2018. Lettre de Pentecôte (1/2)

“Vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés”

Plusieurs parcours ont été proposés sur notre paroisse pour vivre ce temps de Pentecôte comme une pluie de grâces, signe de la présence de l’Esprit Saint. Si nous voulons être missionnaires, il nous faut demander l’Esprit Saint pour nous conduire pleinement sous l’action du Seigneur. « Par la venue de l’Esprit Saint, ils se sont sentis aptes à accomplir la mission qui leur avait été confiée. Ils se sont sentis pleins de force. C’est là précisément l’action de l’Esprit Saint en eux, et c’est son action constante dans l’Eglise … »[i] Par notre baptême et notre confirmation nous sommes invités à vivre la mission comme une résultante de notre relation à Dieu. Notre regard tourné vers le Christ nous sommes invités à reconnaitre l’autorité de Dieu dans notre vie, à l’annoncer comme un amour qui se manifeste et qui demande la conversion pour entrer en communion avec Dieu et à témoigner de la vie comme l’amour de Dieu qui demande une réponse de liberté de notre part.

            Marie de Nazareth nous a montré le chemin de sanctification, elle qui a vécu l’union à Dieu de manière toute spéciale. Elle a reçu le don de sa présence, et en même temps nous apprend dans sa maternelle attention à faire attention à l’Esprit Saint dans notre vie, comme un chemin de communion où nous voyons avec émerveillement l’action de Dieu s’accomplir. C’est dans la prière que nous sommes invités à nous maintenir pour être en union et recevoir la bénédiction de Dieu. « L’Esprit Saint est le Don qui vient dans le cœur de l’homme en même temps que la prière. Dans la prière, il se manifeste avant tout et par-dessus tout comme le Don qui “vient au secours de notre faiblesse”. »[ii]

            Chaque paragraphe correspond à un jour de la semaine, qui va de l’ascension à la Pentecôte (compris) et se termine par deux ou trois questions ou invitations à me laisser visiter par Dieu. Elle n’est ni le lieu de culpabilisation ni le temps d’un contrôle qui vérifierait que tous les paramètres sont bien remplis. Mais l’espace d’une rencontre où Dieu s’invite dans mon aujourd’hui. Vous pardonnerez les maladresses dont je peux faire preuve parfois, et regarderez avec bienveillance cette lettre comme une invitation à la vie dans l’Esprit Saint.

1 – Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous

La Toute Puissance de Dieu est à comprendre dans le mystère de son action que l’on ne saisit pas toujours mais qui procède d’un dessein où l’amour est premier et ne connait pas de frontière en se témoignant auprès de tous. L’amour nous introduit au mystère de l’élection où le Christ vient nous rejoindre pour nous proposer un chemin de vie. La Vierge Marie nous introduit dans cette humilité de l’obéissance à la Parole de Dieu et nous aide à comprendre le plan de Dieu pour chacun d’entre nous. « Priez » nous rappelle t’elle sans cesse dans ses apparitions reconnues. La prière introduit à l’amour et nous conduit à l’intelligence au mystère du Christ que nous devons témoigner dans une vie de l’Esprit Saint pour aller vers le Père. Dieu aime chacun d’entre nous d’un amour unique et personnel et nous invite à entrer en relation avec Lui pour contribuer à mettre l’amour au cœur du monde comme annonce du royaume à venir et déjà là.

Le langage de l’amour libère la puissance de Dieu dans le cœur des hommes pour permettre la rencontre. Et l’Esprit Saint nous donne cette force et ce courage pour persévérer sur ce chemin de vie. « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour » Le lien fraternel se vit dans l’humilité c’est-à-dire sans recherche de grandeur, ni d’abuser de sa situation pour ne plus être au service, ou encore instrumentaliser la relation pour une recherche de profit individuel. L’humilité se vit comme l’amour de Dieu dans la réalité du frère et qui donne à notre histoire un nouvel horizon. « En Dieu, l’Esprit qui est Amour fait que la considération du péché humain se traduit par de nouvelles libéralités de l’amour sauveur. … Si le péché, en refusant l’amour, a engendré la “souffrance” de l’homme qui s’est étendue d’une certaine manière à toute la création[iii], l’Esprit Saint entrera dans la souffrance humaine et cosmique avec une nouvelle effusion d’amour qui rachètera le monde »[iv] Demandez l’Esprit Saint revient alors à commencer un chemin de conversion où nous mettons Dieu à la première place. Très concrètement nous pourrions nous poser la question de savoir combien de fois nous demandons à Dieu son avis dans notre journée ? Combien de fois nous voulons être attentifs à sa volonté en lui demandant son avis et en se laissant guider ? En quelque sorte, comment je laisse l’amour me guider ?

