2018. Lettre de Noel. 1/2

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« Il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu »

 

Au commencement du monde, lorsque Dieu créa le ciel et la terre, il voulait se révéler par son incarnation à travers cette lumière qui éclaire la beauté et démasque tout manque de confiance. Car la lumière est là pour nous montrer la route du salut. Une unique lumière qui illumine sans cesse toute la création, par la beauté de son amour, amour sans cesse en déploiement. Oui ! la beauté de l’amour est toujours en dynamique, une bienheureuse énergie qui se fait don et se partage sans retenue. Une recherche d’extension pour toucher le créé et vibrer à la volonté du Créateur à travers une confiance sans faille. La vérité incline à reconnaître l’amour comme lieu de relation et de restauration. C’est pourquoi l’incarnation du Christ nous ouvre à la lumière de la Parole de vie, comme un retour à la source dans le rétablissement de sa vocation d’image de Dieu.  « L’amour est possible, et nous sommes en mesure de le mettre en pratique parce que nous sommes créés à l’image de Dieu. »[i]Le péché ne vient pas tout arrêter, mais au contraire dans l’incarnation du Fils Sauveur nous comprenons que tout recommence dans cette alliance à travers l’accueil de la Personne Don.  L’alliance continue et néanmoins prend un sens nouveau à travers la naissance de Jésus, image du Dieu invisible. Non seulement il restaure notre humanité mais éclaire le mystère de l’homme en lui apportant le sens de Dieu et sa vocation propre.

 

 

En effet l’homme mû par l’Esprit Saint peut discerner avec l’intelligence de la foi, la lumière. Il se laisse transformer et marche à la suite du Christ sur le chemin du monde pour venir l’adorer dans ces manifestations tangibles. Oui, « C’est à la lumière de la révélation opérée par le Verbe divin que se clarifie définitivement l’énigme de la condition humaine. »[ii]Nous ne sommes plus dans une foi qui se sclérose en commandements et se rigidifie à travers l’histoire du monde, mais dans une foi illuminée par la présence de l’Esprit Saint qui nous commande l’amour et nous fait agir dans la liberté de cet amour dans l’Eglise de ce temps. L’amour peut tout lorsqu’il suit la volonté divine, parce qu’il participe alors à la vocation intégrale de l’homme. En aimant Dieu, nous atteignons le sommet de la liberté qui est la communion avec notre Créateur. Nous restaurons notre relation à Lui dans un échange merveilleux de l’amour par la Personne Don, et nous devenons nous-mêmes, comme créatures données, témoignant de ce don comme épanouissement total de notre être. Notre existence rencontre l’existant et s’abreuve à la source de l’être. Partage de l’amour dans la communion du don.

 

Le Verbe éclaire tout homme en venant dans le monde.

 

Noël est la fête de la relation de Dieu à l’homme et les mages venus d’Orient symbolisent l’adoration du monde entier à notre Rédempteur. En Jésus Christ nous comprenons la dignité de l’homme comme œuvre de Dieu et dans ce principe, un respect de la vie de l’homme dès le commencement jusqu’à sa fin, et à travers toute son histoire. La dignité de l’homme est indissociable de la présence de Dieu en Lui, et confère ainsi une sacralité de la vie que nul ne peut lui ravir sous des idéologies de culture de mort. Car la dignité de l’homme est dans la relation de communion avec Dieu, fût elle ténue, et demeure du fait même de sa nature d’image de Dieu. Sa vocation est de redécouvrir cette liberté de l’amour blessé par le péché originel mais qui par la naissance et la mort du Christ obtient le salut.« La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. »[iii]La liberté redécouverte dans l’amour ouvre l’homme à de nouveaux possibles, dans le souffle de l’Esprit Saint.

 

Néanmoins, l’esprit du mal travaille à contrecarrer ce projet de communion. La fuite en Egypte après la naissance de Jésus est bien l’expression diabolique d’une puissance qui essaye d’altérer l’histoire des hommes. Mais pour qui se réfugie en Lui, Dieu sauve toujours, et sous sa puissance la souffrance devient oblation, comme nous le montre l’histoire de l’Eglise à travers les martyrs et des saints innocents. Devant l’absurdité du mal, l’offrande comme don de soi-même et le pardon comme prolongement de l’amour tourné vers Dieu, sont chemin de rédemption. Face au mal, il nous faut garder cette communion à Dieu en plongeant dans l’amour qui ouvre à l’infini de sa présence et transforme toute action en communion à sa volonté. Le bonheur devient l’acceptation d’oblation dans le dessein de l’amour et la juste place où Dieu est encore et toujours premier. La fidélité à l’amour s’enracine dans la radicalité de la vérité en Lui et de la relation en communion. Comme Dieu s’est offert pleinement à Noel et à Pâques, offrons nous pleinement à l’amour sans contrainte et surtout sans trouver de clauses rédhibitoires. Car Dieu est amour et nous invite à entrer dans cette relation d’amour sans retenue c’est-à-dire avec un vrai sens de la fidélité.

