2020. Rentrée. Lettre aux futurs mariés

“Cette fois ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair !”

 Après l’acte créateur de Dieu, l’expression de louange de l’homme prénaturel (c’est-à-dire avant le péché originel) se fait devant la femme il peut s’écrier waouh, sans être taxé de machisme ou d’antiféminisme, ou d’exclamation culturelle genrée ! Waouh que la création de Dieu est belle ! Nous sommes à mi-chemin entre le chant d’action de grâce pour l’œuvre de sa création dans notre vie, et l’expression d’une pure louange, dans la contemplation de la merveille qu’Il fit à nos yeux. La contemplation de l’œuvre de Dieu à travers une Parole qui a révélé la beauté.

La célébration du sacrement du mariage est d’abord et avant tout un témoignage de foi. Non qu’il faille beaucoup de foi pour se dire que l’on va être fidèle jusqu’au bout… quoique… mais parce que le sacrement du mariage est d’abord une histoire de Dieu qui s’inscrit dans l’amour humain. Dieu est présent dans sa Parole et la bénédiction que se donnent les époux et dont le prêtre est témoin. « Le mariage est une vocation, en tant qu’il constitue une réponse à l’appel spécifique à vivre l’amour conjugal comme signe imparfait de l’amour entre le Christ et l’Église. Par conséquent, la décision de se marier et de fonder une famille doit être le fruit d’un discernement vocationnel. »[i] Vocation de l’amour et offrande de communion qui, par la fécondité du sacrement notamment dans ses enfants, participe à l’œuvre créatrice de Dieu. Un couple qui s’ouvre aux autres dans un amour qui se vit, se partage et s’agrandit évangélise les frères en même temps qu’il rend toute gloire à Dieu.

1.1 La Parole de Dieu : compagne pour le voyage de l’alliance

« Il faut donc ne jamais perdre de vue que la Parole de Dieu est à l’origine du mariage[ii] et que Jésus lui-même a voulu inclure le mariage parmi les institutions de son Royaume[iii], faisant un Sacrement de ce qui était inscrit à l’origine dans la nature humaine. « Dans la célébration sacramentelle, l’homme et la femme prononcent une parole prophétique de don mutuel, d’être « une seule chair », signe du mystère de l’union du Christ et de l’Église »[iv]. La fidélité à la Parole de Dieu amène également à constater qu’aujourd’hui cette institution est attaquée sous de nombreux aspects par la mentalité ambiante. Face au désordre général des sentiments et à l’apparition de modes de pensée qui banalisent le corps humain et la différence sexuelle, la Parole de Dieu réaffirme la bonté originelle de l’être humain, créé homme et femme et appelé à l’amour fidèle, réciproque et fécond. »[v]

Vivre le sacrement du mariage est donc d’abord une promesse d’alliance avec Dieu et avec l’autre. Il y a bien trois personnes qui sont acteurs, les époux qui se donnent l’un à l’autre, et Dieu qui scellent cette alliance dans la joie du sacrement. La Parole de Dieu remet en perspective les joies et les souffrances de la famille dans sa progéniture, mais aussi à travers les événements sociétaux qui se situent entre les aléas de l’histoire et le juste labeur et la place dans la cité. La dignité du couple se comprend dans le regard de foi dans l’œuvre de Dieu qui se déploie dans le quotidien et donne de participer au mystère de la relation une et trine. « Nous contemplons la famille que la Parole de Dieu remet entre les mains de l’homme, de la femme et des enfants pour qu’ils forment une communion de personnes, qui soit image de l’union entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. »[vi] Parler du mariage et le vivre demande ainsi une connaissance pratique de la Bible, dans la prière, la méditation et l’étude. Un lieu de partage et de redécouverte de ce que nous avons à vivre à travers le sacrement, comme une promesse du bonheur à redécouvrir sans cesse. Car la dynamique de l’amour demande de redire sans cesse oui à la vie, et d’être responsable de ses choix pour les rendre féconds, lieu de la grâce de Dieu pour nous aujourd’hui. Ce n’est pas de l’ordre de l’évidence, mais bien d’un ajustement à la Parole jour après jour.

