2020. Méditation 1er dimanche de l’Avent
« Notre-rédempteur-depuis-toujours »
L’exclamation du prophète de l’Ancien testament trouve un écho dans l’appel du Messie à veiller « Notre-rédempteur-depuis-toujours. » Car la vie de foi est vécue dans la confiance en l’amour et son expression se lit dans la vérité de notre vie. La promesse de Dieu pour nous renouveler est une joie. Accueillir le Christ demande pour chacun d’entre nous de préparer sa place au cœur de notre vie et non aux périphéries de nos activités. La source et le sommet de toute vie chrétienne sont justement ce « sacrement de la charité » qu’est l’Eucharistie. Elle ne peut être relativisée par les événements sanitaires, ou même d’obscures raisons de précaution, mais elle est un impératif de la vie spirituelle, un engagement envers Dieu et le frère, une source de nourriture essentielle pour la subsistance.
Nous voici donc en chemin pour rejoindre la communion en Dieu dans l’attention à nos frères. Mais ce chemin d’humanité connaît un nouveau tournant avec la présence de Dieu dans notre histoire car Il nous rétablit dans notre vocation originelle. « Par l’Incarnation, Dieu a donné à la vie humaine la dimension qu’il voulait donner à l’homme dès son premier instant, et il l’a donnée d’une manière définitive, de la façon dont Lui seul est capable, selon son amour éternel et sa miséricorde, avec toute la liberté divine »i La prière d’Isaïe est notre aujourd’hui confronté à nos propres limites humaines, et à l’errance de nos frères. « Pourquoi Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? » Or la période de l’Avent est justement cette réflexion première de l’attente pour une conversion du cœur. Préparer le chemin du Seigneur demande de veiller qu’il soit dégagé et accessible à notre rédempteur.
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La ferveur en Dieu pour vivre la confiance
Tout n’est pas si simple dans notre vie et il nous faut résolument nous tourner vers notre Créateur. « Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes » Nous sommes confrontés à nos limites humaines, à nos vulnérabilités et en même temps appelés à vivre de l’Esprit de Dieu qui inonde toute les Ecritures et nous apprend la sagesse. Cette contemplation de Dieu est nécessaire tout au long de notre vie et des choix que nous faisons. Or le péché d’Adam (le péché originel) nous impose un nouvel apprentissage de la vie de Dieu à l’extérieur du jardin, et d’une familiarité à sa parole. Tout cela se révèle laborieux à cause de nos infidélités et nos idolâtries. C’est pourquoi nous devons nous laisser transformer parce que nous nous tenons loin de Dieu dans l’étrange région de la dissemblance, où nous avons perdu le bonheur dans le refus de communion. L’attente du Sauveur devient alors l’espérance d’une nouvelle promesse du Salut à laquelle nous pouvons répondre. L’importance de veiller est donc de retourner à ce dialogue d’amour dans la prière et dépasser nos limites par grâce du Saint-Esprit afin d’accéder à l’union parfaite. « La plus grande béatitude est que Dieu puisse naître et se manifester dans l’âme par une union spirituelle »ii L’attente est d’accueillir le don promis et de le recevoir dans la gratitude des bienfaits de Dieu dans notre vie. L’Esprit Saint nous aide à veiller en nous octroyant le don de piété afin de garder cette ferveur d’être avec Dieu et de garder inépuisable le désir de Le rencontrer face à face.
« Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, » Le même appel de tout homme pour retrouver sa dignité première d’image de Dieu appelée à la ressemblance par ses choix de vie et la libre acceptation de confiance dans l’amour. Mais avoir le choix, être libre, est souvent plein de questionnements, de renoncements, et en même temps de persévérance dans les bonnes voies, refusant le chant des sirènes de l’immédiateté qui nous font tomber dans les affres de la mort et de la désespérance. Si Dieu se montrait , ici et maintenant, on pourrait faire des choix. “Dieu existe, je le vois, donc j’ai la foi”. Pourquoi ce raisonnement est-il faux ? Parce que la foi demande la confiance et l’adhésion au projet créateur, en acceptant de ne pas tout saisir, mais d’être tout désir pour Dieu. Quand bien même le fils de Dieu reviendrait des morts, ils ne croiraient pas, dit Abraham au riche de Lazare. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe pour les miracles. Certains y voient l’œuvre de Dieu ; d’autres, quelque chose qu’on n’explique pas encore, mais qu’un jour on pourra comprendre, refusant toute pensée transcendante. Si Dieu se montrait, comment gagnerions-nous en autonomie ?
