Carême 2021 : Méditation du 5ième dimanche

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            « Nous voudrions voir Jésus. » Une question que l’on pose au disciple Philippe, et qui fait écho à la parole prophétique de Jérémie. « Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront. » Le chemin d’alliance est une promesse de la grande espérance du Salut et, en même temps, une révélation d’un Dieu qui se découvre toujours plus proche de nous et nous montre le chemin à travers un engagement, qui nous éloigne du monde qui refuse Dieu. L’alliance est le rétablissement de cette familiarité avec Dieu, dans l’annonce d’une promesse de Salut dans l’incarnation du Christ. « Dieu, … donne aux hommes dans les choses créées un témoignage incessant sur lui-même[i] … Après leur chute, par la promesse d’une rédemption, il les releva dans l’espérance… il forma ce peuple par l’intermédiaire de Moïse et par les prophètes, pour qu’il le reconnaisse comme le seul Dieu vivant …. et qu’il attende le Sauveur promis, préparant ainsi … la voie à l’évangile. »[ii] Le péché, loin d’effacer l’amour de Dieu, est effacé par la grâce du pardon. Dieu continue de multiplier les alliances, pour remettre l’homme sur le chemin du Salut. Aujourd’hui, à la lueur de la Parole de Dieu, nous recevons cette nouvelle alliance dans la joie de la rencontre et, en contemplant notre Sauveur, nous Lui disons notre attachement en Le recherchant à chaque instant de notre vie.

 

1     La première alliance

            Lorsqu’on pose la question de la première alliance de Dieu avec l’homme, tout le monde pense à Noé puisque c’est là que le mot[iii] apparaît pour la première fois. « Mais j’établirai mon alliance avec toi et tu entreras dans l’arche ». Le mot est dans un contexte de survie de l’homme et en même temps de protection de la création. Dieu ne sauve pas l’homme seul, mais dans son environnement, pour lui permettre plus tard de s’épanouir au cœur de la création, en osmose avec le créé. Quel que soit le péché des hommes, Dieu vient à notre secours et nous bénit de la beauté de sa création par l’arc en ciel. L’alliance est toujours significative : l’arche pour Noé, les étoiles pour la génération du peuple de la foi par Abraham, la circoncision pour l’attachement personnel à la foi, l’eucharistie pour nous chrétiens. Dieu dit sa Parole et la manifeste par un signe visible et tangible qui demande une réponse de l’homme.

 

            Cependant la première alliance n’est pas celle de Noé. En recherchant un peu, certains diront : le signe sur la tête de Caïn, pour le protéger à cause du meurtre de son frère, c’est-à-dire un signe de vie, malgré l’acte de mort. Ce n’est plus le péché collectif, mais le péché personnel qui est en cause. Là encore, la Parole de Dieu libère, en protégeant la personne de ses propres faiblesses. Il fait une alliance personnelle avec Cain, en lui donnant une parole de vie. Mais si l’on poursuit la réflexion, la première alliance n’est-elle pas la bénédiction de l’homme et de la femme dans le jardin, avec l’appel à la responsabilité pour jouir pleinement du fruit de la terre ? Avant même le péché originel, Dieu s’engage dans la familiarité avec l’homme et la communion dans une relation de confiance. Néanmoins, la première alliance est la création de l’homme et de la femme, où Dieu a mis la vie. Le signe est qu’Il y a laissé son image, appelant chacun d’entre nous à Lui ressembler dans la liberté de l’amour, comme lieu d’une promesse d’union en profondeur avec notre vocation propre, qui est de « se trouver par le don sincère de soi-même. »[iv]L’alliance n’est pas un acte juridique, mais c’est là où Dieu donne sa vie et, s’Il donne sa vie c’est pour toujours. A chaque rupture Il renouvelle son alliance parce qu’Il est fidèle à sa Parole et que l’amour n’a pas d’autres limites que l’amour lui-même. Il nous faut donc comprendre l’alliance comme un acte ontologique, parce que le don de Dieu est pour toujours inscrit en nous dès notre création.

 

2     Un appel à une vie de communion

L’alliance est un appel à une vie de communion avec Dieu et, en même temps, une élection pour chacun d’entre nous à recevoir une relation personnelle. Car l’amour, s’il est universel, est pour chacun spécifique, c’est là le mystère-même de la Toute-Puissance de Dieu. Cette vie d’union avec Dieu est une promesse dans la grande espérance du Salut et, en même temps, un appel à la vivre dès aujourd’hui dans la civilisation de l’amour. Si Dieu est fidèle, Il nous demande de vivre en confiance avec Lui dans cette même fidélité, en opposition à ceux qui refusent Dieu et se perdent dans les idéologies trop souvent idolâtriques et toujours tyranniques. Heureusement pour nous, par la Parole de vie, Dieu nous révèle le péché. La faute vient de l’écart que nous sommes capables de creuser avec la loi dans l’expression d’une liberté mal exercée. Mais le péché est justement la non-écoute de la Parole et une façon d’agir qui ne rend pas gloire à Dieu, qui entache  et entame gravement notre relation à Dieu.

