Méditation 4e dimanche de l’Avent (B)

« L’esprit du Seigneur viendra sur toi »

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« L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » Nous n’attendons pas seuls la venue du Messie, l’Esprit Saint nous accompagne dans cette manifestation de Dieu afin de prêter nos oreilles à sa Parole, d’entrer dans l’intelligence des Ecritures, d’ouvrir nos yeux et le voir se manifester parmi nous dans l’humilité de la crèche, l’accueillir dans notre cœur, comme pour entrer dans une intériorité de sa présence, une familiarité de la relation avec Lui. L’Esprit Saint nous accompagne jusqu’à porter sur nos épaules, le joug du témoignage de foi afin de rayonner de sa présence auprès de nos frères et d’illuminer nos vies du sens de Dieu. « Au centre de la foi, se trouve la confession de Jésus, Fils de Dieu, né d’une femme qui nous introduit, par le don de l’Esprit Saint, dans la filiation adoptive »[i] Le témoignage de vie est l’intégration de la Parole de Dieu dans toute notre personne et la résonnance de la relation d’amour dans un partage sans égal, chacun selon ses besoins. Si l’histoire de Marie est unique, elle est aussi un appel à comprendre l’action de l’Esprit dans notre vie, comme l’enfantement d’une nouvelle relation avec Dieu et d’une reconnaissance de son action dans notre vie. Marie continue de nous montrer, aujourd’hui encore, la simplicité d’un oui et la grandeur d’une communion qui amène au Salut.

 

1     Une présence de Dieu aujourd’hui

 

L’Esprit Saint est ce don de Dieu qui vient nous embraser de sa présence et nous mouvoir pour choisir la liberté de l’amour dans la vérité de tous nos actes. Il éclaire d’une lueur nouvelle notre vocation d’image de Dieu en lui donnant consistance dans la volonté de vivre l’amour et le désir de communion, afin de gagner en familiarité avec Lui, Dieu un et Trine, et ainsi manifester l’amour comme source de toute vie et moteur de toute action. « Dans la foi, le « moi » du croyant grandit pour être habité par un Autre, pour vivre dans un Autre, et ainsi sa vie s’élargit dans l’Amour. Là se situe l’action propre de l’Esprit Saint. »[ii] Le refus de la construction d’un temple par David n’est pas un refus de Dieu d’être honoré, mais une défiance de l’action de David et de l’orgueil qu’il aurait tiré d’un pareil projet. Il faut être rempli de sagesse, comme Salomon, pour reconnaître l’œuvre de Dieu, se considérer à son service, tout en contemplant Dieu en toute chose. Le désir de Dieu nous met sous son ombre, c’est-à-dire, manifeste la présence de Dieu dans notre vie. Oui, le désir tourné vers Dieu nous aide à mettre nos pas sous ses pas, et c’est ainsi que nous nous laissons saisir par sa présence, Non de façon aliénante, mais dans la proposition de plonger ensemble dans une communion d’amour afin d’être pleinement disponibles à notre appel propre., et c’est ainsi que nous acceptons de suivre nos motions intérieures, déployées par l’Esprit, afin de suivre notre Sauveur dans la liberté de l’amour et ainsi reconnaître le projet créateur du Père pour tout l’univers.

 

L’Esprit vient nous transformer afin que nous puissions être modelés pour la joie et reconnaître cette joie de Dieu dans notre vie. Il continue de nous aider à recevoir une nourriture substantielle de la présence de Dieu et de la confiance en son dessein créateur. Nous sommes comme saisis par sa présence, et nous nous laissons habiter par Lui comme sur un chemin d’espérance pour consolider notre confiance et notre fidélité dans la Parole et redynamiser l’amour véritable. Celui-ci est d’abord contemplation de Dieu, ce qui veut dire, concrètement pour nous, L’accueillir dans notre vie. « La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne. »[iii]Une fois que nous Lui avons fait place, nous devons Lui demander de nous guider dans toutes nos actions, afin de garder cette justesse du chemin en sa compagnie, de suivre le Christ dans la relation fraternelle pour annoncer à toutes les nations la Bonne Nouvelle et de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. La vie de l’Esprit harmonise notre vie avec les paroles du Christ pour nous conduire à ce dialogue avec le Père, et ainsi répondre à l’amour. Il amplifie notre vocation d’apostolat, pour confirmer de l’intérieur la grâce de Dieu au cœur de ceux qui sont disponibles pour l’entendre et accepter le Rédempteur dans notre vie. D’un témoignage reçu, nous sommes appelés à un témoignage à transmettre, parce que le changement de notre vie est signe d’un changement de toute vie. La présence de Dieu doit être partagée pour épanouir un bonheur qui ne cesse de grandir dans l’ordre de la création et de notre vocation de fils de lumière.

