Année noire, année blanche

L’année 2020 a été une année spéciale, sortant à peine des crises sociales des gilets jaunes et des autres contestations sociétales sur fond de retraites, de transports, nous voici plongés dans une crise sanitaire secouant les deux hémisphères. Hélas, la solution choisie a été l’aberration du confinement et des désastres, tant relationnels, sociaux, économiques et culturels que cela engendre. Mais « comme tout le monde le fait », nul ne médiatise les conséquences de cette désolation, ni l’abomination de continuer malgré une telle faillite sécuritaire. A défaut de parler d’année horrible, on peut parler d’une année noire, qui nous a plongés dans les ténèbres de nos limites humaines.

Mais si ce n’était que ça… Les bilans ajournés et les examens validés de manière parfois folklorique font aussi de ce temps une année blanche, sans saveur d’un résultat concret, et dans l’entre-espace d’un stop sans go. Tout disparait sous l’impératif sécuritaire, sans la vertu de prudence, mais dans un principe de précaution pratiqué au lance flamme sur certaines activités discriminées.

Entre le monde médiatique, cadenassé par la tyrannie de l’immédiateté, et une certaine censure de la pensée, le tout venant des réseaux sociaux, nous oscillons alors d’une désinformation à l’autre, sans pour autant approcher de la vérité.

Or la seule vérité est l’incarnation du Christ dans notre monde à Noël et sa participation à notre humanité, qui nous appelle à redonner sens à tout ce que nous vivons dans le don sincère de nous-même. Il nous rend tous frères, au-delà des apparences corporelles, parce que chacun reçoit dès sa conception la dignité d’image de Dieu.

D’ailleurs cette année aura été aussi celle de la contestation raciale et de l’opposition entre les couleurs de peau, sous dénonciation d’un racisme qui instaure un nouveau déséquilibre dans l’appréhension des événements et clive, une fois de plus, ce monde occidental acculé à ses propres errances. C’est dans la foi au Christ que nous sommes invités à regarder autrement et à témoigner de la dignité de chacun, quelle que soit sa culture. C’est, en même temps, l’appel pour tous à une conversion des cœurs pour laisser entrer pleinement notre Seigneur.

Que cette nouvelle année civile soit l’occasion d’orienter notre vie pour faire le choix de Dieu et orienter tous nos actes dans la vérité de notre vocation de fils de lumière, avec l’amour de Dieu comme repère. Que l’appel urgent à la fraternité, qu’appelle la crise polymorphe actuelle, soit l’occasion pour nous d’être attentifs au prochain pour lui tendre la main et reconnaître l’humain, et non d’égrener une litanie de reproches sans fin. Que nous sachions nous émerveiller des bienfaits du Seigneur dans notre cœur et du bonheur dont Il nous demande de témoigner à toute heure.

Père Greg BELLUT
Curé de St Charles Borromée