2020. Lettre de Tous les Saints 1/3

 

« Toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes que le Christ faisait»

Lorsque Dieu se manifeste, et qu’Il se révèle dans notre vie, alors nous connaissons la joie de la communion, cet équilibre intérieur qui nous ajuste à notre dignité de fils de Dieu. La joie est l’expression de la familiarité retrouvée en Dieu. Oui notre cœur trouve sa joie dans la communion avec Dieu et ce parcours de sainteté où nous nous ajustons sans cesse à sa Parole pour L’aimer davantage. Le témoignage de notre foi rayonne de ce bonheur de Dieu à partager avec chacun dans la gratuité de la présence. C’est justement dans ce rapport nouveau, où larelation est don, et non pas recherche d’utilité, que je témoigne de l’amour dans sa radicalité. Oui, jusqu’à donnersa vie par la croix nous dit le Christ. Alors nous manifestons la présence de Dieu dans ce monde, et nous rayonnons de sa lumière.

1. Une conversion qui ouvre au bonheur

Nous le savons bien, une vie de foi ne se fait pas sans combat spirituel comme nous le rappelle l’apôtre Paul« accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. » C’est une vie dans l’Esprit Saint qui nourrit notre foi, la développe et nous porte à la communion de l’amour, aidés par la grande espérance du Salut. C’est pourquoi, il nous faut accueillir la Parole de Dieu dans notre vie pour une transformation personnelle,mais également dans notre vie communautaire comme lieu d’interpellation et de dialogue. La Parole de Dieu nous interpelle par l’Esprit Saint pour nous remettre sur la route, d’une part, ou pour nous inviter à un véritable approfondissement de notre vie en Dieu d’autre part. C’est-à-dire à un temps de conversion ou de plus grande communion. La fête de tous les saints est un moment privilégiée pour nous rappeler que nous sommes promis au bonheur dans cette conformité à la Parole et que nous y trouvons le plein épanouissement de notre vocation de fils de Dieu. La Parole est un chemin de joie à découvrir, pas forcément dans l’immédiateté, mais toujours dans la durée.

L’amour sans vérité est une illusion : nous restons en surface, comme une maquette posée là, pour visualiserles possibles mais hélas sans vivre la relation jusqu’au pardon et à la réconciliation, puisque nous restons dans uneforme de déni. L’illusion est de croire que c’est possible, d’autant plus que par instant cela fonctionneeffectivement, comme un mirage peut provisoirement étancher un certain désir… cependant la soif demeure. Lavie des saints est une vie de vérité, qui nécessite de se laisser interpeller par la Parole et de vivre une transformationintérieure, pour faire la vérité de son être, et ainsi témoigner à tous de l’amour de Dieu dans la joie de la rencontre.Non une joie fabriquée sur commande ou par injonction, mais une joie de la présence de Dieu dans notre vie parcequ’Il est là, avec nous, pour toujours. Nous le savons bien, l’interpellation de la Parole demande toujours un temps de méditation, de contemplation et d’action.

Le dialogue dans la Parole est cet échange entre le cœur de Dieu et notre cœur, pour contempler l’amour, envivre et en témoigner. L’accueil de la Parole devient la joie de notre vie parce que nous laissons l’Esprit Saint nous guider et nous unifier. C’est en cela que la Parole est créatrice, parce qu’elle nous révèle la liberté dont Dieu nous a gratifiés et qu’il faut utiliser en bonne intelligence. C’est pourquoi affirmer une vérité sans amour est une forme de tyrannie de l’être, et d’injustice face à l’ensemble de l’histoire personnelle. Vivre au gré des sentiments, c’est refuser l’entendement et, en quelque sorte, ne pas laisser la raison s’exprimer. Or l’amour a sa raison dans la vérité de la relation, jamais dans le sentiment instantané. Oublier la vérité dans un discernement de l’amour est une forme de violence qui, sous prétexte de pureté de l’intention, fracasse la relation humaine et exacerbe toutes les tensions.C’est une forme grave de clivage qui fait oublier le bien commun. Ainsi on peut affirmer que la vérité sans amourn’est pas juste et offre un déséquilibre qui déshumanise.