L’amour demande un choix de notre part, pour être vraiment l’amour, un choix libre et responsable, parce que l’amour est toujours une proposition, une disposition à accueillir. Autrement, nous parlerions d’aliénation et de rapport de forces, mais nous ne serions pas dans la dynamique de l’amour. Au contraire, l’amour s’offre gratuitement et se reçoit librement pour dégager l’énergie nécessaire au dynamisme de son inventivité pour s’exprimer d’infinies manières. L’amour n’est pas dans un livre de recette, il est le menu du bonheur, une entrée dans la joie, une consistance dans la paix, un mets de l’inventivité. Nous avons été créés par amour et nous sommes appelés à vivre la complémentarité de l’altérité dans l’amour. Toute une cuisine de la vie qui s’agrémente de mille manières et découvre en même temps une multiplicité de goûts dans l’infini de l’amour. « La foi naît de la rencontre avec l’amour originaire de Dieu en qui apparaît le sens et la bonté de notre vie ; celle-ci est illuminée dans la mesure même où elle entre dans le dynamisme ouvert par cet amour, devenant chemin et pratique vers la plénitude de l’amour. »iii La civilisation de l’amour est bien cette recherche personnelle et communautaire vers un meilleur bien. Car dans l’amour je reconnais le bien de la personne et j’aide l’humanité à retrouver la direction de la maison du Père : c’est un chemin d’avènement vers l’amour qui est vérité. L’amour nous fait retrouver le sens de Dieu et du don qu’Il met en chacun de nous pour y répondre, chacun selon ses propres talents. L’avènement du Royaume est la mise en musique de tous nos talents pour un seul et même Dieu.
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Le témoignage dans la louange
Nous en revenons alors au témoignage de l’amour dans notre vie et à la façon dont il rejaillit sur nos frères dans la vérité des Ecritures. L’attente du Christ, dans laquelle nous sommes invités à vivre, et l’ajustement au véritable amour ne sont pas des désirs de surface, mais bien une transformation de l’homme intérieur. « Car le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous. » Nous devons répondre de l’amour que nous avons vécu, ni dans le sentimentalisme ni dans la naïveté, mais bien dans le sens de Dieu. « L’enthousiasme dans l’évangélisation se fonde sur cette conviction. Nous disposons d’un trésor de vie et d’amour qui ne peut tromper, le message qui ne peut ni manipuler ni décevoir. C’est une réponse qui se produit au plus profond de l’être humain et qui peut le soutenir et l’élever. C’est la vérité qui ne se démode pas parce qu’elle est capable de pénétrer là où rien d’autre ne peut arriver. Notre tristesse infinie ne se soigne que par un amour infini. »iv L’attente du Christ et la réception du témoignage de nos pères nous permettent, à notre tour, d’être acteurs pour proposer la parole de Vie autour de nous, car cette rencontre avec le Christ nous transforme de l’intérieur. Ce n’est plus nous qui vivons, mais le Christ qui vit en nous constate saint Paul.
« Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus » Se mettre en route avec le Seigneur, c’est Le recevoir dans le don de sa personne pour entrer en dialogue avec Lui et Le partager autour de nous. Le chemin de l’avent est donc une préparation au dialogue de l’amour pour témoigner de notre foi. Prier et méditer les Ecritures nous fait entrer dans ce dialogue pour désirer le temps de la pleine communion avec Dieu en Le partageant avec nos frères. « Dans un dialogue priant, nous devrions rester devant sa face avec cette question : « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu ?» »v alors que l’ange annonce à la Vierge que le salut vient s’incarner dans le monde. C’est pourquoi nous devons veiller et nous tenir prêts pour aller à sa rencontre, les lampes allumées, prêts à le recevoir dans la disposition du cœur et la générosité de notre temps, prêts à L’accueillir et à nous rendre disponibles à sa présence, afin d’écouter sa Parole et ainsi rendre notre cœur tout brûlant. « La véritable nouveauté du Nouveau Testament ne consiste pas en des idées nouvelles, mais dans la figure même du Christ, qui donne chair et sang aux concepts – un réalisme inouï. »vi La Parole a un visage, une présence qui ouvre au dialogue de l’amour et nous appelle à vivre de la vie de Dieu en nous laissant modeler par son exemple. Nous serons le sel de la terre, en Le vivant dans le monde, et lumière pour le monde, en L’annonçant de manière explicite. Voici venue une nouvelle intelligence de la foi dans la demande insistante de recevoir l’Esprit Saint pour continuer de nous laisser transformer par la grâce et l’annoncer à tous les peuples de la terre. Le Seigneur, non seulement est descendu sur la terre, mais Il nous a laissé l’Esprit Saint pour habiter sa présence et continuer de nous laisser transformer, afin de faire des disciples de toutes les nations. C’est ainsi que nous témoignerons de notre joie de vivre en Dieu en partageant l’amour que nous avons reçu.
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Les trois invitations
« Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment », ce sont trois invitations à marcher sur le chemin de vérité. Prendre garde, car l’adversaire le démon tourne autour de nous comme un lion affamé, cherchant sa proie. Rester éveillés, car le Seigneur nous demande de ne pas nous assoupir dans une tiédeur spirituelle qui, peu à peu, nous détache de Dieu. Enfin connaître, c’est-à-dire être disponibles à l’imprévu car nous ne savons ni le jour ni l’heure, mais nous voulons voir Dieu, et Lui dire « Mon Seigneur et Mon Dieu » en serviteur bon et fiable. .
La transformation que nous devons vivre sur le chemin de l’avent chaque année est d’abord une réception de la fidélité de Dieu dans notre histoire et un ajustement de notre vie pour préparer la venue du Christ. Cette conversion du cœur se vit différemment qu’en carême, parce qu’elle est d’abord l’accueil de l’amour de Dieu et de sa fidélité, avant de voir la pauvreté de notre humanité et les faiblesses inhérentes à notre condition humaine. C’est entrer dans une nouvelle catéchèse et, chaque année, la lecture d’un évangéliste privilégié, en l’occurrence cette année saint Marc. Il nous enjoint d’accueillir la Bonne Nouvelle comme une joie de la rencontre, selon un axe pastoral évangélique propre, selon le discours de Pierre comme témoin d’une relation au Christ que nous sommes tous appelés à investir dans les situations pittoresques de nos vies Toute la parole de Dieu est une invitation à la joie de Dieu pour nous aujourd’hui. Les commandements sont là pour nous structurer et nous enjoindre d’avancer avec ferveur à la rencontre de l’époux qui vient.
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L’adversaire
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Prendre garde nous exhorte à la vigilance face aux attaques de l’adversaire. C’est par la parole de Dieu et la confiance en sa promesse que nous pouvons avancer avec sureté. Et justement l’attaque du Malin se fait dans la manipulation de la parole… « alors Dieu vous a dit ». La confiance en Dieu est le premier acte d’amour de toute créature, car à travers elle, nous entrons dans la civilisation de l’amour et la fécondité de l’acte créateur. Nous participons ainsi selon nos propres talents, à l’œuvre de Dieu et en devenons acteurs selon nos propres responsabilités. La défiance est la première attaque, la plus perfide, car elle n’attaque pas de front l’amour mais elle le lamine par le soupçon.
Néanmoins, l’Esprit Saint est là pour nous conduire sur ce chemin de joie, en nous octroyant tout ce qui est nécessaire pour être attentifs à discerner l’œuvre de Dieu et à chasser de notre vie tout ce qui l’obscurcit ou nous éloigne de Lui. ” Le diable et les autres démons ont certes été créés par Dieu naturellement bons, mais c’est eux qui se sont rendus mauvais. “vii C’est une possibilité, dans la liberté de l’amour, de refuser Dieu et ses œuvres pour vivre un auto-centrement. Le refus de l’amour fait partie de la pleine confiance de Dieu en l’homme et de l’irresponsabilité de l’homme de ne pas y satisfaire. “Prendre garde” demande d’être toujours attentifs à vivre la liberté de l’amour, dans les choix que nous posons, et une forme de gratuité dans la disponibilité de nos relations. Il nous faut refuser les séductions mensongères de l’adversaire qui nous pousse à la désespérance, au doute de l’amour de Dieu et donc à désobéir à notre vocation première d’image de Dieu appelée à la ressemblance.
