Solennité du Saint-Sacrement  2021. Lettre

“C’est un dogme pour les chrétiens que le pain se change en son corps, que le vin devient son sang”

Cette fête du Saint-Sacrement a trois axes, le premier est de manifester son adoration pour la présence de Jésus dans notre vie et de lui rendre toute gloire. « Le Pain vivant, le Pain de vie, il est aujourd’hui proposé comme objet de tes louanges. » Le deuxième axe est de prier pour la conversion des pécheurs à travers la présence du précieux corps et du précieux sang. Prendre conscience du Salut proposé à tous ceux qui accueillent le Christ dans leur vie. « Toi qui sais tout et qui peux tout, toi qui sur terre nous nourris, conduis-nous au banquet du ciel et donne-nous ton héritage, en compagnie de tes saints. » Le troisième axe est d’affirmer sa présence réelle : « c’est un dogme pour les chrétiens que le pain se change en son corps, que le vin devient son sang. » La fête du Saint-Sacrement fait suite au miracle de Bolsena (voir annexe A.4) et nous aide à garder le souvenir des signes que Dieu nous a donnés tout au long de l’histoire des hommes. Nous devons rechercher cette rencontre de Dieu en marchant sur les chemins de la vérité et de l’amour afin de garder cette vocation d’être en relation et de nous ouvrir au dialogue avec Dieu et avec nos frères.

1         Pour une vie eucharistique

Le mystère eucharistique est un appel pour l’homme à entrer en communion avec Dieu et découvrir à travers sa présence la force de sa Parole agissante. Il y a un lien intime entre la Parole révélée, la présence intime du Sauveur dans notre vie par l’eucharistie et l’éclairage de notre intelligence par l’Esprit La rencontre de l’homme et de Dieu dans le mystère eucharistique est certes disproportionnée entre l’infini de Dieu et les limites humaines, mais unique d’union intime d’un Dieu qui se fait si proche qu’il nous comble de joie. « Abîme transcendant de l’aimable et vivant aliment qui s’unit merveilleusement à l’homme, l’attire totalement à lui, le transforme en lui-même, union bien supérieure à tout ce que l’intelligence humaine peut imaginer, au-dessus de tous les changements. »[i] C’est l’expérience d’une rencontre qu’aucun mot ne peut décrire, tant l’indicible est puissant dans cette manifestation vivante : Dieu est là. Il faut nous interroger sur cette volonté de communion avec Dieu, lorsque nous nous approchons de l’eucharistie, et sur ce désir de conformer notre vie à la Parole du Seigneur. Il ne s’agit pas d’entrer dans un jugement sévère mais bien de discerner en vérité, à la lumières des Écritures, les profondeurs de notre cœur, et d’être attentifs aux changements que nous pouvons opérer. Avons-nous vraiment envie de cette intimité avec le Christ ?

« Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique. » La vie eucharistique, communion avec Dieu dans son corps et dans son sang, est une pratique de Dieu par une connaissance en profondeur de sa présence en nous. Si c’est bien le Christ que nous recevons dans son corps et dans son sang, alors nous recevons sa Parole pour agir en cohérence avec notre foi. L’obéissance à la Parole de Dieu se prolonge dans le repas eucharistique par une vie de communion. « Notre vie filiale, ce sera notre obéissance, notre recherche de conformité aimante et fidèle à la volonté de Dieu, sans démission de notre intelligence et de notre dignité d’homme. »[ii] C’est un acte de confiance en toute liberté envers la Parole de Dieu et une volonté de se conformer à son dessein selon notre vocation propre, comme une adhésion du cœur, c’est-à-dire intérieure, pour conformer toute notre vie, corps et âme à la vie en Dieu dans le feu de l’Esprit en suivant le Verbe incarné. Notre vie est un don de Dieu et, dans l’obéissance, nous l’accomplissons pleinement à travers l’amour partagé par le service jusqu’au sacrifice de notre propre vie. Le témoignage de foi est bien dans le don sincère de nous-mêmes pour y découvrir la vraie joie. C’est un chemin de croissance de communion établi dans la confiance, en la présence de Dieu dans notre vie et l’écoute de sa Parole pour nous laisser guider au souffle de l’Esprit. Mais avons-nous vraiment confiance dans cette expérience de la relation à Dieu, ou sommes-nous en combat, et parfois dans le jugement de ce que fait Dieu, en nous dédouanant de nos responsabilités premières ? Faire confiance demande de nous laisser dépouiller pour gagner en humanité, sous le regard du Christ qui nous habille de la connaissance de Dieu et des dons de l’Esprit.