1.1. La liberté de la joie

L’accueil de la liberté de la Parole, même au milieu des épreuves, révèle la puissance de l’amour de Dieu, eten même temps la vanité du monde qui passe. Les saints tendus vers les réalités des Cieux, ont témoigné par leur vie et leur mort, de la radicalité de l’amour et du désir insatiable d’être en communion avec Dieu. Oui, Jésus nous sauve, l’amour de Dieu a vaincu la mort et toutes les forces destructrices, pour révéler à l’homme sa dignité propreet son appel à vivre en communion avec Dieu, par amour et non par commandement. L’amour est le dynamisme de la communion avec Dieu et avec nos frères. C’est le langage du Ciel que nous avons à apprendre sur Terre afind’être pleinement citoyens de la civilisation de l’amour.

La liberté n’est donc plus une fin en soi, mais un appel à réaliser la promesse d’une joie profonde dans lacommunion éternelle avec Dieu. La grande espérance du Salut se comprend dans l’amour et nous invite à laconfiance par la fidélité de nos choix. C’est dans cette maturation intérieure que nous trouverons la joie de Dieu, qui rayonne dans notre propre joie. Participer à la joie de Dieu donne la plénitude de joie promise pour l’éternité dans la civilisation de l’amour. La joie vient de la rencontre avec Dieu dans sa dimension trinitaire, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. A chaque fois, la joie rayonne d’une grâce particulière dans l’amour qui nous sauve et s’offre ànous. A travers une personne, dans un dialogue, la joie éclate comme lieu de reconnaissance.

La révélation n’est plus extérieure à moi-même, mais bien inscrite dans mon histoire, où Dieu marche à mes côtés. Oui, il est vivant ce Dieu fidèle, et je connais son nom et son visage, et en Luij’ai la vie éternelle. Je veux en témoigner autour de moi, en réponseà l’amour reçu, et aussi par une forme de joie dans le partage etl’appel à vivre à plusieurs cette rencontre de Dieu. Car l’homme n’apas été créé seul mais en relation, pour une complémentarité d’un seul et même projet d’amour qui se décline sous divers modalités,selon la personnalité de chacun.

Cependant, si le propre de la liberté est de vivre la vérité de l’amour c’est-à-dire l’obéissance dans l’engagement pris et en conformité avec notre être, elle est aussi une question de volonté, afin d’être fidèle à nosengagements. Il nous faut méditer la Parole de Dieu par une lecture croyante et à la suite de la tradition apostolique.Le discernement se fait en Eglise et dans la prière afin d’être attentif au souffle de Dieu dans notre vie. « Qu’est- ce qui est le propre de la foi ? C’est la pleine et indubitable certitude de la vérité des paroles inspirées par Dieu (…) Qu’est-ce qui est le propre du fidèle ? De se conformer avec cette totale certitude à ce qu’expriment les paroles de l’Écriture, et ne pas oser en retrancher ou en ajouter une seule »1. En d’autres termes saint Basile nous invite à ne pas nous laisser instrumentaliser par la Parole ou dans des oppositions impossibles.

Néanmoins par la vie des saints, nous comprenons la Parole sous un éclairage nouveau, où chacun apportesa pierre à l’édifice de la communion avec Dieu. Et c’est à vivre dans la grande espérance du Salut, déjà en partie réalisé avec les saints du Ciel, mais dont nous devons être contributeurs dans la vie du monde de ce temps. « Tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père. »2 L’universalité de l’appel à la sainteté touchetous les états de vie et toutes les personnes, quelles qu’elles soient. Parfois la sainteté a été confondue par certains avec un équilibre mental ou une perfection physique, avant d’être perçue, non sous forme d’utilité mais de vérité de l’être dans l’amour, c’est-à-dire d’ajustement à la Parole et de marche vers Dieu. Découvrir cette universalité dela sainteté et la vivre comme artisan de paix, c’est la joie de redécouvrir sa dimension de fils de Dieu grâce au souffle de l’Esprit Saint.

Ainsi, avec joie, je découvre sans cesse par la prière et la méditation des Ecritures, cette proximité avecDieu et je l’approfondis dans ce compagnonnage jour après jour, avec le Seigneur. Il s’agit bien d’agir en confiance dans la contemplation de Dieu et l’inspiration qu’Il met dans nos cœurs. « Dans la formation de la conscience la Parole de Dieu est la lumière sur notre route ; il nous faut l’assimiler dans la foi et la prière, et la mettre enpratique. Il nous faut encore examiner notre conscience au regard de la Croix du Seigneur. Nous sommes assistésdes dons de l’Esprit Saint, aidés par le témoignage ou les conseils d’autrui et guidés par l’enseignement autorisé de l’Église »3 Point de confusion dans la rencontre avec Dieu et la vie de ce monde. L’Esprit Saint nous appellealors à discerner les choix que nous devons opérer dans l’obéissance à l’Eglise et à la lumière de la foi. Il se trouve là, le principe de notre liberté. Et ce n’est pas un chemin individuel mais une recherche commune de la civilisation de l’amour en aidant les uns et les autres à vivre cette liberté selon leur charisme pour porter du fruit.