 

La parole du Christ est une parole d’amour qui nous donne la révélation du péché. Nous ne sommes pas seuls avec nous-mêmes. Jésus le Christ vient personnellement me sauver, et me rétablir dans la relation de fils avec le Père. L’Esprit Saint nous accompagne sur ce chemin de sainteté, en discernant ce que nous devons vivre. Mais cela demande la sagesse de contempler Dieu et l’intelligence de la foi pour avancer en communion. C’est la discussion entre les païens et les Juifs sur la circoncision, lors du premier concile de Jérusalem. En effet, la Parole de Dieu méditée durant des siècles, comme lieu de réalisation de la promesse de Dieu, doit-elle être immuable ou se contextualiser, dans l’avènement du Christ, par une approche qui rende compte de la foi ? Travailler l’alliance, c’est comprendre le sens du signe. Or, la circoncision dans l’ancien testament est un attachement à Dieu et donc une purification de tout l’être pour s’attacher au Dieu unique.

 

Toutefois cette purification intérieure n’est pas le signe, comme le disaient déjà les prophètes, c’est dans le cœur que doit résider l’alliance. Il y a là déjà une approche importante de la conversion à vivre. L’alliance n’est pas qu’un signe, elle est une promesse de vie. Le signe, sans la réalité du cœur, ne vaut rien. Le baptême tient lieu de circoncision dans la nouvelle alliance parce qu’il est l’attachement à Dieu de manière très concrète dans la purification de tout notre être. Le sacrement baptismal nous purifie du paganisme, en tant que peuple élu, et nous enjoint de nous éloigner de la culture de mort pour propager la civilisation de l’amour. L’incirconcision du cœur est le refus de cette alliance, comme toutes les discussions relativistes de la Parole pour justifier les comportements peccamineux, en dévoyant le sens des Écritures. «  Car c’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises : meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations. C’est cela qui rend l’homme impur, mais manger sans se laver les mains ne rend pas l’homme impur. »[v] La véritable promesse en Dieu demande une purification de tout notre être. C’est une invitation à la conversion en profondeur, afin de nous réajuster au Christ dans tout notre être, une harmonisation de toute notre vie dans ce qui fait notre histoire, qui nous permet d’avancer de manière libérée. Or, si nous entrons dans une démarche de réunification de nous-mêmes, cela a une incidence sur notre relation à Dieu et au frère. « L’amour de Dieu et l’amour du prochain sont inséparables de l’observance des commandements de l’Alliance, renouvelée dans le sang de Jésus Christ et dans le don de l’Esprit. C’est justement l’honneur des chrétiens d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes[vi] et, pour cela, d’accepter même le martyre, comme l’ont fait des saints et des saintes de l’Ancien et du Nouveau Testament, reconnus tels pour avoir donné leur vie plutôt que d’accomplir tel ou tel geste particulier contraire à la foi ou à la vertu. »[vii] Ce qui fait sens, c’est bien notre foi, et non notre vie, et la réalisation de la promesse de Dieu dans notre aujourd’hui. A partir de là, nous comprenons la grande espérance du Salut comme une promesse de communion avec Dieu et de relation toujours ajustée à sa présence éternelle.