 

2     L’illusion de l’orgueil et de la désespérance

Deux illusions peuvent nous affecter, celle de la toute puissance et de l’orgueil, comme son contraire, celle du misérabilisme et de la désespérance. On pourrait y déceler le même esprit d’acédie, qui veut à travers les deux excès inverses produire le même effet : l’éloignement de Dieu et le retrait du Salut.

 

2.1    Orgueil

Sachons-le, une des illusions, en participant à l’œuvre de Dieu est de nous en croire l’artisan, alors que c’est Dieu qui est toujours premier. Notre responsabilité dans le service et la justesse de notre place est de répondre à cet appel premier. L’orgueil vient nuire à tous nos projets. Cette forme d’autisme dans la relation, en oublie d’écouter les frères et, dans la prise de décision, ignore le principe de réalité, au profit d’une idée. Pourtant, nous le savons bien, la force de Dieu n’a pas obligatoirement besoin de nous pour se manifester. Néanmoins, lorsque nous sommes dociles à la Parole et vivons cette simplicité dans la réalisation, alors la Puissance de Dieu prend toute sa place et éclaire le monde de la lumière de Dieu.

 

De plus, la venue de l’Esprit Saint dans notre vie est une gratuité de Dieu, qui ne s’obtient pas par quelque artifice que ce soit, mais elle se reçoit dans la vérité de notre être et la disponibilité de notre cœur. Comme le dit saint Benoît pour ses frères dans la Règle « Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d’humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte. Grâce à lui, tout ce qu’il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, par amour du Christ et l’habitude même du bien. »[iv] Il nous faut donc rechercher l’humilité comme source de fécondité. Il y a bien un travail de recherche d’une liberté de qualité[v], afin de trouver le meilleur bien possible. Cela demande une simplicité de vie, notamment comme le détachement du monde, qui passe pour acquérir le Royaume et bâtir ainsi la civilisation de l’amour. Un amour de la pauvreté, à comprendre comme l’humilité du service, amène à un partage des talents dans la responsabilité de chacun de les faire fructifier. En clair, être au service, dans la contemplation de Dieu et ce qui en découle : l’attention fraternelle au service de la charité. Un des antidotes de l’orgueil est justement le service. « Servir, c’est en grande partie, prendre soin de la fragilité,. … prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple ». Dans cette tâche, chacun est capable de « laisser de côté, ses aspirations, ses envies, ses désirs de toute puissance, en voyant concrètement les plus fragiles. […] Le service vise toujours le visage du frère »[vi]. Plus je sers en contemplant le Christ, et, dans la vérité de la relation, plus j’entre en compassion avec les autres et plus je me fais proche des autres. Car le visage du frère reflète ma propre humanité et l’Esprit m’invite en conscience à rechercher ce qui fait la communion pour trouver la joie.

Le service est lieu de mise à disposition pour l’autre et me garde dans cette humble attente de la gratuité du don. En effet, l’appel à l’humilité comme à la simplicité de vie, autre nom de la pauvreté, est un appel au don sincère de nous-mêmes à travers l’amour reçu, que nous avons accueilli et que nous partageons. « Le propre des humbles est de jouir des dons de l’Esprit sans s’admirer eux-mêmes, l’Esprit dont ils sont remplis prend soin lui-même de les garder dans l’humilité, il leur ôte toute estime d’eux-mêmes et les rend petits à leurs propres yeux. »[vii] Le mystère du Verbe incarné nous fait entrer dans la radicalité du don, dans la simplicité de la crèche et dans la puissance de la manifestation de Dieu, dans l’histoire des hommes et de manière particulière dans la vie de Jésus vrai homme et vrai Dieu. Voir l’Esprit, à l’œuvre dans notre vie, nous fait prendre conscience de la grandeur de Dieu et parallèlement de notre petitesse, mais dans un esprit de confiance et d’abandon, toujours fidèles à la Parole de vie.