 

En effet la liberté connait aussi le mystère de la mort, et du scandale du mal, mais loin d’éloigner du projet divin, elle fortifie cette communion dans une confiance inébranlable. Noël est l’achèvement de cette confiance en Dieu dans la persévérance qui trouve enfin une réponse par la venue du libérateur. La civilisation de l’amour peut alors se déployer comme source de vie au service de l’humanité. « Tous les hommes, doués d’une âme raisonnable et créés à l’image de Dieu, ont même nature et même origine ; tous, rachetés par le Christ, jouissent d’une même vocation et d’une même destinée divine : on doit donc, et toujours davantage, reconnaître leur égalité fondamentale. »[iv]La naissance du Christ nous fait comprendre le sens profond de notre fraternité dans les retrouvailles de notre vocation première créée à l’image du Père. A Noël, l’égale dignité des bergers, comme des mages, et de tous ceux qui viennent adorer le Christ nous ouvre au mystère de la fraternité qui est bienveillance lorsque le regard est tourné vers Dieu. Le prochain devient alors l’espace de la rencontre, dans le témoignage de l’amour, la juste place dans l’enracinement de la foi, et l’approche du salut par le partage de l’espérance.

 Aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.

 

            La joie de l’annonce que nous avons préparée durant toute la période de l’avent est aussi la joie de la rencontre renouvelée dans la nouvelle alliance. Or Dieu, loin de s’imposer, et pour respecter l’amour qui demande non seulement la vérité, mais la liberté, demande de notre part un choix responsable, où nous nous situons dans le don de soi même. L’amour vit le don et le pardon comme une rencontre incessante qui grandit et s’approfondit avec bienveillance et confiance. La force de l’amour ne se fait pas dans une dimension physique, mais bien dans l’accomplissement de la vérité où nous reconnaissons sa présence vivifiante. C’est toujours un choix qui ne se préjuge pas, ni ne se commande, mais se fonde sur une foi confiante. Deux attitudes lors de l’incarnation nous sont présentées, celle de Zacharie, qui ne voit pas plus loin que la logique de la nature et remet en cause la parole de l’ange Gabriel, et celle de Marie, qui s’interroge sur la possibilité mais indubitablement fait confiance. « Qu’il me soit fait selon ta Parole ». Combien de fois durant tous nos choix fondamentaux, nous devrions nous remettre dans cet antre de la confiance. Or la volonté de s’imposer, ou de suivre ses propres idées à travers une mauvaise compréhension de son libre arbitre et de l’usage de l’autonomie, induisent des difficultés.

 

Tout n’est pas de notre fait, et le tentateur, le premier a mis le doute dans le cœur de la femme et de l’homme, en voulant les faire comme des dieux sans Dieu. Aujourd’hui, les questions sociétales, notamment sur les débats en bioéthique, sont du même ordre, en définissant l’homme dans sa nature cellulaire, et en occultant tout ce qui est transcendance. Une folie de la pensée où dérivent toutes les propositions aussi hasardeuses que dangereuses, et qui amènent assurément à une fin civilisationnelle. Nous recentrer en Dieu, c’est lui laisser la place de la grâce agissante et en même temps l’espace de la communion où nous pouvons nous nourrir. Le oui de Marie à Noël, à été le même lors de la fuite d’Egypte, de la fête de Cana comme de la croix et de la joie de la résurrection. Comprenons bien, notre oui, n’est pas le bonheur terrestre assuré, car nous serons confrontés au péché de l’homme et à nos propres faiblesses, nous serons amenés au combat spirituel et en même temps nous serons appelés à vivre la victoire avec le Christ. Cependant, conjointement, nous sommes invités à recevoir le Christ comme une joie de tous les instants, qui nous fait grandir dans l’intimité de Dieu que ce soit à travers l’accueil de sa présence, la traversée du désert, ou le témoignage de notre foi et des signes que Dieu accomplit. Trop souvent nous nous arrêtons au superficiel, et dans l’instant du temps qui pense déjà à l’avenir, au lieu d’être présents au moment que nous avons à vivre et faire confiance à Dieu pour la suite.

 

 

 

 

Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence

 

Le Christ est né dans une étable, pour que les pauvres comme les riches puissent le rencontrer et venir l’adorer Un lieu assez chaud afin de permettre la naissance d’un enfant, assez ouvert pour ne pas mettre de douane à ceux qui veulent entrer, assez lumineux pour permettre à chacun de venir adorer Celui qui est à l’origine de tout. La simplicité de la rencontre nous donne une forte indication de la familiarité de Dieu dans notre relation, et sa volonté de nous rejoindre chacun dans nos vulnérabilités. Ainsi nos vulnérabilités sont un espace de notre humanité qui ne peut être niée, ni même exterminée au nom d’un ‘homme amélioré’. Car la première amélioration de l’homme est d’abord sa vocation à ressembler à Dieu en faisant le choix de la vie dans la civilisation de l’amour.

 

Le refus de la vulnérabilité est non seulement de l’orgueil mais il est acte mortifère dans la culture de désespérance qui essaye par des médicaments et des techniques de retrouver le sens de l’homme. C’est là, la vanité d’une science qui ne compte que sur la technique et qui en oublie l’essence même de son être, et la beauté de sa nature créée à l’image de Dieu. « Tous, en effet, ont été créés à l’image de Dieu, « qui a fait habiter sur toute la face de la terre tout le genre humain issu d’un principe unique »[v], et tous sont appelés à une seule et même fin, qui est Dieu lui-même. »[vi]Aujourd’hui, parce que nous connaissons une culture de rejet, qui se fait tant sur la nature de l’homme que dans l’expression de son action à travers le travail et le rejet social, nous devons réaffirmer avec force la beauté de la création et du lien fraternel comme lieu de ressourcement. Oublier ce lien fraternel nous conduit à un clivage de  qui est juste.