2         Combat pour la liberté

Là encore, il y a ce fameux combat spirituel pour ne pas se défier de Dieu, ou vouloir se déifier, en oubliant le chemin du retour vers le Père prodigue. Le repas eucharistique, c’est-à-dire de communion avec Dieu, est un moment de vérité parce que nous Lui faisons place et qu’Il met en lumière tous les aspects de notre vie pour faire place nette et nous transformer en sa présence. Lorsqu’Il vient, c’est pour bousculer ce qui n’est pas conforme et féconder ce qui est juste et bon. Or, les vents contraires viennent nous déstabiliser sur les flots de nos rencontres et l’Adversaire est toujours présent pour nous faire douter. Dieu peut-il vraiment se réduire à un morceau de pain, pourrions-nous entendre de manière insidieuse ? Le péché se tient tapi, prêt à bondir sur sa proie si nous laissons des portes ouvertes. Refuser la tentation, c’est vouloir la communion. « Je ne peux pas m’imaginer que l’on puisse vivre de la vraie vie sans la nourriture des forts. Le moyen le plus sûr pour échapper à la corruption est de nous fortifier avec l’eucharistie. Celui qui vit sans se rassasier de la chair immaculée de l’agneau divin, ne pourra ni éviter le péché, ni progresser dans la voie de la perfection. »[iii] L’impératif de vivre cette proximité avec Dieu, c’est de ne pas nous laisser enfermer dans la désespérance et de ne pas refuser la volonté de Dieu. Pourquoi refuser la liberté ? Parce que parfois nous préférons que d’autres décident pour nous et posent des choix dans une apparente sécurité. Toutes les dictatures se forment sur le même schéma : une peur, une demande de protection et une démission de sa responsabilité propre. Et dans l’aventure spirituelle, il en va de même, la peur est une conséquence du refus de Dieu. La protection, que nous recherchons avec la magie ou la vanité de ce monde, la séduction du Malin,  nous conduit à penser maîtriser les choses, par la répétition des formules, mais en oubliant notre vocation d’images de Dieu. Alors nous préférons fermer notre cœur à l’appel du Seigneur et scléroser nos agissements dans une obéissance tatillonne et sèche de ce qui nous est demandé, sans amour et souvent sans recherche de vérité. Justement, la vie eucharistique change la donne en développant de plus en plus en nous le désir de Dieu et en nous transformant peu à peu.

Oui, la foi demande une vie de confiance en Dieu et d’obéissance en sa Parole, qui est l’amour dans la réalité de nos vies et le prolongement de l’alliance comme lieu de réconciliation. Le mystère eucharistique vient nous renouveler entièrement. « Ici dans cette union, l’esprit est attiré, élevé au-dessus de son infirmité, de son état naturel, de sa disconvenance, il est purifié, transfiguré, élevé au-dessus de toutes ses facultés, au-dessus de lui-même de sa manière d’être individuelle, et tout son agir, son être sont imbibés de Dieu. »[iv] Nous comprenons alors l’importance de participer à l’eucharistie, bien au-delà du légalisme d’une fois par semaine, le dimanche, mais bien dans ce désir d’être tout en Dieu en faisant tout pour le vivre chaque jour présent dans notre vie, comme un appétit insatiable de communion et d’être tout à lui, livré à son amour. Vivre le combat spirituel, c’est vouloir défendre notre liberté pour faire le choix de Dieu et refuser tout ce qui nous en sépare. Il y a un véritable enjeu pour ne pas nous assoupir dans un quotidien mortifère et ne pas tomber dans une tiédeur diabolique. La crise de nos communautés aujourd’hui repose souvent sur un manque de ferveur et d’engagement, pour l’espace d’un entre-soi qui engage à minima. Cela tombe bien, dans une société qui refuse les engagements qui nous rendent responsables et prône la vie de concubinage et autres unions libres, montrant ainsi ce refus de s’investir. Mais, avant d’y voir un mal moral, il faut d’abord y voir un naufrage spirituel. Le repas de la dernière cène demande un engagement dans le service jusqu’au bout, et non jusqu’à nos possibles, car ce n’est pas sur nous que cela repose, mais sur l’esprit de Dieu qui nous assiste à tout instant de notre vie lorsque nous Lui demandons. Le naufrage spirituel est l’illusion d’un engagement minimaliste avec Dieu avec l’idée d’une confusion doctrinale comme source de pluralité enrichissante… Navrant… C’est le Christ, dans son corps et dans son sang, qui nous vivifie, c’est Lui qui nous conduit sur le chemin de vie, dans la vérité de nos agissements, c’est Lui enfin qui reviendra juger les vivants et les morts.