2 – Sois sans crainte : parle, ne garde pas le silence. Je suis avec toi

Le Christ rédempteur vient réaliser la promesse du Père dans l’intelligence de l’Esprit Saint qui est de nous sauver. Nous sauver de nos enfermements, de nos éloignements de Dieu qui créé inévitablement le manque et l’angoisse, et de nos péchés qui sont des ruptures égoïstes à l’amour offert. Vivre sa foi n’empêche pas nos faiblesses, mais nous oriente vers la communion pleine en Dieu. « et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. » Le don de l’Esprit Saint concrétise dans nos vies l’espérance du salut que le Christ nous a offert. L’Esprit Saint nous fait vivre la Parole de vie comme une nécessité de communion pour obéir au Père et conformer notre vie à son appel. Marie nous ouvre le chemin, c’est pourquoi l’Eglise l’appelle la nouvelle Eve.

      De quoi nous sauve le Christ ? De la mort du péché et de la dispersion de notre vie lorsque nous nous éloignons de l’amour du Père. Comme le fils prodigue nous errons dans ces fêtes illusoires où nous perdons le sens de la vie. Le Christ nous encourage dans la relation retrouvée à restaurer notre vocation, et en nous rejoignant dans nos fragilités pour nous appeler à la sainteté. Il vient restaurer l’alliance qui est promesse de Dieu dans l’histoire des hommes et qui s’inscrit dans mon histoire de vie. Je suis invité en suivant le Christ à témoigner de cette joie d’être sauvé. Ai-je la joie d’être sauvé par le Christ ? Est-il tout pour moi ? Suis-je conscient de l’offrande de sa vie sur la croix, et de la miséricorde qui s’offre à moi comme chemin de retour ?

3 – Ce jour-là, vous demanderez en mon nom

La rencontre avec Dieu transforme notre vie si nous acceptons de faire ce chemin de conversion et de repentance. Nous ne pouvons pas rester fossilisés sur nos chemins de vie mais entrer dans cette dynamique de l’Esprit Saint qui nous demande de vivre l’amour dans la vérité de nos actes, et en changeant notre vie à travers la méditation des Ecritures. « En effet, avec vigueur il réfutait publiquement les Juifs, en démontrant par les Écritures que le Christ, c’est Jésus » Parfois il est bon de se rendre compte que nous sommes dans l’erreur et accepter de nous laisser enseigner par les Ecritures pour reprendre le bon chemin. La repentance n’est pas une lâcheté mais bien au contraire le courage d’avouer que la vérité n’est pas dans ce que je croyais, mais bien au cœur de l’Evangile que je reçois et qui me libère. J’ai à vivre la Parole et à la faire vivre dans l’action de grâce. « Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! »

« LA MÈRE DU RÉDEMPTEUR a une place bien définie dans le plan du salut, parce que, «quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. »[v] La prière mariale nous aide à entrer dans ce chemin de conversion tant intérieur qu’extérieur, et à nous blottir dans les bras maternels pour restaurer cet amour perdu. Elle nous amène à obtenir miséricorde de son Fils bien aimé. A travers la prière mariale nous obtenons la grâce du Fils qui vient opérer les changements nécessaires dans notre vie afin d’obtenir la présence de l’Esprit Saint qui nous guide dans toutes nos actions. Ai-je fait toute la lumière dans ma vie, accepté de questionner tous mes choix à l’aune des Ecritures ? Est-ce que je reconnais mon péché et je désire non seulement de l’éradiquer mais de ne plus vouloir recommencer ?