3     La promesse de la grande espérance du Salut

L’alliance puise dans l’espérance du Salut la certitude de la fidélité de Dieu tout au long de notre vie, qui se réalisera pour l’éternité si nous continuons de marcher selon sa Parole. « Le mystère de l’Alliance exprime cette relation entre Dieu qui appelle par sa Parole et l’homme qui répond, …[dans] un pur don de Dieu. Par ce don de son amour, dépassant toute distance, Dieu fait vraiment de nous ses « partenaires », réalisant ainsi le mystère nuptial de l’amour entre le Christ et l’Église. »[viii] Qu’importent les transgressions éventuelles, nous sommes appelés à la conversion sincère et à la transformation de tout notre être. L’incarnation du Christ éclaire ainsi la vocation de l’homme et cet appel à la communion. Nous ne sommes pas seuls, car l’Esprit Saint nous conduit sur ce chemin de sainteté qui nous rapproche du Père. « Le Christ a …correspondu pleinement à cette paternité de Dieu et à cet amour, alors que l’homme a rejeté cet amour en rompant la première Alliance[ix] et toutes celles que Dieu par la suite a souvent offertes aux hommes[x]. »[xi] Cette nouvelle alliance se fait dans l’obéissance au Père et dans les contingences de nos réalités humaines. Car la communion à Dieu est d’abord grâce de l’Esprit et volonté de notre part à y répondre pleinement, mais elle se situe dans une histoire avec nos frères et tout ce qu’il y a de bon ou de mauvais. De plus, nous sommes assaillis par le Tentateur, qui essaye par tous les moyens de nous rendre infidèles et ainsi nous cliver de la relation à Dieu, ce qui nécessite soit dit en passant, de nous cliver nous-mêmes, dans l’absurdité de nos choix engendrant la désespérance et la béance de notre finitude.

 

Or Jésus vient nous sauver. « La Rédemption du monde _ ce mystère redoutable de l’amour, dans lequel la création est renouvelée[xii] _ est, dans ses racines les plus profondes, la plénitude de la justice dans un cœur humain, dans le cœur du Fils premier-né, afin qu’elle puisse devenir la justice des cœurs de beaucoup d’hommes, qui, dans ce Fils premier-né, ont été prédestinés de toute éternité à devenir fils de Dieu.[xiii] »[xiv] La rencontre avec Dieu est un appel aux profondeurs de l’intime pour nous unir comme image de Dieu à lui ressembler vraiment, dans les choix de vie que nous posons et tout au long de notre quotidien. Etre ajustés à la volonté de Dieu dans cette relation au frère, faite de vérité de l’amour, annonce la grande espérance du Salut. Notre foi, vécue dans l’incarnation du Christ, nous montre un chemin de réalisation du bonheur porté par la vie bienheureuse, dès ici-bas en recherchant le meilleur bien, et pour l’éternité à côté du Seigneur qui s’est manifesté tout au long de notre vie. L’attente du retour du Christ doit alors se comprendre comme un retour à la communion originelle, à cette familiarité avec Dieu à laquelle l’homme par nature est appelé. La réalisation de l’alliance dans le retour du Christ n’a rien à voir avec les films dit apocalyptiques car, loin de toute peur, nous sommes assurés de la présence définitive de Dieu. C’est l’attente du Christ-Roi, qui règne pour toujours, établissant ainsi la civilisation de l’amour éternel, c’est-à-dire le règne de Dieu.

4     L’Esprit Saint nous accompagne dans la réalisation de la promesse

            L’alliance n’est-elle pas non plus une invitation à la vie de l’Esprit Saint, que nous commençons par le baptême comme sceau de croissance, et que nous continuons par la confirmation comme sceau du témoignage des dons reçus ? C’est dans l’effusion de l’Esprit Saint que nous entrons dans le mystère de la passion et le sens de la croix, qui nous ouvrent à la joie de la résurrection. Sans cesse nous pouvons discerner la fidélité du Seigneur tout au long de l’histoire des hommes, et sa volonté de faire alliance à chaque rupture, offrant le pardon comme lieu de concrétisation de la confiance en l’apprentissage de notre liberté. Dieu reste « fidèle à son amour envers l’homme et envers le monde, tel qu’il s’est déjà révélé au jour de la création. »[xv] Par l’amour, nous comprenons que la réalisation de l’alliance est un engagement de ne pas nous fourvoyer dans les méandres du mal, mais tenir notre promesse de vivre la vérité de l’amour. Il s’agit, dans la force de l’Esprit, de continuer notre vie de foi avec générosité, dans le service de Dieu et de nos frères et la louange pour tous les bienfaits que le Seigneur nous donne.

 