Nous voici dans la liberté d’agir en communion, pour manifester son amour dans nos vies à travers l’accomplissement de sa Parole de Vie. Le sang de l’alliance est aussi le sacrifice ultime du don qui se répand pour la multitude pour la conversion de tous, malgré la faute d’Adam, une libération définitive qui oriente notre conscience vers la recherche du meilleur bien en Dieu, pour prendre part à l’héritage de vie. « Il nous faut une discipline de vie, un amour de la loi de Dieu, une disposition d’obéissance virile à l’école des grands priants. Il nous faut revenir au ‘cœur’, recomposer l’homme intérieur. »[v] La célébration de cette fête du Saint-Sacrement nous fait revenir à l’intériorité de la présence de Dieu pour la manifester à tous. Ce sacrement de la charité, comme l’intitule Benoît XVI, est l’expérience pour l’homme de se retrouver pleinement en Dieu et de participer à son mystère divin en communion, tout en vivant une autre expérience de dépouillement et de conversion, pour sans cesse nous approcher plus près de Dieu, amour fidèle et vrai. « L’eucharistie est le point où Dieu et l’âme se rencontrent : Dieu avec toutes ses grâces, l’âme avec tous ses besoins. »[vi] Une rencontre vivifiante qui transforme tout notre être de sa présence, revigore notre corps, resplendit dans notre âme et illumine notre esprit. Lorsque Dieu s’offre à nous, c’est pour que nous puissions nous offrir à Lui dans la disponibilité de toute notre personne. Il se montre à nous, pour que nous regardions vers Lui. Il se donne afin de nous rétablir sur le chemin du Salut. Sachons rayonner de sa présence, en lui donnant toute la place dans notre cœur, de l’entendre nous parler et nous guider vers la joie de la rencontre. Lorsque nous communions, nous avançons notre doigt pour découvrir ses mains et mettons la main dans son côté pour voir dans la résurrection le signe de la croix et du don.

Dire que l’eucharistie est un aliment de la miséricorde, c’est voir dans la communion l’œuvre du pardon du Fils pour l’humanité. D’où l’importance à chaque communion d’aller en profondeur pour l’accueillir comme notre Seigneur, et non un simple ‘pote’ de passage. Faut-il redire l’importance de nous préparer à la messe en venant un peu avant pour prier et laisser germer ce désir de Dieu, continuer de méditer à la fin de la messe, pour l’accueillir pleinement et lui faire toute la place, et tout au long de nos journées, penser à la communion comme lieu de notre consécration ? « On ne peut attendre une participation active à la liturgie eucharistique si l’on s’en approche de manière superficielle, sans s’interroger auparavant sur sa propre vie. Le recueillement et le silence, au moins quelques minutes avant le début de la liturgie, le jeûne et, lorsque cela est nécessaire, la confession sacramentelle, favorisent, par exemple, cette disposition intérieure. Un cœur réconcilié avec Dieu permet la vraie participation. »[vii]  Il nous faut retrouver une pleine liberté dans cette prise de conscience du sacrifice ultime pour vivre pleinement l’action de grâce. À chaque messe, Dieu nous fait grâce. Il nous faut donc vivre un certain attachement à sa volonté pour nous laisser modeler par sa présence.

3         Désirer Dieu et conformer notre volonté

Le travail de la volonté pour le service de Dieu éclaire le témoignage de la grâce de l’Esprit qui agit parallèlement. Nous devons distordre les orientations de nos désirs profonds, afin d’aiguiller ce qui est bon vers la lumière et de chasser ce qui est mauvais. Il y a une éducation des sentiments pour suivre le Christ et vivre avec lui pour toujours. Il ne faut pas nous attacher à l’éphémère ou au courant puissant d’un désir stérile, mais être à l’écoute de la petite source d’eau vive nous appelant à chanter les louanges de Dieu dans la claire joie du soir par une prière qui vienne jusqu’à Dieu. Une volonté bien ordonnée travaille sur les transformations possibles pour respecter la liberté de nos choix et agir en conséquence. Or, parfois, nous pourrions être bien mal conseillés, mais l’eucharistie, nourriture de l’âme et du corps, redresse nos penchants mauvais pour nous réajuster à la présence du Seigneur. C’est un travail de la volonté, qui oriente de manière saine le désir de Dieu. « Quand vous ne pouvez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de cœur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur. »[viii] La communion oriente notre désir vers Dieu et vers la recherche d’une communion plénière, dans un cheminement permanent vers la joie de Dieu, que nous accueillons jours après jours. C’est une source pour toute notre vie, car dans le corps et le sang du Christ nous puisons les forces nécessaires pour nous restaurer, mais c’est aussi un sommet de notre vie dans la contemplation de son œuvre et le chemin encore à parcourir pour être pleinement offerts à son amour.

Il s’agit de nous abandonner à sa volonté pour nous laisser modeler par Lui. L’eucharistie est l’exemple même d’une communion sans confusion pour amener à une fécondité dans la complémentarité. « J’ai eu récemment cette pensée : si Dieu ne voulait pas comme moi, je voudrais pourtant comme Lui. Bien des personnes veulent avoir leur propre volonté en toutes choses ; c’est mal, c’est là une faute. Les autres… voudraient que Dieu veuille selon leur volonté plutôt que de vouloir selon sa volonté… les justes n’ont absolument pas de volonté, ce que Dieu veut leur est tout à fait égal, si grand que soit le désagrément. »[ix] Or l’eucharistie n’est possible que par le passage de la croix et de la résurrection, lieux où le don se fait Salut pour tous et joie renouvelée de la création. La volonté de Dieu, à travers le sacrement de charité, est de sauver le plus grand nombre, pour une meilleure communion entre nous et avec Lui, notre Seigneur et notre Dieu. Mais cette volonté vise aussi à redécouvrir dans notre histoire l’engagement de Dieu et Le suivre dans l’appel spécifique, dans le courage d’une disponibilité à l’exemple de Marie, qui demande une forme de radicalité de vie à la suite du Christ livré pour nous. Par la volonté, nous prenons conscience d’une foi obéissante qui s’exprime dans la disponibilité du don et le oui permanent à l’œuvre de Dieu dans l’aujourd’hui. En abandonnant notre volonté dans les mains de Dieu dans cette égale disponibilité à son œuvre, nous marchons sur le chemin de la sainteté. C’est toute une histoire de conversion, et en même temps de pèlerinage de la foi, pour une plus grande confiance à expérimenter et accueillir Dieu dans la réalité de nos limites humaines. Le mystère eucharistique, sacrement de la charité, est l’expression d’un Dieu proche de chacun d’entre nous, qui nous appelle à sa suite, pour continuer l’œuvre du Salut. Il envoie l’Esprit Saint pour que nos cœurs se laissent pétrir par le Verbe incarné et découvrent le Salut non comme un défi, mais un chemin de croissance pour la vie éternelle.