4 – Il faut donc devenir témoin de sa résurrection

La vie en Dieu demande de vivre la communion. Et Dieu le premier nous le révèle en nous envoyant l’Esprit Saint, source génératrice de vie pour que nous puissions nous laisser désaltérer de sa présence. « il nous a donné part à son Esprit. » pour qu’à notre tour, nous sachions témoigner de l’amour de Dieu que nous avons reconnu, et dans lequel nous avons mis notre foi. « Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. » Cette reconnaissance de la foi nous invite alors à vivre l’amour comme un impératif dans notre vie, une nécessité de relation pour mieux correspondre à la présence de Dieu. « La sainteté n’est rien d’autre que la charité pleinement vécue. … la mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne ». [vi]

Or notre chemin intérieur germe dans la restauration de notre demeure en vivant la communion entre nous, surtout dans la prolixité de la grâce de l’Esprit Saint qui s’exprime chez chacun selon ses charismes. Etre au service de Dieu ne nous rend pas propriétaire des dons, mais participant à « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Témoigner de la résurrection nous invite alors à illuminer notre vie de sa présence et persévérer dans notre prière et nos actions pour continuer à vivre de sa Parole. Les chemins d’abandon, de découragement, de froideur sont nombreux pour nous détourner du Christ. Comme une tentation mise devant nous afin d’exercer en tout temps notre liberté et nous rendre aussi responsables de cet amour donné. Qu’as-tu fait des talents que je t’ai donnés ? nous interroge le Christ Ce qui nous questionne aussi sur notre ferveur à rechercher d’être saint. Comment je témoigne devant mes frères de cette foi en l’amour de Dieu ? Est-ce que je garde les yeux levés au ciel ou ai-je les pieds sur la terre pour réaliser la promesse de Dieu dans ma vie ?

5 – Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs

            « Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse. » S’abandonner à la volonté de Dieu et relire les événements pour comprendre qu’Il nous demande de Lui faire confiance et de persévérer dans la foi, cela réoriente notre vie de prière comme un dialogue incessant. L’effusion de l’Esprit Saint vient alors renouveler notre vie par sa présence, comme un signe tangible qui nous fait prendre conscience que tout cela est vrai. Il vient au secours de notre foi pour porter cette assurance de l’amour de Dieu qui se voit, qui se vit, qui se médite dans notre histoire.

Tout envoie en mission, comme tout choix se vit dans la prière qui est respiration de l’âme. « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel … tu as choisi » Nous tourner vers Dieu pour vivre le temps du choix nous fait entrer dans la dimension du service, non sur des intérêts personnels ou suivant nos appréciations, mais par pure providence et dans l’acceptation du don de Dieu « c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. » Il s’agit pour chacun d’entre nous de nous laisser guider par cet esprit de liberté qui jaillit de la prière ou nous fait poser des actes prophétiques en accomplissant la Parole de Vie. A chaque fois que je mets la Parole au centre de ma vie, je me laisse guider par l’Esprit Saint et je deviens alors l’instrument de sa grâce sanctifiante.

L’Esprit Saint est ce dynamisme de vie de Dieu qui sonde les cœurs et discerne les esprits pour nous guider sur un chemin de sainteté. Le Pape François dans son style hispanique nous invite à vivre l’Esprit Saint comme action de sainteté. « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie[vii]. »[viii] Laisser Dieu habiter notre vie nous interroge alors sur notre propre liberté à Lui faire place. Cela demande toujours de notre part un chemin de conversion et de transformation pour laisser Dieu se manifester pleinement comme une expérience spirituelle qui nous refait à neuf et qui nous envoie dans le monde comme signe prophétique. Nous confirmons notre disponibilité à l’Esprit Saint. Prendre une Parole de Dieu et la méditer durant toute la journée comme une soif inextinguible. Quelles sont les conversions que j’ai à vivre ? Se donner du temps pour vivre le sacrement de réconciliation comme une lumière de vérité dans l’amour que je veux donner à Dieu.

6 – “C’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu”

La rencontre avec Jésus m’amène à purifier ma vie afin d’y voir de manière tangible la manifestation de Dieu. « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie » Cela passe aussi par une sortie de nos prisons intérieures pour connaitre la joie de la liberté en Dieu. « Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse, et quand il défaillait, toi, tu le soutenais. » Non seulement nous sortons de nos enfermements mais en même temps nous sommes guéris de tout ce qui nous entrave, par la présence du Rédempteur. Notre persévérance obtient du fruit. « J’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et les épreuves » et dans l’amour j’ai continué à regarder vers Dieu et Lui faire confiance. La Vierge Marie n’a pas cessé de croître dans ce chemin de confiance montrant le visage des croyants assidus à la relation à Dieu. Comme une présence qui vient guérir la lèpre du péché pour nous restaurer dans notre vocation de fils de Dieu.