Justement, le chemin de l’avent est un retour vers la promesse de Dieu et une conversion du cœur, qui se fait dans l’émerveillement de la promesse tenue de Dieu et sa fidélité dans notre histoire, malgré nos errances. “Prendre garde” implique le combat spirituel, pour continuer de tenir avec ferveur la fidélité de notre vie, afin de laisser Dieu agir en profondeur et faire de nous ses amis.
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La tiédeur
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Rester éveillés, c’est se tenir sur les hauteurs de notre vie pour comprendre ce que Dieu veut pour chacun de nous. Comme le veilleur attend la lumière du jour, ainsi le chrétien, en se laissant transformer par le Christ, retrouve un sens nouveau à tout ce qu’il vit. A la lumière de la vérité, il essaye d’être attentif à ne pas retomber dans ses travers et ce qui l’empêche de progresser. L’ajustement de notre vie à l’amour, malgré le déséquilibre du péché, demande un effort constant et une veille efficace pour ne pas sombrer. Le chemin de l’avent est cette veille pour accueillir en vérité l’amour qui nous est donné par Dieu, et être en concordance dans sa vie avec la Parole pour l’accueillir avec justesse.
Hélas, trop souvent nous voulons instrumentaliser la Parole à nos propres actes, afin de justifier ce que nous voulons vivre. Ce n’est pas juste, ce n’est pas vrai, car ce n’est pas à la parole de Dieu de s’adapter à nos manières de vivre. D’autres font une lecture relativiste de la Bible, ou ont une interprétation dénuée de la tradition apostolique et du discernement des frères, qui entraîne à l’errance de la foi pour s’accommoder de positionnement à l’air du temps. La garde du cœur et le bon sens des fidèlesviii dans cette attente joyeuse nous demandent d’être attentifs au Seigneur. Cela impose le silence pour écouter le souffle de l’Esprit passer dans notre vie, car c’est une brise légère, et il faut avoir l’oreille attentive afin de garder pour notre part, une grande vigilance. Le silence est le lieu du recentrement sur soi et de l’entrée en profondeur, afin de laisser Dieu parler à l’intime de nous-mêmes, et ainsi opérer des changements importants. C’est aussi un moment saisissant pour se rendre compte des torpeurs et des négligences qui peuvent avoir été vécues, afin d’être là devant Dieu et dépoussiérer nos vies de tout ce qui l’encombre pour nous rendre totalement disponibles.
Aujourd’hui la disponibilité à Dieu et à nos frères, dans le partage de notre temps, est devenue un enjeu majeur, soyons-en conscients. La pandémie a peut-être révélé que la folie de l’activité de nos vies doit aussi prendre un temps de pause et de recul, nécessaire à ce qui fait vraiment sens. Il ne s’agit donc pas de rechercher l’utilité de ce que nous faisons, ou l’efficacité et la performance, mais bien d’être éveillés aux personnes, pour faire grandir la dignité de chacun et voir l’autre comme sujet de la civilisation de l’amour et non comme objet d’exploitation.
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Le discours apocalyptique
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Trop souvent certains annoncent la fin du monde comme une réalité immédiate, donnant même des dates, voire des heures, où tout serait fini. « Vous ne savez pas » nous rappelle le Christ. Car la connaissance vient de Dieu pour toute chose, mais elle est portée par l’espérance. Or, la connaissance précise de la fin des temps nous empêcherait d’être dans cette dynamique de l’amour, dans la réalité de ce que nous avons à vivre.
