Retrouver du sens

 

         Nous traversons aujourd’hui, dans notre société et même dans la civilisation occidentale,  une perte de sens  comme nous le montrent  les lois bioéthiques,  les rapports économiques, et l’inversion des valeurs sociétales. Retrouver la maison du Père, avant d’être une norme, est porte ouverte vers la source de vie. Quel est le sens de ma vie, à quoi suis-je appelé ?  Je porte quel regard bienveillant  sur mes frères,  sur le monde dans lequel je vis ?

 

         Nous ne vivons pas un projet, nous vivons une relation d’amour  qui doit placer Dieu au centre de notre vie. Une civilisation de l’amour, lieu de la vérité et du témoignage, où tout prend sens. Un lieu de fraternité qui pousse à l’espérance et travaille au salut de tous pour ainsi manifester pleinement l’amour de Dieu à chacun. « Si le Christ se donne à nous à Noël, n’est-ce pas une invitation à nous dépenser, nous aussi, au service de nos frères et sœurs, frères de Jésus ? Si Dieu ne désespère pas de nous, devons-nous désespérer de nos frères ?»i  Il nous faut revoir le bien commun à l’aune du partage, et de la dignité de tout homme au service de la vie. Il nous faut quitter les fausses lumières de l’idéologie et de la possession pour accueillir l’autre dans ses limites et ses richesses, afin de l’aider à corriger les limites et mieux partager ses richesses. Sans la vérité de l’amour nous ne pourrons pas vivre l’espérance du salut.

 

         Aujourd’hui, il y a un vrai problème de dialogue dans lequel nous demandons à l’autre une ouverture que nous refermons immédiatement par nos positions. Le dialogue est  l’écoute de l’autre, et  pas seulement la compréhension de ce qu’il dit, mais encore l’accord sur les points qui me rejoignent et que j’accepte de bouger avec lui. La raideur des positions est terreur de relation. Le dialogue est d’abord compréhension avant d’être  ordonnée à la pensée unique. Pour entrer en dialogue encore faut-il rechercher le bien, la vérité et ce qui construit l’autre. Une recherche d’artisan de paix qui trouve dans la relation  avec le prochain l’exercice même de son art. « La véritable ouverture implique de se maintenir ferme sur ses propres convictions les plus profondes, avec une identité claire et joyeuse, mais « ouvert à celles de l’autre pour les comprendre »iiet en « sachant bien que le dialogue peut être une source d’enrichissement pour chacun ». Une ouverture diplomatique qui dit oui à tout pour éviter les problèmes ne sert à rien.»iii  Redécouvrir le dialogue entre nous comme Dieu l’a fait avec l’homme à travers l’incarnation du Verbe fait chair nous introduit à recevoir notre vie dans un renouvellement de la relation. Un sens nouveau dans une vie de l’Esprit Saint où nous nous laissons guider

 

         Les conflits, que nous traversons aujourd’hui, sont d’abord une quête profonde du sens. N’y voir juste qu’un problème de fiscalité ou de pouvoir d’achat est pure folie. Penser renouveler les formes de solidarités sans y puiser un fondement solide dans la fraternité retrouvée  où chacun à sa place, est ineptie. La culture de rejet à ses propres limites et participe à la manifestation d’une culture de mort qui traîne avec elle la désespérance. L’Evangile,  redonne le sens de l’homme en se tournant vers Dieu son créateur et en y puisant sa vocation première d’image appelée à la ressemblance. Que cette nouvelle année, soit celle du dialogue et de la compassion pour retrouver ce dynamisme du partage de l’amour et construire une relation qui demeure.

 

 

iCardinal Jean-Pierre Kutwa – Noël 2018

iiJean-Paul II, Lett. enc. Redemptoris missio(7 décembre 1990), n. 56 : AAS83 (1991), 304.

iii&251 Evangelii Gaudium

Père Greg BELLUT

Cure de l’ensemble paroissial