Nous le savons bien, la familiarité à la Parole vient façonner notre vie et renouveler tout notre être comme un baume du cœur qui réchauffe et nous rend tout joyeux dans la communion à l’amour. Le témoignage entre dans cette joie de l’expérience de guérison intérieure que nous voulons partager comme un trésor offert à tous. « je n’ai rien négligé de ce qui était utile, pour vous annoncer l’Évangile » Cela ne va pas de soi, dans un contexte troublé par les différentes tensions qui demandent de notre part la persévérance. Mais la foi est un baume au cœur et un dynamisme de vie dans notre corps en laissant l’Esprit Saint agir. Ce n’est ni plus ni moins que de retrouver le sens de Dieu dans ce qui m’arrive, et me laisser envahir par la joie de cette rencontre fortifiante qui me restaure. Quelles sont les manifestations de Dieu dans ma vie, et qu’est-ce que cela change pour moi ? Comment j’entre en action de grâce pour les bienfaits dont Il me fait profiter ? Quelles sont les restaurations personnelles que j’ai pu vivre et dont je peux témoigner ?

7 – J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu

La foi devient alors un chemin de rencontre. Une rencontre avec la volonté du Père où nous sommes invités à nous unir parce qu’Il nous conduit dans l’amour. Une rencontre avec la Parole incarnée qui nous redit la beauté du don de l’amour et de l’offrande de soi pour accomplir la volonté du Père. Une rencontre avec l’Esprit Saint qui dynamise notre vie de la joie de Dieu à travers les dons qu’Il nous octroie. La sainteté de notre vie devient alors l’harmonisation de la Parole dans nos actes. « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. »

 La rencontre de l’Esprit Saint nous fait participer à une vie nouvelle où tout est transformé par sa présence. Comme un feu dévorant au plus profond de moi qui me rend attentif à la Parole de Dieu, une source rafraichissante qui restaure la relation fraternelle, un souffle fragile qui fait de ma vie une prière intense. « Toute la vie de l’Eglise, …signifie aller à la rencontre du Dieu invisible, à la rencontre de l’Esprit qui donne la vie. »[ix]. Comme Marie qui s’est laissée habiter par Lui pour nous donner le Rédempteur, nous sommes invités à rencontrer l’Esprit de vérité pour faire la lumière sur notre vie. La rencontre de l’Esprit Saint fait naître en nous ce désir de Dieu et la ferveur de le servir en toute chose. L’Esprit Saint nous conduit alors dans l’émerveillement de sa présence à la réalisation de la promesse de Dieu dans notre histoire. Est-ce que je me laisse entraîner dans cette ferveur de Dieu avec persévérance ? Suis-je désireux de rencontrer l’Esprit Saint quitte à modifier ma vie par les exigences de la foi ? Fais-je de ma prière un acte d’amour gratuit à Dieu ?

8 – Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable

Le propre du péché est de nous enfermer dans les ténèbres de la désespérance. Il est cette forme de clivage qui nous fait entrer dans une forme d’individualisme où nous nous laissons habiter par les forces obscures qui isolent. La vie de lumière des Enfants de Dieu va à l’encontre de ce chemin solitaire pris par une multitude. La présence maternante de Marie nous apprend alors à nous tourner vers elle dans les tourments pour présenter à son Fils nos tourments et nos prières. Entrant dans cette nouvelle relation à Dieu nous sommes alors libérés des angoisses et de la mort en nous laissant habiter par l’Esprit Saint.

La première liberté dans l’amour est de vivre l’unité comme chemin de sanctification. « Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. » Une liberté intérieure qui se témoigne dans notre rapport fraternel en allant à l’essentiel. La conduite de l’Esprit Saint nous amène alors à vivre notre foi avec audace, et en mettant nos frères devant leurs propres contradictions « C’est à cause de notre espérance, la résurrection des morts, que je passe en jugement. » La vie de communion dans le partage est en même temps signe de notre liberté qui accueille au lieu d’exclure, et loin des idéologies demande à chacun la vérité de l’amour dans son histoire propre. Suis-je capable de vivre cette liberté de croire en Dieu et de me laisser transformer par Lui ? Ai-je les exigences pour suivre en vérité la Parole et la faire mienne en artisan de paix ? Est-ce que je travaille ma conscience pour me clarifier les idées et avoir une liberté suffisante pour poser mes choix ?

9 – Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être !