Donner des dates de fin du monde est un péché contre la charité et l’espérance, mais aussi contre la foi car la fidélité au Seigneur et l’ajustement de l’amour viendraient être contrecarrés par une peur irrationnelle, voire une angoisse. Cela engendrerait un comportement justifié par une fin proche, mais qui n’aurait pas tout notre assentiment, parce qu’il proviendrait de la peur et non de la fidélité aimante en la personne du Christ. L’amour chasse toute peur pour être vécu dans le don. L’amour ne se vole pas, il se reçoit et se développe tout au long de notre vie par les choix libres que nous posons, il se manifeste par l’engagement, sans arrière-pensée, d’une communion avec Dieu, non comme une récompense ou comme un dû, mais comme un prolongement du dialogue avec Lui et de ce désir d’être en communion avec Lui. L’amour offre toujours des choix libres et non commandés par les événements, car il est le fruit d’une relation, d’une rencontre, et non d’une idée ou d’une suggestion imposée. L’amour révèle la vie et ouvre à l’espérance.
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Synthèse
L’appel à veiller devient l’appel à la confiance dans la prière, la persévérance dans le service de la charité, et la contemplation de Dieu en tout temps et en tout lieu. Que ce soit de jour ou de nuit, ce dialogue amoureux avec Dieu est lieu de régénération de notre vie. Il est là, présent : « A travers l’amour est le don ; puisque Dieu est amour il se donne totalement. »ix Ce temps de l’avent est celui du don sincère de soi-même, et en même temps la réception du don du Fils. Il faut que nous sachions vivre cette gratuité de l’échange. « Fais-nous vivre et invoquer ton nom ! » nous dit le psalmiste, il nous faut refuser les enfermements de la peur pour vivre dans la vérité de l’amour comme fils de la lumière.
Peut-être l’invitation à veiller est-elle d’abord un appel à devenir des contemplatifs de la promesse de Dieu dans notre vie ? Il veille, celui qui contemple Dieu et se laisse modeler par la Parole ; celui qui reçoit l’appel comme lieu de choix de vie, qui témoigne de l’amour et engendre l’amour ; celui qui se rend disponible, s’émerveille de la présence de Dieu dans le monde d’aujourd’hui et amène ses frères à entrer dans l’hymne de louange en ajustant ses choix de vie à la Parole. Cela nous demande d’être vigilants et « de tenir fermement jusqu’au bout » afin de vivre la communion avec le Dieu fidèle qui nous envoie son Fils. L’appel à la vigilance est d’abord un appel à la fermeté de notre foi, à suivre le Christ et à veiller à tenir nos pas dans ses pas. « Chaque époque peut rencontrer plus ou moins de difficultés à admettre certains points de la foi : il est donc important de veiller, afin que le dépôt de la foi soit transmis dans sa totalitéx, et pour que l’on insiste opportunément sur tous les aspects de la confession de foi. »xi Aujourd’hui, la transmission de la foi dans notre vieille Europe se révèle difficile et on peut observer des cassures générationnelles. Veiller nous appelle à être attentifs à la transmission de la foi à nos enfants et petits-enfants, certes, mais aussi à tous ceux que nous rencontrons.
Le témoignage n’a pas de frontière, au risque de sortir de l’amour. Nous sommes conviés à manifester la présence de Dieu dans ce monde par nos choix de vie et accueillir sa promesse du Salut. L’avènement du Christ, chaque année, est l’occasion pour nous de faire le point et de réchauffer le désir de sa présence parmi nous, comme à chaque eucharistie, sacrement de la charité source et sommet de la vie chrétienne, et nous rend aptes à accueillir la promesse de la civilisation de l’amour en agissant dans ce but. « Dieu de l’univers, …visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante. »
30 novembre 2020 – Père Greg – Curé
Saint Charles Borromée – Joinville-le-Pont
Sources :
i &1 Redemptor Hominis
ii Sermon 1 de l’avent – Maître Eckhart p 52
iii &50 Lumen Fidei
iv &265 Evangelii Gaudium
v &38 Dieu est amour
vi &12 Dieu est amour
vii &391 CEC
viii Sensus fidei
ix Sermon 100 p 609 – Maître Eckhart
x cf. 1 Tm 6, 20
xi &48 Lumen Fidei