            Dieu est toujours à l’origine de l’alliance, Il nous invite à continuer de cheminer avec Lui, malgré les appels de l’esprit du monde, qui essaye de nous distraire et de nous éloigner de la ferveur. L’Esprit Saint nous accompagne comme une bénédiction de Dieu dans notre vie, lorsque nous Lui laissons la place, pour que ses dons s’expriment. La promesse de l’Esprit Saint que le Seigneur nous fait pour nous accompagner tout au long de notre vie, comme un paraclet – un avocat – réalise cette nouvelle alliance, où l’homme reçoit la grâce comme lieu de réalisation de la Parole et peut en vivre dans son quotidien à travers la louange, l’intercession et l’action de grâce. La vie dans l’Esprit, pour porter témoignage, accueille Dieu dans notre vie d’une manière renouvelée, avec un dynamisme de l’amour qui demande la disponibilité de tout notre être et la gratuité des dons dans l’expression de l’œuvre de Dieu. Cet Esprit de vérité nous introduit à la richesse de l’amour du Père et l’ajustement de l’homme avec l’incarnation du Christ, expression même de l’oblation jusqu’au bout de cet amour offert jusqu’au pardon. Ne pourrait-on pas voir l’Esprit Saint comme le notaire de la promesse qui nous entraîne à recevoir l’héritage des fils de lumière, grâce sur grâce ? N’est-il pas l’avocat, le défenseur devant les hommes de notre vie de foi, en nous octroyant ce qui est nécessaire au témoignage ? N’est-il pas la Personne Don qui nous invite à être don nous-mêmes ? Recevoir l’Esprit Saint, c’est être comblés des richesses de Dieu et ainsi vivre l’onction de sa présence dans notre vie, une bénédiction qui se renouvelle à chaque fois qu’Il se manifeste.

 

            Lorsque Dieu est présent dans notre vie et que l’Esprit Saint nous accompagne sur le chemin de la foi, nous pouvons pénétrer plus profondément dans le mystère de la foi et accéder à un niveau plus élevé de l’intelligence du Salut. Néanmoins, les dons de l’Esprit Saint ne sont pas qu’une meilleure connaissance du Salut, mais un appel à la contemplation de Dieu dans un esprit de sagesse, pour perfectionner notre foi, approfondir notre charité et ainsi vivre une pleine confiance dans la grande espérance du Salut. « Par le don de l’Esprit, l’homme parvient, dans la foi, à contempler et à goûter le mystère de la volonté divine. »[xvi] L’alliance, avec le concours de l’Esprit Saint, devient la réalisation de la promesse de communion dans notre vocation propre, chacun selon son appel, pour reprendre le chemin de la familiarité avec Dieu dans la confiance en son œuvre et la fidélité à sa Parole. Nous entrons ainsi dans la lumière de la vérité, en restant fidèles à sa Parole, et nous contemplons son œuvre sous l’impulsion de l’Esprit et du témoignage du Christ, venu servir et s’offrir pour la multitude. Dans ce cheminement et la réalisation de la promesse du Salut, nous trouvons les lumières et les forces nécessaires pour accomplir notre vocation propre, grâce à l’Esprit.

 

5     La fécondité de l’amour dans la réalisation de notre fidélité

La fertilité de cet amour s’incarne dans le Christ, qui rappelle la réalité du don de l’amour dans le service et la disponibilité. « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » Il y a comme un appel à toujours rester au service de Dieu et vivre la volonté du Père pour être pleinement fidèles à sa Parole et fiables dans nos actes. Un tel engagement demande du discernement, la sagesse de l’écoute et du dialogue, l’intelligence de comprendre où est notre place, la force d’y aller avec l’audace de la foi et la crainte de blesser son amour avec des comportements inappropriés. Nous devons chercher à connaître ce qui nous mène au ciel et toujours mener une vie ancrée dans la prière. « Dieu est un allié fidèle: si les hommes cessent d’aimer, Lui continue cependant à aimer, même si l’amour le conduit au calvaire. Dieu est toujours près de la porte de notre cœur et il attend que nous lui ouvrions. Et parfois, il frappe à notre cœur, mais il n’est pas envahissant: il attend. La patience de Dieu avec nous est la patience d’un père, de quelqu’un qui nous aime beaucoup. »[xvii] Le prophète Jérémie nous le rappelle, dans cette invitation à conclure une alliance nouvelle : la prière devient le dialogue du cœur, la circoncision du cœur, afin de nous attacher uniquement au Seigneur et de délaisser la folie du monde pour aller à l’essentiel, dans la recherche du bonheur. « Mû par la foi, se sachant conduit par l’Esprit du Seigneur qui remplit l’univers, le Peuple de Dieu s’efforce de discerner dans les événements, les exigences et les requêtes de notre temps, auxquels il participe avec les autres hommes, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu. »[xviii] L’appel personnel devient un engagement communautaire de rendre compte de notre foi, et ainsi propager cette civilisation de l’amour autour de nous.