 

La naissance du petit enfant nous rappelle notre propre fragilité, et en même temps la sécurité de l’amour qui se vérifie d’abord normalement dans le lieu familial et se prolonge dans la relation baptismale et communautaire pour rejoindre tout homme. « Assurément, tous les hommes ne sont pas égaux quant à leur capacité physique qui est variée, ni quant à leurs forces intellectuelles et morales qui sont diverses. Mais toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit sociale ou culturelle, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition sociale, la langue ou la religion, doit être dépassée et éliminée, comme contraire au dessein de Dieu. »[vii]La foi est alors une harmonie de la relation et un dépassement de nos propres limites pour accepter de vivre l’amour comme un don de soi en passant par la liberté d’une rencontre.

 

L’humble rencontre avec Jésus emmailloté nous découvre une Parole qui, en même temps demande un acquiescement de notre part, et en même temps une volonté de vivre la communion. L’amour est communion parce qu’il se vit dans le don qui se reçoit et nous permet de l’intégrer dans notre vie pour devenir nous-mêmes un don pour l’autre. C’est là notre témoignage.  C’est là l’accomplissement de la parole des prophètes rappelant que Dieu ne veut pas la mort des pécheurs mais bien la conversion. Dieu s’offre à Noël pour notre propre conversion, en nous demandant de transformer notre vie afin de laisser la lumière de sa présence transpercer la cuirasse de notre péché. Il est navrant que certains voient la venue de Jésus d’abord comme un jugement de notre vie, avant de l’accueillir comme un petit enfant qui nous révèle l’amour comme lieu de rencontre. C’est dommage de faire du discours de l’Eglise un catalogue de permis et de défendu avant d’y lire un chemin du bonheur pour tous. Ce n’est ni dans le déni, ni dans le sentimentalisme, et encore moins dans la froide lucidité, mais bien dans la confiance en Dieu, que nous pourrons témoigner de l’amour dans notre vie. L’amour est une rencontre qui loin d’esquisser les problèmes, les soulève avec bienveillance et cherche à y puiser un lieu de restauration. Car Noël est la fête de la restauration annoncée, celle de l’homme abîmé par le péché, et promis au salut grâce au baptême, à la confirmation et à l’eucharistie. Dieu n’a pas d’autres prétentions que ce rayonnement de l’amour qui réchauffe les cœurs de tous ceux qui s’y approchent et dans le mystère de sa lumière qui éclaire toute vie.« Dieu aime tellement l’homme que, en se faisant homme lui-même, il le suit jusqu’à la mort et il réconcilie de cette manière justice et amour. »[viii]

 

Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.

 

La rencontre personnelle avec Dieu nous invite d’abord à la confiance. Le premier péché de l’homme est justement de se défier de Dieu, en voulant être des dieux sans Dieu. La venue du Messie, et son incarnation nous invite à demeurer dans la foi et à ne pas désespérer dans la réalisation de l’alliance qui prend son temps mais se réalise toujours. . Il nous faut fuir les chemins de l’idolâtrie qui nous éloignent de Dieu et nous entrainent dans une culture de désespérance et de mort, pour habiter la civilisation de l’amour où la vie a tout son sens. « Croire signifie s’en remettre à un amour miséricordieux qui accueille toujours et pardonne, soutient et oriente l’existence, et qui se montre puissant dans sa capacité de redresser les déformations de notre histoire. La foi consiste dans la disponibilité à se laisser transformer toujours de nouveau par l’appel de Dieu. »[ix]Une disponibilité dans la foi qui permet à Marie d’accueillir le Messie, et en même temps loin de s’enfermer dans la vanité, court se mettre au service d’Elisabeth sa cousine, pour la naissance de Jean. La foi est en même temps réception d’un bonheur d’élection et d’un déplacement vers l’offrande du don de soi.« L’amour ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.» La joie de Noël est la vie de l’amour qui est confiance en Dieu et en sa Parole. C’est en cela que l’amour est fécond, dans cette obéissance à la volonté de Dieu qui éclaire notre vocation dans l’élection de ce que nous avons à vivre. Une libre acceptation de ce choix d’amour auquel je réponds par disponibilité. Une joie de la rencontre où je suis en communion avec mon Créateur et je retrouve un sens nouveau de mon existence propre. Elisabeth peut alors crier d’une voix forte cette admiration devant le témoignage de la disponibilité de la mère du Sauveur.

 

La confiance nous propose de demeurer dans la foi et de nous ressourcer dans la prière. Il ne s’agit pas tant de savoir ce que nous avons à faire, que d’écouter la Parole de Dieu, de nous laisser conduire et nous émerveiller de Sa présence tout au long de notre vie. La confiance ouvre à l’émerveillement de sa présence comme l’avent nous conduit à Noel. Elle n’est pas une fin en soi, mais bien ce compagnonnage où Dieu ne cesse pas d’être avec nous. C’est l’humilité d’un témoignage qui se vit dans l’adéquation de notre vie à la Parole. L’humilité d’un oui qui ouvre à tous les possibles. Répondre disponibles à la grâce du Seigneur n’est pas grand-chose, et en même temps nous ouvre à un déplacement où toute notre vie est transformée. Il n’y a plus de laïcité négative à vivre, ou de remaniement de notre foi au vu des injonctions sociétales, il y a cette vérité de l’amour où le témoignage est premier. Ni dans la force physique, ni par violence, mais dans la douceur de la foi et la bienveillance de notre amour. Le don de la force qui nous garde fidèle aux commandements. Nous ne sommes plus dans l’exigence qui nous sort de nous-mêmes pour nous attacher au superficiel, mais dans cette demeure où la fidélité au Seigneur nous apporte l’espérance du salut.  « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage, espère le Seigneur »nous dit le psalmiste. Car la confiance amène inéluctablement à l’espérance comme un chemin continu de transformation intérieure pour une meilleure communion avec Dieu et son dessein d’amour. Oui« La foi est un don gratuit de Dieu qui demande l’humilité et le courage d’avoir confiance et de faire confiance, afin de voir le chemin lumineux de la rencontre entre Dieu et les hommes, l’histoire du salut. »[x]

 

Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique l’a fait connaître.

