2020. Lettre de Carême 3

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« Lazare, viens ici, dehors »

 

L’appel de Jésus, source de la vie à faire sortir du tombeau Lazare mort depuis 4 jours, nous interroge. De quelle mort devons-nous sortir pour retrouver la vie ? Certes que Dieu aimerait que nous soyions morts à nous mêmes pour être tout entiers au Christ, mais ici dans le texte, il faut comprendre la mort comme un enfermement sur soi-même, sur sa propre destinée, sur son histoire. Une mort où nous sommes aliénés par le péché est incapable de mouvement jusqu’à l’appel du Christ qui vient nous libérer. Il nous appelle par notre nom, comme une reconnaissance de tout notre être, et une résonnance à notre vocation pour la vie d’enfant de Dieu, dans une injonction d’être près de lui ici, et non là-bas, ici en sa compagnie, avec Lui, pour rejoindre sa lumière du dehors, cette lumière de la vérité qui éclaire nos pas et nous fait marcher en paix en compagnie du Christ. Mais n’est-ce qu’une lecture allégorique, ou devons-nous y voir aussi une manifestation efficace de Dieu dans notre vie, comme un lieu réel de ressourcement et qui nous arrache à la destinée du péché, pour recevoir le Christ Sauveur dans notre vie ?

 

“Si quelqu’un garde ma parole, il ne connaîtra jamais la mort.”

 

La pandémie du coronavirus engendre une situation de peur et de rejet, dans une aseptisation de la foi au nom d’un principe de précaution, le tout sanitaire prenant le pas, sur la simple relation fraternelle. Certes il nous faut développer la vertu de prudence, et ne pas entrer dans une folie téméraire de déni. Néanmoins, il nous faut être attentifs à ce que la loi de gradualité se fasse dans une logique de proportionnalité pour vraiment entrer dans une éthique de responsabilité et non dans une idéologie mortifère . La technicité médicale, et les avancées de la science n’empêchent pas la réalité de nos limites humaines, et de notre propre mortalité, mais loin de nous en effrayer, nous faisons confiance en Dieu pour garder sa Parole au cœur de notre vie et accepter notre vulnérabilité pour être signe de la vie au milieu de nos frères. Nous ne maitrisons pas tout, c’est une évidence que parfois il nous faut rappeler. C’est le Christ qui est premier dans notre vie, et c’est vers Lui que nous devons cheminer en confiance.

 

Alors, ne faisons pas de la charité de salon, en nous confinant au lieu de nous tourner vers nos frères, et en attendant les jours meilleurs pour se mettre au service.  Cette forme de confort de la charité qui n’intervient que lorsque tout va bien et que nous sommes en surabondance est à vomir. Elle est irresponsable en soi et montre le manque de fidélité dans la Parole du Seigneur, sélectionnant les temps d’action et d’inaction. La société de Saint Vincent de Paul au niveau national rappelle la mobilisation contre l’isolement des plus fragiles, et l’importance de la distribution de colis alimentaires, et de garder le lien par des appels téléphoniques.

 

 Il nous faut entrer dans une démarche de prière personnelle et collective, notamment en famille, mais encore là ou nous nous mettons au service de nos frères. Oui soyons toujours vigilants à porter l’aide alimentaire et les premiers secours aux plus nécessiteux, sans oublier personne sur la route, mais toujours dans un souci d’annoncer en tout lieu et en tout temps la parole du Seigneur par l’amour que nous aurons pour nos frères. Déployons les démarches de solidarité pour aider ceux qui ne peuvent faire les courses à trouver les personnes qui prennent soin d’eux . Sachons accompagner nos frères défunts dans des cérémonies dignes où le Christ est annoncé et l’attente de son retour dans la gloire, vraiment espéré.

