Dimanche des Rameaux et de la Passion
Nous entrons dans la Semaine Sainte : une semaine bien particulière cette année, puisque nos communautés ne peuvent pas se rassembler : la bénédiction des rameaux est reportée à une date ultérieure mais , plus que jamais, restons unis par la pensée et la prière commune .
« Pendant quarante jours, nous avons préparé nos cœurs par la prière, la pénitence et le partage ; nous voici, confinés, au début de la semaine sainte, pour commencer avec toute l’Église la célébration du Mystère pascal.
Aujourd’hui, le Christ entre à Jérusalem, la Ville sainte, où il va mourir et ressusciter.
Dans cette épreuve du coronavirus qui frappe toute l’humanité, gardons ferme notre confiance en Jésus : il monte à Jérusalem et va vivre sa Passion pour le rachat de nos fautes … et il nous ouvre le chemin de la résurrection. »
Psaume 21 : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
1. Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami! »
2. Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds; je peux compter tous mes os. |
3. Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
4. Tu m’as répondu! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur. |
Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (21, 1-11)
Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples en leur disant :
« Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin’. Et aussitôt on les laissera partir. »
Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme.
Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient :
« Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? »Et les foules répondaient :
« C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »
On peut également lire l’Évangile de la Passion selon Saint Matthieu (Mt 26, 14 – 27, 66)
Méditation
« Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; …je sais que je ne serai pas confondu. » Une seule question se pose alors dans notre vie. Quel témoignage j’offre à mes frères et sœurs ? Dans ma façon de vivre, dans ma relation à l’Eglise, dans mes propos, et mes façons de discuter, qu’est-ce que je dis de ma relation au Seigneur ? « Personne ne se sauve tout seul, c’est-à-dire, ni comme individu isolé ni par ses propres forces. Dieu nous attire en tenant compte de la trame complexe des relations interpersonnelles que comporte la vie dans une communauté humaine ». A nous d’acclamer le Seigneur qui passe, à travers la vérité de nos choix et l’audace de l’annonce auprès de nos frères.
Le monde a besoin de signe pour adhérer au Christ, et l’amour de Dieu passe par la vie bonne et les œuvres des croyants. L’acclamation de la foi est vécue à travers les signes, manifestation de Dieu dans l’aujourd’hui de l’homme. Soyons les acteurs zélés d’une parole qui s’annonce, qui se vit et qui se multiplie dans le partage. « À la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »
Homélie du père Grégoire Bellut
« Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples. » Ce langage du témoin de la Parole qui puise sa force dans la grande espérance du salut. Une Parole qui m’accompagne tout au long des jours de ma vie, pour faire résonner mon appel particulier à recevoir l’amour de Dieu pour moi, aimer Dieu de tout son cœur de toute son âme et de toute son intelligence, et mes frères comme lieu d’une réalité d’un projet commun de l’amour dans la fécondité des dons de l’Esprit Saint. « Être chrétien est « joie dans l’Esprit Saint »[i], parce que « l’amour de charité entraîne nécessairement la joie….Nous avons reçu la merveille de sa Parole et nous l’embrassons « parmi bien des tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint »[ii]. »[iii] Le langage des disciples est la Parole de Dieu reçu dans le don d’intelligence de la foi pour contempler la sagesse du Très Haut à travers toutes ses œuvres. Oui je puise à la Parole le réconfort de ma vie, et j’en suis témoin dans les actes que je pose chaque jour, lorsque j’ajuste ma vie à sa volonté. Et je suis soutenu par l’Esprit Saint qui m’accompagne dans ce chemin de vérité vécu avec douceur et miséricorde, mais sans compromission.
Le Seigneur intervient dans notre vie, et vient nous apporter le réconfort nécessaire, et les guérisons à vivre pour sortir de nos tombeaux à son admirable lumière. L’écoute de la Parole, imbibé de prière et d’approfondissement dans le service de la charité nous introduit à l’action de grâce pour tous les bienfaits que le Seigneur découvre dans notre vie. Nous entrons dans une intimité avec le Christ notre bon berger, et la prière nous fait reconnaitre l’amour de Dieu et nous le fait désirer, comme une biche désire l’eau vive. « Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. » Une découverte de la foi qui est une aventure personnelle d’abord, mais toujours relié aux frères dans la relation communautaire, toujours en Eglise comme lieu de communion et d’humilité, toujours avec le soucis de ceux qui sont laissés en marge de nos sociétés, pour rappeler que ce désir de Dieu est pour tous en tout temps et en tout lieu.