Le chemin de grandeur que Dieu nous réserve, malgré nos abandons et nos refus de confiance, est de garder son alliance avec persévérance et retrouver la liberté de l’amour qui pardonne. Car la parole de Dieu est l’appel à la joie. L’incarnation du Christ est cette joie qui se découvre à nos regards comme nous l’annonçaient les prophètes« Oui, dans la joie vous partirez, vous serez conduits dans la paix. Montagnes et collines, à votre passage, éclateront en cris de joie, et tous les arbres de la campagne applaudiront. »[xi]Toute la nature participe à cette joie dans l’harmonie des rencontres. Il y a bien une unité de la création à travers l’œuvre créatrice de Dieu, et la sauvegarde de notre maison commune est juste un prolongement de cette communion. Cependant l’alliance de Dieu avec l’homme demande la responsabilité de l’homme face à ce qui lui est mis à disposition. Le Messie nous rappelle à travers son passage, la nécessité d’être attentif au nom même de son humanité à préserver ce que lui-même a touché. En s’incarnant, le Christ nous rappelle non seulement la beauté de la création mais la nécessaire responsabilité de chacun à maintenir cette harmonie comme une joie qui rayonne tout autour de nous. Dieu, dans la vie de ce monde nous rappelle l’harmonie du corps et de l’âme (vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré, il a pris chair pour notre salut) afin de rendre au monde sa splendeur originelle. L’incarnation est en même temps l’exaltation de l’homme dans ce projet de communion et en même temps un nouveau rapport à toute la création pour rappeler l’œuvre sacrée du Père qui oblige à la responsabilité de chacun face à ce qui nous a été donné, chacun selon ses propres forces et dans la disponibilité des talents.

 

 

Il s’agit non seulement d’un projet d’amour qui ouvre une nouvelle étape avec l’incarnation, mais en plus une introduction à la reconnaissance de sa présence active à travers une crainte de l’offenser. Il est là, présent devant nous et nous prenons conscience que nous ne voulons pas lui faire mal. Le Dieu dans le ciel s’est fait notre frère en humanité. D’une relation empreinte de défiance, nous voilà dans une relation d’amour qui ne veut pas blesser l’humble enfant dans la crèche, mais juste venir l’adorer. Nous ne pouvons plus l’oublier au bord de la route, mais nous avons à jeter notre manteau de misère pour le suivre et témoigner avec joie de cette nouvelle vie qui restaure et oriente tous nos choix. Ils sont portés par l’espérance du salut où nous mettons Dieu en premier à chaque décision et où nous le laissons nous guider en nous préservant de toute pensée idolâtrique à travers une volonté éduquée par la conscience droite.« À l’anti-culture de la mort, qui s’exprime par exemple dans la drogue, s’oppose ainsi l’amour qui ne se recherche pas lui-même, mais qui, précisément en étant disponible à «se perdre» pour l’autre[xii], se révèle comme culture de la vie. »[xiii]Rappelons-nous que nous ne sommes pas forcément dans la majorité, ni les plus populaires, mais c’est bien un chemin de vérité qui relève et restaure, qui amène à une nouvelle prise de conscience, et introduit des nouveaux choix où la joie demeure. Dieu n’est plus de l’ordre de l’idée mais d’une personne qui s’est incarnée et nous a révélé le Don et le Père. Il est intéressant de lire que la volonté du Fils est ordonnée à celle du Père, et en coordination avec l’Esprit Saint pour agir dans ce monde en communion.

 

La Trinité nous interpelle à vivre une relation de complémentarité à travers l’intégralité de notre vocation où tout est orienté vers le Père. Dans une société qui sans père devient sans repère, il est urgent de rappeler la structure d’un Dieu qui rappelle que la seule loi est celle de l’amour.« Or Dieu seul, qui a créé l’homme à son image et l’a racheté du péché, peut répondre à ces questions en plénitude. Il le fait par la révélation dans son Fils, qui s’est fait homme. Quiconque suit le Christ, homme parfait, devient lui-même plus homme. »[xiv]Suivre le Christ nous humanise, et la foi en Dieu Trine devient ce chemin d’expertise en humanité.

Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme

 

            L’incarnation du Christ nous introduit à vivre la volonté du Père et à réaliser le projet de Création dans l’obéissance à sa Parole. Il ne s’agit plus de se complaire dans ses propres désirs, et suivre sa volonté propre mais toujours d’être attentif à l’appel de l’Esprit Saint au cœur de notre vie. Or la volonté de Dieu n’est pas en parallèle avec la vie humaine, mais l’incarnation du Christ nous montre qu’elle en est bien au contraire le fondement. La volonté de Dieu nous rend pleinement homme et nous configure à notre vocation de ressemblance dans l’amour. En d’autres termes, la volonté de Dieu participe à la dignité de l’homme en lui faisant retrouver sa vocation première, son identité propre, en le renvoyant à ses propres responsabilités. Car il est illusoire de penser la liberté sans penser la responsabilité ou la fidélité. Un acte libre nous rend comptables de nos choix et s’inscrit dans notre histoire comme un témoignage de vie. L’autorité de Dieu dans ma vie n’est donc pas une contrainte mais bien une relation d’amour qui se vit dans le don et se vérifie par le service. Etre homme entraine la responsabilité des devoirs d’éclairer sa conscience pour la rendre plus apte à la communion à Dieu dans le service de la charité envers mon prochain.