 

N’oublions pas qu’avant toute pandémie, nous annonçons le Christ rédempteur, c’est pourquoi nous devons chasser de notre vie toute peur pour entrer dans la confiance en la Parole de Dieu et être à l’écoute du souffle de l’Esprit Saint. Nous sommes témoins de l’espérance d’un Dieu qui s’est incarné pour nous sauver, et nous rendre témoins de son amour aux extrémités de la terre. «  un chrétien ne s’appartient pas à lui-même, sa vie est donnée, car il suit Jésus, qui  enseigne : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera » (Marc 8, 35). Il ne s’expose certes pas indûment, mais il ne cherche pas non plus à se préserver. A la suite de son Maître et Seigneur crucifié, il apprend à se donner généreusement au service de ses frères les plus fragiles, dans la perspective de la vie éternelle. »[i]

Evidemment on peut s’interroger sur la concomitance entre la pandémie et la folie de nos lois bioéthiques, comme dans la hiérarchie des priorités gouvernementales, qui s’inquiètent en pleine pandémie de la baisse des avortements, jugeant le sujet comme presque prioritaire, les bras nous en tombent. Dans une écologie humaine, il nous faut rappeler l’importance de tout l’homme dans la pluralité des dimensions corporelles, psychiques, sociales, culturelles, religieuses, économiques, afin de prendre en considération tous les aspects pour ajuster la décision à la réalisation d’un bien particulier et d’un bien commun, l’un étant lié à l’autre. D’ailleurs l’évaluation de ce qui est utile comme travail et de ce qui ne l’est pas est dans la question même un problème. Y a-t-il vraiment des travaux inutiles ou subalternes dans notre société  ? Qu’est ce qui est vraiment prioritaire ? Peut-on classer le travail et son intérêt sur des critères objectifs, et quels seraient-ils ? Si l’on comprend bien que la sécurité (police, armée), la santé (hôpitaux et lieux de soins), sont prioritaires dans un épisode de crise, on comprend moins bien la nécessité du fonctionnement de l’assemblée nationale par exemple, ou pire encore du CSA d’autant plus lorsqu’il sert les intérêts particuliers, décourageant Canal + d’offrir la chaine gratuite au nom de la concurrence pour TF1 et M6 lanceurs de la procédure.

 

La culture de mort avance lentement, dans les maisons de retraite, à défaut de prendre les personnes en réanimation, on propose une sédation profonde[ii] pour les laisser mourir de façon la plus aseptisée possible. Et comme il n’y a pas d’infirmière de nuit, il est proposé un protocole spécifique de soins afin d’aider à la prise de décision. La violence de la proposition sous prétexte de pandémie est un non-sens absolu et un scandale pour la dignité de l’homme. Une indignité proposée par volonté euthanasique, par manque de moyens, et parce qu’en fait ce ne sont qu’un tas de vieux inutiles. J’ai tellement été sidéré de la proposition, que je suis resté sans voix lors de cette réunion téléphonique rassemblant l’ARS, le Conseil général et les 67 maisons de retraite du diocèse, ainsi que le parcours gériatrique. « Une vie de vieux vaut-elle encore la peine d’être vécue »[iii] nous interroge t’on par la suite. Tout ça pour aider à passer la crise et désengorger les urgences. Vraiment, il nous faut des prophètes dans notre société pour rappeler la valeur de l’homme. La sédation en fin de vie pose des problèmes d’accompagnement vers la mort, et vole les derniers instants relationnels de la personne.  L’altération de la conscience de la personne humaine dans ses derniers instants, comme pour éviter de vivre les derniers moments d’un mourant sont une attaque frontale à la considération du frère, et à sa dignité propre dans ses actes. Or souvent dans ces derniers moments, peuvent se vivre des échanges exceptionnels. Si le pape Pie XII dans son discours[iv] rappelle qu’il faut contextualiser la situation avant de prendre une position,  et : « S’il n’existe pas d’autres moyens et si, dans les circonstances données, cela n’empêche pas l’accomplissement d’autres devoirs religieux et moraux : Oui »[v]. le recours à la sédation est possible.  Mais la banalisation de la sédation, voir l’’imposition de telle pratique au nom d’une crise sanitaire, peut s’avérer arbitraire et contraire au respect de la dignité de la personne. « En se mettant à l’école de nos frères et sœurs en situation de vulnérabilité, on apprend que chaque vie humaine est belle et vaut la peine d’être vécue »[vi] Cela nous rappelle le devoir de gratuité que nous avons à vivre ensemble dans la relation, et le souci que nous devons avoir des autres, même dans des situations de crise. Nul confinement ne peut porter atteinte à l’accompagnement de fin de vie. Il y a un devoir d’humanité propre à l’homme d’accompagner à l’heure de la mort et de prendre soin du corps pour l’enterrement. Proposer une incinération systématique au nom d’un risque de contagion, et laisser seule la personne dans ces derniers moments est une faute d’humanité,… osons le dire ! « L’agonie est ce temps mystérieux où la mort est à l’œuvre, inéluctable et irreprésentable. Un temps qui suscite tant de craintes. Le temps de l’ultime fin de vie »[vii] Il ne s’agit pas de l’éviter mais bien de l’accompagner par sa sollicitude, sa présence, et être là pour accompagner sur le chemin de la rencontre du Père. « Accompagner jusqu’au bout en ce temps si singulier qui est le dernier à vivre, c’est savoir s’approcher, se maintenir dans la relation , être présent avec tendresse, c’est aimer la personne en grande vulnérabilité qui est là, qui lutte ou s’abandonne, et qui, grâce à la présence du frère, reçoit le temps encore à parcourir » [viii] Le recours à la sédation demande un discernement important et des repères éthiques bien établis, et demande une procédure collégiale avec le consentement de la personne et de son entourage et demande une réflexion éthique « pour des décisions aussi graves »[ix] Il ne faut pas avoir peur de l’approche de la mort, mais avec confiance accompagner la personne dans la grande espérance du salut.

