Serviteur bon et fiable entre dans la joie

Serviteur bon et fiable, entre dans la joie

 

La civilisation de l’amour à laquelle nous appartenons demande notre engagement personnel dans une recherche de sainteté, c’est-à-dire d’ajustement personnel à la parole de Dieu, et notre engagement communautaire, à travers la volonté de vivre la communion avec Dieu et la responsabilité avec la création, fait de nous des serviteurs. Nous serons fiables si nous gardons la parole de Dieu au cœur de tous nos actes, la prière comme lieu de réalisation de toute notre vie, et le service de la charité auprès de nos frères dans le sacrement de charité qu’est l’eucharistie.

 

Nous avons la chance, dans notre ensemble paroissial de Joinville-le-Pont, d’avoir l’ordination de Laurent Cardine comme diacre le 6 décembre et l’admission aux institutions, en vue du diaconat, de Cliff Assi le dimanche 10 janvier. Etre diacre, pour tout ministère ordonné, c’est mettre en premier le service comme lieu de témoignage de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. A travers le service et la disponibilité de ma personne, je m’engage ainsi à révéler l’amour autour de moi. Or, le service demande d’être disponible. Combien de fois, en tant que Directeur d’établissement, je rendais facilement service pour certaines tâches et je raclais mes pieds au sol pour d’autres… procrastinant à volonté avant de m’exécuter.

 

Mais la béatitude du service est justement celle de l’esprit de pauvreté. Car je dois vivre mon service dans le détachement nécessaire afin d’être toujours disponible pour tout ce qui est de l’ordre du témoignage. « Par le don de l’Esprit, l’homme parvient, dans la foi, à contempler et à goûter le mystère de la volonté divine. »[i]Savoir être fiable dans ce qui me plait, comme dans ce qui me pèse, pour le bien de la civilisation de l’amour me révèle une joie insoupçonnée, car je deviens de plus en plus serviteur de Dieu en étant au service de mes frères et je reçois la grâce de l’Esprit comme artisan de paix. Hélas, la gestion de la crise sanitaire aujourd’hui nous rappelle, de façon cinglante, le devoir de discernement. Etre “au service” nous demande toujours d’être attentifs pour discerner ce qui est le plus opérant, mais pas forcément ce qui est le plus efficace. Redoutable discernement qui demande de mettre en avant la dignité de l’homme et de tous les hommes, quels que soient l’âge, la couleur de peau ou la place dans la société. En effet, être au service de Dieu nous demande, quelle que soit notre position de vie, d’être réceptifs au souffle de l’Esprit qui nous fait agir pour la gloire de Dieu et le Salut du monde. « Il nous faut un esprit de sainteté qui imprègne aussi bien la solitude que le service, aussi bien l’intimité que l’œuvre d’évangélisation, en sorte que chaque instant soit l’expression d’un amour dévoué sous le regard du Seigneur. Ainsi, tous les moments seront des marches sur notre chemin de sanctification. »[ii]La civilisation de l’amour demande aux disciples du Christ de s’engager dans leurs responsabilités propres pour répandre la bonne odeur de Dieu autour d’eux par une vie de prière enracinée dans la réalité fraternelle.

 

Se mettre au service, c’est prendre part à notre propre responsabilité pour aimer dans le don sincère de nous-mêmes, et nous souvenir de notre vocation de fils de lumière. La lumière de la vérité nous fait entrer dans l’intelligence de la foi, hors de toute idéologie, pour accueillir l’autre dans la relation et non dans l’appréhension. A ce moment-là, on pourra être proche des douleurs et des souffrances qui ne se disent pas, pour soutenir ceux qui sont isolés dans leurs propres secrets et enfermements. Disponibles l’accueil bienveillant, nous pourrons être à l’écoute des cœurs qui pleurent et conduire les histoires vers des libérations qui n’attendent qu’une parole de Vie. Souvent, le premier service en humanité est d’être là, présence disponible à la relation, afin d’aider à la réunification de la personne. « Au-delà de toute apparence, chaque être est infiniment sacré et mérite notre affection et notre dévouement.C’est pourquoi, si je réussis à aider une seule personne à vivre mieux, cela justifie déjà le don de ma vie. »[iii]

 

Dans la prière et la méditation profonde de la Parole, je pourrai rappeler cette parole de vie et en vivre vraiment au service de mes frères. L’avènement du Christ nous y engage, l’incarnation nous y oblige, la résurrection nous le commande et la pentecôte l’exige de nous. Le service pour le Christ est un témoignage de l’amour reçu en promesse et vécu dans la relation personnelle à Dieu. La promesse de Dieu se réalise dans le service des hommes et le oui à la Parole. Que ce soit Moïse, David, Isaïe, Zacharie ou Marie, chacun a dit oui dans son histoire, a répondu à Dieu et a ainsi participé à la réalisation de la promesse de vie. Le service est le témoignage de la source de la vie, le Christ, notre Seigneur.

 

Ne versons pas dans un tableau idyllique du service sans y voir les vices, tels que l’individualisme. et penser à soi avant d’être disponibles aux autres, tels que l’utilitarisme qui recherche l’intérêt de faire les choses, avant d’y voir une vocation, tels que la suffisance comme propriétaire de sa responsabilité au lieu d’en être le serviteur inutile au moment opportun. La liste des griefs pourrait être longue, mais sachons même là y voir l’espérance d’un Dieu qui vient redresser ce qui est tordu et réchauffer notre âme pour lui redonner de l’ardeur. Reconnaître la dignité du service comme lieu de réalisation de l’homme dans sa pleine vocation de fils de Dieu[iv]doit être vraiment au cœur de notre conscience pour illuminer notre vie de foi. Car, tout entier tournés vers le Christ, nous rayonnons alors de la joie promise dans l’achèvement du service. L’avent est justement le temps de l’espérance où il nous faut oser proclamer cette civilisation de l’amour. « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. »

[i]&15/4 Gaudium et Spes – Vatican II

[ii]&21 Gaudete et Exsultate

[iii]&274 Evangelii Gaudium

[iv]&24/3 Gaudium et Spes