 

 

La venue de Jésus nous introduit dans une relation où l’amour est premier, et fait comprendre la loi non comme un carcan mais comme un prolongement de notre fidélité à l’amour.« La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. L’homme parvient à cette dignité lorsque, se délivrant de toute servitude des passions, par le choix libre du bien, il marche vers sa destinée et prend soin de s’en procurer réellement les moyens par son ingéniosité. »[xv]Le Christ nous montre le chemin de l’accomplissement de notre humanité, et Marie met en œuvre cette dignité retrouvée, en étant toujours en communion avec son Seigneur et son Dieu. L’immaculée Conception nous révèle le chemin de vie auquel nous sommes tous invités dans l’obéissance parfaite à la Parole et l’harmonie de sa vie qui s’inscrit dans le temps du Fils de Dieu. En obéissant à la Parole de Dieu Marie fait coïncider le temps de Dieu avec le temps de l’homme dans l’accomplissement de l’alliance. Ce dessein qui se révèle dans la volonté de Dieu et nous introduit à la reconnaissance de l’amour dans notre vie. C’est pourquoi vivre la volonté de Dieu nous conduit à vivre l’adoration de sa présence, ce que vivent les saints dans une contemplation de plus en plus intime, et du rayonnement de la grâce dont ils témoignent. C’est pourquoi la sainteté est lieu d’extase de la présence de Dieu, comme un rayonnement de sa présence, dans l’obscurité des nuits spirituelles, comme la délectation des grâces contemplatives. Chacun selon sa grâce, et son état de vie. L’adoration des bergers qui viennent les mains vides n’est pas celle des mages venus d’Orient amenant des cadeaux prophétiques. A chacun est demandé selon sa propre élection dans la paix de l’Esprit. L’imitation de Jésus Christ est cette recherche de paix et de joie comme nous le révèle l’écrit :« Un homme s’appliqua uniquement à connaître la volonté de Dieu et ce qui lui plaît davantage, afin de commencer et d’achever tout ce qui est bien. »[xvi]

 

Rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.

 

L’humilité est le chemin d’obéissance à la volonté de Dieu en Marie qui a dit oui à son élection particulière d’être la mère du Sauveur. Jésus est l’écho de la volonté du Père et de l’Esprit dans une communion Trinitaire. L’incarnation du Christ est l’accomplissement de l’alliance dans la volonté du projet de création qui désire une communion entre Dieu et l’homme comme au jardin d’Eden. Une familiarité de la rencontre dans la complémentarité des réponses, l’homme obéissant à Dieu dans la liberté d’une vocation propre. Notre vocation de disciple du Christ s’inscrit alors dans cette obéissance à la volonté de Dieu et l’humble démarche de vivre la Parole de Dieu dans notre vie. L’Esprit Saint continue de nous guider par les motions afin d’adhérer pleinement à la volonté du Père et marcher sur le chemin de vérité que nous montre le Fils, source de vie. 

 

L’obéissance n’est pas la servilité, ni l’indépendance du mercenaire, mais l’amour qui se reconnait dans la fidélité à la Parole, et le service du prochain. Une libre adhésion à la volonté de Dieu et au mystère de son dessein où se prolonge l’alliance par ce dialogue de l’amour. Rien n’est figé mais l’amour demande une fidélité où la Parole éclaire toute vie de sa présence agissante. La Parole de Dieu fait de l’effet, comme la réponse de l’homme permet la fécondité à travers le témoignage. Le oui de Marie a introduit le Christ dans ce monde, mystère de l’incarnation. Tout ne va pas de soi, et l’abandon à la volonté de Dieu dans l’obéissance de la foi emmène à un déplacement tant intérieur dans nos choix, qu’extérieur dans l’humble témoignage de vie, mais nous fait goûter avec délice la vraie joie. « il n’est point de meilleur remède qu’une humble patience et l’abandon de soi-même à la volonté deDieu. »[xvii]

 

Le Fils de Dieu nous introduit à l’obéissance. Elle entraine la rédemption de toute l’humanité. Par un homme le péché est entré dans le monde, par le nouvel Adam le salut nous est donné. La nudité de l’enfant à la crèche rappelle la vulnérabilité de l’homme dans le jardin d’Eden. Mais l’obéissance à la Parole nous rend accueillants de la parole de Dieu et de son dessein créateur.« Le plus grand nombre écoute le monde de préférence à Dieu; ils aiment mieux suivre les désirs de la chair que d’obéir à la volonté divine. Le monde promet peu de chose et des choses qui passent, et on le sert avec une grande ardeur; je promets des biens immenses, éternels, et le cœur des hommes reste froid. »[xviii]nous dit le Christ. Nous sommes invités alors, non seulement à entendre la Parole, mais à l’écouter, c’est-à-dire entrer en relation avec Lui. un changement intérieur où je me laisse saisir. La vertu de l’obéissance à la volonté de Dieu est une fuite de l’esprit du monde qui nous en sépare, mais en même temps une recherche de communion à vivre pour transformer les cœurs.