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C’est une des questions que pose la pandémie, face aux restrictions liberticides. « Il est écrit : l’homme nevit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »4 Or si les magasins d’alimentationet la circulation pour des raisons administratives sont autorisés, celle pour la pratique religieuse ne l’est pas. Ajoutons à cela une vision utilitariste de la foi, où ‘l’important est de prier dans son cœur et non de se retrouverdans une Eglise’, ou encore ‘la crise sanitaire autorise de laisser au second plan la religion, d’ailleurs les autres religions le vivent très bien’. Cette forme d’utilitarisme dans le premier cas, ou de relativisme dans l’autre cas estinsupportable pour les fidèles. L’amour n’est pas dans l’à peu près de la situation mais dans la vérité de la relation.Or les saints, en temps de pandémie, ont été les premiers à secourir les pauvres devant les Eglises, aller dans les maisons, assurer des processions et des célébrations dans les bâtiments ad hoc afin de toucher le cœur de Dieu. Ne nous faisons pas voler notre joie de l’Evangile au nom du principe sanitaire ni amoindrir l’annonce, sous prétextede distanciation. Le Christ a besoin de nos pieds, pour parcourir les chemins du monde, et de notre bouche pourl’annoncer à nos frères. Voir les choses autrement est d’une naïveté peccamineuse et il y a ici un problème de hiérarchie des valeurs5.

Mais l’appel à la sainteté, transforme la cellule familiale en cellule de Dieu. En effet il y a des familles de saints et le bien peut être aussi contagieux. Il invite chacun à choisir librement cette voie du Salut. La « sainteté de l’Églisese manifeste en permanence et doit se manifester par les fruits de grâce que l’Esprit produit dans les fidèles ; soustoutes sortes de formes, elle s’exprime en chacun de ceux qui tendent à la charité parfaite, dans leur ligne propre de vie, en édifiant les autres ; elle apparaît d’une manière particulière dans la pratique des conseils qu’on a coutume d’appeler évangéliques. »6 L’appel de la route, afin de suivre le chemin que nous montre le Christ, est unappel à la vie en Dieu. Il nous concerne tous dans la vérité de notre être, pour nous laisser guider par celui qui, à la fois, est l’amour et nous montre l’amour. Les saints sont le reflet de cet amour premier et nous encouragent à suivre cette pratique de la joie dans la communion avec Dieu.

1.2. La foi redonne la joie

Choisir Dieu, et vouloir le mettre à la première place, demande de marcher en permanence dans sa lumière. Efforçons nous « toujours de garder la présence de Dieu et de maintenir en nous la pureté que Dieu nous enseigne. »7 Car le Christ nous révèle que la pureté du cœur, c’est de contempler Dieu, c’est-à-dire vouloir se tenir en sa présence et vivre la gratuité de la relation. La joie de croire, soutenus par sa présence dans notre vie, nous rend missionnaires et, en recentrant notre vie sur le Christ, nous y puisons la grâce nécessaire à l’annonce de laBonne Nouvelle : Jésus nous a sauvés une fois pour toutes, il nous a purifiés de tous nos péchés et nous attendons son retour dans la gloire. « Les chrétiens… confessent l’amour concret et puissant de Dieu, qui agit vraiment dansl’histoire et en détermine le destin final, amour que l’on peut rencontrer, qui s’est pleinement révélé dans laPassion, mort et Résurrection du Christ. »8 La première place que nous laissons à Dieu donne sens à notre vie et àl’amour que nous voulons vivre comme service. Toutes nos relations sont transformées en sa présence, et nous entrons dans le mystère de notre action docile à sa Parole, dépassant toutes frontières afin de goûter à l’amourcomme jardin familier où nous sommes en dialogue, c’est-à-dire en constante communion.

