Méditation du troisième dimanche de l’Avent

« L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi »

Télécharger la Méditation

 Après la consolation de Dieu et la compassion sur la situation avariée par le péché de son humanité, voici qu’Il le restaure avec l’envoi de son Esprit Saint. « La vocation d’un homme pour une mission de consolation suscite la vocation de tout le peuple de Dieu »[i] C’est tout le peuple de Dieu qui est personnifié dans cette consécration, parce qu’il est le fruit de la Parole et, par sa fidélité, reçoit la consécration. L’Esprit du Seigneur est sur moi, en tant que croyant, en tant que peuple de Dieu, en tant que Serviteur et le message de joie continue toujours de faire écho dans l’attente du Messie, car c’est une poursuite de l’aventure spirituelle : rien n’est fini parce qu’avec Dieu, tout est possible, jusqu’au pardon pour entrer de nouveau dans sa communion. Une onction de Dieu dans notre vie qui nous fait connaître la vraie joie, celle d’être en Dieu et de chanter le chant de louange par excellence : « mon âme exalte le Seigneur ». On comprend que notre joie vient de la communion avec Dieu parce qu’Il nous resitue dans notre vocation propre de serviteurs, prêts à nous donner dans la vérité de tous nos actes parce que nous avons reçu l’onction pour cela. Nous sommes appelés à accueillir la joie de la présence de Dieu dans notre vie, de sa gloire dans notre histoire, de sa manifestation dans nos actes. Ce message de joie adressé aux cœurs brisés, c’est-à-dire à ceux qui connaissent de l’intérieur une détresse profonde, vient restaurer ce qui semble cassé, unifier ce qui semble dispersé. La joie en Dieu est une prise de conscience de sa présence dans notre cœur et des possibilités qui sont à nouveau offertes. Alors, je peux crier « Dieu est ma joie » parce qu’Il repose en moi par la présence de l’Esprit. 

 

1     La joie de l’appel qui redonne vie

 

« Le Seigneur m’a consacré par l’onction » La consécration de Dieu est toujours une aventure personnelle, une promesse d’alliance dans notre histoire. C’est un choix de Dieu qui se fait pour chacun d’entre nous, non de manière égale, mais avec pour chacun un appel particulier à réaliser cette communion d’amour. Notre communion avec Dieu a toujours un lien personnel et un lien communautaire. Le lien personnel se fait dans l’appel de Dieu et la réponse que nous lui fournissons chaque jours, dans la confiance et la persévérance. Le lien est communautaire, car il témoigne de la présence de Dieu dans notre vie, édifie nos frères et encourage cette civilisation de l’amour que nous devons construire pour rechercher le bien commun en Dieu. La consécration répand le parfum de la joie de Dieu de vivre avec nous et au milieu de nous, dans la fidélité à son alliance édictée pour toujours. Oui, notre Dieu est fidèle et Il nous marque de sa joie lorsque nous nous tournons enfin vers Lui et que nous attendons de Lui notre bonheur. La consolation de Dieu suit l’errance du péché et ses tristes conséquences, parfois trop rapidement attribuées à Dieu, alors que parfois elles ne sont que le fruit de nos propres turpitudes. « La vie des gens dépravés est cachée sous la poussière, parce qu’elle est alourdie par des désirs bas et abjects. En effet, quiconque convoite encore les biens qui sont du monde, on peut dire qu’il n’est pas en face de la vraie lumière, puisque, assurément, il est caché sous la poussière des pensées terrestres. Cette poussière de mauvaises pensées, l’âme accablée doit la supporter. »[ii]Alors que la consolation de la foi et la fidélité à sa Parole nous apportent la joie de la rencontre et les bonnes pensées qui nous permettent de rendre grâce à Dieu en toute circonstance.

