2017. Edito Février

Heureux les artisans de paix 

Nous ne devons pas oublier notre fidélité au Seigneur qui se manifeste par l’esprit de paix dont nous serons capables de témoigner autour de nous. L’artisan de paix propose le repos avec le Seigneur pour habiter la joie du cœur. « La paix est le fruit de la justice,1 comprise au sens large, comme le respect de l’équilibre de toutes les dimensions de la personne humaine. La paix est en danger quand l’homme se voit nier ce qui lui est dû en tant qu’homme, quand sa dignité n’est pas respectée et quand la coexistence n’est pas orientée vers le bien commun. »2 Vivre en artisan de paix dans une cité en pleine mutation et choix électoral est donc un défi porté dans la prière, médité par les Ecritures et vécu dans le discernement fraternel que la contemplation du Christ pourra nous permettre de traverser. De quoi s’agit-il ? D’être soucieux des affaires de la cité tout en proclamant un Christ mort et ressuscité, c’est-à-dire ne jamais juger les personnes, mais combattre les idées et les actes contraires à l’Evangile. Vivre la paix en refusant les réformes sociétales aliénantes telles que celles portant sur l’avortement, l’accompagnement de la fin de vie ou le mariage dénaturé. A nous d’être témoins d’un amour qui s’annonce dans la vérité de la foi et non dans un sentimentalisme mielleux. Pas de relativisme dans l’acte de croire, juste une fidélité au Seigneur qui n’est pas dépendante de l’événementiel mais demande un engagement de tous les jours dans le dialogue continu avec Dieu et au service du frère. 

Le délit d’entrave envers l’avortement est un déni de liberté de conscience. C’est une atteinte fondamentale à notre liberté. Il ne s’agit plus de savoir si nous sommes pour ou contre l’avortement, mais si nous choisissons la liberté et la vie, ou le totalitarisme et la mort. « C’est un grave devoir de conscience de ne pas collaborer, même formellement, à des pratiques qui, bien qu’admises par la législation civile, sont en contraste avec la Loi de Dieu. En effet, cette collaboration ne peut jamais être justifiée, ni en invoquant le respect de la liberté d’autrui, ni en prétextant que la loi civile la prévoit et la requiert. Personne ne peut jamais se soustraire à la responsabilité morale des actes accomplis et sur cette responsabilité chacun sera jugé par Dieu lui-même»3 Refuser ce délit d’entrave au nom de la liberté de chacun à s’exprimer, de l’égalité de tous à proposer un point de vue, de la fraternité qui admet la pluralité. En quoi les valeurs républicaines concernent-elles les croyants ? Elles concernent l’artisan de paix dans sa volonté de vivre la justice et d’être fidèle à ses engagements. Car la paix est toujours histoire de persévérance, elle n’est pas acquise une fois pour toutes, mais demande une vigilance permanente dans le dialogue amoureux avec le Seigneur. « Pour ma part, je me soucie fort peu d’être soumis à votre jugement, ou à celui d’une autorité humaine ; ….celui qui me soumet au jugement, c’est le Seigneur. » 

Père Grégoire, Curé