1.2.1 La foi comme rencontre de la lumière du pardon

Si la rencontre du Christ a illuminé ma vie, alors je comprends les saintes Ecritures comme un chantd’amour de Dieu pour l’homme et un appel à vivre la pleine communion dans la confiance en son œuvre. C’est unparcours de joie à redécouvrir à chaque étape de nos vies. « Le chrétien peut avoir les yeux de Jésus, ses sentiments,sa disposition filiale, parce qu’il est rendu participant à son Amour, qui est l’Esprit. C’est dans cet Amour que sereçoit en quelque sorte la vision propre de Jésus. Hors de cette conformation dans l’Amour, hors de la présence de l’Esprit qui le répand dans nos cœurs9, il est impossible de confesser Jésus comme Seigneur10. »11 Accueillir la Parole de Dieu dans notre vie change nos rapports fraternels pour les irradier de la présence de Dieu et, dans cet esprit de conversion, trouver sa joie dans tous les moments de notre histoire, même dans les épreuves. Carl’attachement au Christ demande le détachement du monde et de tout ce qui nous détourne du vrai Dieu.

Il est vrai que c’est parfois un chemin douloureux, car cela semble nous jeter dans l’insécurité, mais c’estpour une liberté plus grande dans nos choix et un accueil plus profond de la présence du Seigneur. La joie en Dieu et la confiance en son amour ne séparent pas des réalités humaines et de ce que nous avons à vivre dans nos propres limites. « Là se trouve la source de l’action évangélisatrice. Parce que, si quelqu’un a accueilli cet amour qui lui redonne le sens de la vie, comment peut-il retenir le désir de le communiquer aux autres ? »12 Nous devenons modèles lorsque nous accueillons l’amour de Dieu et que nous en témoignons autour de nous dans la vérité de nos actes. Et plus l’épreuve est forte, plus le témoignage est grand, lorsque le sens de Dieu est premier. Le pardon et la réconciliation annoncent la paix dans la justice de Dieu, et non dans le calcul des hommes, mais en même temps rayonnent d’une relation nouvelle où nous accueillons pleinement le Salut. Seule la foi enracine le pardon dans uneconversion du cœur, avec un sens nouveau des priorités où l’amour est premier.

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1.2.2 La foi s’annonce

L’annonce de notre foi est d’abord la rencontre de l’amour de Dieu, puis la vie de communion que nousvoulons développer autour de nous comme prolongement d’une promesse du Salut. En effet, «

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surnaturelle donnée par Dieu, nous reconnaissons qu’un grand Amour nous a été offert, qu’une bonne Parole nousa été adressée et que, en accueillant cette Parole, qui est Jésus Christ, Parole incarnée, l’Esprit Saint nous transforme, éclaire le chemin de l’avenir et fait grandir en nous les ailes de l’espérance pour le parcourir avecjoie. »13 Nous l’annonçons pour que chacun puisse être touché par la grâce et construise ensemble cette civilisationde l’amour que nous sommes appelés à vivre pour l’éternité. Vivre notre foi demande des engagements concretsau service de la charité, mais aussi une annonce explicite de la présence de Jésus dans notre vie. Un concert de la vie de Dieu dans tous les sons symphoniques du service de la charité, des musiques de la fidélité enracinée dans laParole et des harmonies de l’espérance pour le salut des âmes. La présence de Dieu et la vie dans l’Esprit nousengagent à mettre en pratique. Le chemin de sainteté est une harmonisation, tant intérieure qu’extérieure, de toutenotre existence pour l’exigence de la transmission de notre foi. L’amour demande de le vivre et de le partager dansnos actes. L’un ne va pas sans l’autre et il y a bien une hiérarchie de l’amour : celle-ci commence par la proximité. Avant de tirer des plans sur la comète, regardons au bas de notre porte Lazare, qui meurt de faim. C’est d’ailleurs ce qu’a vécu saint Philippe Neri, qui voulait évangéliser les Indiens d’Amérique du Sud et s’est retrouvé à

dans la foi, vertu

évangéliser les enfants abandonnés de Rome.

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La joie de croire engendre le devoir du témoignage au nom même de l’amour.« L’annonce de la Parole crée la communion et apporte la joie. Il s’agit d’une joie profonde qui jaillit du cœur même de la vie trinitaire et qui se communique à nous dans le Fils. Il s’agitde la joie, comme don ineffable, que le monde ne peut donner. On peut organiser des fêtes, mais pas la joie. Selon l’Écriture, la joie est un fruit de l’Esprit Saint14, qui nous permet de pénétrer dans la Parole »15 et de la saisir comme une lumière pour nos vies, un phare dans nostempêtes et une oasis dans la traversée du désert. La vie de l’Esprit me rend témoin de cette intériorité de Dieu au cœur de tous les vivants. Tout prend sens car Dieu est présent et la Paroleme sert de boussole, et te serviras de boussole. La foi est ce partage d’une solidarité humainede fils de Dieu.