 

La vraie lumière est celle de la vérité parce qu’elle nous amène à la liberté pleine et entière de fils de Dieu. Celle de la relation à Dieu, qui fait confiance en sa parole et enracine la foi dans l’amour, pour accéder à la grande espérance du Salut. Et ce n’est pas par nous-mêmes, mais par le don de l’Esprit que nous pouvons ainsi arriver à la connaissance, c’est-à-dire à la contemplation de Dieu, et ainsi purifier notre cœur pour exulter en sa présence. « Insaisissable, l’Esprit laisse des trace de son passage, Il laisse dans le cœur une expérience de l’invisible… il a été envoyé dans nos cœur par le Fils Unique du Père pour nous donner la vie, pour nous donner la possibilité de croire à ce que nous ne connaissons pas encore par expérience. »[iii] Peut-être est-il important de rappeler une fois de plus que ce n’est pas tant par la raison que par relation à Dieu que nous accèdons à la connaissance. Certes cela ne doit en rien dévaloriser la raison vis-à-vis de la foi, ni être prétexte à une paresse intellectuelle. Néanmoins, la foi se situe d’abord dans une histoire, à travers une expérience, où mes sens se sont retrouvés en communion avec Dieu et où j’ai pu le reconnaître pleinement dans un acte de foi sincère. « L’homme religieux cherche à reconnaître les signes de Dieu dans les expériences quotidiennes de sa vie, dans le cycle des saisons, dans la fécondité de la terre et dans tout le mouvement du cosmos. Dieu est lumineux, et Il peut être trouvé aussi par ceux qui Le cherchent avec un cœur sincère. »[iv] C’est-à-dire dans une attitude intérieure qui recherche l’ajustement de l’être.

 

La question de l’homme et du sens de la vie conduit inéluctablement à la révélation de Dieu et à l’accueil de sa grâce dans notre vie. Nous le savons, Dieu se montre à qui Le cherche. La promesse de Dieu se réalise sur le chemin de la rencontre et de la reconnaissance de sa présence dans notre vie, et c’est une promesse pour tous. « Puisque la foi se configure comme chemin, elle concerne aussi la vie des hommes qui, même en ne croyant pas, désirent croire et cherchent sans cesse. Dans la mesure où ils s’ouvrent à l’amour d’un cœur sincère et se mettent en chemin avec cette lumière qu’ils parviennent à saisir, ils vivent déjà, sans le savoir, sur le chemin vers la foi. »[v] Or ce chemin de vie nous appelle à ne pas éteindre l’Esprit qui est en nous et qui ne demande qu’à Se déployer dans tous les aspects de notre vie pour nous sanctifier en Dieu. En effet la véritable sainteté n’est pas tant d’agir que de contempler Dieu et, à travers cette prière, agir dans la réalité de notre histoire pour sans cesse nous ajuster à sa volonté. Cela demande du discernement et la vertu de prudence, pour ne pas succomber aux attaques de l’Adversaire. Ce que nous pouvons vivre au niveau personnel se retrouve dans la vie communautaire. « La sainte Eglise en effet ne peut accomplir son pèlerinage terrestre sans subir l’épreuve de la tentation ; si elle n’a pas d’ennemis extérieurs déclarés, elle a à supporter des faux frères en son sein. Elle est toujours prête au combat contre les vices et même en temps de paix ; il lui faut mener sa propre guerre ; peut-être souffre-t-elle même davantage quand ce ne sont pas les coups des étrangers qui l’atteignent, mais les mœurs des siens. »[vi] La compassion de Dieu rejoint l’histoire des hommes dans la consolation par le rétablissement du lien de l’alliance et d’une promesse d’avenir.

 