Notre vie de Fils de lumière est confortée par les grâces que Dieu nous envoie à travers les vertus à vivre, les dons à accueillir, les fruits de l’Esprit à recevoir comme récolte. L’amour de Dieu demande certes la confiance, mais exige une fidélité portée par l’espérance qui nous aide à persévérer malgré les vents contraires. Toute notre vie est alors orientée vers l’amour de Dieu et un regard bienveillant sur son action dans notre quotidien. Les charismes sont le résultat de la gratuité de l’amour, cette grâce de Dieu pour l’édification de l’ensemble. Mais la vie de l’Esprit Saint nous invite à vivre le discernement de nos choix de vie et des engagements des hommes de la cité. Il y a une dimension personnelle, sociale et ecclésiale, comme un prolongement de la vision Evangélique d’artisan de paix à vivre ce discernement pour consolider notre communion fraternelle et notre union à Dieu. Les Ecritures nous guident, la conscience droite nous aiguille sur la plus juste attitude que l’Esprit Saint vient conforter en assurant la paix et la joie.

La vie de l’Esprit Saint nous fait entrer dans cette action de grâce de Dieu par notre vie et en même temps cet attachement au Sauveur comme raison de vivre. « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Aucune trahison, aucun péché ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est premier et auquel nous essayons de répondre dans la petitesse de notre vie. La Vierge Marie nous conduit alors sur ce chemin de vie de grâce, dans sa médiation unique. « Elle était non seulement celle qui «avança dans son pèlerinage de foi» et garda fidèlement l’union avec son Fils «jusqu’à la Croix», mais aussi la «servante du Seigneur», laissée par son Fils comme mère au sein de l’Eglise naissante: «Voici ta mère». »[x] Il nous revient alors, à l’exemple de la Théotokos, de laisser l’Esprit Saint nous habiter pour rayonner de sa présence. Quels sont les joies que j’ai reçues et que j’ai fait développer ? Comment je laisse l’Esprit Saint habiter ma vie par ses dons et je rends grâce pour ce qu’Il me donne ? Est-ce que ma prière laisse place à l’intercession de Marie, et son exemple est-il pour moi source d’inspiration ?

10 – Il annonçait le règne de Dieu … avec une entière assurance et sans obstacle

A l’aube de la Pentecôte nous sommes invités à méditer sur la proposition de laisser Dieu envahir notre vie et faire de tous nos choix un espace de joie. Laisser consacrer notre vie par la présence de Dieu demande alors d’être attentif à l’Esprit Saint qui passe, et à lui ouvrir notre porte pour qu’Il nous renouvelle. Nous pourrons ainsi participer à l’action prophétique du Christ en annonçant la Bonne Nouvelle par nos manières de vivre et d’entrer en relation. Recevoir l’Evangile comme le sceau de tous nos actes pour porter le sens de Dieu et agir en communion avec mes frères dans ce regard bienveillant d’un amour qui reconnait la vérité de la réalité, mais qui en même temps la couvre d’espérance.

En fait la vie dans l’Esprit Saint est la réalisation du mystère de la foi dans un ajustement de la grâce à notre histoire. Cette juste place qui nous rend prophétiques lorsque nous le vivons avec amour. Et Marie nous aide à vivre ce chemin d’espérance, c’est le sens de la prière que le pape François écrit à la fin de sa première encyclique « O Mère, aide notre foi ! Ouvre notre écoute à la Parole pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel. Eveille nous le désir de suivre ses pas, en sortant de notre terre et en accueillant sa promesse. »[xi] Laissons la vertu de l’espérance agir dans notre foi pour renouveler l’amour que nous avons pour Dieu et dans la réalité du frère. Suis-je attentif à ma vie intérieure et aux espaces qu’occupe la prière dans la régularité ? Comment j’accueille l’appel de Dieu dans ma vie et comment cela pénètre jusqu’au plus profond de mon âme pour me laisser transformer dans l’amour ?

11 – Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint

Vivre l’expérience de l’Esprit Saint n’est pas une fin en soi. Bien au contraire, c’est le début de notre mission entretenue dans la ferveur de la prière, et l’audace de la charité. Il y a comme une implication renouvelée dans le monde, quand bien même nous ne sommes pas attendus, ou que cela occasionne des maux au nom de l’hostilité à la présence de Dieu. « La souffrance nous rappelle que le service rendu par la foi au bien commun est toujours service d’espérance, qui regarde en avant, sachant que c’est seulement de Dieu, de l’avenir qui vient de Jésus ressuscité, que notre société peut trouver ses fondements solides et durables. »[xii] La vie de l’Esprit Saint nous invite alors à déplacer notre curseur pour toujours regarder vers le Christ et avancer sur le chemin en artisans de paix.