 

Qu’y a-t-il  encore dans la peur puisque Jésus est notre Sauveur ?

 

La définition de la peur dans la Bible est d’abord une défiance en Dieu avant même une compréhension morale de manque de courage. Une incrédulité laissant entrevoir l’abyssale solitude de l’homme comme finitude de désespérance. La peur est une conséquence du péché, alors que l’angoisse est une crise au plus profond de soi-même, et la crainte, une peur d’offenser l’amour, c’est-à-dire de ne pas être ajusté. Or la peur est justement un désaxement, un désajustement, qui en tableau clinique peut engendrer diverses pathologies. « La peur en effet n’est rien d’autre que la défaillance des secours de la réflexion »[x] et nous entraine sur des comportements inappropriés.

 

La genèse de la peur

La première peur de l’homme est sa vulnérabilité «  j’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché.”[xi] Le péché révèle notre fragilité et puisqu’il se vit dans la défiance vis-à-vis de Dieu engendre un fossé dans la relation où s’exprime l’émotion d’abandon et de solitude. Elle est en même temps signe de cette vaine autonomie recherchée sans Dieu, et notre besoin de nous recentrer sur la Parole. Or la peur s’exprime aussi face à la défiance de la Parole de Dieu « Sara démentit: “Je n’ai pas ri”, dit-elle, car elle avait peur »[xii] Et engendre le mensonge pour protéger sa propre mise à distance face aux promesses que le Seigneur fait sur notre vie. Il nous revient de prendre conscience de ce que nous avons vraiment à vivre et nous mettre en présence de Dieu pour retrouver une relation adéquate et efficace de la joie de Dieu dans notre vie, ce qu’on appelle la grâce.

Mais la vérité de nos relations humaines peut se laisser contaminer par le péché, lors du châtiment de Sodome, les anges empressent Loth de partir en disant « Debout! Prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent là, de peur d’être emporté par le châtiment de la ville »[xiii] Une contamination du péché pouvant entrainer la peur même pour le juste, parce qu’il est solidaire du péché du peuple, mais que Dieu veut le protéger. Mais cela demande toujours de faire confiance pour être vie, et la femme de Lot en regardant en arrière, se transforme en colonne de sel, comme une désobéissance qui a pour conséquence la mort stérile. La terre salée devient stérile et n’est plus d’aucun profit, elle est cette colonne qui marque un désert humain face à ses idoles et nos égoïsmes. La peur chez le prophète Isaïe est justement invoquée 7 fois de manière négative pour montrer la forme d’idolâtrie et de rupture de l’alliance de l’homme avec son Dieu, et une foi positive en souvenir de l’alliance avec Dieu « “N’aie pas peur, tu n’éprouveras plus de honte,   ne sois pas confondue, tu n’auras plus à rougir;   car tu vas oublier la honte de ta jeunesse »[xiv]Nous ne devons pas être habités par un esprit de peur, mais bien par l’Esprit de Dieu qui fait de nous des fils et non des esclaves.