2     Le témoignage comme désir de Dieu

« Il m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux humbles », c’est-à-dire à ceux qui se savent dépendants de Dieu et qui acceptent cette dépendance comme une bénédiction. Cela demande une attention au plan de Dieu et de ne pas se laisser manger par l’activisme du monde. « Le Seigneur cache dans la poussière par un juste jugement les superbes et les impies, lorsqu’Il permet que leurs cœurs soient accablés par les affaires séculières qu’ils choisissent au mépris de l’amour du Créateur. »[vii]Dans l’utilitarisme de leurs travaux, ils oublient l’espace de la transcendance et le devoir de retrouver du sens. Celui qui est humble ne s’attache à rien et se sait dépendant de tout, alors il accepte la transcendance comme une évidence et peut accueillir l’amour dans la simplicité du cœur : c’est en cela qu’il a déjà le Royaume. Spontanément, il accueille la Bonne Nouvelle et se laisse porter plein d’espérance, sur le chemin de la vie en Dieu qui est source de toute joie. Toutefois de quelle bonne nouvelle parlons-nous ? De celle où Dieu dit être présent et Se révèle pour la paix du cœur et la joie de l’âme. Une annonce qui rompt toutes les solitudes, pour reconnaître le fait d’être aimés et de pouvoir à nouveau aimer à notre tour. Une relation de confiance qui se vit dans la joie de la rencontre. Oui, Dieu est fidèle et Il connaît nos in-ajustements mais, loin de nous condamner, il nous appelle à faire mémoire de son alliance et à nous retourner vers Lui et Lui seul. Nous pouvons alors faire mémoire du retournement de situation ou de l’abandon, nous sommes tous habités par Dieu et bénis par sa présence. « Comme un jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux ». Une relation profonde et durable d’un mariage qui n’aura pas de fin mais fait de nous des fils du roi, des enfants de Dieu. Une alliance éternelle qui se concrétisera par l’arrivé du Christ Rédempteur. « Il m’a revêtu des habits du salut, d’un manteau de justice, il m’a enveloppé ». Cette fidélité à Dieu se vit dans la fiabilité des relations humaines.

 

La victoire de Dieu se vit dans la confiance de la relation de l’homme vis-à-vis de son Créateur et le respect de la création dans le lien fraternel. Une même réalité à vivre sous les deux aspects, ajoutant le don comme lieu de réalisation de notre être. Une conscience habitée par la présence de Dieu et recherchant la vérité de notre être à la source de vie.  « A l’homme créé à l’image de Dieu, l’Esprit Saint accorde le don de la conscience, afin qu’en elle l’image puisse refléter fidèlement son modèle, qui est en même temps la Sagesse et la Loi éternelles, sources de l’ordre moral dans l’homme et dans le monde. »[viii] Le désir de Dieu oriente toute notre vie à Le rechercher sans cesse, afin de mieux Le connaître. Nous devons avoir la volonté d’être en communion avec Lui pour retrouver notre état naturel, qui sera complet lors de la rencontre éternelle. Or, il nous faut le secours de l’Esprit pour nous faire cheminer sur cette voie du Salut. « Le Saint-Esprit rend …le chrétien « sage », mais pas au sens où il a une réponse pour chaque chose, qu’il sait tout, mais au sens qu’il « sait » à propos de Dieu, il sait comment Dieu agit, il reconnaît quand une chose est de Dieu et quand elle n’est pas de Dieu; il possède cette sagesse que Dieu donne à nos cœurs. »[ix]. Contempler Dieu et dialoguer avec Lui, c’est le connaître de mieux en mieux pour s’ajuster à sa Parole et nous laisser transfigurer par sa présence, afin de mieux Le suivre dans son dessein créateur. « Si nous écoutons le Saint-Esprit, Il nous enseigne cette voie de la sagesse, Il nous offre la sagesse qui est de voir avec les yeux de Dieu, d’entendre avec les oreilles de Dieu, d’aimer avec le cœur de Dieu, de juger les choses avec le jugement de Dieu. »[x] C’est alors que le chant de louange peut être lancé comme lieu de reconnaissance de tous les bienfaits de Dieu et de la beauté de son œuvre.