Néanmoins, loin d’une excitation passagère, la Parole de Dieu demande aussi un certain dépouillement de notre part pour porter du fruit. « En annonçant la Parole de Dieu dans la force de l’Esprit Saint, nous désironscommuniquer aussi la source de la vraie joie, non une joie superficielle et éphémère mais celle qui jaillit de la conscience que seul le Seigneur Jésus a les paroles de la vie éternelle. »16 Alors quelles que soient les épreuves, et tout ce que nous traversons, nous savons que Jésus est à nos côtés et vient nous arracher de l’esprit de ce mondepour nous rendre serviteurs du règne de Dieu. Oui, cela nous demande certains arrachements, comme nous détacher des idoles et de tous ces plaisirs immédiats qui n’offrent que des fausses sécurités. La vraie communion avec Dieuse comprend dans l’accueil de son amour pour nous, la vie de l’amour à travers l’unité de notre vie et un témoignage d’amour auprès de nos frères. Il est là, le plus grand commandement, de vivre d’amour envers Dieu et envers nosfrères, dans cette profusion de grâce qu’offre la vie dans l’Esprit Saint.

1.3. La paix soit avec vous

La paix du Christ est joie pour le monde. Autrement dit la paix amène à la joie de la rencontre, parce qu’elle signifie la présence de Dieu. C’est en cela que nous sommes fils de Dieu, parce que dans la paix nous vivons Dieu.Et c’est là notre joie, parce que nous l’accueillons enfin dans un temps de communion où notre désir profond d’êtreunis à Dieu prend vie. Jésus ressuscité nous annonce la paix de Dieu comme avènement du Royaume et nous fait reconnaître la joie. Il y a une progression spirituelle qui passe de la paix à la joie et que le pape Paul VI éclaire dansla démarche de solidarité qui structure notre fraternité dans la vérité de l’Evangile. « Déjà elle procure la paix, elle redonne espoir, elle fortifie la communion, elle ouvre à la joie, pour celui qui donne comme pour celui qui reçoit, car il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir17. »18 Cette progression de la paix, qui redonne espoir, c’est-à-dire permet à l’autre d’accueillir, et invite à l’unité, amène à la joie parce qu’en fait, dans le don sincère de soi- même, se trouve la vraie joie.

Comprenons le bien, la paix intérieure rayonnera de notre cœur vers nos frères si nous les portons dans l’amour.« Si nous prenons l’habitude de prier de tout notre cœur pour nos ennemis et de les aimer, la paix demeureratoujours dans nos âmes ; mais si nous prenons en haine notre frère, ou si nous le jugeons, notre esprit s’obscurcira, et nous perdrons la paix et notre confiante approche de Dieu. »19 La prière est un chemin de purification pour nous conduire vers cet ajustement permanent à l’Ecriture et la recherche de vivre la volonté de Dieu concrètement dans notre vie. L’intercession pour nos frères est alors le chemin du Salut qui transforme notre regard et laisse Dieu

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travailler dans notre existence pour transformer ce qui doit l’être. « L’âme ne peut avoir de paix si elle n’étudie pas jour et nuit la loi divine, … écrite par l’Esprit Saint, et l’Esprit Saint passe de l’Ecriture dans l’âme. L’âme ressent alors une agréable douceur et désormais, elle perd tout goût pour ce qui est de la terre….L’homme qui porte enlui la paix du Saint-Esprit répand cette paix sur les autres. »20 La découverte de la conformité de notre vie à lavolonté de Dieu nous fait habiter la joie qui n’a pas de limite, puisqu’elle se trouve en Dieu. En vivant la paixintérieure, nous voudrons être artisans de paix pour nos frères et nous nous reconnaîtrons comme fils d’un même Père. Alors nous chercherons ce qui est juste pour continuer d’aimer en vérité. La justice et la paix sont indissociablement liées, comme la vérité et l’amour. Chacun étant une disposition, tant intérieure qu’extérieure,d’une Parole écoutée, méditée, vécue et témoignée.

