Jeudi Saint – Célébration de la Cène du Seigneur

En ce Jeudi Saint très particulier où nous ne pouvons pas nous mettre autour de la table avec toi Seigneur, tu nous appelles, plus que jamais, à devenir serviteur pour prendre soin les uns des autres. Et ainsi porter dans la prière tous les malades et leurs familles, les familles éprouvées par le deuil et tous ceux qui travaillent pour nous soigner, nous nourrir et nous informer.

Pour vivre de manière adaptée la liturgie du Jeudi saint, nous vous proposons, de vous réunir autour de la table familiale dressée de manière festive et de prier au cours d’un repas.

Les personnes seules auront à cœur de préparer une table festive également.

1er temps

Rassemblés autour de la table, debout, après avoir tracé sur soi le signe de la croix, on peut prendre un chant.

La nuit qu’il fut livré (HP 3 ; P. Dorlay / air breton / J. Gélineau et G. Geoffray / Mame) couplet 1-

La nuit qu’il fut livré, le Seigneur prit du pain;
En signe de sa mort, le rompit de sa main: Ma vie, nul ne la prend,
Mais c’est moi qui la donne,
Afin de racheter tous mes frères humains.

 Une fois le chant terminé, chacun prend place et quelqu’un fait la lecture.

Lecture du livre de l’Exode (12, 1-8.11-14).

En ces jours-là, dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur.

Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte.

Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »– Parole du Seigneur.

Après un temps de silence, variable selon les situations, on peut commencer la première partie du repas.

2e temps

Après ce premier temps du repas, on observe un court silence avant de chanter ou lire le psaume

Psaume (115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18)

 R : / La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ

1. Comment rendrai-je au Seigneur
Tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
J’invoquerai le nom du Seigneur.

2. Il en coûte au Seigneur
De voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
Moi, dont tu brisas les chaînes ?

3. Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
J’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
Oui, devant tout son peuple.

Ensuite, on poursuit le repas.

3e temps

De même, après un bref silence, on lit l’Évangile de Jean sur le lavement des pieds.

Evangile : selon Saint Jean (13, 1-15)

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.

Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! ». Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. »Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »

Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Homélie :

« Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout »

Et au cours de ce dernier repas partagé avec ses disciples, Jésus va faire deux choses essentielles, que les évangélistes nous ont relatées dans leur Evangile, mais tous n’ont pas relaté la même chose :  les évangélistes Matthieu, Marc et Luc ont relaté l’institution de l’eucharistie, et Jean, l’apôtre de l’amour, a relaté le lavement des pieds !

Apparente contradiction ? Non, pas du tout, au contraire, cela nous montre qu’il s’agit bien de deux facettes d’une même réalité, celle de l’Amour : et ces deux facettes, comme les deux faces d’une pièce, sont indissociables : on ne peut aimer le Seigneur qui se donne à nous dans l’eucharistie sans aimer ses frères et réciproquement.

C’est ce que développait le pape Benoît XVI, en 2006, dans son encyclique « Dieu est Amour » :

« Dans le culte lui-même, dans la communion eucharistique, sont contenus le fait d’être aimé et celui d’aimer les autres à son tour. Une eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée »

Le Seigneur se donne à moi dans le sacrement de l’eucharistie… « devenez ce que vous recevez, le Corps du Christ », mais il se donne aussi à moi en se mettant à genoux devant moi pour me laver les pieds, et il me dit  « c’est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous »

et Benoît XVI poursuit, dans la même encyclique :

«il convient particulièrement de rappeler ici la grande parabole du Jugement dernier ( Matthieu 25, 31-46) dans laquelle l’amour devient le critère pour la décision définitive concernant la valeur ou la non-valeur d’une vie humaine » 

Et de l’amour, en cette période de confinement et d’épreuve, il y en a beaucoup ! En effet, beaucoup de nos concitoyens, croyants et non croyants,  ont revêtu, comme Jésus, la tenue de service : dans notre monde où les règles de la vie en société sont devenues, à bien des égards, trop dures  pour les plus faibles , beaucoup ont retrouvé spontanément, à titre individuel, le sens du don de soi et du service : je veux citer en premier lieu bien sûr les soignants et tout le personnel médical et hospitalier, mais aussi le personnel des EHPAD, (où certains sont allés jusqu’à décider de se confiner volontairement avec les résidents), mais aussi tous celles et ceux qui, souvent dans l’ombre, concourent à faire fonctionner l’économie de soins et de subsistance dont nous bénéficions  tous chaque jour.

Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Matthieu 25,40). Il y a mille manières de servir… et chacun, chacune, peut trouver le service qui lui convient… ne serait-ce, et ce n’est pas le moindre, que le service de la prière, pour intercéder auprès du Seigneur pour notre monde .

Si nous nous efforçons de recevoir Jésus-Christ dans les frères et sœurs que le Seigneur met sur notre route, il n’en reste pas moins qu’en cette période de confinement, nous sommes momentanément privés d’eucharistie… mais l’Eglise a prévu, qu’en cas de force majeure, et dans ce cas seulement, les fidèles puissent recevoir la communion de désir, ou communion spirituelle :

Alors que nous sommes en train de vivre la liturgie du Jeudi Saint à la maison, seul ou en famille, si le désir de communion est, au fond de notre cœur, un grand désir, nous pouvons reprendre la prière proposée par la Pape François le 18 mars 2020 pour cette circonstance :

« À tes pieds, ô mon Jésus,

je m’incline et je t’offre le repentir de mon cœur contrit qui s’abîme

dans son néant et Ta sainte présence.

Je t’adore dans le Saint Sacrement de ton amour,

désireux de te recevoir dans la pauvre demeure que mon cœur t’offre.

En attente du bonheur de la communion sacramentelle,

je veux te posséder en esprit.

Viens à moi, ô mon Jésus, pour la vie et pour la mort.

Que ton amour enflamme tout mon être, pour la vie et la mort.

Je crois en toi, j’espère en toi, je t’aime. Ainsi soit-il. »

– Amen.

Gérard Vauléon, diacre

Prière universelle :

Frères et sœurs, Dieu notre Père est le soutien fidèle dans les moments difficiles. Tournons-nous vers Lui et confions-Lui notre prière pour l’Eglise et le monde.

R/ Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants

1 – Pour le pape François, pour les évêques et les prêtres qui accomplissent le ministère du Christ pasteur et serviteur : inspire-les pour qu’ils trouvent les moyens appropriés pour rester en contact et soutenir les femmes et les hommes de ce monde malade du covid 19, Père, nous te supplions. /R

2- Pour les hommes et les femmes qui dirigent notre monde et assument au quotidien les décisions sanitaires, économiques et politiques. Que ce soit l’occasion d’une entraide internationale durable, Père, nous te supplions. / R

3 – Pour les malades et les personnes âgées de notre communauté, en particulier pour ceux qui traversent une épreuve dans leur corps, dans leur esprit ou dans leur âme. Père, nous te supplions. /R

4 – Pour les défunts, qui meurent souvent sans pouvoir être accompagnés par leur famille, et pour toutes les familles éprouvées. Père, nous te supplions. /R

5 – Pour les membres de notre communauté : que, malgré le confinement, personne ne se sente abandonné. Seigneur, donne à chacun la force de prendre soin des personnes de son entourage. Père nous te supplions. /R

Dieu notre Père, confiants en ton amour et en ta miséricorde, pleins d’espérance, nous nous tournons vers Toi. Accueille notre prière de ce jour. Nous te la confions par Jésus-Christ, notre Seigneur. – Amen

On termine le repas et à la fin du repas, on dit la prière suivante :

Nous avons partagé dans la joie ce repas qui nous a rappelé le dernier repas de Jésus avec ses disciples. Que demeure en nous, la foi, l’espérance et la charité. – Amen

Temps d’adoration

En cette nuit de Jeudi Saint, nuit de l’agonie de Jésus à Gethsémani nous sommes invités à rester avec Lui pour vivre ses sentiments avec un cœur qui se laisse toucher, un cœur capable de partager la peine et l’espérance de l’autre.

En ce temps de pandémie mondiale du coronavirus, veillons et prions le Père avec le Christ: pour les malades qui luttent contre la maladie, pour les familles endeuillées qui pleurent leurs morts, pour le personnel médical confronté à une tâche immense, pour les justes décisions de nos dirigeants. Il nous faut vivre une compassion sans limite pour apaiser les blessures de l’humanité.

Seigneur, remplis-nous de ta présence, que nous devenions espérance du monde.

« Par la Parole  ». Méditation de Sr Nathalie du Carmel Saint Joseph. La prière de Jésus à Gethsémani, la prière du fils. Novembre 2012