 

Nous devenons par l’obéissance collaborateurs de la création, et le service est vécu comme une grâce d’où jaillit le bonheur qui ne connait pas de fin. La vision béatifique se prolonge dans l’obéissance comme une révélation d’un amour qui passe par la réalité du moment. Que ce soit à la crèche, comme à la croix, le Christ n’a pas cessé d’être en communion parfaite avec la volonté du Père et dans l’obéissance, exemple d’échange et d’humilité. « Que devait donc éprouver Notre Seigneur, se trouvant dans une occasion si solennelle de faire éclater toute la perfection de son obéissance envers son Père, et tout l’excès de son amour envers les hommes! »[xix]En effet suivre la volonté de Dieu et obéir en toute chose aux contingences de ce monde, révèle l’amour comme lieu de transformation. C’est bien là où la communion à la création prend tout son sens dans son époque, là où je suis.

 

L’obéissance du Fils jusqu’à la mort de la croix nous montre qu’il ne s’agit pas simplement d’obéir que lorsque cela nous plait. Il ne s’agit pas de reconnaitre Dieu juste parce qu’il va dans notre sens, mais reconnaitre le dessein de son amour même au milieu de l’absurdité du mal, et le règne du péché. La liberté de l’amour inclut que l’homme peut faire des mauvais choix, et que nous pouvons en être victimes. La naissance du Christ dans cette vulnérabilité nous invite alors à donner un sens nouveau à ce que nous voulons vivre au feu de l’amour et sous la chaleur de l’action de l’Esprit Saint.« C’est toi, Dieu, qui nous as éprouvés, affinés comme on affine un métal ; Tu as mis des mortels à notre tête ;  nous sommes entrés dans l’eau et le feu, tu nous as fait sortir vers l’abondance. »[xx]La naissance du Christ n’a pas libéré de l’occupation des romains, mais a transformé la nation romaine jusqu’à l’amener au salut dans la vérité de l’amour. Par Jésus, tout homme est appelé à s’accomplir pleinement dans sa vocation d’image de Dieu. Avec Jésus, la vérité de l’amour trouve sa source dans la vie proposée en abondance, à travers la relation au prochain, l’obéissance à la volonté de Dieu et la recherche de communion comme signe de réalisation.

La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.

            La venue du Rédempteur nous demande alors de faire la vérité dans notre vie, et de savoir si nous nous déplaçons pour venir l’adorer ou restons claquemurés dans nos maisons. Le Seigneur vient pour tous, laissons-nous la lumière de la vérité rejoindre notre vie ? Il s’agit d’abord de transformer notre vie pour nous conformer à la Parole et être disponibles à notre propre élection en répondant oui. Dieu ne demande pas l’impossible, mais ce qui nous convient le mieux. Notre vocation est d’abord un lieu de réalisation de l’amour de Dieu pour nous, et une réponse de notre part, afin de laisser la lumière de la vie embraser tout notre être.

 

Il s’agit d’une confiance dans l’appel qui se vit au quotidien par la joie qui nous habite et l’accueil du projet créateur comme mystère de l’amour prévenant.« La splendeur de la vérité se reflète dans toutes les œuvres du Créateur et, d’une manière particulière, dans l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu[xxi]: la vérité éclaire l’intelligence et donne sa forme à la liberté de l’homme, qui, de cette façon, est amené à connaître et à aimer le Seigneur. »[xxii]Les anges amènent les bergers à venir contempler le Sauveur, alors que l’étoile guide les mages dans la révélation des signes cosmiques. Les habitants sont invités aussi à reconnaitre le Sauveur par ce qu’en disent les bergers et le témoignage qu’ils peuvent entendre. Une révélation qui trouve son achèvement dans la contemplation.  L’intelligence de l’homme est touchée par la beauté du geste créateur.

 

L’amour transforme les cœurs pour accueillir la vérité, non comme un jugement mais comme un éclaircissement nécessaire à des purifications afin d’être toujours plus près de Dieu. « A la suite du mystérieux péché originel, commis à l’instigation de Satan, « menteur et père du mensonge »[xxiii], l’homme est tenté en permanence de détourner son regard du Dieu vivant et vrai pour le porter vers les idoles[xxiv], échangeant « la vérité de Dieu contre le mensonge »[xxv]; même la capacité de connaître la vérité se trouve alors obscurcie et sa volonté de s’y soumettre, affaiblie »[xxvi]Le chemin de conversion se vit dans la confiance et en même temps à travers l’espérance du salut et la fidélité de Dieu, Père de miséricorde attendant le retour du Fils prodigue. L’incarnation du Christ est une manifestation tangible de la miséricordede Dieu.« La lumière de la face de Dieu brille de tout son éclat sur le visage de Jésus Christ, « image du Dieu invisible »[xxvii], « resplendissement de sa gloire »[xxviii], « plein de grâce et de vérité »[xxix]: il est « le chemin, la vérité et la vie »[xxx]. »

Et le Verbe s’est fait chair

 

            L’abaissement du Christ dans l’incarnation est en même temps l’élévation de l’homme par sa divinisation nous dit St Grégoire de Nazianze. Ce dénuement de la crèche nous introduit au langage de l’amour et de sa vulnérabilité qui attend tout de l’autre, et qui en même temps porte en germe le rayonnement de sa puissance lorsqu’il grandit avec bienveillance et vérité.  « L’homme qui veut se comprendre lui-même jusqu’au fond ne doit pas se contenter pour son être propre de critères et de mesures …seulement apparents ; mais il doit, avec …sa faiblesse et son péché, … s’approcher du Christ. Il doit, pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être…assimiler toute la réalité de l’Incarnation et de la Rédemption pour se retrouver lui-même. S’il laisse ce processus se réaliser profondément en lui, il produit alors des fruits non seulement d’adoration envers Dieu, mais aussi de profond émerveillement pour lui-même»[xxxi]. L’abaissement du Christ devient alors le lieu de l’émerveillement de l’homme pour sa propre nature, et une nouvelle compréhension de sa vocation d’image appelée à la ressemblance. La naissance du Christ est un prolongement de l’alliance de Dieu dans la vie de l’homme par l’inscription de son éternité dans le temps de l’homme.