La prière d’action de grâce

Le désir de Dieu doit nous rendre disponibles à sa Parole et nous invite à écouter les appels dans la disponibilité du cœur et chercher à aimer davantage. La ferveur de notre prière vient du désir d’être saints, de ne pas nous contenter d’une vie médiocre, mais de rechercher par mille petites choses à L’imiter au mieux dans notre vie. Rien n’est possible si le Christ n’est pas présent. La participation au repas eucharistique est la contemplation de son cœur sacré, qui nous demande de l’honorer en nous conformant par la parole et par nos actes à son message de service et de don sincère de nous-mêmes. Le fruit de l’eucharistie est l’œuvre de louange de Jésus dans notre aujourd’hui et l’espace d’un dialogue, nourri par la présence du Christ et notre vie tournée vers Lui pour agir envers nos frères dans ce rapport de fraternité.

La prière est le lieu de cette rencontre de communion. « Prier c’est penser Dieu en l’aimant. »[x] Or l’eucharistie nous fait concrètement partager cette présence de l’amour dans une prière de communion à travers la méditation des Écritures et du sacrifice d’action de grâce par le corps et le sang du Christ. La générosité de la présence de Dieu dans notre vie nous amène à entrer dans cet esprit de louange. « Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. » Vivre l’eucharistie nous invite aussi au déplacement de la prière afin de rencontrer le Seigneur en toutes circonstances et de témoigner de l’amour de Dieu pour tous. C’est la force nécessaire à la joie de la rencontre. « C’est là ta puissance, Seigneur, qui seule opère de grandes choses ; elle dépasse tout sentiment et toute compréhension, tout génie, toute raison et toute imagination. »[xi] Avec Dieu, tout est possible parce que l’amour n’a pas de limite et s’exprime dans tous les aspects de notre histoire, pour être tantôt joie et louange, d’autres fois intercession et pardon, ou encore action de grâce et adoration. Nous faut il redire l’importance de l’adoration, comme une respiration d’âme et une complémentarité de notre vocation première, d’images de Dieu ? Tout n’est pas de l’ordre du sensible, mais de la disponibilité à la grâce. C’est à nous de faire confiance à notre responsabilité, et à Dieu d’agir au moment opportun. Il nous faut œuvrer de manière très concrète à l’amour, tout en sachant garder la vocation de serviteur du Père, et Lui faire confiance dans la réalisation de son œuvre.

« Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. » la Fête-Dieu est une prise de conscience du sacrifice du Christ et du don que nous sommes invités à vivre dans le témoignage. La prière est le lieu de cette conscience qui, peu à peu s’éveille à cette révélation de Dieu et L’accueille dans toutes ses dimensions. Croire en Dieu dérange ce monde, parce qu’Il rappelle la vérité de l’être et ce que nous sommes appelés à vivre. Il y a une vie spirituelle à exercer dans notre adhésion à la vie de l’Esprit. Demandons au Seigneur de nous tenir en compagnie des saints afin de toujours rendre témoignage par nos actes de cette vie intérieure de communion et d’abandon à la volonté du Seigneur. « J’invoquerai le nom du Seigneur. Je tiendrai mes promesses au Seigneur » nous dit le psalmiste, à nous de faire tout ce qui est possible pour garder ce désir de Dieu et nous souvenir qu’Il n’a pas fait semblant mais s’est livré pour nous, alors nous pourrons rendre grâce au Seigneur pour tous ses bienfaits.