La puissance de l’Esprit Saint vient transformer notre vie et lui donner une nouvelle orientation où l’amour est premier, et le désir de communion en corrélation. Partager ses charismes demande de travailler à un apostolat commun qui tient compte des richesses de chacun afin de vivre une fécondité missionnaire. Notre conduite sous l’Esprit Saint invite à un partage où nous maintiendrons la ferveur de l’amour à sa juste place, et en ayant toujours comme support la prière. « L’urgence de l’activité missionnaire résulte de la nouveauté radicale de la vie apportée par le Christ et vécue par ses disciples. Cette vie nouvelle est un don de Dieu, et il est demandé à l’homme de l’accueillir et de le développer, s’il veut se réaliser selon sa vocation intégrale en se conformant au Christ. »[xiii] Plus qu’un questionnement, nous sommes invités dans cette étape d’accueil de l’Esprit Saint à nous laisser conduire en vérité, reconnaissant cet espace fraternel où il fait bon de vivre en communion avec les fils de Dieu.

Synthèse

La venue de l’Esprit Saint est un don gratuit, qui s’offre à nous. Mais il demande aussi de notre part une préparation pour lui donner consistance dans notre vie. Il ne s’agit pas simplement de le recevoir mais aussi d’en vivre dans la durée. De ne pas l’enfermer dans un musée de beaux souvenirs, mais d’en faire une réalité agissante au cœur de nos communautés ecclésiales. En ce mois de mai nous savons que nous pouvons compter sur Marie pour nous aider à vivre cette pentecôte tout au long de notre vie. « En Marie, l’Esprit Saint manifeste le Fils du Père devenu Fils de la Vierge. Elle est le Buisson ardent de la Théophanie définitive : comblée de l’Esprit Saint, elle montre le Verbe dans l’humilité de sa chair et c’est aux Pauvres[xiv] et aux prémices des nations[xv] qu’elle Le fait connaître. »[xvi] Entrons dans l’action de Dieu en étant familier à sa Parole et en nous laissant porter par l’obéissance à la volonté du Père en serviteur fiable.

Se mettre au service demande alors de cultiver notre communion pour porter les fruits d’un apostolat authentique et qui tient dans le temps. « Le Père et moi, nous sommes UN » La première attaque du diable (diviseur) est justement dans cette unité féconde. A travers notre communion je peux devenir missionnaire parce que j’entre dans l’amour Trinitaire en obéissant à la volonté du Père, en suivant le chemin de vie à travers le Verbe incarné, et en laissant le souffle de l’Esprit me garder tout au long de mon parcours.

Etre à l’écoute de Dieu et être envoyé auprès de nos frères demande de garder notre place de serviteur pour signifier cette présence de Jésus au milieu de nous. C’est la construction de notre vie intérieure qui passe par le discernement du frère. Dans la communion nous pouvons collaborer à l’œuvre du salut en étant à l’écoute de l’Esprit Saint. Chacun, dans un esprit collaboratif d’annonce du Règne de Dieu amène alors à redécouvrir la présence de Dieu sous différent aspect, mais en même temps, un même esprit de paix et d’amour vécu dans l’obéissance et l’humilité. Il y a bien une exigence à suivre le Christ et en même temps une irrésistible présence qui nous attire à Lui. La prière nous fait entrer dans le langage de l’amour ou Dieu est présent. Dialogue de vérité qui retisse notre lien fraternel

Le don de soi pour le service de l’Eglise ouvre des possibles d’humanisation aux richesses incalculables. La culture de mort, essaye par tous les moyens de combattre la culture du chemin de vérité et de vie. Mais la radicalité du don rappelle l’impérieuse nécessité de l’amour qui n’admet pas les compromissions mais demande les sacrifices. La vie dans l’Esprit nous aide à comprendre qu’il nous faut vivre des choix parfois crucifiant mais toujours libérant lorsqu’ils sont faits dans l’amour de la Parole et la vie sacramentelle. L’Eucharistie est justement le don du Christ qui passe par le sacrifice de la croix, mais à travers la résurrection redonne un sens nouveau à l’alliance. L’eucharistie restaure notre dignité de Fils en nous faisant participer à la communion divine.

