2016. L’entrave à la conscience.

                La dignité de l’homme, se vérifie entre autre,  par le respect de la vie de son début à sa fin. Oser chosifier en ‘amas de cellules’ la personne humaine est d’une profonde indignité. Donner une valeur marchande au corps, et, le transformer en un bien de consommation avec un accent individualiste en dehors de la communauté des hommes et de la relation sociale, est une vue de l’esprit qui porte gravement atteinte à la liberté. Quand bien même on se réfère à ce concept de liberté pour défendre l’avortement ! L’enfant, dans le corps d’une femme, n’est pas issu d’une génération spontanée mais a été conçu à deux. Du coup, il n’est plus mien mais nôtre et nous devons nous rappeler que la vie est un cadeau de Dieu et appartient à Dieu.

                L’avortement est donc un échec de cette relation à deux, et en même temps une atteinte à l’intégrité physique et psychique. Le réfuter est une forme de négationnisme éthique qui puise sa source dans un totalitarisme idéologique, parfois bien relayé, mais qui se révèle nauséabond. C’est alors qu’en artisan de paix, dans l’humilité de la foi et la douceur de la vérité, je dois tout mettre en œuvre pour dissuader de commettre un acte qui touche à la liberté et qui marque durablement la personne dans son âme, son esprit et son corps. Nous ne pouvons avoir une morale variant au gré des circonstances, ni relative à l’histoire. Le saint pape Jean-Paul II dans son encyclique « l’Evangile de la vie » rappelle que l’acte d’avortement est intrinsèquement mauvais. En français courant : rien ne peut justifier cet acte là.

                La vérité s’impose toujours, parfois après beaucoup de temps, et dans les douleurs de l’enfantement, mais elle demeure, dans l’amour, un chemin de sainteté. Ainsi, développer le concept de ‘délit d’entrave à l’avortement’, en raison d’une vision complètement idéologique, où la personne n’a d’existence que dans le projet parental, est la pire forme de régression sociétale, d’une violence insoutenable et qui demande clairement de résister au nom de la Vérité et de la Justice (Ps 84). Au totalitarisme idéologique, opposons la liberté de la joie de croire et d’aimer. Se taire, face à cette violence, devient une complicité au mal et une compromission qui nous sortent de la communion à Dieu et à nos frères.

                En outre le délit d’entrave à l’avortement touche fondamentalement le droit à exprimer notre conscience. Il y a clairement une atteinte constitutionnelle à notre liberté. Mais plus encore, dans la foi en Jésus Christ, cela implique un déséquilibre de la relation fraternelle et l’impossibilité de la confrontation salutaire. Il ne s’agit plus de savoir si nous sommes pour ou contre l’avortement. Le délit d’entrave touche à notre liberté de pouvoir, ou non, exprimer notre conscience. L’élévation de la voix des évêques de France, et notamment du Président de la conférence épiscopale, d’ordinaire très discrète, montre que le débat touche à notre liberté et aura eu au moins l’intérêt de faire l’unanimité contre la loi. « L’homme a le droit d’agir en conscience et en liberté afin de prendre personnellement les décisions morales. ” L’homme ne doit pas être contraint d’agir contre sa conscience. Mais il ne doit pas être empêché non plus d’agir selon sa conscience, surtout en matière religieuse “[i] Une société, où un état, qui toucher à cette conscience engage les citoyens à une désobéissance active, , selon les actes gradués dans un discernement prudentiel. Une chose est sûre, dans ce cadre-là nous ne pouvons plus nous taire. Toucher à la liberté fondamentale d’opinion en refusant l’expression de conscience est une entrave inacceptable à la dignité de l’homme.

                Dans ce temps de Noël, nous avons à repenser notre façon de nous mettre en route. Parfois le silence et la prière valent mieux que l’agitation dans tous les sens. Mais d’autres fois, et nous y sommes, le silence deviendrait complice et participerait à l’ignominie. L’amour demande de dire la Vérité et de se lever pour rappeler avec force qu’il est des choses intolérables, notamment toucher à la liberté ou à la fraternité. Accueillir le Christ, c’est accueillir toute vie dans ce qu’elle est et non dans ce que je désire. « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée »

Père Greg BELLUT

Curé de l’ensemble Paroissiale de Joinville le Pont

[i] CEC 1782

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