L’engagement sans atermoiement sur les réponses

« Le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut. » Le sacrifice du Christ demande un engagement radical de notre part, afin de nous laisser transformer par sa présence. Développer les fruits de l’Esprit Saint par la présence du Christ nous fait progresser dans cette révélation de Dieu dans notre histoire et les changements à opérer afin de lui être fidèles, avec la volonté de nous engager sur le chemin du Salut, où nous sommes participants à l’œuvre de Dieu. Tout tient dans le mot engagement, pour marquer notre foi et notre envie d’avancer avec Lui sur le chemin. « La vraie raison pour laquelle on ne veut pas venir à cette eucharistie est qu’on ne désire pas mener une vie chrétienne ; on ne désire pas promettre de mener une vie chrétienne ; on se doute que ce sacrement y oblige, qu’il oblige à vivre d’une façon beaucoup plus stricte et plus sérieuse qu’on ne le fait pour l’instant… Voilà pourquoi on ne veut pas venir au Christ-eucharistie pour avoir la vie ; on sait qu’Il ne se livre pas si on ne consent pas à se donner à Lui. »[xii] Chaque eucharistie nous transforme et Jésus, inlassablement, vient à notre rencontre, pour toucher notre cœur par sa présence et sa Parole et nous aider à changer nos vies, pour nous laisser aimer par Dieu et irradier cet amour pour nos frères et pour toute la création dans une écologie intégrale.

Trop souvent on conditionne notre messe aux horaires, à l’ambiance ou à d’autres facteurs, mais jamais au principal, qui est cette rencontre avec le Seigneur. Or ce qui est premier c’est de recevoir le Christ et d’habiter en sa présence, car Il vient au milieu de nous. Savons-nous l’accueillir ou restons-nous sur la place, laissant les heures défiler en attendant d’être embauchés par d’autres réalités ? Le Christ est présent, à nous d’aller à sa rencontre, les lampes allumées. La tiédeur pour la participation à l’eucharistie montre la blessure spirituelle profonde d’un sacrifice, que l’on mémorise comme un simple rendez-vous, alors qu’il devrait être au centre de nos préoccupations. Pour prendre l’avion et partir en voyage, il nous faut nous lever parfois très tôt ; pour attendre nos familles, il nous faut parfois veiller très tard, mais pour la messe, il faut que cela rentre dans un créneau horaire réduit, là où il n’y a pas grand-chose à faire, comme une occupation subalterne. Si nous avions plus de foi en sa présence vivante au milieu de nous, alors nous mettrions tout en œuvre, pour développer ce feu d’amour autour de nous.

Mais voici, dans l’éveil de notre être, la présence de Dieu, Il nous faut nous laisser modeler au souffle de l’Esprit pour nous enraciner dans l’œuvre de Dieu. « L’émerveillement pour le don que Dieu nous a fait dans le Christ imprime à notre existence un dynamisme nouveau qui nous engage à être témoins de son amour. Nous devenons témoins lorsque, par nos actions, nos paroles et nos comportements, un Autre transparaît et se communique. »[xiii] C’est une cohérence personnelle, qui se partage dans la joie de la rencontre et devient une propagation de l’amour autour de nous. Tout se renouvelle à sa rencontre et nous fait prendre les chemins d’autres possibles, vers la joie, la paix et la communion avec nous mêmes, avec nos frères, avec Dieu. Nous prenons conscience que c’est Dieu le premier qui s’est invité chez nous et y a déposé son image, et que tout notre désir est finalement ordonné à vivre cette communion perdue au jardin d’Eden, mais que nous recherchons sans cesse avec toujours plus d’intensité, lorsque nous nous rapprochons de Lui et nous rendons disponibles à son appel, à cette voix intérieure promesse d’un bonheur éternel.

4         Une rencontre, trois personnes

Participer à l’eucharistie n’est donc pas seulement de l’ordre du témoignage ou de la dévotion personnelle, mais avant tout d’une rencontre qui nous transforme et nous fait avancer vers le Royaume des cieux. La messe devient un rendez-vous amoureux avec Dieu et un désir intense de le rejoindre. « Celui qui communie se perd en Dieu comme une goutte d’eau dans l’océan. On ne peut plus les séparer. Il y a de quoi, si l’on y pensait, se perdre pour l’éternité dans cet abîme d’amour ! […] Il n’y a rien de si grand, […], que l’eucharistie ! […], allez à Jésus avec amour et confiance ! Allez vivre de Lui afin de vivre pour Lui ! »[xiv] C’est l’histoire d’une rencontre où tout prend sens et où notre désir de Dieu devient insatiable pour retrouver la véritable communion. C’est la joie de la rencontre où tous nos sens recherchent Dieu et, dans la communion, trouvent un certain repos, une certaine cohésion dans ce renouvellement intérieur et le réajustement à la volonté de Dieu, vécus de manière pratique. « Toute célébration eucharistique actualise sacramentellement le don que Jésus a fait de sa vie sur la croix pour nous et pour le monde entier. En même temps, dans l’eucharistie, Jésus fait de nous des témoins de la compassion de Dieu pour chacun de nos frères et sœurs. »[xv] Rappeler l’amour de Dieu à travers la présence eucharistique, c’est être vigilants dans ce monde d’aujourd’hui et avoir une vie cohérente pour rayonner de ce témoignage de la rencontre. C’est une rencontre trinitaire, car le Fils nous mène au Père et l’Esprit nous aide, par grâce, à nous acheminer vers Lui dans l’intelligence des Écritures et l’ouverture d’esprit pour voir la présence du Fils et l’amour du Père.