3     Je tressaille de joie

L’attente joyeuse du Christ ne se fait pas sans tension, néanmoins celui qui vit l’annonce de la Parole comme une Bonne Nouvelle trouve dans sa vie la joie promise. « Pour celui qui s’est abandonné à la volonté de Dieu, il est beaucoup plus facile de vivre, parce que, même dans la maladie, dans la pauvreté et dans la persécution, il pense ; « Cela plait à Dieu ; et moi, je dois le supporter à cause de mes péchés »[xi]. Toutefois il faut reconnaître que parfois, malgré le changement de contexte, c’est la dureté de l’homme qui est remise en cause, surtout lorsque les maux viennent de l’intérieur, et cela est vrai de tout temps. « Comme donc les souverains terrestres se soumettent à Dieu avec une profonde humilité, les hommes pervers qui persécutaient ouvertement l’Eglise avec cruauté quand ils vivaient au milieu de l’incroyance utilisent maintenant d’autres moyens pour lui faire du mal. »[xii] La sagesse commande alors de s’attacher résolument à Dieu et de Lui faire confiance, en priant pour ceux qui ne le connaissent pas et l’offensent par des attitudes inappropriées. Oui, nous pouvons connaître des sentiments d’injustice, de révolte contre nos frères ou d’exaspération face à des demandes irrationnelles. Tout cela est vrai, et pourtant la joie de la présence de Dieu dans notre vie nous invite à revenir à la promesse initiale de justice et de louange. A la suite de Marie, nous pourrons alors chanter « le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son Nom ». Nous pouvons voir des changements s’opérer devant nos yeux, car Dieu continue d’agir encore aujourd’hui. « Il faut toujours prier pour que le Seigneur nous fasse comprendre ce que nous devons faire, et le Seigneur ne nous laissera pas faire fausse route. »[xiii] La bonne nouvelle nous rappelle que nous ne sommes pas abandonnés, parce qu’Il nous donne l’Esprit. « Le Seigneur a donné le Saint-Esprit sur terre, et celui en qui Il vit sent qu’il porte le Paradis en lui. »[xiv]

 

La joie qu’insuffle l’esprit du Seigneur témoigne d’une Parole qui vivifie et qui est là dès l’origine. « Ton amour, ta bonté, ô Dieu souverainement bon et souverain bien, c’est l’Esprit Saint, qui procède du Père et du Fils. Depuis le début de la création, il se tient au-dessus des eaux, c’est-à-dire des esprits fluctuants des fils des hommes ; il s’offre à tous, il attire tout à soi ; inspirant, aspirant écartant ce qui est nuisible, pourvoyant de ce qui est utile, il unit Dieu à nous et nous à Dieu »[xv]. C’est dans le désert, que nous expérimentons la radicalité, de l’amour, au cœur du silence et de l’épreuve, C’est là que la Parole résonne le plus fort et qu’à ce moment-là nous sommes vraiment attentifs. “Seigneur, si Tu avais été là” semblons-nous Lui dire… et Lui de nous répondre “J’ai toujours été là, hélas ! c’est toi qui a fermé les oreilles de ton cœur à mon amour, pour la superficialité ou d’autres dispositions fuyant ma présence”. Or, reconnaître l’Esprit dans notre vie, c’est accueillir la joie de sa présence et vivre Dieu dans les actes que nous faisons avec son regard. C’est aussi, dans nos limites humaines, reconnaître qu’Il vient nous rétablir dans notre vocation première de bien-aimés de Dieu. La vie dans l’Esprit conduit à rechercher la rectitude de nos actes et « la joie et la consolation que Lui seul, le vrai Consolateur, peut apporter en descendant au plus profond des cœurs humains[xvi]. »[xvii]La venue de Dieu, fidèle à son alliance, est toujours pour nous une joie à retrouver. L’Avent est justement cette méditation de la joie, à reconnaître à travers la révélation qui, à chaque étape de notre vie, prend une tournure toujours nouvelle, parce que le Christ continue de nous transformer dans le souffle de l’Esprit et la disponibilité de notre cœur. D’où l’appel à la vigilance de l’apôtre Paul afin d’être toujours fidèles à l’alliance : « que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche. »

 