C’est pourquoi je ne trouve plus cela très heureux de juxtaposer “allez dans la paix” avec la joie, parce cela voudrait dire que nous ne croyons pas que la paix de Dieu apporte vraiment la joie, comme une sorte de défiance. Dans le meilleur des cas, nous faisons une forme de lapalissade lorsque nous disons “allez dans la paix et la joie du Christ”. « Si Jésus rayonne une telle paix, une telle assurance, une telle allégresse, une telle disponibilité, c’est à cause de l’amour ineffable dont il se sait aimé de son Père. »21 La paix, comme la joie, est don de l’Esprit. Cela estvrai et confirmé plusieurs fois dans les saintes Ecritures. Néanmoins la joie est une conséquence de Jésus au milieude nous, de l’accueil de sa présence, et de la communion que nous vivons avec Lui. La paix est génératrice de cettejoie que nous avons à retrouver dans l’unité entre frères et la communion avec Dieu notre Père. Or la paix est un fruit de la vérité sur Dieu et sur l’homme, à travers l’œuvre de création, elle nous donne la joie du service et la disponibilité à notre vocation propre. « La paix est aussi le fruit de l’amour, la paix intérieure que l’homme accablé cherche dans la profondeur de son être; la paix désirée par l’humanité, ….Puisque le chemin de la paix passe en définitive par l’amour et tend à créer la civilisation de l’amour, l’Eglise tient son regard fixé vers celui qui est l’Amour du Père et du Fils »22 La joie est une conséquence de cette paix retrouvée et de la complémentarité quel’homme éprouve en présence de Dieu. Tout y est si merveilleux, que la parole de l’homme devient un chant de louange à son créateur, un hymne d’action de grâce pour tous ses bienfaits. « Le Seigneur a donné sa grâce auxSaints, et ils l’aimèrent et s’attachèrent à Lui jusqu’au bout… cet amour est ineffablement doux ; il procède du Saint-Esprit. »23 Si le Christ nous donne sa paix, c’est pour que nous vivions la joie de l’Esprit dans notre vie. L’envoi en paix, à la fin de la messe, rappelle la promesse du Salut et l’impératif du témoignage. Le Christ nous asauvés. Ajusté à sa Parole et à son corps par la communauté et l’eucharistie, je dois aller sur les chemins du monde révéler la joie de l’amour. Pour bien comprendre, c’est la découverte de la présence de Dieu et de son amour, quime fait reposer en paix auprès de Lui, là où ma joie demeure. C’est le chemin qu’ont découvert les saints, que nous avons chaque jour à vivre dans la vie ordinaire, par des petits gestes, mais toujours tendus vers la recherche de lacivilisation de l’amour.

2. Une vie dans l’Esprit

L’apprentissage du désir de Dieu amène inéluctablement au besoin d’en témoigner et de le partager avec le plus grand nombre, parce que la foi parle de l’espérance d’un amour reconnu par tous. « Plus nous tournons notreregard et notre cœur vers la Jérusalem terrestre, plus s’embrasent en nous le désir de la Jérusalem céleste,véritable but de tout pèlerinage, et la passion pour que le nom de Jésus, en qui seul réside le salut, soit reconnu par tous. »24 La vigne du Seigneur donne tout son bon vin dans cette annonce explicite du désir du Salut. Reconnaissant nos limites humaines, nous pouvons alors nous laisser bénir par Dieu de tous ses dons, pour nous épanouir pleinement en êtres de louange. Nous avons le désir d’entrer dans la vie de l’Esprit Saint, en développantnos charismes dans la joie de la complémentarité. Nous y trouvons la racine de la liberté, dans l’ajustementpermanent à Dieu et à nos frères, et dans le langage de l’amour. « En annonçant la Parole de Dieu dans la forcede l’Esprit Saint, nous désirons communiquer aussi la source de la vraie joie, non une joie superficielle et éphémèremais celle qui jaillit de la conscience que seul le Seigneur Jésus a les paroles de la vie éternelle. »25 Une liberté de partager ce que nous vivons de la Parole de Dieu et de vivre une communion de plus en plus intense avec Lui et entre nous.