 La communion au corps et au sang du Christ est adhésion à Dieu de tout notre être et une joie de la rencontre, à travers le sacrifice eucharistique qui est une action de grâce pour l’œuvre du Salut auquel Il nous appelle. Ainsi, la participation à la communion marque notre volonté de faire entrer Dieu dans notre vie. « Dans l’unité, on perd la ressemblance. C’est ainsi que l’aimable aliment fait passer l’esprit de la complète dissemblance à la ressemblance, puis de la ressemblance à une certaine unité avec Dieu. Ce dernier état est celui de l’esprit transfiguré. »[xvi] Plus nous approchons de la communion en état de grâce, plus nous sommes transformés par la présence du Christ et ainsi toute notre vie prend le chemin du ressuscité. Le sens de l’homme devient le sens de Dieu et le désir d’une communion éternelle dans la grande espérance du salut. « À ce banquet du nouveau Roi, la Pâque de la loi nouvelle met fin à la Pâque ancienne. » C’est une reconnaissance à la lumière de l’amour à travers l’expérience d’une présence où tout rayonne de sens. Nous devons l’annoncer avec force, à travers une vie réconciliée avec Dieu et l’audace d’un amour de vérité dans la relation fraternelle.

Cela nous engage, par la compassion, à prendre patience et à nous inscrire dans le temps pour laisser l’espace de la rencontre et les possibilités de changement. « Nous sommes rendus témoins de ce mystère d’amour. Souhaitons-nous mutuellement d’aller pleins de joie et d’émerveillement vers l’eucharistie, pour faire l’expérience de la vérité de la Parole par laquelle Jésus se sépara de ses disciples et pour l’annoncer aux autres. »[xvii] En effet dans l’expérience de l’eucharistie, nous faisons aussi l’expérience de la parole vécue et d’une communion qui ouvre nos cœurs à l’intelligence des Écritures .Non seulement le Verbe incarné s’offre par son corps et par son sang, mais également nous fait entendre la Parole comme source de vie et lieu d’action de grâce. « La Parole et l’eucharistie sont corrélées intimement au point de ne pouvoir être comprises l’une sans l’autre : la Parole de Dieu se fait chair sacramentelle dans l’événement eucharistique. L’eucharistie nous ouvre à l’intelligence de la sainte Écriture, comme la sainte Écriture illumine et explique à son tour le mystère eucharistique. »[xviii] Très concrètement, la méditation de la Parole de Dieu et l’adoration de l’eucharistie après avoir communié, nous ouvre au même mystère de la révélation du Fils de Dieu, l’un par une pratique de l’intelligence et l’autre par une pratique de nos sens. Mais c’est toujours orientés vers le Christ et pour mieux le découvrir dans nos vies, comme espace d’une rencontre unique où Il se révèle pour le Salut des hommes et le rachat des péchés.

Synthèse – L’interrogation du cheminement

« De quoi discutez-vous en marchant ? »[xix] Vivre l’eucharistie est une interrogation de toute notre vie. Comment parlons-nous du Christ et vivons-nous la rencontre ? En étranger, absent du mystère, voyant les signes sans les interpréter, ou bien en fils de lumière, accueillant la Parole comme vie dans notre vie, comme l’expression d’une joie de Dieu pour ce monde créé ? Vivons-nous sur le chemin, toujours à vagabonder dans une recherche, parfois en perte de sens, car nous en avons oublié Dieu ? Ou en serviteur, tenant la lumière de la lampe allumée et attendant nuit et jour le retour du maître ? La célébration eucharistique est aussi une affaire de cœur, où il nous faut être disponibles pour Le recevoir. « Dans la vie des fils de l’Eglise, cette participation à la joie du Seigneur n’est pas dissociable de la célébration du mystère eucharistique, où ils sont nourris et abreuvés de son corps et de son sang. Car soutenus ainsi, comme des voyageurs, sur la route de l’éternité, ils reçoivent déjà sacramentellement les prémices de la joie eschatologique. »[xx] Il nous faut revenir à la source de l’expérience de foi et avancer avec prudence sur le chemin de sainteté, en écoutant la Parole de Dieu et en voulant la mettre en pratique dans notre vie. « L’âme tombe quand l’eucharistie n’est plus là pour la soutenir. »[xxi]

La fête du Saint-Sacrement, autrement appelée Fête-Dieu, est celle de la disponibilité de Dieu pour l’homme l’invitant à entrer en relation avec lui, mais aussi un appel pour l’homme à se préparer à la rencontre avec Dieu en faisant tout ce qu’Il nous dira. C’est le mystère même du dialogue avec Dieu et de la rencontre personnelle qui s’inscrit dans l’histoire de chacun. Avec les disciples, nous devons faire confiance à Dieu, en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance, et Lui agira selon son dessein d’amour. Dieu nous prépare le chemin, à nous d’aller à la suite, pour continuer à témoigner de la joie de la rencontre. « Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. »

 Père Greg BELLUT, Curé de St Charles Borromée

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Annexe – Les miracles eucharistiques

