De l’Eglise du silence à l’Eglise du confinement
Une chose est sûre, c’est que l’arrivée du Covid Wuhan a entraîné une réflexion globale sur notre relation au monde, aux autres et à soi. Nous pouvons ajouter que cette crise a été aussi l’occasion de voir les fractures de notre société entre ceux qui sont pour le masque et ceux qui prouvent l’inanité du bout de tissu, entre ceux qui sont pour la chloroquine et ceux qui en contestent les effets, entre ceux qui sont pour les vaccins sans distinctions de provenance, ceux qui en contestent certains et ceux qui y sont foncièrement opposés. Pour clore le tout, la foi là-dessus nous appelle à la simplicité de vie, en recherchant l’essentiel qui est en Dieu et la grande espérance du Salut, à savoir entrer en relation comme artisan de paix et savoir aimer jusqu’à pardonner.
On peut s’interroger sur le passage de l’Eglise du silence, dans les régimes totalitaires communistes qui obligeait les chrétiens à se réunir en secret pour prier, comme à l’heure des catacombes, et l’Eglise du confinement, où tout doit être fermé, et le pauvre prêtre isolé de son troupeau au nom d’un principe de précaution, qui oublie le primat de la communion, dans l’exclusion du peuple. Ou est-il passé ce temps où, lors des pandémies, des grandes prières de rogations étaient pratiquées dans les villes ? Où est-il passé ce temps de ferveur charismatique, où chacun se mettait au service de la communauté pour faire profiter les autres de son talent, dans la gratuité de la charité et la commune fraternité ? Où est-il passé ce temps où nous savions parler à Dieu dans la ferveur de la prière sans oublier le frère isolé ? Mieux que l’Eglise du silence, l’Eglise du confinement, à part quelques voix épiscopales comme Mgr Roland, est venue d’une autocensure ecclésiale pour – nous dit-on – le bien commun et la légitimité des autorités politiques. Nous n’aborderons pas cette légitimité politique au tamis de l’élection présidentielle fort discutable, ni même de notre rôle de citoyen dans la recherche d’un bien commun qui vise la dignité de l’homme et le respect de la vie dès la conception jusqu’au dernier souffle, et non simplement en cas de crise sanitaire. Il nous faut donc rechercher ce que nous dit l’Eglise du confinement.
Il y a eu une prise de conscience de notre relation aux autres et de la responsabilité des actes qui ont mené à une telle faillite sanitaire. Le rapport à la création et la juste place de la nature par rapport à l’homme, les échanges internationaux et les dérégulations éhontées de l’économie, la recherche du profit et l’inconséquence des actes mettent en lumière une autre approche de la vie. Or, notons-le pour nos communautés chrétiennes, ce qui est en jeu c’est la vertu d’espérance. Certains ne viennent plus à l’église parce qu’il y a trop de monde et qu’ils ont peur de mourir. Si dans la foi nous ne devons ni être téméraire et toujours discerner ce qu’il convient de faire, ni être inconscient dans les actes à poser, il n’en demeure pas moins que la mort n’est qu’une étape pour la vie éternelle, et que nous sommes appelés à retourner vers Dieu. C’est justement cette vertu de l’espérance que la pandémie du Covid Wuhan attaque. Le Christ est-il notre Sauveur ? Avons-nous confiance en son dessein d’amour ? Mettons-nous en priorité notre relation à Dieu et à nos frères ? L’Eglise du confinement ne doit pas être l’Eglise des abstinents des sacrements. Je ne commenterai pas l’argument d’une indigence abyssale opposant le service de charité du frère au sacrement de charité qu’est l’eucharistie. Tellement stupide qu’il ne vaut pas la simplicité de la réponse. En effet nous savons que la charité se trouve en Dieu et s’expérimente dans la relation au frère, l’un et l’autre n’étant pas opposables.
Nous entrons à mi mois dans le carême, temps de conversion pour mieux recevoir le Christ ressuscité, notre Sauveur doux et humble de cœur. Cela nous engage à nous enraciner dans la vertu d’espérance afin de savoir ce qui est premier dans notre vie, et le sens qu’on veut donner à la relation. Si nous sommes tournés vers le Christ, alors n’ayons pas peur, car c’est Lui qui vient à notre rencontre, gardons confiance car il vient nous illuminer de sa présence, et marchons dans la lumière de la Parole pour témoigner de cette joie de vivre en fils de Dieu.
Père Greg BELLUT
Curé de St Charles Borromée