Lorsque Jésus est au milieu de nous, dans les choix de vie et nos partages fraternels, c’est-à-dire lorsque nous Le rendons présent dans notre volonté de tout agencer selon sa Parole, alors nous mettons le feu sur la Terre,ce feu d’amour qui consume toutes les perversions du désir et les déserts de nos sociétés d’écran. Alors la vigne est l’endroit de nos rencontres avec Dieu, entre le bien-aimé et sa bien-aimée. « Dès le matin nous irons aux vignobles.Nous verrons si la vigne bourgeonne, … si les grenadiers sont en fleur. Alors je te ferai le don de mes amours. »26L’amour de Dieu se révèle à travers la création, se prolonge dans la promesse du Salut et se vit dans la réceptionde l’Esprit Saint dans notre vie. Une joie simple de la création en mouvement qui ne demande qu’à se laissercontempler. C’est ainsi que nous pouvons laisser Dieu s’accomplir dans notre vie en Le recherchant sans cesse pour répondre oui à son amour. Cela demande une purification de tout notre être et, en même temps, une recherche

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de ce qui est pour nous l’essentiel. Il ne faut pas attendre d’être aux portes de la mort pour exprimer cetteappartenance à Dieu. « Dieu est glorifié dans les saints… et la gloire que le Seigneur accorde aux Saints est si grande… Le Seigneur aime tellement l’œuvre de ses mains qu’Il a donné à l’homme le Saint-Esprit à profusion, et dans le Saint-Esprit, l’homme est devenu semblable à Dieu…Le Saint-Esprit remplit de sa grâce l’homme tout entier, l’âme, l’intelligence et le corps »27. L’ajustement de notre vie est ajustement de l’homme tout entier dans une vision de l’écologie intégrale. L’homme au cœur de la création a la responsabilité de tout ce qui l’entoure et doit garder cette volonté d’aimer Dieu. « Bien des gens ont l’impression que les saints sont loin de nous. Ils sont loin de ceux qui se sont eux-mêmes éloignés, mais ils sont très proches de ceux qui gardent les commandements du Christ et ont la grâce du Saint-Esprit. »28 L’appel à la sainteté n’est pas inatteignable, mais demande à chacund’entre nous la persévérance dans la foi, la confiance en l’œuvre de Dieu et la volonté d’aimer toujours plus.

Vivre de l’Esprit Saint n’est pas une recherche des dons ni un travail sur les vertus, comme si nous n’avions pas à vivre un travail d’intériorité et d’accueil de l’inattendu du Seigneur. La Parole est là pour nous fortifier dansnotre foi et répandre la promesse du Salut pour tous. Mais l’Esprit vient se révéler comme joie de Dieu et c’est pourquoi l’Eglise « demande la joie et la consolation que lui seul, le vrai Consolateur, peut apporter en descendant au plus profond des cœurs humains29; elle demande la grâce des vertus qui méritent la gloire céleste; elle demande, par la communication plénière de la vie divine, le salut éternel auquel le Père a éternellement “prédestiné” les hommes, créés par amour à l’image et à la ressemblance de la très Sainte Trinité. »30 Certes l’annonce de l’Evangile n’est pas une évidence, mais l’invitation à prier l’Esprit Saint en communauté est d’abord une injonction autémoignage de Dieu dans notre vie et à faire vivre la joie de la rencontre. Faire partager cette expérience unique de communion avec Dieu nous apporte la paix et nous ouvre à la joie de la vie avec « Mon Seigneur et Mon Dieu ».C’est pourquoi l’appel à la paix annonce la joie. Si je suis artisan de paix, non seulement je suis heureux, mais je rends les autres heureux, c’est en cela que je suis fils de Dieu parce que je montre le vrai visage de la joie, qui nese trouve qu’en Dieu et dans la relation au frère. « La joie qui est le fruit de l’amour et donc fruit de Dieu qui est Amour. »31 Mais comprenons-le bien, la joie vient de cette paix de Dieu, c’est-à-dire de sa présence au milieu de nous. Lorsque Jésus ressuscité apparaît, Il apporte la paix et révèle ainsi l’amour éternel et c’est ce qui nous met enjoie. « La paix terrestre qui naît de l’amour du prochain est elle-même image et effet de la paix du Christ qui vient de Dieu le Père. Car le Fils incarné en personne, prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avecDieu par sa croix, rétablissant l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps. »32

C’est de cette manière que les hommes répandus sur toute la terre seront provoqués à une ferme espérance, don de l’Esprit, afin d’être

finalement admis dans la paix et le bonheur suprêmes, dans la patrie qui resplendit de la gloire du Seigneur. »33