1.2 La fécondité de l’amour dans la famille

Lorsque la communion entre le couple devient authentique, alors la fécondité en est le signe de la grâce. Le charisme du couple est justement de vivre un amour assez important pour se partager, se recevoir et s’épanouir dans les événements de la vie quotidienne. « L’amour donne toujours vie. C’est pourquoi l’amour conjugal « ne s’achève pas dans le couple […]. Ainsi les époux, tandis qu’ils se donnent l’un à l’autre, donnent au-delà d’eux-mêmes un être réel, l’enfant, reflet vivant de leur amour, signe permanent de l’unité conjugale et synthèse vivante et indissociable de leur être de père et de mère ».[vii] La fécondité de l’amour passe par la famille comme une chance pour la vie d’enfant de Dieu. Cette fécondité qui est lieu de partage social et demande alors d’honorer ses parents, d’être attentif à ses frères et sœurs, et dans ses enfants de promouvoir un lien de solidarité en vivant en paix et dans le respect du bien commun. « Chaque nouvelle vie nous permet de découvrir la dimension la plus gratuite de l’amour, qui ne cesse jamais de nous surprendre. C’est la beauté d’être aimé avant : les enfants sont aimés avant d’arriver »[viii]. Il y a comme un moteur unique de l’amour, qui créé une dynamique dans tous les rapports et rappelle que l’amour est premier en toute chose, enraciné dans notre foi et porté par la grande espérance du Salut. L’amour est en même temps promesse de Dieu, joie de l’homme et de la femme et bienheureuse assurance du salut promis. L’amour invite à la solidarité comme témoignage de l’accomplissement des Ecritures dans notre vie. « Même la famille qui a de nombreux enfants est appelée à laisser ses empreintes dans la société où elle est insérée, afin de développer d’autres formes de fécondité qui sont comme la prolongation de l’amour qui l’anime. Les familles chrétiennes ne doivent pas oublier que « la foi ne nous retire pas du monde, mais elle nous y insère davantage »[ix].

Néanmoins faut-il rappeler que d’autres couples, dans la difficulté d’avoir des enfants sont aussi appelés à une autre forme de fécondité et que tout ne s’arrête pas aux réalités procréatrices. Il ne s’agit pas simplement de parler des possibilités d’adoption, mais aussi d’une autre forme de fécondité dans l’aide au développement des autres enfants rencontrés, d’aide aux familles en peine, de gratuité de la relation et du temps dans l’aide au bien commun. Cela ne nie pas la souffrance de ne pas avoir pu enfanter, mais peut-être avons-nous d’autres choses à vivre, non comme un substitut ou pour pallier un manque, mais bien comme une autre vocation à accomplir et comme lieu d’équilibre pour tous. Certains couples qui n’ont pas pu avoir d’enfant se sont rendus disponibles de manière merveilleuse à leur famille et ont pu subvenir à des besoins d’éducation, que les parents eux-mêmes ne pouvaient pas fournir. D’autres couples ont vécu au service de la charité un engagement fort et rayonnant ainsi que la beauté du témoignage.

1.3 L’attention au pardon, chemin de relation

Il serait un leurre de parler d’amour sans parler du pardon comme chemin de sanctification dans l’humilité de ce qu’est l’autre et de ce que je suis. « La vérité est que seul un grand esprit de sacrifice permet de sauvegarder et de perfectionner la communion familiale. Elle exige en effet une ouverture généreuse et prompte de tous et de chacun à la compréhension, à la tolérance, au pardon, à la réconciliation »[x] Vivre dans la vérité de l’amour consiste à être fidèle au sacrement de communion qu’est le mariage et en même temps de vivre en artisan de paix dans la redécouverte d’un amour qui pardonne et cherche toujours la réconciliation. Ne nous laissons pas enfermer dans les attitudes blessantes, ‘parce que je suis comme ça et que je ne peux pas faire autrement’ mais au contraire dans l’intelligence de l’amour trouvons les raisons de continuer à vivre l’union des cœurs dans l’offrande de l’amour et la réciprocité d’une fidélité dans la foi. « Nous savons aujourd’hui que pour pouvoir pardonner, il nous faut passer par l’expérience libératrice de nous comprendre et de nous pardonner à nous-mêmes »[xi] L’amour est alors œuvre de conversion personnelle, pour relire sa vie dans un chemin de sainteté, et voir dans la vie de l’autre un chemin de réconciliation qui ouvre à la communion. L’alliance du mariage est toujours rencontre avec Dieu et signe d’une promesse qui continue de se développer.

