« De quoi discutez-vous en marchant ? » Edito Juin

 

Qui n’a pas entendu parler du cas Lambert, malgré la grosse campagne européenne, et les autres actualités ? Et chacun y va de sa compréhension et de son choix, sans en connaitre les tenants et les aboutissants, et dans une désinformation sidérante. Ainsi certains défendent l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation au nom même du non acharnement thérapeutique défendu, certes, par la loi Leonetti mais, qui pour nous chrétiens, trouve sa source dans le discours de Pie XII aux anesthésistes en 1957. D’autres s’insurgent contre une pratique euthanasie et l’abus du langage sur la dignité pour mieux couvrir une lâcheté évidente et une vision utilitariste. La lettre de carême 2018i aborde dans une réflexion de proportionnalité le positionnement sur une telle problématique.

Mais le sujet n’est-il pas, d’abord, de savoir comment nous allons à la source de l’information pour discerner en vérité ? Combien de fois prenons-nous position sans avoir lu les ouvrages sur la question ? Certes le magistère propose un éveil de la conscience, encore faut-il qu’il soit compris de manière fiable et sincère ! Avant de dire que nous sommes d’accord ou pas d’accord, il nous faut entendre les divers points de vue, lire les enquêtes faites sur le sujet, entendre les nuances et surtout comprendre les enjeux. Trop souvent, hélas, les discernements sont idéologiques et ne reflètent pas l’amour de la vérité. Pire encore, nous choisissons des situations pour faire résonner nos propres souffrances dans une logique imbécile et stérile amenant à une tristesse désespérante par l’ignorance crasse. Etre témoin du Christ demande de rechercher la vérité avec humilité et douceur sans imposer des positionnements incompréhensibles à ceux qui veulent retrouver le sens de la vie.

Justement c’est le témoignage de sainteté auquel nous sommes tous appelés, comme nous le rappelle le concile Vatican IIii. La prière et la méditation des Ecritures dans le compagnonnage du Christ nous apprennent à resituer notre vie au cœur de l’Eucharistie. La pentecôte, la profession de foi, la première communion ou la confirmation sont une seule et même route de la fidélité à Dieu, et de la charité vivante lors de l’annonce de notre joie de croire. Il nous faut développer cette ferveur de l’Esprit Saint pour diffuser autour de nous l’amour de Dieu promis en plénitude au ciel. Dieu « nous conduit là où l’humanité est la plus blessée et là où les êtres humains, sous l’apparence de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher la réponse à la question du sens de la vie.’’iii Que nous sachions toujours témoigner de cette joie de la rencontre avec Dieu et sachions vivre une véritable charité envers notre prochain.

Quant au cas Lambert pour ceux qui voudraient une réponse juste, il nous faut distinguer la fin de vie, (qui comme son nom l’indique a une durée brève de quelques jours, ou quelques semaines, mais certainement pas plusieurs années), de ce qui est une pathologie chronique. Il nous faut distinguer de ce qui est un coma profond d’un état pauci-relationnel ou la personne ouvre les yeux peut avoir des réactions émotionnelles ou motrices. Enfin il nous faut distinguer un état stable d’un état qui se dégrade fortement, comme cela peut être pour des personnes âgées par exemple. Dans un tel contexte, le refus d’hydratation et de nutrition de Vincent Lambert est un attentat à la vie.

Dans nombre d’autres cas, le refus de sonde gastrique est un refus d’acharnement thérapeutique, parce que l’état général se dégrade si fortement qu’il est déraisonnable de pratiquer une médecine intrusive. Néanmoins, en toute chose, il nous faut savoir témoigner de notre foi dans la vérité de l’amour ; exposer avec humilité notre connaissance pour être force de proposition et ne pas nous comporter en idéologues aveugles et stériles promouvant l’individualisme dans une culture de mort. L’obéissance aux Ecritures dans l’écoute du magistère doit nous orienter vers le meilleur bien. Sachons témoigner de notre communion.

Père Greg BELLUT

Cure de l’ensemble paroissial