 

Une peur qui rappelle la vulnérabilité, que rencontre Jacob, devant la manifestation de Dieu. « Il eut peur et dit: “Que ce lieu est redoutable! Ce n’est rien de moins qu’une maison de Dieu et la porte du ciel!” »[xv] Dieu est présent et l’on se cache en sa présence, tant nous nous révélons vulnérables, et manquons de confiance en sa tendresse. Une vulnérabilité que nous pouvons rencontrer dans la souffrance et la mise à distance que créé la peur «  à ma vue, saisis d’effroi, vous prenez peur »[xvi]  Un désordre qui représente la fausseté d’interprétation de ce monde et de sa relation à Dieu, en bref, une expérience de l’obscurité, et en même temps du dépouillement pour être habités en profondeur par l’intime de Dieu, image posée au commencement de notre vie.

 

La peur qui vient aussi de la violence des hommes « Veuille me sauver de la main de mon frère Esaü, car j’ai peur de lui »[xvii] et du trafic de la relation humaine dans l’à-peu près des rencontres. Abimelek en prenant conscience de son péché[xviii](fait par omission), prend peur et demande des comptes à Abraham de son comportement. Le Père des croyants se défie (à juste titre) de ses frères (et des violences possible), en mettant de la distance avec sa femme (en la disant sœur).[xix]  La relation est tronquée par la peur et engendre des comportements inadaptés ou nous sommes faux face à Dieu.  Celui qui nous délivre de la peur, c’est Dieu, il nous faut faire confiance comme le rappelle Joseph à ses frères « “Soyez en paix et n’ayez pas peur! C’est votre Dieu et le Dieu de votre père qui vous a mis un trésor dans vos sacs à blé »[xx] Le véritable trésor est cette relation à Dieu qui nous ouvre les portes de la vie, parce qu’il restaure toute relation dans l’ajustement à sa volonté divine de Père unique de tous ses fils bien aimés.

 

La peur est liée au diable

Dans le Nouveau Testament, les références dans les écrits de St Paul[xxi] font référence soit à la faiblesse de l’homme liée à la possibilité du péché, soit comme le propose Luc au diable qui vient nous tenter[xxii]. La peur est donc la résultante d’un esprit de concupiscence, soit par le regard, soit par l’instrumentalisation, soit par l’orgueil[xxiii]. Or si le Christ nous guérit ce n’est pas pour conserver cet esprit de peur[xxiv], mais vivre la communion comme lieu de réjouissance. La peur est un manque de disponibilité dans le service, pour nous asservir à refuser d’être attentif à l’appel de Dieu[xxv]. Une méconnaissance de la personne qui suscite une situation de retrait[xxvi] ou de défiance[xxvii]. Mais c’est bien le refus de conversion, et l’aveuglement de la présence de Dieu qui empêchent de prendre son héritage de fils de lumière en refusant l’œuvre de l’Esprit Saint[xxviii].  La relation au frère dans une forme de justice vengeresse, entraine un certain déséquilibre dans la relation[xxix]. Comme celle d’être dans la relation en société et la possibilité de rejet, ou la réciprocité d’une relation que l’on voulait gratuite[xxx].