 

La sortie du pays d’Egypte est une libération, pour rencontrer l’amour dans la vérité de notre être et accueillir le pardon, non comme lieu de faiblesse mais dans l’Esprit de force, pour nous remettre debout et avancer avec confiance. Oui, avec Dieu tout est possible, mais la liberté a un coût, celui du combat spirituel. « De toutes nos forces, nous devons fortifier l’entrée de notre âme pour empêcher l’ennemi qui la guette de pénétrer par la brèche d’une pensée négligente. »[xix] Le carême est justement cette invitation à transformer tout notre être pour nous garder disponibles à la grâce de l’Esprit, en persévérant avec fidélité dans la volonté de Dieu et en discernant les désirs qui nous poussent vers une liberté intérieure plus grande. « La libération intérieure de l’homme se réalise seulement par la connaissance de la vérité, jamais par l’obscurcissement de son sens intérieur, même s’il ne sont pas toujours conscients. »[xx] Une démarche au désert doit nous mener à l’essentiel et mettre en lumière ce qui a vraiment du sens, ce qui est premier. La recherche de sens aujourd’hui est une question primordiale, tant nous sommes sollicités par toute sorte de fatuités. Le Christ, par la nouvelle alliance, réoriente notre vie et nous ouvre à d’autres possibles, en nous lavant du péché originel. Le pardon restaure la relation et appelle à réorienter nos choix vers ceux de l’évangile. Manifester Dieu dans notre vie, c’est vivre sa Parole comme un lieu de renaissance, Lui qui est source de toute existence. « Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : ‘ Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore.’ » Tout revient alors à comprendre l’alliance comme réalisation de l’amour de Dieu dans notre vie personnelle et témoignage de notre foi autour de nous.

 

Synthèse « Christ est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. »

 

            La démarche baptismale est l’accueil de la promesse de Dieu dans notre vie, et la vie dans l’Esprit nous invite à renouveler cette promesse à chaque moment du quotidien. C’est le sens du carême, qui est une école de conversion pour aller à l’essentiel, à travers la marche au désert, et discerner ce qui est premier. En quelque sorte, en accompagnant le Christ au désert, nous répondons à l’appel de l’Esprit et nous contemplons l’œuvre du Père. « Le Christ est l’ultime parole de Dieu à ce sujet ; en effet l’Alliance qui, avec Lui et par Lui, est établie entre Dieu et l’humanité, ouvre une perspective de vie infinie: et l’accès à l’arbre de la Vie – suivant le plan originel du Dieu de l’Alliance – est révélé à chaque homme dans sa plénitude définitive. »[xxi] Dieu continue de nous parler aujourd’hui à travers sa Parole et dans le don de Lui-même, mais il nous faut l’accueillir avec une conscience droite, c’est-à-dire recherchant le meilleur bien. « Chaque homme apparaît comme destinataire de la Parole, interpellé et appelé à entrer dans ce dialogue d’amour par une réponse libre. »[xxii]. L’alliance retrouve, dans la révélation du Christ, une forme définitive et concrète de l’engagement de l’homme à prendre la suite de Jésus et témoigner de la joie de l’évangile autour de lui. « Jésus se manifeste comme la Parole de l’alliance nouvelle et éternelle : la liberté de Dieu et la liberté de l’homme se sont définitivement rencontrées dans sa chair crucifiée, en un pacte indissoluble, à jamais valable. »[xxiii] L’expression de cette liberté n’est pas dans l’indépendance, mais dans la responsabilité et l’autonomie qui nous demandent d’être au service les uns des autres. C’est d’ailleurs l’expression de l’humilité de l’amour que d’être au service gratuitement, afin de pouvoir témoigner de la puissance de la manifestation de Dieu dans notre vie mue, non par nos propres désirs mais par cette volonté de Le suivre jusqu’au bout. « Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. »

21  mars 2021 – Père Greg – Curé

Saint Charles Borromée – Joinville-le-Pont

 

 

[i] cf. Rm 1, 19-20

[ii] &4 Dei Verbum

[iii][iii] Gn 6,18

[iv] &24/3 Gaudium et Spes

[v] MT 15,19-20

[vi] cf. Ac4, 19 ; 5, 29

[vii] &76 Veritatis Splendor

[viii][viii] &22 Verbum Domini

[ix] Gn 3,6-13

[x] cf. la quatrième prière eucharistique

[xi] &9 Redemptor Hominis

[xii] GS 37 LG 48

[xiii] Rm 8,29-30 Ep 1,8

[xiv] &9 Redemptor Hominis

[xv] ibid

[xvi] &15/4 Gaudium et Spes

[xvii] &2 La prière – audience générale du 6 mai 2020

[xviii] &11/1 Gaudium et Spes

[xix] P 237, I-49 Morales sur Job – Grégoire le Grand

[xx] P 481 Liberté que dis-tu de toi-même – Pierre d’Ornellas

[xxi] TDC 65 du 18 novembre 1981

[xxii] &22 Verbum Domini

[xxiii] &12 Verbum Domini