Parfois, les infidélités ont pu mener à des séparations et à des divorces, et certains ont accepté de vivre le sacrement jusqu’au bout, en étant fidèles au oui de leur engagement. D’autres se sont remariés d’un point de vue civil se croyant automatiquement excommuniés et s’interdisant de venir à l’Eglise. L’indissolubilité est une réalité, la fidélité un chemin de promesse, et l’amour demande la vérité de nos engagements, mais il ne faut pas oublier non plus la recherche de communion et de relation jusqu’au bout du chemin. Ce qui compte en communauté est de professer une même foi, une seule espérance et un seul engagement dans la charité, chacun selon ses charismes. Nul ne peut en être exclu pour les errances ; certes, chacun de nous est invité à des conversions, mais cela demande aussi de participer à une vie de prière. Quels que soient les accidents de vie, Dieu ne cesse pas de nous aimer et nous invite à la communion ecclésiale, et les personnes en situation de remariage civil ne sont pas exclus de cette démarche communautaire. Il faut le dire et le répéter pour que chacun l’entende dans sa langue.

1.4 Conclusion

Sur les trois points de l’Ecriture comme envoi du sacrement, la fécondité comme signe du dynamisme de l’amour et le pardon comme œuvre du salut, nous comprenons alors le sens des échanges effectués aujourd’hui. N’attendez pas demain pour être heureux, mais dès aujourd’hui profitez de cette abondance de joie missionnaire qui dynamise la rencontre et fait partager le bonheur de la fidélité en Dieu dans la communion fraternelle. Dès aujourd’hui vivez l’audace de la rencontre comme une chance pour proclamer la vie de Dieu dans la vocation de chacun. Dès aujourd’hui renouveler la bienveillance pour accueillir l’autre dans ce qu’il est et non dans ce que je voudrais qu’il soit. L’autre est d’abord une merveille du Seigneur qu’il me faut accueillir et renouveler dans la grâce de l’Esprit Saint. Aujourd’hui l’amour de Dieu se manifeste dans votre vie, qu’il s’y déploie avec ardeur au nom de votre foi et touche tous les cœurs comme fruit de grâce.

2.1 Le mariage, lieu de la beauté de la relation

Les époux pourraient se tourner vers leurs épouses en s’écriant « Que tu es belle ma bien aimée »[xii] Un chant de louange qui peut être repris par tous comme une geste d’admiration de l’œuvre de Dieu dans son expression humaine. Et les épouses peuvent répondre à leurs maris « Ah ! Que tu es beau, mon bien-aimé : tu es la grâce même ! »[xiii]. Le mariage est donc la célébration de la beauté de Dieu dans notre vie par la présence de l’altérité. L’autre devient le passage vers la sainteté dans la complémentarité des rapports humains, homme-femme, et de l’alliance qui se dessine comme une promesse en réalisation. En effet le mariage est un appel au bonheur. Et ce n’est pas juste un son de cloche dans nos vies mais bien une onde de choc, qui change tous nos rapports dans cet ajustement à l’autre, à travers ses richesses et ses pauvretés, à travers mon histoire, ses lourdeurs et ses merveilles. L’alliance dans la fidélité est un appel à la joie parfaite, qui ouvre à la fécondité des enfants comme lieu de réalisation de la grâce de Dieu, à l’indissolubilité colonne vertébrale de tous nos choix de vie et de nos engagements et cette liberté d’entrer dans le service par le don sincère de soi-même.

