la famille d’autre part, est pour nous l’occasion de vivre la communion ecclésiale dans une ferveur paroissiale. Une proposition du chapelet est faite à Saint-Charles du lundi au vendredi, suivant les horaires du couvre-feu (pour l’instant les horaires sont fixés à 17 h 45), et le samedi après la messe anticipée (vers 17 h 15). Vivre ensemble ce moment d’intercession auprès de la Vierge Marie notre mère est un signe d’espérance pour ce monde en perte de vitesse, et une redirection vers ce qui fait vraiment sens.

Marie une fille d’Israël dans la vie de l’Esprit

Nous commençons le mois marial par la fête de saint Joseph, et cette année une grande partie du mois célèbre Pâques et la venue de l’Esprit Saint. Puis une autre fête mariale, le lundi de Pentecôte, Mère de l’Église (que je souhaite maire de l’Église dans la civilisation de l’amour, mais c’est une autre histoire) et nous terminons le 31 mai par la fête de la Visitation. Ce mois marial, où nous célébrons aussi les apparitions de Fatima le 13 mai, nous rappelle l’importance de la vie de l’Esprit dans l’histoire de Marie.

4.1 Une parole comprise dans l’intelligence de la foi

À travers tout un mois consacré à approfondir notre prière mariale, nous sommes conduits à réorienter toute notre vie vers une autre familiarité avec Jésus par l’accompagnement de sa mère et notre mère. Or cette parole de Dieu féconde dès les origines du monde, résonne de manière nouvelle dans la vie de Marie conçue sans péché et mettant au monde notre rédempteur, Jésus le Sauveur. « La Vierge Marie comprenait cela encore mieux, elle qui “avait conçu du Saint-Esprit”[xxv], lorsqu’elle méditait en son cœur les “mystères” du Messie auxquels elle était associée[xxvi]. »[xxvii] La méditation continue de la Parole la rend disponible à la venue de l’Esprit Saint et sa confiance en l’œuvre de Dieu lui permet de dire oui à son amour. « Quand Marie, au moment de l’annonciation, prononce son “fiat”: “Qu’il m’advienne selon ta parole”[xxviii], elle conçoit de façon virginale un homme, le Fils de l’homme, qui est le Fils de Dieu. »[xxix] Le oui de Marie a été une confiance en l’œuvre de Dieu et une disponibilité de sa vie en cohérence avec la Parole, sans forcément tout comprendre, mais acceptant de cheminer avec fidélité à sa Parole. La confiance est la relation de l’amour nécessaire pour persévérer et rester fidèle. Or la prière mariale nous restaure dans la confiance pour illuminer de l’intérieur la manifestation de Dieu et trouver une cohésion qui sans cesse s’affine dans la communion partagée.

L’aventure mariale est d’abord une promesse de Salut pour l’humanité car, malgré un premier parcours avec les parents originels qui s’est soldé par l’entrée de la mort dans le monde, il Lui fallait bien tenir sa Parole et remettre au cœur de notre humanité une femme sans tache pour porter Dieu lui-même. L’enfanteuse de Dieu (traduction littérale de Théotokos) est en même temps sa mère par analogie humaine et dans sa nature humaine, mais pas divine. La complexité de la foi consiste justement à ne pas les confondre, ni croire qu’à une seule nature (comme les monophysite). Le Christ a bien deux natures, humaine et divine, et Marie est sa mère dans la nature humaine. Or c’est par la foi que nous comprenons l’implication de Marie et son obéissance. En effet, par le oui de Marie, Dieu peut enfin exprimer son œuvre de salut et promettre ainsi l’alliance éternelle. « Marie est entrée dans l’histoire du salut du monde par l’obéissance de la foi. Et la foi, dans sa nature la plus profonde, est l’ouverture du cœur humain devant le Don, devant la communication que Dieu fait de lui-même dans l’Esprit Saint. »[xxx] Le mystère marial nous aide à comprendre cette vie de l’Esprit de manière unique, certes, mais aussi dans l’obéissance de la foi de manière partagée par tous. L’accomplissement de la Parole demande toujours d’être à l’écoute, dans la méditation et la prière sur les textes révélés, et par un apprentissage quotidien pour retenir tout cela dans son cœur afin d’être fécond dans le témoignage. « Dans le contexte de l’évangile de Luc, la mention du cœur noble et généreux, en référence à la Parole écoutée et gardée, constitue un portrait implicite de la foi de la Vierge Marie. Le même évangéliste nous parle de la mémoire de Marie, de la manière dont elle conservait dans son cœur tout ce qu’elle écoutait et voyait, de façon à ce que la Parole portât du fruit dans sa vie. La mère du Seigneur est l’icône parfaite de la foi. »[xxxi] La vie dans l’Esprit est comprise comme une actualisation de la Parole de Dieu dans notre vie car la Parole est efficace et produit du fruit lorsqu’elle est accueillie dans l’intelligence de la foi et la splendeur de la vérité.