 

2.2    Désespérance et tristesse

 

Avec l’illusion de l’orgueil, il y a la peste du découragement et la conséquence d’une désespérance de soi-même jusqu’à croire que nos péchés sont plus graves que la grâce de Dieu et que nous sommes exclus du Salut, en quelque sorte maudits de Dieu. Une peste de pensée noire qui contamine tout ce que nous faisons et nous retire la vertu d’espérance. Or l’amour de Dieu est premier en tout, même lorsque nous péchons. L’amour, dans sa radicalité, est toujours premier, il nous faut vraiment le croire. Certaines situations angoissantes sont là pour nous rappeler le manque de foi, dans la tempête et les mouvements de la vie, et notre peu de confiance en notre Rédempteur, assis avec nous dans la barque. « Il faut demander à l’Esprit Saint de nous délivrer et d’expulser cette peur qui nous porte à Lui interdire d’entrer dans certains domaines de notre vie. Lui qui demande tout donne également tout, et Il ne veut pas entrer en nous pour mutiler ou affaiblir mais pour porter à la plénitude. »[viii]  La tristesse des situations de vie ne doit pas nous éloigner des dons de l’Esprit ni de la confiance que nous pouvons avoir en la prodigalité de l’amour du Père pour recevoir son pardon. Le Seigneur est présence, et non une abstraction, certes logique mais froide et éloignée de la relation d’amour. Reconnaître Dieu et Lui faire confiance, c’est recevoir l’Esprit dans notre vie et avancer en eau profonde, afin de jeter les filets d’une vie pleine de Dieu.

 

Ancrer sa vie dans le Christ, c’est être assurés de la victoire, même si nous avons de profondes blessures humaines et que le péché semble nous submerger : Dieu demeure fidèle. La joie de Dieu dans notre vie est notre force pour vaincre l’ennemi, et la puissance de sa manifestation est notre rempart contre les attaques. C’est pourquoi, croire que nous ne pouvons pas témoigner à cause de la noirceur de nos péchés est une erreur, il faut le voir comme une attaque du Malin. Quand bien même Simon Pierre a trahi Jésus, la relation d’amour a été la plus forte et l’invite à porter le témoignage de la Bonne Nouvelle auprès de tous. Certes nous devons nous convertir et transformer notre vie, mais ne doutons jamais de l’amour, car il vient nous sauver et envoie l’Esprit Saint pour nous purifier, à chaque fois que c’est nécessaire, dans le sacrement de réconciliation.

 

Avec cette peste des mauvaises pensées, « c’est la force de l’Ennemi qui pénètre en nous ; l’âme s’assombrit et les mauvaises pensées la tourmentent »[ix] pour la jeter dans l’angoisse existentielle. Un doute profond, auquel Marie répond par une confiance absolue et une disponibilité sans faille : « voici la servante du Seigneur que tout m’advienne selon ta Parole ». En effet, la simplicité de vie nous permet d’être disponibles face à l’inattendu de la grâce, et confiants pour nous abandonner à la providence. Nous sommes loins de la perte du jardin et de la terre désolée, mais bien dans la familiarité des commandements qui sont devenus une Loi d’amour, dans la connivence d’un dialogue avec Dieu. La venue de l’Esprit Saint est l’apaisement de tout notre être pour nous reconstruire en Dieu ; c’est cette transformation que nous sommes invités à vivre. Le témoignage n’attend pas de nous que nous soyons parfaits, mais que nous soyons disponibles pour partager les grandeurs et les vicissitudes de notre désir de Dieu malgré les écarts que nous faisons. C’est pourquoi la vérité nous rendra libre, car elle donne à l’amour toute sa réalité incarnée et nous rend pleinement disponibles à la grâce dans une relation restaurée.

 

3     Le visage de Marie comme une entrée dans la vie de l’Esprit

L’obéissance de la foi est d’abord la confiance en la Parole de Dieu et la capacité d’en voir les signes, grâce à un discernement éclairé par la vertu de prudence. Oui, l’Esprit Saint nous guide dans l’intelligence des Ecritures, mais Il demande la disponibilité de notre cœur pour agir. Oui, il est toujours premier dans l’action, mais Il demande une réponse de notre part et la liberté de nos choix pour exercer les charismes dont le monde a besoin. La vie de Marie, comme notre vie, n’est pas celle du touriste ou de la paresse, mais bien celle de la ferveur dans la prière et l’ardeur au service, que ce soit dans le travail ou la réalisation des tâches du devoir d’Etat, selon nos conditions de vie. « Lorsque c’est du Seigneur que l’âme apprend l’amour, elle a compassion pour tout l’univers, pour toute créature de Dieu ; elle prie pour que tous les hommes se repentent et reçoivent la grâce du Saint Esprit. »[x] L’importance de se mettre au service de Dieu, chacun selon notre état de vie, est un impératif du témoignage.