A1    Saint Grégoire le Grand VIe siècle

« Un dimanche, en 595, pendant que le pape Grégoire le Grand célébrait la messe dans l’ancienne église consacrée à saint Pierre, au moment de distribuer la communion, il s’aperçut que parmi les fidèles qui s’approchaient de la communion, il y avait une des femmes qui avaient préparé le pain pour la consécration. Elle riait bruyamment. Le Pape troublé, lui demanda des explications sur son comportement. La femme se justifia en disant qu’elle ne pouvait croire que le pain préparé de ses propres mains devienne le corps et le sang du Christ grâce aux paroles de la consécration. Saint Grégoire lui interdit alors de communier et implora Dieu de l’illuminer. Dès qu’il eut fini de prier, il vit la fraction de pain préparé par cette femme devenir chair et sang. La femme repentie s’agenouilla et se mit à pleurer. Aujourd’hui encore une partie de la relique du miracle est conservée à Andechs. »[xxii]

A2    Le miracle des deux espèces – Lanciano VIIIe siècle

« Lanciano, dans la province de Chieti, est le théâtre d’un autre miracle eucharistique extraordinaire. Celui-ci a probablement lieu entre 720 et 750, et implique un moine basilien, qui doutait, lui aussi, de la présence réelle du Seigneur dans l’eucharistie. Un jour, pendant la fête, le pain se transforme sous ses yeux ébahis en morceau de chair et le vin en sang. »[xxiii]

A3    Le miracle de Bolsena 1263

Parmi les divers prodiges eucharistiques qui se seraient produits tout au long de l’histoire, il en est un qui se détache particulièrement des autres : c’est le miracle survenu en 1264 à Bolsena, sur les bords du lac auquel ce petit port a donné son nom, près de la belle petite ville italienne d’Orvieto, dans la région d’Ombrie.

Les faits se sont produits sous les yeux du père Pedro de Praga qui, depuis quelque temps, doutait de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Le prêtre était alors en pèlerinage à Rome et fit une halte toute la nuit à Bolsena, près d’Orvieto, la localité étant relativement proche de la ville éternelle. Là, dans l’église Sainte-Christine, le prêtre demanda à célébrer la sainte eucharistie, dans l’espoir de trouver une réponse à ses doutes.

Le lendemain matin, quand le Père Pedro consacra le pain et le vin et que s’opéra le grand mystère de la transsubstantiation du corps et du sang du Christ, la sainte hostie devint, de manière visible, vraie chair et commença à saigner, des gouttes de sang tachant le corporal. Bouleversé, le prêtre informa sur-le-champ du prodige divin le pape Urbain IV, qui se trouvait alors à Orvieto et qui réclama immédiatement l’hostie et le corporal maculé de sang pour vérifier les faits. À la vue du miracle, le souverain pontife lui-même tomba à genoux devant le corporal et l’exposa ensuite à la vue de toute la population.

C’est précisément en raison de cette manifestation surnaturelle que le pape Urbain IV institua par la bulle « Transiturus de hoc mundo » la fête du corpus christi, fête qu’il fixa au jeudi après la solennité de la Sainte Trinité. Et c’est ce même pape qui confia à saint Thomas d’Aquin la rédaction des textes liturgiques pour la commémoration en l’honneur du corps et du sang du Christ. Le corporal sur lequel advint le miracle est actuellement conservé dans la cathédrale d’Orvieto. On peut encore voir la sainte relique sur l’autel dans une chapelle édifiée en l’honneur de ce grand miracle eucharistique. Chaque année, le jour de la fête du corpus christi, le corporal est porté en procession dans les rues de la petite ville italienne et préside aux célébrations eucharistiques qui ont lieu dans la cathédrale.[xxiv]

A4    Le Miracle eucharistique de Faverney 1608

Résumé – En 1608, à Faverney le 25 mai, jour de la Pentecôte, le Saint-Sacrement est exposé ; pendant la nuit un incendie brûle la table –reposoir sur laquelle était posé l’ostensoir. Le lundi matin on découvre avec stupéfaction que l’ostensoir se trouve suspendu dans le vide au-dessus des restes carbonisés. Pendant trente-trois heures le miracle dure et des milliers de personnes en sont témoins.

Faverney, à une vingtaine de kilomètres de Vesoul, était alors une abbaye de bénédictins. Ils avaient demandé et obtenu d’organiser un triduum eucharistique avec exposition du Saint-Sacrement à la Pentecôte 1608. Des indulgences étaient accordées à ceux qui se confesseraient et communieraient.