2.2 Le mariage, une joie pour Dieu

Oui le mariage est une joie de Dieu pour trois. La joie se comprend dans cette union de l’époux et de l’épouse, comme lieu de communion, mais invite à la communion avec Dieu dans cet échange incessant à trois où nous sommes invités à l’entendre marcher dans notre jardin familier, à venir à sa rencontre pour dialoguer avec Lui et réchauffer nos cœurs en sa présence. Mais le mariage est aussi une joie à cinq personnes, car Dieu est Trinité, qui nous rappelle la Parole comme lieu de liberté, l’incarnation comme lieu de réalité et la prière comme lieu de dialogue et du don gratuit. L’invitation à la joie dans le mariage est bien une exploration quotidienne d’un dialogue fructueux à développer à deux. C’est d’ailleurs la définition du dialogue qui demande l’écoute et l’attention pour évoluer ensemble par rapport au monologue, même fait à deux et souvent statique, assis sur des positionnements infructueux. En même temps, dans un monde qui se veut libéré de toutes les normes, il nous faut rappeler que le mariage a des règles, et notamment la première d’avoir une histoire à vivre à deux, et non en parallèle, une histoire qui s’enrichit de la présence de l’autre et se révèle féconde dans la relation à travers le témoignage aux autres et l’acceptation de la vie au sein même de la famille. L’autre norme demande la confiance en l’autre, pour vivre ce temps comme lieu d’épanouissement personnel et en couple, c’est la notion même de fidélité. Accepter les tensions, comme les joies, dans un rapport ouvert au dialogue et à l’acceptation des limites de l’autre. Fuir ailleurs est souvent un signe de faiblesse et l’illusion mortifère d’une fascination de la nouveauté qui rendrait plus libre, mais en même temps aliène concrètement dans une superficialité désespérante. La relation engage dans le temps pour vivre quelque chose jusqu’au bout de soi-même et, pourrait-on dire, même si la mort nous sépare. Une réalité du lien que certains perçoivent comme absolue, qui transcende le monde et passe pour avoir un gout d’éternité. D’ailleurs la question peut être posée : la mort est-elle la fin du lien ? Dans la théologie sacramentelle, la réponse est positive. Parfois dans les relations humaines, il y a une volonté de refaire un couple, comme lieu de complémentarité. Mais certains veufs ou veuves restent fidèles à un sacrement jugé éternel. La question doit être posée, à savoir la relation du mariage pour toujours, et ne peut être déniée par l’histoire qu’il n’y aurait plus ni mari ni femme au paradis, ou le paradoxe des sadducéens posé à Jésus. Pourquoi ? Parce que la beauté du lien engagé dans un sacrement (quel qu’il soit) a toujours, dans l’engagement et la responsabilité de la personne qui le vit, quelque chose d’éternel. Néanmoins il faut bien penser que nos mots sont faibles pour représenter la richesse du sacrement et la prolixité de la relation. Avoir une vision humaine du Paradis n’est pas rendre compte de la richesse de la civilisation de l’amour. Car l’amour se découvre davantage chaque jour et est le fruit du murissement de la relation à l’autre.

Ainsi, la joie de Dieu est une ouverture à la rencontre qui passe par l’incarnation relationnelle. Il ne s’agit pas de prier Dieu en délaissant une moitié de soi, c’est bien dans l’intégralité du couple que la prière est lieu de rencontre, chacun selon ses charismes, respectant sa manière d’être et de prier et la possible transformation de sa vie sous le regard du Christ et dans le souffle de l’Esprit. La joie est reconnaissance d’une Terre promise après bien des efforts et la difficulté d’ajuster sa vie à la volonté de Dieu. La joie n’exempte pas des épreuves ni des difficultés quotidiennes, mais elle se recueille dans la sagesse de l’expérience humaine et la vraie rencontre qui demande l’amour, le pardon et l’action de grâce. « Vois, l’hiver s’en est allé, les pluies ont cessé, elles se sont enfuies. Sur la terre apparaissent les fleurs, le temps des chansons est venu et la voix de la tourterelle s’entend sur notre terre. Le figuier a formé ses premiers fruits, la vigne fleurie exhale sa bonne odeur. Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens… »[xiv] La joie de la relation est un poème d’amour lorsque Dieu est au centre de notre vie. Et nous devons en faire une composition en vers dans tous les actes que nous posons, essayant d’accorder nos pas aux pas de l’autre et d’avancer ensemble pour un monde meilleur. La vie de famille porte la société et dit quelque chose du bien commun.

2.3 L’ère du soupçon

Je redis l’appel à la joie qu’est le mariage dans cette nouvelle ère du soupçon dans la relation à l’autre, de la diffusion des divorces comme inéluctable à toute rencontre et de la réduction de la liberté de l’autre dans une vie de dénégation et de galères. Certes la joie du mariage n’exempte pas des écueils de l’individualisme ou du renfermement sur soi, ni de la fascination idolâtrique devant la séduction du travail, du pouvoir et de l’autre comme objet. Tout cela est vrai, mais n’est certainement pas premier. Le combat spirituel n’est pas le tout de la foi. On ne s’engage pas dans la relation au Christ en recherchant absolument le martyre. Mais le mariage, lorsqu’il est vécu dans la prière, respecte la dignité de chacun et se conjugue à l’autre dans le dialogue et l’attention au quotidien, est une vraie joie que nul ne peut ravir.