Mais l’écoute de la Parole nous transforme et nous montre un autre chemin, celui de l’ajustement de notre vie à l’amour de Dieu, c’est-à-dire un engagement qui demande notre participation comme don désintéressé de soi-même à la relation d’amour avec Dieu et au travail de la Création avec nos frères. « Dans cette perspective, la lecture de la Parole de Dieu nous soutient dans notre itinéraire de pénitence et de conversion, nous permet d’approfondir le sens de notre appartenance ecclésiale et nous soutient dans une familiarité plus grande avec Dieu. »[iv] Une contemplation de Dieu qui nous fait quitter une vision utilitariste de la prière, ou de notre relation pour entrer pleinement dans celle du don et de la contemplation en agissant pour la civilisation de l’amour. Or l’amour est une grâce, certes mais aussi synonyme de souffrance dans le refus de réciprocité, ou le rejet. Et c’est justement là, qu’à travers une conversion du regard je suis appelé à toujours aimer plus à travers le don. Il n’y a pas d’échelle de valeur, ou de marchandisation dans un rapport d’intérêt, mais juste un don sincère de soi-même comme image de Dieu, et ressemblant à l’image du Père à travers la Personne Don et en ressemblant ainsi à notre Sauveur.
Mais la démarche de l’amour n’est ni un acte isolé, ni un acte solitaire. « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours » Le Seigneur Dieu, Celui qui tient notre histoire entre ses mains et qui agit pour l’honneur de son Nom, nous conduit à la source inépuisable d’une vie bonne en nous redonnant le sens profond de notre vocation à œuvrer pour la Création dans une confiance en son œuvre et cette familiarité avec Lui et avec nos frères dans ce jardin de la complémentarité. Tous les arbres de la diversité sont à notre disposition, pour nous faire grandir, et porter du fruit, pour accompagner nos relations dans cette vérité de l’amour et l’humble bienveillance sur chacun. Tous les arbres sont bons mais tous ne sont pas profitables, et l’interdiction de l’arbre de la vie, nous rappelle encore que le Seigneur vient au secours de notre faiblesse pour nous garder de dévaler la pente du désespoir. « L’écoute de la Parole de Dieu nous porte avant tout à apprécier l’exigence de vivre selon cette loi « écrite dans notre cœur »[v]»[vi] et le refus de la Parole nous fait sortir de cette familiarité avec Dieu pour entrer dans le péché et nous enferme dans la désobéissance. C’est oublier notre origine que de ne pas faire confiance au Père. C’est mépriser l’Esprit Saint que de ne pas être attentif aux dons qui nous ont été faits. C’est refuser le Christ que ne pas vivre la fraternité comme une chance de salut. « L’homme est créé dans la Parole et il vit en elle ; il ne peut se comprendre lui-même s’il ne s’ouvre à ce dialogue. La Parole de Dieu révèle la nature filiale et relationnelle de notre vie. »[vii] Une vie ancrée dans la relation est obligatoirement une vie de communion, et orienté vers la recherche du bien dans l’enracinement aux Ecriture nous fait entrer dans la civilisation de l’amour et connaitre ainsi la grande espérance du salut. C’est pourquoi en toute circonstance je peux reconnaitre la présence du Seigneur et garder confiance. Car « je sais que je ne serai pas confondu. ».Tout n’est pas rose, tout n’est pas comme je l’avais prévu, mais en gardant mon regard fixé sur le Christ, en m’assurant de la communion avec mes frères, ancré dans la méditation des Ecritures et la prière, je témoigne de la présence de Dieu dans ma vie.