 

« C’est moi. N’ayez pas peur »[xxxi]

            La peur qui se manifeste chez les apôtres lors de la transfiguration, est plutôt celle de la crainte, devant un mystère qui dépasse, et le mystère qui se révèle. D’ailleurs ils gardent le silence de ce qu’ils ont vu et ne donnent pas de témoignage « en ces jours là »[xxxii] Néanmoins cette peur peut être aussi l’expression de l’envie du salut et d’échapper ainsi à son propre enfermement. « car j’ai cinq frères; qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de torture »[xxxiii] la peur est le lieu de se ressaisir pour demander à Dieu son aide, et en même temps peut être une prise de conscience de remise dans l’axe de la vérité à travers la lumière du Verbe fait chair[xxxiv]. La foi nous affranchit de la peur pour faire de nous des fils de lumière, appelés à témoigner de la source de toute vie. « La lumière de l’amour, propre à la foi, peut illuminer les questions de notre temps sur la vérité. »[xxxv] C’est dans la foi que nous devons retrouver l’appel premier de notre vocation à passer à la ressemblance de Dieu dans nos façons d’agir. Un amour nous attend et nous laissons grandir l’espérance pour contribuer à l’avènement du royaume. La sortie du tombeau est d’abord une marche d’espérance. « Assimilée et approfondie en famille, la foi devient lumière pour éclairer tous les rapports sociaux. Comme expérience de la paternité et de la miséricorde de Dieu, elle s’élargit ensuite en chemin fraternel. »[xxxvi] Ce chemin fraternel qui est lieu de confiance, où même la traversée du ravin de la mort se fait en confiance avec notre Berger comme soutien. « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Débarrassés des idoles de la technique médicale, de la suffisance de l’homme, et de la course au profit dans une culture de mort qui avance pas à pas, nous devons éclairer nos actes de la vérité de l’Evangile et inviter à un avenir plein d’espérance dans la foi au Christ.

 

La prière comme lieu d’expression de nos émotions

Loin d’avoir un esprit de peur, nous devons nous enraciner dans nos émotions, et rejoindre les besoins de notre corps pour nous tourner dans l’intégralité de notre être vers Dieu et le prier en vérité. La Parole de Dieu est un dialogue d’amour de Dieu avec l’homme, et lorsque nous la reprenons, nous y puisons la source de l’unique joie. « Dans les Psaumes, … nous trouvons toute la gamme des sentiments que l’homme peut éprouver dans son existence et qui prennent place avec sagesse devant Dieu : joie et douleur, angoisse et espérance, peur et anxiété trouvent ici leur expression. … L’existence tout entière de l’homme devient, … un dialogue avec Dieu qui parle et écoute, qui appelle et engage notre vie. La Parole de Dieu révèle que toute l’existence de l’homme se situe dans le champ de l’appel divin[xxxvii]. »[xxxviii] Sortir du tombeau revient à laisser la Parole illuminer nos vies, et être source de fécondité, dans le dynamisme de l’amour. Un appel à sortir à la lumière pour nous défaire des bandelettes du péché, et de ce qui nous opprime, et aller en hommes libres, parler de Dieu au cœur du monde . « Il faut reconnaître que la recherche de la vérité ne se présente pas toujours avec une telle transparence et une telle cohérence. La nature limitée de la raison et l’inconstance du cœur obscurcissent et dévient souvent la recherche personnelle. D’autres intérêts d’ordres divers peuvent étouffer la vérité. »[xxxix] C’est pourquoi nous devons témoigner là ou nous sommes de la valeur intrinsèque de la vie, comme lieu du don de Dieu que nous devons absolument privilégier. Une grâce de la rencontre qui recherche le sens. L’homme « ne pourrait fonder sa vie sur le doute, sur l’incertitude ou sur le mensonge; une telle existence serait constamment menacée par la peur et par l’angoisse. On peut donc définir l’homme comme celui qui cherche la vérité. »[xl]

 

Conclusion

 