 

 

            Loin de s’amoindrir, l’abaissement que nous avons à vivre n’est pas tant une dévalorisation de soi qu’une juste place à vivre dans la réalité de notre nature humaine. Nous ne sommes pas des dieux, mais Noël nous invite à saisir la place unique dans la création et qui s’éclaire par le mystère du Verbe incarné. Le Christ vient s’offrir à nous, et demande de prendre notre place et de faire des choix.« L’homme est vulnérable tant devant le mal que devant Dieu. Il est un véhicule, un canal, une résidence, un temple, un champ de bataille pour le bien et pour le mal. — Qui le possédera, l’habitera, le dominera – ou le péché, le mal, l’esprit actuellement à l’oeuvre chez les enfants de désobéissance ou le christ, l’Esprit-Saint, la foi, la grâce – voilà le choix qui s’offre à chaque homme. »[xxxii]Recevoir le Christ nous invite alors à entrer dans la civilisation de l’amour pour témoigner la joie de croire, et vivre la paix de la fidélité. L’abaissement du Christ nous rejoint dans notre humanité, et loin de nous morfondre, nous invite à vivre avec Lui cette communionpromise.« Pierre as-tu de l’amitié pour moi ? » Après avoir posé deux fois la question de l’amour (agape), et avoir entendu une réponse d’amitié de la part de l’apôtre Pierre, Jésus, s’abaisse à ses possibilités, pour lui parler d’une amitié sans faille qui l’accompagne jusqu’au témoignage de la vérité par sa vie.

 

 

            Ceux qui comprendraient l’abaissement comme une forme de braderie de l’amour feraient fondamentalement une erreur de foi. Quelle que soit notre culpabilité ou nos sentiments de misère, l’abaissement est d’abord un lieu de rencontre et de reconnaissance. Jamais un lieu de désespérance et de mépris de la nature humaine car cela est la résultante du péché. « Depuis que dans l’homme a pris place une autre loi qui lutte contre la loi de la raison”[xxxiii]il existe presque constamment le danger qu’avec cette façon de voir, d’évaluer, d’aimer, “le désir du corps” se révèle plus puissant que le “désir de l’esprit”. Et c’est précisément de cette vérité au sujet de l’homme, de cet élément anthropologique que nous devons toujours tenir compte si nous voulons comprendre à fond l’appel que dans le Discours de la Montagne le Christ adresse au cœur de l’homme. »[xxxiv] L’abaissement de Jésus dans notre humanité est langage du cœur. Car l’incarnation est d’abord un relèvement de notre humanité, mais plus encore une recherche de communion sincère qui amène l’homme à faire des choix pour la source de la vie, sans le décourager d’une marche trop haute. Un appel au bonheur dans l’exigence de ces choix et en même temps le renoncement aux formes d’idolâtrie que sont les sens dévoyés. L’amour se met à disposition, et c’est par grâce que nous sommes élevés. L’abaissement signifie l’humilité de Dieu à venir à notre rencontre, et notre oui à sa Parole est notre propre humilité à vivre la communion. C’est aussi simple que cela. Le bonheur est le cœur pur[xxxv]qui contemple Dieu. Avec l’espérance que l’Esprit Saint dépose dans notre cœur, nous comprenons l’amour en vue du salut promis à tous dans la joie de la rencontre. Vibrer à la Parole de Dieu, la recevoir dans notre cœur comme hymne de vie, et la témoigner à nos frères comme prolongement de son efficacité chez nous, nous aide à comprendre notre place première de témoin aimé par Dieu, transformé par grâce et proclamant au nom de notre vocation baptismale.  Le bonheur du témoignage est écho de l’amour.

 

 

« Jésus à fait de moi un témoin », loin du slogan est la compréhension d’une réalité que je ne cesse pas de découvrir à chaque instant de mon existence. Il est Dieu, un Dieu qui nous aime existentiellement. C’est-à-dire un amour qui touche à toute notre existence. Qui travaille dans toute notre existence. Qui dynamise tout notre être. Un amour gratuit, don qui ne se mérite pas mais que l’on reçoit déjà en étant créé, par la réception de cette image, et en même temps demande la liberté pour accepter ce don et le faire nôtre en travaillant la ressemblance. L’amour nous conduit alors à la piété comme approfondissement dans la prière de cette communion vécue, et partagée. Dieu est amour, rend l’homme amoureux à son tour, et lui demande de témoigner de cet amour autour de Lui par grâce de l’Esprit Saint. Nous avons à conformer notre vie sur les pas du Christ, et comme Marie, à le suivre en disciple. Aussi simple que cela à dire. L’amour nous fait découvrir les hauteurs de l’extase, et de la communion pour l’éternité. Vivre d’amour est un avant-goût de la promesse du royaume qui est tout amour. Il ne s’agit pas d’une épreuve pour atteindre un but, plutôt qu’un apprentissage d’une langue pour communiquer dans le pays. Parce que l’amour est promesse d’avenir et gage du salut, nous sommes amenés à le propager autour de nous et à en témoigner avec audace, malgré la culture de désespérance, et la vision de mort de l’esprit de ce monde. Notre témoignage sur notre vocation propre même dans la faiblesse, se déploie par grâce, et touche tous les cœurs. Car l’amour triomphe de tout.

Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce

 

            La nativité nous introduit alors à comprendre les commandements de Dieu comme lieu de libération. Une libération lorsque nous le vivons dans l’amour comme une expérience de la vie dans l’Esprit Saint. La communion des saints nous conduit sur ce chemin de vie par l’exemplarité des choix qu’ils ont posés, et le don de leur vie. Car une fois que je vis l’amour, je suis invité à l’adorer dans le silence de la contemplation amoureuse, comme une expérience de relation où les mots sont si faibles devant la réalité qui se montre à moi. Cette réalité de la relation qui dépasse tout les concepts mystiques, pour vivre la simple expérience qui vibre dans la rencontre, communie à sa présence, et contemple ses manifestations avec délectation. Plus rien d’autre n’a d’importance que vivre l’émerveillement de l’adoration comme lieu de communion de l’existence, comme lieu de source de vie. Ni le temps, ni l’espace n’ont d’existence, reste ce cœur à cœur où tout prend sens, où tout est sens. Lui et moi, comme un chant qui s’harmonise profondément, une musique d’un amour qui ne cesse de grandir, de se renforcer, et de nous faire désirer le salut éternel. Comme un appel à vouloir cette béatitude pour toujours.

 

            L’amour nous fait quitter le regard ambitieux pour connaitre la contemplation de Dieu dans cette demeure où l’âme est feu et brûle dans le feu de l’éternité de Dieu. Notre âme et notre corps sont comme transportés auprès de Dieu et goûtent alors une complémentarité retrouvée, une familiarité du jardin d’Eden que l’on voudrait éternelle. Nos âmes « n’ont plus ni sécheresses, ni peines intérieures. Elles sont tout occupées de la pensée de Notre Seigneur, et avec tant de tendresse, qu’elles ne voudraient faire autre chose que de lui donner des louanges. … Cet élan, qui est plein de suavité, ne procède ni de l’esprit, ni de la mémoire, ni de rien où l’âme prête le plus léger concours. … Et de même qu’un feu quelque grand qu’il soit ne porte jamais sa flamme en bas, mais la pousse toujours en haut, de même ce mouvement intérieur, partant du centre de l’âme, s’élève en haut, et réveille ses puissances. »[xxxvi]Tout notre corps répond à ce délice de l’âme et fait écho à sa vocation  d’enfant de Dieu que nous sommes. Noël est ce nouveau feu qui éclaire par l’étoile, qui illumine par la présence des anges, et qui rayonne par le témoignage des disciples. Voici venu le temps de la rencontre et pour nous celui de la contemplation. O temps suspends ton envol, Dieu est là présent, au milieu de nous. Que tout s’arrête, écoutons-le nous parler et suivons le à travers ce chemin de l’amour où la vérité nous rend fidèles à la parole et la paix pleine d’espérance pour le salut.

 

            « Avec la foi de la Très Sainte Marie qui, dans la gloire de sa virginité intacte, a conçu et engendré le Fils de Dieu fait homme. Avec la joie de saint Joseph qui l’a gardé et protégé avec un immense amour. Avec la joie des pasteurs qui sont vite accourus à la grotte de la Nativité. Avec la foi des Mages qui l’ont entrevu dans le signe de l’étoile et qui ont pu, après de longues recherches, le contempler et l’adorer dans les bras de la Vierge Mère. Que la nouvelle année soit vécue par tous sous le signe de cette grande joie intérieure, fruit de la certitude que Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique pour que quiconque croit en lui, ne meure pas, mais ait la vie éternelle. »[xxxvii]

 

 

Père Greg – Curé

Ensemble paroissial de Joinville le pont

 

 

 

 

 

 

 

 

[i]&39 Dieu est amour

[ii]&7 Verbum Domini

[iii]&17/2 Gaudium et spes

[iv]&29/1 Gaudium et spes

[v]Ac 17, 26

[vi]&GS 24/1

[vii]&GS 29/2

[viii]&10 Dieu est amour

[ix]& 13 Lumen Fidei

[x]&14 Lumen Fidei

[xi]Is 55,12

[xii]cf. Lc 17, 33 et par

[xiii]&30 Dieu est amour

[xiv]&41/1 Gaudium et spes

[xv]&16/2 Gaudium et Spes

[xvi]&25/2 imitation de Jésus Christ

[xvii]&9/6 imitation de Jésus Christ

[xviii]3-3/2 imitation de Jésus Christ

[xix]5èmeDemeure – Ste Thérèse d’Avila

[xx]Ps 65,10.12

[xxi]cf. Gn 1, 26

[xxii]&1 Veritatis splendor

[xxiii]Jn 8, 44

[xxiv]cf. Th 1, 9

[xxv]Rm 1, 25

[xxvi]&2 Veritatis splendor

[xxvii]Col 1, 15

[xxviii]He 1, 3

[xxix]Jn 1, 14

[xxx]Jn 14, 6

[xxxi]&8 Veritatis splendor – RH 10.

[xxxii]R.E.O. White, Biblical Ethics, Exeter 1979, Paternoster Press, p. 135-138

[xxxiii]Rm 7,23,

[xxxiv]Catéchèse du 30 juillet 1980 JP II – Théologie du corps

[xxxv]c’est-à-dire sans attache, dans la pureté de la lumière qui laisse passer la grâce

[xxxvi]7èmedemeure – Château intérieure – Thérèse d’Avila

[xxxvii]Catéchèse du 7 janvier 1981 JP II – Théologie du corps