Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie
Nous voici à l’ère du dialogue et de la rencontre à travers le grand débat national. La belle idée qui montre en creux l’incommunicabilité qui habite nos relations quotidiennes. Chacun vivant en parallèle de son voisin, et parfois de sa famille, rivé sur son nouveau smartphone avec le merveilleux monde virtuel, illusion d’une fraternité qui enferme dans la solitude. Il nous faut donc débattre, entrer en dialogue, ce qui veut dire écouter, se laisser toucher par l’argumentaire de l’autre, y répondre avec une conscience droite de ce qui doit se faire, dans un ajustement de nos relations.
« Encourager le dialogue avec tous ceux qui désirent sincèrement le bien de l’homme »[1]
Tout un programme pour nous, fidèles du Christ, éclairés par la lumière de la foi et la vérité de la Parole.
Cela demande à ne pas nous laisser instrumentaliser par les événements. Notamment en ce qui concerne la violence tant policière que des gilets jaunes, et qui révèlent le malaise (un mal-être) profond d’une société en perte de sens. Ce n’est qu’un aspect d’une problématique grave qui révèle le désarroi d’une population qui se sent abandonnée. Un phénomène qui se retrouve aujourd’hui relayé dans les entreprises par un mal-être grandissant comme le découvrent certains employeurs, même en Ile-de-France, pourtant bien épargnée par la crise jusque-là. La violence n’est qu’un aspect de ces manifestations et non pas le tout. En parler comme principal sujet de la crise démontre une volonté de ne pas aborder les sujets de fond fruit d’une forme de désinvolture devant la crise.
Néanmoins, malgré la justesse des revendications, nous avons à vivre en artisan de paix. Il nous faut œuvrer dans le bien commun en proposant une recomposition du lien social.
« Favoriser la justice, la fraternité, la paix et la croissance de la personne humaine est un signe d’espérance. »[2]
Le mouvement des Gilets jaunes a éclairé des solitudes qui se sont retrouvées sur les ronds-points, des lieux de rencontre ou se rassemblaient des énergies. Nous avons donc à témoigner de ce lien de la civilisation de l’amour qui amène à un espace où l’autre à toute sa place, parce qu’il est d’abord mon frère. Remettre Dieu au centre du village c’est aider chacun à retrouver le sens d’une relation authentique où l’amour est premier dans le don de soi et le service du prochain, humble diamant du bien commun.
Œuvrer pour la paix invite à ne plus laisser les situations d’injustices paraître comme une condescendance des uns par rapport aux autres au niveau des salaires ou un moindre mal dans un équilibre précaire des relations de force.
« Dans la légitime revendication de leurs droits, les minorités peuvent être poussées à rechercher une plus grande autonomie … dans ces circonstances délicates, le dialogue et la négociation sont le chemin pour parvenir à la paix. »[3]
Proposer la paix c’est remettre d’aplomb la relation au prochain dans un dialogue qui respecte l’autre dans son avoir, certes, mais surtout dans son être. Qu’il soit de la minorité ou de la majorité il est mon frère. Hélas, les lois sociétales sont une attaque en règle de la dignité de la personne et de la juste place de l’autre. Sous prétexte d’égalité on en oublie l’altérité, et voici que se créent des situations d’injustices qui fracturent durablement le vivre ensemble. Ne favorisons pas la culture du déchet que rejette d’ailleurs les mouvements contestataires, mais voyons comment nous pouvons vivre en communion.
A travers tout débat, il nous faut rappeler la place de la prière pour intervenir à bon escient, témoigner de la lumière qui nous habite et partager une vérité éternelle qui redonne sens à l’homme et conduit à un chemin de vie. Soyons acteurs de notre foi par notre participation active dans le service du frère et l’accueil de tous.
« En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné… le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation. »[4]
Père Greg BELLUT
Curé de l’ensemble paroissial
[1] &10 CDSE
[2] &12 CDSE
[3] &384 CDSE
[4] &GS 22/1