 

Le monde a besoin de serviteurs, car de maîtres, il en a déjà trop… Il a besoin de profondeur dans l’enracinement d’une relation à Dieu, parfois appelée transcendance, car il est trop souvent noyé dans la superficialité des propositions et l’incapacité à donner sens à toutes ses décisions. Si nous ne mettons pas la Parole de Dieu au centre de notre vie, le sens de ce que nous faisons deviens très relatif et en perte d’humanité. S’éloigner de Dieu, c’est s’éloigner de l’homme. Se recentrer sur soi-même, c’est exclure les autres. Marie a été pleine d’accueil pour recevoir la bénédiction de Dieu. Il nous faut à notre tour être réceptifs à la grâce de Dieu dans nos vies, déjà sanctifiées par le baptême et la confirmation, et sans cesse renouvelés par l’eucharistie. Certes notre péché est grand, mais le sacrement de réconciliation nous apprend à reprendre la route du Salut avec espérance. Car Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse pour  demeurer en sa présence.

 

Cependant le mystère de l’annonciation a aussi une signification pour notre vie spirituelle. Il y a bien la contemplation du dessein de Dieu dans la vie des hommes et l’émerveillement du oui de Marie dans une relation de confiance. Mais Dieu vient aussi nous demander de demeurer dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire veiller avec soin sur nous-mêmes, en pratiquant la garde du cœur afin d’accueillir l’Esprit en toute chose, sans se laisser aller aux tentations ni se laisser gaspiller par l’esprit du monde. C’est de l’ordre du combat spirituel pour se purifier des souillures des désirs terrestres, une vraie épreuve pour durer dans le temps malgré les attaques de l’Adversaire. « L’Esprit Saint ne remplit que ceux qui veillent soigneusement à garder leur cœur des souillures du monde. Ses dons sont toujours gratuits et libres, mais on peut se préparer à les recevoir en méprisant les biens visibles »[xi] afin de ne s’attacher qu’à Dieu et fuir toutes les formes d’idolâtrie.

 

Si nous revenons sur le refus de Dieu opposé à David de construire un temple, c’est que le roi lui-même n’est pas dans le mépris des biens visibles, et que le risque est grand pour David de vouloir rendre Dieu débiteur de son temple. Or il faut un regard de sagesse, c’est-à-dire de contemplation de Dieu, que le roi Salomon aura pour bâtir un temple, en rendant toute grâce à Dieu. Ce même regard de sagesse qui laissera Marie faire confiance, en disant oui, par amour de Dieu et par une vie méditant sans cesses les Ecritures et les signes de Dieu dans sa vie. Et elle connaîtra aussi la joie de la rencontre dans la fidélité du Seigneur tout au long de sa vie, même s’il y eut des passages obscurs dans l’immédiateté de la situation. « Marie est bienheureuse parce qu’elle a la foi, qu’elle a cru, et que dans cette foi, elle a accueilli dans son sein le Verbe de Dieu pour le donner au monde. La joie provenant de la Parole peut maintenant s’étendre à tous ceux qui, dans la foi, se laissent transformer par la Parole de Dieu. »[xii] Cette sagesse que nous sommes invités à déployer dans notre vie, par une familiarité avec la Parole de Dieu à travers la prière et la méditation des Ecritures, la capacité à agir pour le bien de la civilisation de l’amour ou chacun à sa place.

 