Le miracle de Faverney se produisit dans la nuit du 25 au 26 mai 1608. Le dimanche de la Pentecôte avait commencé l’adoration et celle ci devait durer trois jours. On avait érigé un « reposoir « contre la grille qui dans les abbayes à l’époque séparait le chœur et la partie réservée aux moines de la nef ouverte aux fidèles. Ce reposoir consistait en une table de bois surmontée d’un gradin de bois et d’une étagère à quatre colonnes, également de bois, rehaussant la table de près d’un mètre. L’ostensoir se trouvait donc en haut de cet ensemble. De nombreuses nappes et étoffes de soie recouvraient table et reposoir, avec au-dessus, accroché à la grille, un dais festonné d’où descendaient des draperies. La table autel était garnie de fleurs et portait deux chandeliers de cuivre garnis de cierges, et deux chandeliers d’étain portant des lampes d’huile qui devaient brûler jour et nuit devant le Saint-Sacrement. Jean Garnier, le sacristain, ferma les portes de l’église à huit heures (heure solaire, dix heures du soir aujourd’hui) et revint ouvrir à trois heures (cinq heures pour nous). Il trouva alors l’église remplie de fumée et voit les décombres du reposoir incendié. Il s’évanouit puis se relève et appelle en criant : les moines accourent et se précipitent vers les débris fumants jonchant le sol. On n’y aperçoit rien qui reste de l’ostensoir. Cependant un novice s’écrie : il a découvert l’ostensoir suspendu en l’air, légèrement penché vers la grille. L’ostensoir n’est supporté ni retenu par rien ; la grille elle branle chaque fois qu’on la touche tandis que l’ostensoir reste immobile.

Pendant trente-trois heures l’ostensoir va demeurer suspendu en l’air et des milliers de personnes arrivent de partout au bruit du miracle et en sont témoins elles aussi. Au bout de ces trente-trois heures l’ostensoir descend doucement, comme porté par une main, et se pose sur le « corporal » (linge spécial de la liturgie sur lequel on pose le calice pendant la messe et le Saint-Sacrement dans les expositions) qui avait été disposé en dessous. C’était le moment où un prêtre à l’autel principal déposait l’hostie après l’élévation

L’incendie avait détruit les deux tiers du reposoir, brûlé les linges et draperies, fait tomber en grande partie du dais, fondu à moitié l’un des chandeliers d’étain, noirci l’ostensoir en plusieurs endroits. Mais les deux hosties, placées l’une contre l’autre dans la lunule (le cercle), le tube de cristal sous la lunule et dans lequel se trouvait une relique, et même le bref (lettre) du Pape accordant les indulgences à l’occasion de cette adoration et qui avait été épinglé devant la table n’avaient pas brûlé.

La Commission d’enquête ordonnée par l’archevêque de Besançon entendit dès le 30 mai recueillit les dépositions concordantes des témoins, elle s’arrêta au nombre de 54. Aussi Amédée Thierry, professeur à d’université de Besançon, qui a étudié ces faits avec la rigueur de la critique historique, conclut : « S’il est un fait matériellement prouvé, c’est incontestablement celui-là[xxv].

A5     Le miracle de Buenos Aires, en 1996

Le 18 août 1996, après une messe du Père Pezet, qui ressemblait à toutes les autres, une femme vint prévenir le prêtre, qu’une hostie souillée avait été abandonnée au fond de l’église. Le père s’empressa de la ramasser pour la remettre dans le tabernacle, dans un petit récipient d’eau. Quelques jours plus tard, le 26 août, celui-ci s’aperçut que l’hostie s’était transformée en une substance toute couverte de sang. Il le signala à son supérieur, monseigneur Bergoglio — le futur pape François — qui demanda que la scène soit photographiée. Ce fut fait le 6 septembre et l’on s’aperçut alors que la substance étrange était en réalité un morceau de chair. Elle resta ainsi, plusieurs années, cachée dans le tabernacle.

Trois ans plus tard, Mgr Bergoglio décida de soumettre à l’analyse scientifique ce lambeau qui ne présentait aucun signe de décomposition, sans en préciser l’origine aux experts. Un laboratoire américain fut chargé de la mission. Voici sa conclusion :

« La matière analysée est un fragment de muscle du cœur (…) Ceci indique que le cœur était vivant au moment où l’échantillon a été prélevé. J’affirme que le cœur était vivant étant donné que les globules blancs meurent en dehors d’un organisme vivant. (…) Par ailleurs, ces globules blancs avaient pénétré les tissus, ce qui indique d’autant plus que le cœur avait été soumis à un stress intense, comme si son propriétaire avait été battu sévèrement au niveau de la poitrine. »[xxvi]

A6    Miracle de Tumaco 1906

À Tumaco, la terre tremble. En ce 31 janvier 1906, le petit village de pêcheurs colombien est secoué par un séisme. La mer se retire, les oiseaux se taisent, un raz de marée se prépare. En hâte, le Père Larrondo, curé du lieu, se rue vers l’église, consomme toutes les hosties du ciboire sauf une, qu’il porte jusqu’à la place du village, où prie la population. Au large, une vague grandit, menaçante. Le prêtre, suivi par les villageois, s’avance alors vers le rivage, l’hostie élevée vers le ciel. Il bénit la mer avec le Saint-Sacrement. Le mur d’eau s’arrête net. Sur le sable, la stupeur laisse place aux chants de louange, alors qu’aux alentours, le raz de marée déferle sur les côtes. « Qui est-Il donc, pour que même le vent et la mer Lui obéissent ? », écrit l’évangéliste saint Marc. Jésus Christ, présent au Saint-Sacrement. Jésus eucharistie, fidèlement adoré par ces chrétiens colombiens.[xxvii]

 Notes :