4     Les fruits de l’alliance

« Mon âme exulte en mon Dieu. » Le rétablissement dans l’alliance est une découverte de joie, pour chacun d’entre nous et jusqu’aux limites du monde. Quel est donc le vêtement du Salut ? C’est la joie de la rencontre avec Dieu et du retour dans la familiarité du jardin de toutes les joies. Ce jardin où les semences du bonheur ne cessent de germer et de porter du fruit, celui de la fidélité au Seigneur et de la rectitude de notre vie, pour aller en vérité à sa rencontre. C’est un chemin de sainteté pour nous laisser éclairer par la lumière de sa présence et répondre “me voici” à l’appel de notre nom. L’alliance est un chemin de droiture qui nous amène à vouloir ce que Dieu veut, et ainsi vivre une vie de perfection sous son regard. C’est la définition même de l’amour, qui est don et demande réciprocité et partage. Cependant l’amour demande aussi la responsabilité de nos propres actes, pour être des serviteurs fiables et ainsi entrer dans la joie du maître. Cette responsabilité demande l’intégrité de nos actions même si, heureusement pour nous, Dieu fait miséricorde et a une lecture large de notre histoire pour en voir la direction et ainsi nous sauver, pour l’honneur de son nom et dans la justesse de l’appréciation de nos limites humaines. Cela ne doit pas nous empêcher, par tous les moyens bons, de mener une vie vertueuse, car plus nous recherchons Dieu, plus nous exprimons notre liberté de Le choisir pour toujours. Néanmoins, il y a bien une rétribution de ce que nous avons vécu, comme lieu de réparation dans l’amour, qui demande aussi la fidélité aux commandements et la générosité de la grande espérance du Salut. La gratuité de l’amour se vit dans cette générosité du partage d’un bonheur éternel et selon la confiance en Dieu. Jésus est le chemin de l’amour de Dieu pour l’homme, qui sauve l’homme de son péché pour l’amener au Salut promis, c’est-à-dire au rétablissement de l’alliance par une nouvelle forme de consécration, habitée par l’Esprit et dans l’accueil du Père de notre histoire.

 

Le mariage est le fruit d’un bonheur sur terre, mais résonne dans l’alliance comme une joie éternelle. La royauté du mariage se vit au cœur même de l’expression de la liberté de l’amour et de la nouvelle énergie qui s’y déploie à travers l’accueil de l’autre et l’ouverture aux possibles. Ensemble nous tracerons un chemin de vie, disons-nous dans cette volonté de vivre à deux, et, par analogie, l’alliance avec Dieu est ce mariage de bonheur pour la vie éternelle. Une fidélité indissoluble dans les commandements parce qu’ils structurent la dignité de notre personne et notre vocation de fils de Dieu.  Les joyaux de l’alliance sont les signes que Dieu nous donne de vivre en sa présence chaque jour, comme une manifestation de son amour prévenant, d’une rencontre qui se veut toujours proche. C’est un chant d’amour qui résonne à l’intérieur de nous-mêmes, dans un cœur à cœur avec l’amour, un partage d’histoire et une volonté de vivre ainsi pour l’éternité. C’est l’étincelant témoignage d’une vie tournée vers l’amour et répendant la lumière éblouissante d’une vie ancrée en Dieu dans la vérité de nos actes, sans être réduits à nos errements, mais en voyant dans toute notre histoire un axe de progression vers une plus grande communion. « Au-delà de l’apparence extérieure de l’autre, jaillit son attente intérieure d’un geste d’amour, d’un geste d’attention, que je ne lui donne pas seulement à travers des organisations créées à cet effet, l’acceptant peut-être comme une nécessité politique. Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires : je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin. »[xviii] Une erreur commune aujourd’hui est de s’arrêter à un acte, sans voir l’ensemble ou, pire encore, de juger l’ensemble sur un seul acte, croyant faire ainsi le tour de la personne. Justement, l’analogie du mariage est ce chemin de bienveillance dans l’amour qui permet à chacun de continuer son chemin vers une plus grande proximité afin de porter un fruit qui demeure. Ainsi avec le Christ, c’est bien un chemin de complémentarité, de fraternité, que nous sommes appelés à vivre. C’est-à-dire un amour qui se construit jour après jour, dans les avancées et parfois les peurs, mais avec la solidité de l’autre et du discernement pour continuer malgré tout. Les joyaux du mariage sont l’innocence de la relation, qui peu à peu prend de l’épaisseur dans les actes de nos vies, et la construction d’une histoire commune où Dieu est présence.

