2016. Homélie du 4è dimanche de l’Avent

Livre

« C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe » La foi demande des signes et non dans une obéissance aveugle qui ne peut louer le Seigneur dans ses œuvres. Le Signe manifestant la présence de Dieu dans notre aujourd’hui pour jubiler dans l’action de grâce. « L’homme religieux cherche à reconnaître les signes de Dieu dans les expériences quotidiennes de sa vie, dans le cycle des saisons, dans la fécondité de la terre et dans tout le mouvement du cosmos. Dieu est lumineux, et il peut être trouvé aussi par ceux qui le cherchent avec un cœur sincère. »[i]

Dans cette recherche de la vérité de l’amour nous accueillons alors le signe comme nourriture de sa Parole qui se déploie dans la relecture. En faisant mémoire nous nous rappelons la puissance de Dieu qui s’accomplit dans notre vie et celle de nos frères. Le signe est présence de Dieu dans une relation ou l’amour s’invite. Dieu nous parle en faisant des merveilles, afin de signifier Sa volonté de sauver les hommes, certes, mais moi particulièrement dans une rencontre qui réconforte ma grande espérance, fait fructifier ma foi et en même temps l’harmonie à la foi de l’Eglise, et affirme l’amour que je reçois de Dieu et que je partage à mes frères. Le signe est donc la manifestation de la Toute Puissance de Dieu, c’est-à-dire de son implication mystérieuse, universelle et amoureuse dans notre histoire. Le mystère de Noël nous entraine à reconnaitre en ce petit enfant qui va naitre le signe de Dieu pour tous les temps, d’une rencontre particulière, d’une rencontre surnaturelle ou Dieu devient homme, et comme le dit St Grégoire de Nazianze, l’homme devient Dieu. « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera … Dieu-avec-nous ».

 

Concrètement, cela nous engage à être missionnaires. « Il faut avoir le courage de trouver les nouveaux signes, les nouveaux symboles, une nouvelle chair pour la transmission de la Parole, »[ii] Cela devient une urgence dans le relativisme ambiant qui engendre des maux de désespérances, de ténèbres, et de culture de mort. « Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles. » Ne nous y trompons pas, les idoles sont celles qui prennent de plus en plus d’importance dans notre vie en nous faisant oublier Dieu. Pour les uns se sera la sport, pour d’autres le travail, pour d’autres encore, le temps passé sur les écrans au détriment de la prière, certains par leur volonté compulsive d’aller en vacances, de se reposer en tout temps en tous lieux…. Les idoles nous empêchent de prier, excluent la fraternité dans un individualisme exacerbée, fourvoie la relation au frère dans une rivalité malsaine qui produit la haine du prochain. Qu’elles en sont les fruits ? La violence,  « l’inconduite, impureté, débauche, … sorcellerie, …jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. » Il nous faut reconnaitre l’esprit du monde, et séparer les ténèbres de la lumière. « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. »

 

Etre missionnaire demande de ne pas s’arrêter à l’adversité de ce monde, mais de rappeler la joie d’un monde qui ne passe pas. Comme nous le rappel notre évêque dans les actes du synode, « Une Église de « plein vent », heureuse de partager les richesses de sa tradition et de sa sagesse et de les mettre au service du bien commun et du combat pour la dignité humaine. »[iii] L’avancée missionnaire des signes que Dieu nous envoie et que nous partageons demande de recevoir l’Esprit de Sainteté pour conformer notre vie à la volonté de Dieu par imitation de Jésus Christ. L’obéissance de la foi est le meilleur signe de l’œuvre de Dieu en nous et dans ce monde, et nous libère des chaines du mauvais pour nous attacher pleinement à Dieu et recevoir les dons de l’Esprit Saint dans la grâce de la paix. Dieu agit dans nos vies, mais toujours en communion avec l’Eglise. « Un signe clair de l’authenticité d’un charisme est son ecclésialité, sa capacité de s’intégrer harmonieusement dans la vie du peuple saint de Dieu, pour le bien de tous. »[iv] Le projet de l’amour se comprend dans un programme de communion et s’authentifie par la capacité de vivre les décisions à plusieurs. Cela demande une relecture qui fait grandir comme nous le rappelle l’évêque dans le décret 38 du synode « Personne en Église ne décide seul. C’est pourquoi, après vous avoir consultés, je décide de créer de nouveaux conseils chargés d’aider les services diocésains à définir leurs priorités, en cohérence avec les orientations diocésaines, à faire des propositions et à en vérifier la bonne mise en œuvre. »[v]

 

Ecouter la Parole et la faire germer dans notre vie demande des actes de vérité dans l’amour de la Parole de Dieu. Notre liberté est de dire oui à Dieu qui est pur bonheur et veut le partager avec nous et que nous sachions le partager à nos frères, c’est notre responsabilité dans la foi. Il nous faut alors nous arrêter dans notre vie, et demander au Seigneur les signes pour avancer avec confiance dans la foi. Qu’est ce qui me prend trop de temps, ou qui m’envahit, et qui m’empêche de prier ? Que pourrais-je abandonner pour mieux être à l’Ecoute de la Parole de Dieu et au service du frère ? Qu’est-ce que le Seigneur me demande concrètement pour suivre sa Parole dans l’état de vie ou je suis, marié, célibataire, enfants, parents, en un mot, comment le désir de Dieu s’épanouit dans ma vie de tous les jours ? « En la mère de Jésus, … la foi a porté tout son fruit, et quand notre vie spirituelle donne du fruit, nous sommes remplis de joie, ce qui est le signe le plus clair de la grandeur de la foi. »[vi] Rappelons l’importance de la prière mariale et du chapelet pour rencontrer le Seigneur et suivre le secret de Marie qui est révélé dans les Ecritures « faites tout ce qu’il vous dira ». Secret simple et efficace. Dans l’attente de Noel soyons vigilant à faire tout ce qu’il nous demande pour recevoir le prince de la paix dans la joie. « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. »

[i][i] &35 Lumen Fidei

[ii] &167 Evangelii Gaudium

[iii] Actes du Synode, &/ Evangélisation dans la rencontre et le dialogue, orientation missionnaire 1 p 17

[iv] &130 Evangelii Gaudium

[v] Décret 38 p 48

[vi] &58 Lumen fidei