4.2 Sa présence au temps de l’Église

Entrer dans la vocation mariale, c’est éclairer l’Église du don du Christ en croix qui ne fait que confirmer le premier don de la vie du Père et son incarnation par l’action de l’Esprit. Marie, dans sa docilité de créature tournée vers Dieu, nous a permis de recevoir pleinement l’alliance. Elle nous ouvre alors les portes de l’Église afin de nous faire entrer dans une communion plus intense, dans la relation par sa proximité avec le Verbe fait chair. Elle est présente à la Pentecôte, parce qu’elle nous accompagne silencieusement sur la route qui nous mène à Dieu. « Le temps de l’Église a commencé par la “venue”, c’est-à-dire par la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres réunis au Cénacle de Jérusalem avec Marie, la mère du Seigneur[xxxii]. Le temps de l’Église a commencé au moment où les promesses et les prophéties qui se rapportaient de manière très explicite au Paraclet, à l’Esprit de vérité, ont commencé à se réaliser. »[xxxiii] La contemplation de ce mystère divin nous aide à voir la juste place de Marie par une présence confiante en la Parole et disponible dans le service. L’Église doit garder cette Parole au cœur de toutes ses actions comme le lieu de renouvellement, et être disponible au souffle missionnaire pour être attentive à tous les hommes, dans l’annonce de la joie du Salut et la vérité de la rencontre au service de la charité. Marie, en pionnière du nouveau chemin, nous laisse les traces à suivre.

Mais ce mystère marial est une belle conjugaison de la vie de l’Esprit avec la disponibilité de cette humble fille d’Israël. Il souffle à nouveau pour la Pentecôte, rappelant aussi l’importance de rester en prière en toute occasion pour être attentifs aux manifestations de Dieu. « Ce jour-là, l’Esprit Saint promis descendit sur les apôtres réunis dans la prière avec Marie, mère de Jésus, au Cénacle. »[xxxiv] Marie nous accompagne à tous les moments importants de notre vie. Elle est cette présence maternante qui rassure et nous fait marcher dans une conscience droite. Certes les orphelins peuvent aussi connaître la révélation de Dieu mais, puisque nous avons la mère du Sauveur, autant en profiter et qu’elle nous consolide sur cette voie de communion dans la communauté ecclésiale.

4.3 Un accomplissement de la foi

Celui qui donne la foi, c’est Dieu par la présence de l’Esprit Saint, et celui que nous devons suivre, c’est le Christ Jésus, qui nous a sauvés pour nous amener à son Père. Mais à travers ce pèlerinage, l’aide de Marie est d’abord une rencontre confiante et la joie de l’accomplissement de la promesse. « Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré, non pas créé”. Il s’est fait homme “en prenant chair de la Vierge Marie”. Voilà ce qui s’accomplit “quand vint la plénitude du temps”. »[xxxv] Chacun de nous contribue à l’œuvre de Dieu par notre disponibilité à la grâce. Et nous prenons conscience du rôle prépondérant de Marie qui nous aide à être attentifs à tout ce que nous dira son fils. Avec Marie le chemin de foi est accompagné par un exemple à suivre, une mère qui nous guide et nous rend attentifs à la Parole de Dieu dans notre vie. La foi est bien l’expérience de la Parole à laquelle nous sommes tendrement ramenés par la prière mariale. En reprenant la phrase de l’ange, « Je vous salue Marie », nous reprenons la Parole de Dieu qui s’adresse à celle qui a dit pleinement oui à la nouvelle alliance. Nous accueillons cette louange de Dieu qui devient louange de l’homme envers la gratuité et la disponibilité.

Certes, cela demande une disposition intérieure, prise dans la méditation des Écritures, et un désir de suivre la volonté de Dieu. Voici ce qui nous vaut le vocable de « Marie, « Mère du Verbe de Dieu » et « Mère de la foi » »[xxxvi]. Une conjonction de la présence de Dieu et de la libre expression d’une femme accueillant la Parole comme lieu de réalisation de tout son être. « La réalité humaine, créée par le Verbe, trouve vraiment son plein accomplissement dans la foi obéissante de Marie. De l’Annonciation à la Pentecôte, elle se présente à nous comme la femme totalement disponible à la volonté de Dieu. Elle est l’Immaculée Conception, celle qui est « pleine de la grâce » de Dieu[xxxvii], docile à la Parole divine de façon inconditionnelle[xxxviii] »[xxxix]. Cette docilité nous emplira si nous accueillons Marie dans nos vies, tout comme la parole du Christ en croix. Marie nous invite à l’intériorité de la Parole par son exemple, à nous d’être vigilants, et non réfractaires sous des prétextes fallacieux.

