Message de Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, suite à l’assassinat de Samuel Paty
Nous vous relayons le message de Mgr Santier qui prend encore plus de force après l’attentat de la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice qui a eu lieu ce matin
Créteil, le 28 octobre 2020 :
Tous frères et sœurs sous le regard de Dieu, Dieu d’amour et de tendresse.
A la veille des congés scolaires, Samuel Paty, professeur d’histoire à Conflans-Sainte-Honorine, a été lâchement assassiné par un terroriste islamiste. Je m’incline, avec l’ensemble des communautés de l’Église catholique en Val-de-Marne, devant la douleur et l’incompréhension de sa famille et de ses proches, de ses collègues et de ses élèves.
Pourquoi tant de haine et de violence ? Le fanatisme et l’extrémisme religieux, le rejet de l’autre et la violence aveugle n’ont pas leur place dans notre société. Ils n’ont pas leur place non plus dans notre vie et notre foi chrétienne.
Alors que les cours vont reprendre, je souhaite d’abord exprimer tout mon soutien à l’ensemble des enseignants et des communautés éducatives. L’école est un lieu essentiel de l’apprentissage du « vivre ensemble » tout en reconnaissant les différences, un lieu unique où chacun peut se construire et grandir en liberté, un lieu d’expression et d’apprentissage du débat respectueux de l’autre.
Je souhaite aussi redire toute mon amitié à nos amis musulmans avec qui nous travaillons pour une société plus juste et plus fraternelle, comme le montre chaque année notre action commune à Créteil pour “Août Secours Alimentaire”. Ne confondons pas l’islam et les croyants musulmans que nous rencontrons dans nos villes et nos quartiers, avec le fanatisme islamique qui a frappé à Conflans-Sainte-Honorine.
Le pape François, dans son encyclique du 3 octobre dernier, “Fratelli tutti – Tous frères ” Sur la fraternité et l’amitié sociale (FT) nous propose un rêve : « Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères. » (FT, n° 8)
Il nous propose une méthode pour que notre rêve devienne réalité, en misant sur le développement du dialogue, sur l’éducation des plus jeunes : « Ce qui est bon, c’est de créer des processus de rencontre, des processus qui bâtissent un peuple capable d’accueillir les différences. Outillons nos enfants des armes du dialogue ! Enseignons-leur le bon combat de la rencontre ! » (FT, n° 217)
Volonté du dialogue et de la rencontre qu’il avait déjà partagé avec le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb lors de la rencontre d’Abou Dhabi le 4 février 2019 : « Au nom de Dieu et de tout cela, [… nous déclarons] adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère ». (FT, n° 287 ; Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, p. 10)
Nous souhaitons tous « oser une Église de la rencontre et du dialogue » comme nous y engagent les conclusions de notre synode diocésain. Cela nécessite que nous approfondissions notre Foi chrétienne et que dans nos communautés nous soyons à l’écoute de la Parole de Dieu car « l’homme ne vit pas que du pain mais de toute Parole tombée de la bouche de Dieu. » (Mt, 4, 4), à l’écoute de la Parole de Dieu pour agir avec d’autres, croyants ou non, pour construire le bien commun, « le bien du ‘’nous-tous’’ » (Benoît XVI, Caritas in veritate, n° 7), pour que « notre Église se fasse conversation et donne des mains à l’Évangile ».
Nous devons tous nous engager dans cette démarche fraternelle, localement et au quotidien. La prière proposée par le pape François peut nous y aider :
Seigneur et Père de l’humanité,
toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité,
insuffle en nos cœurs un esprit de frères et sœurs.
Inspire-nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix.
Aide-nous à créer des sociétés plus saines et un monde plus digne,
sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerres.
(FT, n° 287 Prière au créateur)
Michel Santier, évêque de Créteil