Saint-Charles, 1er mars. La Foi… la lampe qui guide nos pas dans la nuit
“La foi n’est pas une lumière qui dissiperait toutes nos ténèbres, mais la lampe qui guide nos pas dans la nuit”1
Le carême est un temps de pénitence, pour renouveler notre vie sous le regard de Dieu et nous ajuster à son amour, en voulant d’un grand désir entrer en pleine communion. Mais voilà, notre nature humaine et ses limites, occasionnées par le péché originel, nous laisse prêter le flanc au séducteur. La mortification de l’âme et du corps est alors l’espace d’une réconciliation de tout notre être pour remettre nos pensées dans le Christ et vivre le chemin de vertu avec humilité. «’Des épines et des orties croîtront dans ses demeures, et la ronce sur ses forteresses’2 Qu’entendons-nous par « orties », sinon les démangeaisons des pensées, et par « épines », sinon les piqures des vices ? »3 Or, rencontrer Dieu, c’est faire place nette dans notre vie et accueillir la grâce, en repoussant les tentations du Mauvais.
Retrouver le chemin de la maison du Père demande de faire la lumière dans notre vie, à l’aune de la Parole de Vérité et la tendre charité pour orienter tous nos choix vers la grande espérance du salut. Le temps du carême est donc un temps pour Dieu, orienté vers nos frères à travers une attention particulière. « La foi nous enseigne à voir que dans chaque homme il y a une bénédiction pour moi, que la lumière du visage de Dieu m’illumine à travers le visage du frère »4 Or c’est aussi un lieu de combat intense, face à la liberté de l’amour, de refuser le mensonge de l’accaparement et ses illusions. « Ce sont les ombres du diable, tous les hommes iniques qui, se vouant à l’imitation de son iniquité, s’approprient, en quelque sorte, l’image ressemblante de son corps 5» Une logique d’accusation et de possession, au lieu d’être dans un partage de communion et de réconciliation, amène à un dévoiement de notre histoire et une blessure de notre dignité d’image de Dieu. En même temps, vouloir une vie avec Dieu demande d’être lucide sur les attaques du Mauvais. « L’ombre de la mort, ce sont donc tous les réprouvés, parce qu’ils imitent la malice de son orgueil et reproduisent son image à la manière d’une ombre, en prenant les traits de sa malignité. Et ils recouvrent les élus de Dieu, en déployant contre eux leur puissance temporelle dans une atroce persécution »6 La prière et la pénitence touchent le cœur de Dieu et sont signes pour nos frères de cet attachement inconditionnel à sa présence dans notre vie. C’est aussi l’occasion de manifester sa puissance à travers les œuvres de ses mains dans nos vies et nous émerveiller de ce qu’Il produit comme bienfait.
Néanmoins le combat contre le Mauvais n’est pas une mince affaire. « Les uns, en effet, qui portent le nom de chrétiens, il les dévore parce qu’il les fait tomber dans l’erreur au sujet de la foi. D’autres, il ne les détourne nullement de la rectitude de la foi, mais il les fait pencher vers la pratique d’une conduite dépravée. Pour d’autres qu’il ne peut incliner autant qu’il le voudrait vers une conduite impure, il imprime une torsion intérieure au mouvement de leur volonté, en sorte qu’ayant séparé leur âme de la charité, plus aucune de leurs actions à l’extérieur ne sont droites. »7 La vertu de prudence demande alors de discerner à travers la pénitence pour que nous puissions résolument nous convertir, afin d’abandonner tout ce qui nous éloigne de Dieu et chercher ainsi à vivre la fidélité à sa Parole à travers notre témoignage de vie. En nous réconciliant par une vie de prière avec Dieu, nous enclenchons une vie de communion avec nos frères par notre transformation intérieure qui se voit, questionne et oblige à des positionnements différents. C’est là notre rôle de témoigner au cœur de la cité et c’est ainsi que nous bâtissons la civilisation de l’amour.
Père Greg BELLUT
Curé de St Charles Borromée