La disponibilité à la Parole est un fruit de l’Esprit et un discernement qu’Il agit en nous. La vraie attitude prophétique accueille la puissance de Dieu dans nos vies et le partage de ce qu’Il nous donne de voir dans la vie des saints. La place de la Vierge dans cette histoire est unique. « L’Esprit Saint qui, par sa puissance, prit sous son ombre le corps virginal de Marie, réalisant en elle le début de la maternité divine, rendit en même temps son cœur parfaitement obéissant à l’égard de cette communication que Dieu fit de lui-même et qui surpassait toute pensée et toute capacité de l’homme. “Bienheureuse celle qui a cru !”[xl] »[xli] La joie est dans la foi et l’obéissance, non servile mais filiale. La foi est une joie d’accomplir la volonté de Dieu en nous montrant disponibles à son œuvre de Salut, laissant ainsi la Parole plonger dans notre cœur pour nous laisser transformer. La joie communicative se témoigne et nous envoie aux carrefours du monde. La Vierge Marie continue de communiquer la tendresse de Dieu à travers ses multiples interventions dans l’histoire des hommes, parce qu’elle montre la disponibilité que nous devons vivre et qu’elle nous appelle à comprendre notre relation à Dieu dans l’attention à sa Parole et l’accueil de son amour. Dieu se propose, à nous de dire oui à la suite de Marie, pour nous laisser aimer et aimer à notre tour. 

5 Synthèse

La prière mariale est une ouverture spirituelle dans ce cheminement vers le Royaume. La construction de la civilisation de l’amour passe toujours par l’attention à la mère de Dieu. J’aime bien cette phrase qui dit qu’en tant de guerre, lorsque nous tuons un homme, sachons que nous attristons toujours une mère. Dans la vie spirituelle, lorsque nous nous détournons de Marie au nom d’une ‘pureté’ de la foi, nous attristons le cœur de Jésus et nous blessons l’Église. « En contemplant la sainteté mystérieuse de la Vierge et en imitant sa charité…, l’Église devient à son tour une mère” et, “imitant la mère de son Seigneur, elle conserve par la vertu du Saint-Esprit, dans leur pureté virginale, une foi intègre, une ferme espérance, une charité sincère… Elle est aussi vierge, ayant donné à son époux sa foi”[xlii]. »[xliii] Notre témoignage de vie doit d’abord accueillir Marie et l’écouter nous apprendre à entendre son Fils notre Sauveur pour Le suivre avec confiance. Elle ne Le remplace pas, mais elle a cette proximité avec nous, grâce à sa nature purement humaine et son humble obéissance qui lui a valu d’être la mère du Sauveur.

La Mère du rédempteur nous montre comment recevoir la Parole et la faire vivre dans notre aujourd’hui. Elle nous accompagne de ses maternels conseils et nous invite à l’humilité de la disponibilité pour être toujours dans cette joie de Dieu. « Seigneur mon Dieu, mon créateur et mon rédempteur, je désire vous recevoir aujourd’hui avec autant de ferveur et de respect, avec autant de zèle pour votre gloire, avec autant de reconnaissance, de sainteté, d’amour, de foi, d’espérance et de pureté, que vous désira et vous reçut votre sainte mère, la glorieuse Vierge Marie, lorsque l’ange lui annonçant le mystère de l’Incarnation, elle répondit avec une pieuse humilité : ‘Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole.’ »[xliv] Parce qu’elle a médité la Parole, elle peut comprendre et se mettre au service de Dieu, elle est non seulement un exemple pour chacun de nous mais une présence pour nous aider à cheminer avec sureté dans la foi. « À la plénitude des temps, la Parole de Dieu s’est adressée à Marie, et elle l’a accueillie avec tout son être, dans son cœur, pour qu’elle prenne chair en elle et naisse comme lumière pour les hommes. »[xlv] Accueillir la lumière, qui éclaire les ténèbres et redonne un sens nouveau à la vie, ne peut se faire qu’en reconnaissant tous les acteurs qui ont contribué, chacun selon sa vocation à l’éclosion du Salut : Abraham en Père des croyants et en cheminant vers la terre de Dieu, Moïse en recevant les commandements, Elie et les prophètes en laissant l’Esprit nous guider, et Marie dans une vision contemplative de l’action de Dieu. Aujourd’hui « L’Église persévère dans la prière avec Marie. Cette union de l’Église en prière avec la mère du Christ fait partie du mystère de l’Église depuis son origine : nous voyons Marie présente en ce mystère comme elle est présente dans le mystère de son Fils »[xlvi]

Qu’à travers cette fête de saint Joseph travailleur, et jusqu’à la fête de la Visitation, nous sachions être toujours attentifs à accueillir l’Esprit Saint à l’œuvre dans la vie de chacun, et que nous puissions ainsi rendre grâce à Dieu dans la vérité du cœur. Marie a une place prépondérante et nous invite à son exemple à être toujours attentifs à la Parole comme lieu d’efficacité de l’alliance nouvelle. « Le Puissant fit pour moi des merveilles, saint est son Nom »

 1er mai 2021 – Père Greg BELLUT– Curé

Saint Charles Borromée – Joinville-le-Pont

 Lettre à télécharger au format .pdf

Prière à Marie, Mère de l’Église et Mère de notre foi [xlvii]

Ô Mère, aide notre foi !

Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel.

Éveille en nous le désir de suivre ses pas, en sortant de notre terre et en accueillant sa promesse.

Aide-nous à nous laisser toucher par son amour, pour que nous puissions le toucher par la foi.

Aide-nous à nous confier pleinement à Lui, à croire en son amour, surtout dans les moments de tribulations et de croix, quand notre foi est appelée à mûrir.

Sème dans notre foi la joie du Ressuscité.

Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul.

Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur !

Sources :

  • [1] Dieu s’est fait homme en Jésus Christ fils de Dieu – Combat l’arianisme qui refuse la divinité du Christ – premier credo complété par celui de Constantinople
  • [2] Dieu est Trinité, et déclare que l’Esprit Saint est Dieu et il réaffirme donc la divinité du Fils
  • [3] Condamnation de Nestorius qui pensait que Dieu avait pris une enveloppe humaine, une apparence humaine mais ne s’était pas vraiment incarné, et c’est le concile qui définit la Théotokos
  • [4] Jésus a les deux natures, vrai homme et vrai Dieu repris dans le credo de ce concile.
  • [i] Matthieu, Marc, Luc, appelés ainsi car ils ont de très grandes ressemblances dans les sources, alors que celui de Jean semble être très indépendant et beaucoup plus méditatif, notamment sur la théologie du pain de vie.
  • [ii] Mc 3,21b
  • [iii] Mc 3,35
  • [iv] & 2120 CEC
  • [v] &27 Verbum Domini –
  • [vi] Cf. Kleutgen, textus reformatus De mysterio Verbi incarnati, chap. IV : Mansi 53, 290. – Cf. Saint André de Crète, in nat. Mariae, Sermon 4 : PG 97, 865 A. – Saint Germain de Constantinople, In annunt. Deiparae, PG 98, 321 BC ; In dorm. Deiparae, III : col. 361 D – Saint Jean Damascène, in dorm. B. V. Mariae, hom. 1, 8 : PG 96, 712 BC – 713 A.
  • [vii] &62 Lumen Gentium – Vatican II
  • [viii] cf. Lc 1, 28
  • [ix] cf. Lc 1, 38
  • [x] &33 Verbum Domini Benoit XVI
  • [xi] & 62 Lumen Gentium op cité
  • [xii] Lc 1,47-55
  • [xiii] Lc 1,28
  • [xiv] Lc 1,31
  • [xv] Ap 12,13
  • [xvi] AP 12,17
  • [xvii] L c 1, 48
  • [xviii] cf. Col 1, 15-16
  • [xix] Col 1, 19
  • [xx] &66 Lumen Gentium op cité
  • [xxi] &66 Dominum et Vivificantem – Jean Paul II
  • [xxii] Cf. Pie XII, Message radioph., 24 octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 679. – Encycl. Ad coeli Reginam, 11 octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 637
  • [xxiii] &67 Lumen Gentium op cité
  • [xxiv] Ep 1, 4. 5
  • [xxv] Cf. Lc 1,35
  • [xxvi] Cf. Lc 2,19 Lc 51
  • [xxvii] &16 Dominum et Vivificantem – op cité
  • [xxviii] Lc 1,38.
  • [xxix] &50 Dominum et Vivificantem op cité
  • [xxx] &51 Dominum et Vivificantem
  • [xxxi] &58 Lumen Fidei – François
  • [xxxii] Cf. Ac 1,14
  • [xxxiii] &25 Dominnum et Vivificantem op cite
  • [xxxiv] &30 Dominum et Vivificantem
  • [xxxv] &49 Dominum et Vivificantem
  • [xxxvi] &27 titre Verbum Domini – Benoît XVI
  • [xxxvii] cf. Lc 1, 28
  • [xxxviii] cf. Lc 1, 38
  • [xxxix] &27 Verbum Domini
  • [xl] Lc 1,45
  • [xli] &51 Dominum et Vivificantem
  • [xlii] Ibid., LG 64
  • [xliii] &66 Dominum et Vivificantem
  • [xliv] IV,17-4, Imitation de Jésus Christ
  • [xlv] &58 Lumen Fidei
  • [xlvi] &66 Dominum et Vivificantem
  • [xlvii] Du pape François – Marie mère de l’Église extraite de Lumen Fidei : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/prayers/documents/papa-francesco_preghiere_20130629_maria-lumen-fidei.html