Nous sommes invités à cette communion sans jamais être propriétaire, puisque c’est Dieu qui donne et c’est Dieu qui reçoit. Mais nous ne sommes pas non plus étrangers à ce don de l’amour en y répondant par la liberté de notre présence. « L’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus. »[xvii] Percevoir la présence de Dieu dans notre vie et nous conduire sous son regard d’amour fait de nous des témoins lumineux. Dieu nous a aimé le premier, et lorsque nous répondons à son amour nous remplissons pleinement notre vocation de Fils de Dieu. L’engagement au service de Dieu devient une évidence de vie pour qui perçoit l’appel et se nourrit dans une vie de prière et la familiarité à la Parole. Aucun regret de retour en arrière, le seul que l’on pourrait avoir et de ne pas avoir assez aimé. « La reconnaissance du Dieu vivant est une route vers l’amour, et le oui de notre volonté à la sienne unit intelligence, volonté et sentiment dans l’acte totalisant de l’amour. »[xviii] Cela demande une bienveillance sur l’appel de Dieu et l’intelligence de la réponse qui ouvre à la liberté des manifestations à travers les différents appels possibles. Le prochain a besoin de témoins qui répandent l’espérance dans les cœurs pour préparer à l’amour. Soyons présent et témoignons avec foi. Le feu de la Pentecôte nous envoie dans ce monde en quête d’espérance pour redonner le sens de Dieu et l’émerveillement de sa présence dans notre vie.

Le chemin qui se vit en vérité c’est le Christ, lumière des nations qui brille dans les ténèbres de notre humanité pour nous relier au Père dans le souffle de l’Esprit Saint. Comme un accomplissement de la création qui retrouve son sens au service de l’amour dans la gratuité de la relation qui demande un dynamisme de vie dans la réponse. Ce désir de voir le Père est en fait un désir de répondre à notre vocation de Fils de Dieu appelé à lui ressembler. « Comme nous le fait contempler le Prologue de l’Évangile de Jean, tout ce qui est se trouve sous le signe de la Parole. Le Verbe jaillit du Père et il vient demeurer parmi les siens et puis il retourne dans le sein du Père pour porter avec Lui toute la création qui, en Lui et par Lui, a été créée. »[xix] Il nous revient alors d’écouter la Parole et de la rendre naturelle dans notre vie pour témoigner de cette joie de croire. Plus nous sommes disponible à la Parole, plus nous l’actualisons dans notre vie, plus nous connaissons une liberté dans la relation qui nous pousse à l’amour authentique, qui est don, offrande, et langage du Royaume des cieux. C’est ainsi que nous comprenons que l’amour est préparation au salut promis. Nous expérimentons dans la joie de la rencontre, cette Parole qui prend vie dans nos choix et fait de nous des témoins de ce que nous avons vu et entendu, relation au Tout Autre qui fait de nous des témoins de l’invisible présent. La communion est alors le sceau d’authentification de ce que nous vivons, comme une manifestation de la rencontre avec Dieu dans le prolongement à l’attention fraternelle. « Chacun de nous est ainsi rendu par Dieu capable d’écouter et de répondre à la Parole divine. L’homme est créé dans la Parole et il vit en elle ; il ne peut se comprendre lui-même s’il ne s’ouvre à ce dialogue »[xx] C’est notre chemin intérieur que nous devons témoigner en vérité. « Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu »

Père Greg BELLUT
Curé de l’ensemble paroissial de Joinville-le-Pont

Notes :

[i] &25 Dominum et Vivificantem

[ii] &65 Dominum et vivificantem

[iii] Cf. Rm 8,20-22

[iv] &39 Dominum et vivificantem

[v] &1 Redemptoris Mater

[vi] Benoît XVI, Audience générale (13 avril 2011), in : L’Osservatore Romano, éd. en langue française (14 avril 2011), n. 15, p 2.

[vii] cf. Ga 5, 22-23

[viii] &15 Gaudete et exsultate

[ix] &54 Dominum et vivificantem

[x] &40 Redemptoris Mater

[xi] &60 Lumen Fidei

[xii] &57 Lumen Fidei

[xiii] &7 Redemptoris Missio

[xiv] cf. Lc 1, 15-19

[xv] cf. Mt 2, 11

[xvi] CEC 724

[xvii] &13 Dieu est amour

[xviii] &17 Dieu est amour

[xix] &121 Verbum Domini

[xx] &22 Verbum Domini

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