Le récit de l’annonciation est d’abord une relation de confiance entre Dieu et son peuple, envoyant celui qui se tient en face de Lui, l’archange Gabriel, pour annoncer l’élection unique. Elle s’ouvre au dialogue avec discernement dans la vertu de prudence, « comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » Un questionnement qui dévoile un peu plus le mystère de l’incarnation, fruit de l’Esprit Saint dans la volonté du Père. A l’imprudence de Nathan qui dit à David sans discernement « construit le temple » jusqu’à se faire rappeler à l’ordre par Dieu, Marie, elle, essaye de discerner ce qu’elle doit vivre vraiment et comment mieux accepter le plan de Dieu en connaissant ce qui lui est nécessaire pour exercer la liberté de son choix. L’ange lui révèle alors la mission de l’enfant à naître. Une joie de Dieu pour notre terre. Marie fille d’Israël, persévérant dans la méditation des Ecritures et la prière, a su reconnaître l’œuvre de Dieu en action dans sa vie. « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »[xiii] Jésus indique la vraie grandeur de Marie, en ouvrant ainsi à chacun de nous la possibilité de cette béatitude qui naît de la Parole écoutée et mise en pratique. C’est pourquoi, à tous les chrétiens, je rappelle que notre relation personnelle et communautaire avec Dieu dépend de l’accroissement de notre familiarité avec la Parole divine. »[xiv] Plus nous lisons la Parole, plus nous comprendrons à la suite de Marie notre élection particulière. Oui, il nous faut être sans crainte, car Dieu veut forcément le meilleur pour nous, c’est à nous d’être disponibles. En effet, la vie de l’Esprit, loin de nous rendre statiques, nous envoie toujours au service de nos frères pour partager ce que nous avons reçu. « La grâce est une présence divine qui descend dans l’âme devenue temple de l’Esprit ; elle est une extraordinaire présence du Dieu vivant dans notre propre vie, éclairée par une lumière divine fulgurante et indicible… l’état de grâce est un don, une richesse, une beauté, une merveilleuse transfiguration de l’âme associée à la vie même de Dieu. »[xv] A la suite de Marie, et suivant notre appel particulier, nous avons à nous rendre disponibles à cette relation familière avec Dieu par la Parole, la prière de l’Eglise et la prière personnelle, la méditation des Ecritures et le service de la charité. Marie a reçu une élection particulière, qui ne doit pas nous être étrangère, car cette élection de Dieu dans notre vie est pour tous, certes dans une forme d’analogie, mais aussi dans la réalité d’une concrétisation de la dignité de l’homme, se trouvant dans le don sincère de lui-même à travers l’appel du Très Haut.

Synthèse

L’accueil de l’Esprit Saint dans notre vie est d’abord un appel à la réunification de notre être dans cette familiarité avec Lui. Une reconnaissance de notre vocation d’image de Dieu, appelés à lui ressembler par les choix de vie que nous posons. Le temps de l’Avent est justement ce temps de l’accueil de Dieu dans notre vie. « La vigueur qui remplit l’âme, à mesure qu’elle s’abreuve du vin de ce cellier, où son Epoux l’a introduite pour ne plus en sortir, rejaillit sur lui, de même que dans la vie physique la nourriture reçue par l’estomac fortifie la tête et tous les membres. »[xvi] C’est tout notre être qui est transformé par la présence du Rédempteur. L’attente joyeuse du Christ et sa présence dans notre vie sont une transformation tant intérieure qu’extérieure, c’est-à-dire tout en profondeur, que dans le témoignage par la Parole et l’annonce explicite, afin d’harmoniser toute notre vie à sa présence et être ainsi pleinement féconds. « La mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi de la charité et de la parfaite union au Christ. »[xvii] Elle nous invite à faire tout ce qu’Il nous dira, par l’exemple qu’elle montre tout au long de sa vie et sa disponibilité à l’action de Dieu. Le mystère de l’annonciation est, pour tous les fidèles du Christ, une méditation d’une vocation particulière. La vocation de Marie est un appel à la participation concrète à l’œuvre de Dieu et au développement de la civilisation de l’amour. Oui, « l’amour du Seigneur, sans fin je le chante ; ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge »

 

20 décembre 2020 – Père Greg – Curé

Saint Charles Borromée – Joinville-le-Pont

 

 

 

 

 

[i] &59 Lumen Fidei

[ii] &21 Lumen Fidei

[iii] Benoît XVI, Audience générale (13 avril 2011), in : L’Osservatore Romano, éd. en langue française (14 avril 2011), n. 15, p 2

[iv] Règle pastorale de saint Grégoire le Grand 7,67-70

[v] Liberté de qualité (choix entre deux biens pour prendre le meilleur) opposé à la liberté d’indifférence (indifference entre le bien et le mal, dans le choix à poser)

[vi] Homélie lors de la Sainte MesseLa Havane – Cuba (20 septembre 2015) : L’Osservatore Romano, éd. en langue française (24 septembre 2015), p. 6. In &115 *Fratelli Tutti

[vii] Règle pastorale de saint Grégoire le Grand 4,88 ibid

[viii] &175 Gaudete et Exsultate

[ix] P 398 Chap XVII – Les pensées passionnelles et l’illusion spirituelle – Starets Silouane

[x] P 400 ibid

[xi] Règle pastorale de saint Grégoire le Grand 4,164

[xii] &124 Verbum Domini

[xiii] Lc 11, 28

[xiv] &124 Verbum Domini

[xv] L’état de grâce, Paul VI, Audience générale du 14 août 1968

[xvi] VIIe demeure, Chap IV, &11 –le Château intérieur – œuvres complètes de Thérèse d’Avila p 1156

[xvii] JP II, à Sainte-Marie-Majeure, 7 juin 1981 citant saint Ambroise