Ce temps que nous vivons aujourd’hui est un appel à redécouvrir la valeur du silence, et l’épaisseur de la relation personnelle à ce qui nous entoure, en couple, en famille, avec nos proches. Réapprendre le sens de ce qui est principal à notre vie, et c’est d’abord fondé sur la Parole de Dieu et le recueillement. « L’exigence de la nouvelle évangélisation, ….doit être réaffirmée sans peur, dans la certitude de l’efficacité de la Parole divine. L’Église, sûre de la fidélité de son Seigneur, ne se fatigue pas d’annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile et invite tous les chrétiens à redécouvrir la beauté de marcher à la suite du Christ. »[xli] Ne nous arrêtons pas de redire ce qui est premier dans notre vie, et ce qui est premier à découvrir dans la vie de nos frères.  Méditer la parole de Dieu nous invite à une transformation de notre vie d’une part, et en même temps à retrouver l’intelligence de la foi pour mieux comprendre les choix à poser. Que ces choix ne soient plus extérieurs à nous-mêmes mais une impulsion intérieure pour sortir à la rencontre du Christ. « Le fait que l’annonce de la Parole de Dieu demande le témoignage de la vie personnelle est bien présent dans la conscience chrétienne depuis l’origine. ….. Nous avons été profondément touchés par les récits de ceux qui ont su vivre leur foi et donner un témoignage lumineux de l’Évangile y compris sous des régimes hostiles au Christianisme ou dans des situations de persécution. »[xlii] Au cœur de cette pandémie, nous avons à rappeler notre vocation d’image de Dieu et à laisser le témoignage de la charité irradier tous nos actes. Il est vivant et m’amène à me libérer de toute peur pour proclamer cette foi dans la vérité de l’Evangile. Portons l’espérance du Salut, et continuons de contempler le Seigneur dans tout ce que nous faisons, c’est ainsi que nous garderons la vigueur de notre foi, et que l’amour que Dieu nous a donné, continuera de se consumer en nous pour être un témoignage à tous de ce que nous avons vu et entendu, de ce que nous croyons et vivons. 

 

Père Greg BELLUT

Curé de St Charles Borromée

2 avril 2020

 

 

 

 

[i] Communique de Mgr Pascal Roland

[ii] Décret du 28 mars 2020

[iii] P 357 Repères chrétiesn en bioéthique – Dr Françoise Niessen, Père Olivier Dinechin

[iv] 24 fevrier 1957

[v] Discours du 24 fevrier 1957 en réponse à trois questions religieuses et morales concernant l’analgésie – Site du Vatican.

[vi] P 36Bioéthqiue quelle société voulons-nous pour aujourd’hui et demain , Pierre d’Ornellas, Ed Balland.

[vii] P 108 Fin de vie un enjeu de fraternité de Mgr D’Ornellas Ed Salvator

[viii] P 116 fin de vie, ibid

[ix] P 139 fin de vie, ibid

[x] Sagesse 17,12

[xi] Gn 3,10

[xii] Gn 18,15

[xiii] Gn 19,15

[xiv] Is 54,4

[xv] Gn 28,17

[xvi] Job 6,21

[xvii] Gn 32,8

[xviii] Gn 20,8

[xix] Gn 26,7

[xx] Gn 43,18

[xxi] 1 Co 7,n5 ; 1 Co 9,27, 1 Timothee 3,6-7 ; 2 Co 1,7 ;11,3 ;12,6

[xxii] Lc 4,11, 8,35.37

[xxiii] Lc 21,34

[xxiv] Jn 5,14

[xxv] Ac9,26

[xxvi] Ac 22,29 et 24,24

[xxvii] Ac 27,42, Lc 19,21, Lc 20,19, Lc 22,2

[xxviii] Ac 28,27, Lc 8,12

[xxix] Lc 12,58

[xxx] Lc 14,8.12.29 Mai

[xxxi] Jn 6,19

[xxxii] Lc 9,34

[xxxiii] Lc 16,26

[xxxiv] Jn 3,20

[xxxv] &34 Lumen Fidei

[xxxvi] &52 Lumen Fidei

[xxxvii] Cf. XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Relatio post disceptationem, n. 12.

[xxxviii] &24 Verbum Domini

[xxxix] &28 Fides et ratio

[xl] ibid

[xli] &96 Verbum Domini

[xlii] &98 Verbum Domini