Qu’il y ait des écueils, c’est une évidence, dans une société qui prône le culte du résultat et de l’apparence : vivre en profondeur sa relation amoureuse demande beaucoup d’abnégation, de tâtonnement, d’écoute et d’ajustement. Les séduisantes attractions vers d’autres valeurs nous demandent un enracinement dans la foi et la capacité de résister, en méditant la Parole et dans la confiance en la tradition apostolique. Mais il y a une vraie joie dans l’engagement pour toujours, parce que les richesses relationnelles et la stabilité de vie que cela apporte sont sources du bonheur. Mais les accusations contre la relation de couple sont récurrentes et se veulent modernes, alors qu’elles étaient déjà présentes dans l’antiquité. Ainsi l’union libre, qui sévit à Rome au temps d’Auguste (1er siècle avant JC (27 av JC – 14 après JC), celui-ci demandant aux Romains de se marier pour régulariser vraiment les situations matrimoniale, a vu se développer un concubinage endémique. Les unions libres d’aujourd’hui sont des caisses de résonnance de l’antiquité qui ne peuvent se prévaloir d’une quelconque modernité. D’autres accusent le temps pour dire que vivre à deux pour un CDD, c’est possible, mais que lorsque cela dure 50 ans, c’est du domaine de l’exploit. La relation à deux dans une pleine communion a toujours un gout d’éternité, qui reflète vraiment la civilisation de l’amour, que cela soit de quelques semaines à plusieurs décennies. Un choix de vie ancré sur la capacité de vivre son oui en toute circonstance, est un lieu d’épanouissement, certes avec des épreuves, mais aussi avec tant de succès, que la joie d’être ensemble prime sur tout le reste.

Les échecs apparents ne sont pas une justification à l’empêchement d’engagement. Certes, il peut y avoir des couples qui ne sont pas stables, des conflits et des vies à deux qui se révèlent difficiles. Parfois l’engagement familial est plus une fuite devant ses propres faiblesses, mais ne nous décourageons pas car le mariage demande aussi la vertu d’espérance et la finalité du salut promis à tous.

Synthèse

Comprenons-le bien, la joie n’est pas un mythe ni une belle histoire qui se raconte de génération en génération. La joie dans le mariage est la réalisation d’un ajustement à l’appel de Dieu dans la vie de chacun et dans la vie à deux. « La civilisation de l’amour appelle à la joie : entre autres, la joie qu’un homme soit venu au monde[xv] et donc, pour les époux, la joie d’être devenus parents. La civilisation de l’amour signifie « mettre sa joie dans la vérité »[xvi]. »[xvii] Et si je me sais sauvé par Jésus, ma joie demeure en toute circonstance et dans le rayonnement de sa présence. Or, la joie donc parle le Christ est celle de la présence de la Personne Don dans notre vie, qui nous invite à nous donner à nous-mêmes. « L’homme seule créature sur Terre que Dieu a voulue pour elle-même, peut pleinement se trouver que par le don sincère de lui-même »[xviii]. La joie nait du don, se reconnaît dans le don et se témoigne par le don. Or le mariage par l’alliance des époux est un dles sacrements du don.

Ainsi la prière de notre communauté en Eglise demande d’être attentif à la vie de l’Esprit qui nous habite. Dois-je rappeler ici l’importance du sacrement de confirmation comme lieu du don de Dieu par pure grâce ? « L’Eglise, qui inclut en son cœur tous les cœurs humains, demande à l’Esprit Saint la béatitude qui trouve en Dieu seul sa réalisation totale : la joie que “nul n’enlèvera[xix], la joie qui est le fruit de l’amour et donc fruit de Dieu qui est Amour ; elle demande “la justice, la paix et la joie dans l’Esprit Saint”, qui constituent, selon saint Paul, “le Règne de Dieu”[xx] »[xxi]. Ainsi œuvrer par le sacrement du mariage à vivre du fruit de l’Esprit Saint qu’est la joie, c’est élargir la civilisation de l’amour à notre demeure. Les témoins sont là pour entendre votre oui, mais tout au long de votre vie, témoigner de l’engagement de Dieu et recueillir les fruits de votre joie. « Je suis descendu au jardin du noyer voir le vallon qui verdoie, voir si la vigne bourgeonne, si les grenadiers sont en fleurs »[xxii]

3 septembre 2020 – Père Greg – Curé

Saint Charles Borromée – Joinville-le-Pont

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Sources