Reconnaissons-le, le don de l’amour qui passe par la souffrance n’est pas des plus attirant, car la souffrance est un mal en soi, mais c’est aussi une étape de purification pour sonder la profondeur du don et réaliser le détachement que nous avons à vivre parfois. Dans le service l’amour prend tout son sens. « prenant la condition de serviteur, Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » Le Créateur nous à invité à une communion d’amour, et cette vocation n’est pas irréalisable. Par l’incarnation de son Fils Il démontre la possibilité avec nos limites humaines, de parvenir à vivre la parfaite communion. Et Marie n’a été qu’un oui à la volonté du Père. Elle a médité la Parole dans son cœur, et lui a donné de l’épaisseur dans tous ses choix de vie. « : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »[viii]. Jésus indique la vraie grandeur de Marie, en ouvrant ainsi à chacun de nous la possibilité de cette béatitude qui naît de la Parole écoutée et mise en pratique. »[ix] A la suite du Verbe incarné, et avec l’aide de la première des disciples, nous avons à pèleriner avec confiance vers le Seigneur et se mettre nous aussi à son service en faisant en toute chose sa volonté. Je reconnais que parfois dans ma vie il y a des grands écarts, mais la démarche de pardon est une humble reconnaissance du besoin de réconciliation que nous avons à vivre. Dieu se manifeste pleinement dans l’amour que nous recevons, que nous accueillons comme don et que nous témoignons autour de nous comme lieu du véritable échange, lieu de communion. Cela demande d’abaisser les montagnes d’orgueil et de rejet de l’autre dans sa différence, mais plus encore d’accepter ce que je suis et de me laisser guider par le Seigneur là ou je réaliserais le mieux l’appel qui est le mien. L’amour demande bien la disponibilité pour s’offrir avec fécondité à travers les choix que je pose. « Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à Lui de m’aimer »[x]
Malgré l’épreuve et la perte de sens que nous pouvons éprouver parfois, il n’en demeure pas moins que Dieu est fidèle, et près de Lui se trouve le repos. « Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, »Cette présence de Dieu dont je rends témoignage devant tous parce qu’Il est présent, vivant, rayonnant. Les rayons d’amour que Dieu nous donne, éclaire notre vie d’un sens nouveau, réchauffe nos cœurs de sa présence et traverse notre vie pour nous ramener à la juste distance avec notre Sauveur. « Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie »[xi] Le témoignage de notre vie passe alors par l’apport de cette lumière au monde en rappelant la beauté de la vie que Dieu nous a donné, et dont nous sommes responsable. Une vie appelée à l’éternité de la communion avec Dieu et dans l’espérance du salut pour le plus grand nombre. Une révélation de sa présence qui ne s’impose pas, mais se propose dans une liberté de l’amour qui demande de notre part une réponse afin de toujours plus nous ajuster à ce qu’est le véritable amour, dans la gratuité de la relation. « Peu à peu, la Révélation fait saisir de manière toujours plus claire le germe de vie immortelle déposé par le Créateur dans le cœur des hommes: « Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps; il a mis dans leur cœur l’ensemble du temps »[xii]. Ce germe de totalité et de plénitude attend de se manifester dans l’amour et de s’accomplir, par un don gratuit de Dieu, dans la participation à sa vie éternelle. »[xiii] en accueillant ce don de Dieu nous entrons alors dans l’action de grâce, et comprenons que l’amour bien que mystérieux dans son déploiement, et universelle dans son expression, traverse toutes les vies humaines pour faire résonner le projet Créateur. Oui plein de reconnaissance nous terminons alors en action de grâce pour tous les bienfaits du Seigneur et le besoin de toujours préserver cet amour certes fragile dans son humilité, mais si fort par sa puissance. « je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur. »
- [i] Rm 14, 17
- [ii] 1 Th 1, 6
- [iii] &122 Gaudette et exsultate
- [iv] &87 Verbum Domini
- [v] cf. Rm 2, 15 ; 7, 23)[v].
- [vi] &9 Verbum Domini
- [vii] &22 Verbum Domini
- [viii] Lc 11, 28
- [ix] &124 Verbum Domini
- [x] &18 Dieu est amour
- [xi] &49 Evangelii Gaudium
- [xii] Qo 3, 11
- [xiii] &31 Evangelium vitae
Prière Universelle
+ Pour sauver tous les hommes, le Christ s’est fait obéissant, jusqu’à la mort sur une croix. Levons nos yeux vers lui, et confions-lui toutes nos demandes.
R/ Pleins de confiance, nous te prions, Seigneur.
Seigneur Jésus, donne à ton Eglise l’élan de ceux qui t’acclamaient lors de ton entrée à Jérusalem. Avec l’Esprit-Saint, qu’elle témoigne de Toi en allant à la rencontre de tous les hommes,
R/ Pleins de confiance, nous te prions, Seigneur.
Merci Seigneur pour tous ceux qui contribuent à entourer, soigner et guérir les malades. Soutiens-les et protège-les dans l’exercice de leur mission.
R/ Pleins de confiance, nous te prions, Seigneur.
Pour que les dirigeants du monde et les responsables des affaires publiques prennent la mesure des difficultés que nous traversons et œuvrent à plus de justice et prennent en compte les besoins des plus faibles.
R/ Pleins de confiance, nous te prions, Seigneur.
Nous te prions pour les futurs baptisés : que leur foi et leur espérance s’enracinent toujours plus en toi, afin qu’à leur tour, ils puissent témoigner, à ta suite, de ton Amour et de la victoire de la Vie !
R/ Pleins de confiance, nous te prions, Seigneur.
Seigneur Jésus, pour notre communauté paroissiale, nos familles pour tous ceux qui vivent des moments difficiles : soutiens leur espérance et donne-leur la force de vivre pleinement dans la foi.
R/ Pleins de confiance, nous te prions, Seigneur.
Conclusion :
+ Christ et Seigneur que nous acclamons en ce jour, daigne porter avec ta Croix les cris des hommes qui espèrent en ton amour. Toi qui règnes pour les siècles des siècles.