 

« Viens ma toute belle, viens dans mon jardin », l’analogie de l’engagement de Dieu, avec son peuple et chacun de nous dans l’alliance, se poursuit dans la terre en partage, ce jardin de la familiarité où nous aimons aller pour discuter avec Dieu. Il portera la semence de justice, c’est-à-dire d’intégration de la Parole de Dieu dans notre vie avec confiance, sans nous cacher dans les buissons mais, entendant ses pas familiers, aller à sa rencontre et lui adresser un langage de louange pour tous les bienfaits qu’Il a créés. La louange est l’émerveillement de Dieu et de son œuvre. L’action de grâce est le remerciement pour toutes les grâces qu’Il nous donne de vivre. La louange est donc accueillir, de l’intérieur, Dieu dans sa nature extraordinaire de Créateur. L’action de grâce est l’accueil des effets de sa grâce dans nos vies. Devons-nous aimer les cadeaux des personnes ou les personnes pour ce qu’elles sont ? Ce qui est vrai pour nos relations interpersonnelles, l’est aussi pour notre relation à Dieu. Devons-nous L’aimer pour ce qu’Il est et chanter ses louanges, ou pour tous les cadeaux qu’Il a par pure bonté donnés et Lui rendre grâce ? La joie en Dieu nous fait redécouvrir les motifs de louange. La vie en Dieu nous fait entrer dans la louange parce que nous accédons à la vérité de l’amour, c’est-à-dire dans une communion d’amour avec Dieu, expérience personnelle et communautaire que nous vivons à chaque eucharistie. « Le peuple de Dieu rassemblé pour la célébration chante les louanges de Dieu. »[xix] Le chemin d’alliance est un chemin de sacrifice parce qu’il est chemin d’offrande et en même temps de louange pour Dieu et la prolixité de son œuvre. « Dans la liturgie des Heures, prière publique de l’Église, apparaît l’idéal chrétien de sanctification de toute la journée, rythmée par l’écoute de la Parole de Dieu et par la prière des psaumes, si bien que toute activité trouve son point de référence dans la louange offerte à Dieu »[xx] C’est une invitation à faire de nos journées une ode de louange à Dieu en Le resituant au centre de notre histoire. C’est donc laisser l’Esprit participer à notre vie par la profusion de ses dons et nous émerveiller de sa présence comme une nouvelle vie pleine d’espérance dans les possibles que Dieu nous offre. Ce témoignage de l’action de Dieu dans notre vie se fait pour toutes les nations, comme un témoignage de la présence de Dieu parmi nous, comme une présence qui se rappelle à nos mémoires et demande la fidélité de nos vies.

 

12 décembre 2020 – Père Greg – Curé

Saint Charles Borromée – Joinville-le-Pont

 

 

 

 

 

[i] P 375 Le livre d’Isaïe ou l’expérience du Salut – Yvan Maréchal

[ii] Livre XXXII chapitre X,12 Morales sur Job – Saint Grégoire le Grand

[iii] P 183 Parole de Dieu amour et Esprit Saint chez saint Grégoire le Grand – Patrick Catry

[iv] &35 Lumen Fidei

[v] ibid

[vi] Livre XXXI chapitre VII,10 Morales sur Job – Saint Grégoire le Grand

[vii] Livre XXXII chapitre X,12 Morales sur Job – Saint Grégoire le Grand

[viii] &36 Dominum et Vivificantem

[ix] Catéchèse don de la sagesse – pape François 9 avril 2014

[x] ibid

[xi] Staretz Silouane, p 308 – De la volonté de Dieu et de la liberté

[xii] Livre XXXI chapitre VII,10 Morales sur Job – Saint Grégoire le Grand

[xiii] Staretz Silouane, p 313 – De la volonté de Dieu et de la liberté

[xiv] Staretz Silouane, p 312 – De la volonté de Dieu et de la liberté

[xv] Traité de la contemplation de Dieu par Guillaume de Saint Thierry

[xvi] Il convient de rappeler l’importante Exhortation apostolique Gaudete in Domino publiée par le Pape Paul VI, de vénérée mémoire, le 9 mai de l’Année Sainte 1975, car elle vaut toujours, l’invitation qui y était exprimée à “implorer de l’Esprit Saint ce don de la joie” et aussi à “goûter la joie proprement spirituelle, qui est un fruit de l’Esprit Saint”: AAS 67 (1975), pp. 289, 302.

[xvii] &67 Dominum et Vivificantem

[xviii] &18 Dieu est Amour

[xix] &42 Sacramentum Caritas

[xx] &62 Verbum Domini