L’amour est le chemin qui mène vers Dieu dans la vérité de notre être. Dès l’origine, l’homme et la femme« entrent dans le monde comme sujets de vérité et d’amour. »34 Nous avons à rechercher cette participation àl’amour dans une vie de prière et de méditation de la Parole, mais aussi au service du frère par la charité et la disponibilité de tout notre être. La prière est un chemin de dialogue avec Dieu, la charité de dialogue avec nosfrères. Or s’il n’est pas bon que l’homme soit seul, c’est justement parce qu’il est un être de relation. C’est par leChrist que « l’humanité a été élue dès avant la création du monde, élue dans l’amour, et destinée à devenir fils adoptifs »35 et que nous avons à l’annoncer à tous pour ajuster pleinement notre vie à Dieu. Chercher à servir Dieu c’est se mettre au service du frère pour témoigner de la vie de grâce. C’est notre plus belle louange, notre chant dejoie. Jésus vient nous sauver et appelle tout homme à la conversion pour vivre la vérité de l’amour. « Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur, il m’a libéré, car il m’aime. »

Ce n’est pas la Loi qui sauve l’homme c’est-à-dire l’extérieur de la parole, mais l’amour c’est-à-dire la relation avec Dieu et le prochain. Marie en est le modèle, qui a su dire oui à la promesse de Dieu et qui n’a pas cessé devivre dans l’obéissance, malgré les épreuves du déracinement, des incompréhensions et de la crucifixion. Elle a dit oui, pour mieux le reconnaître à Pâques et à la Pentecôte et pour ouvrir aux croyants une vie modèle de créature, en adéquation avec la vocation d’image de Dieu appelé à la ressemblance. « En la mère de Jésus, en effet, la foi a porté tout son fruit, et quand notre vie spirituelle donne du fruit, nous sommes remplis de joie, ce qui est le signe le plus clair de la grandeur de la foi. »36 Alors vivons cette joie dans toutes nos relations, non comme une injonction, mais une réalité de la présence de Dieu dans notre vie et dans la vie de nos frères, et sachons y voir Dieuà l’œuvre en ce temps. « Je t’aime Seigneur, ma force : Seigneur, mon roc ma forteresse »

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ouvre à la joie de la relation mais connait aussi le passage de la croix Mais qu’importent les épreuves, lorsque Jésus

La fidélité à la Parole

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est à nos côtés, nous avons l’essentiel alors nous vivons la communion de la joie parfaite. «

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3. La sainteté, une vie réunifié, le principe d’une écologie intégrale

Cette recherche d’unification de l’homme à travers la Parole et son dialogue avec Dieu vient rejoindre le frèredans sa propre faiblesse. « Chaque sœur ou frère souffrant, abandonné ou ignoré par ma société, est un étrangerexistentiel, même s’il est natif du pays. Il peut s’agir d’un citoyen possédant tous les papiers, mais on le traitecomme un étranger dans son propre pays. Le racisme est un virus qui mute facilement et qui, au lieu de disparaître,se dissimule, étant toujours à l’affût. »37 L’attention à toutes les pauvretés ne peut pas être ségrégationniste, comme nous ne pouvons pas légitimer certains racismes par le racisme des autres ou l’ignorer parce qu’il ne correspond pas à notre idéologie. L’interrogation d’une même fraternité au nom de l’amour demande l’attention à tout ce va à l’encontre de notre dignité de fils de Dieu.

Nous ne pouvons pas opposer les misères, mais au contraire, nous affranchir de ce qui n’est pas juste pour rechercher le bien de tous, chacun selon ses justes demandes. C’est là le témoignage de notre foi. « Tertullien38raconte comment l’attention des chrétiens envers toutes les personnes dans le besoin suscitait l’émerveillement chez les païens39. Et quand Ignace d’Antioche40 qualifie l’Église de Rome comme celle « qui préside à la charité (agapè) »41, il entendait en exprimer d’une certaine manière l’activité caritative concrète. »42 L’amour demandede nous mettre au service afin de rendre témoignage à la Parole de Vérité, car l’amour se vérifie toujours par tousnos choix de vie. «

La vie de l’Esprit, que nous sommes appelés à vivre, fait de nous destémoins de l’amour de Dieu par la parole et par les actes, révélant ainsi la présence de Dieu qui illumine notre vie.

Nous pouvons comprendre alors qu’il y a un impératif de communion avec celui qui veut vivre la communion, sans distinction. L’amour est dans l’accueil de celui qui s’ouvre à un partage des compétences à travers une attention au lien social. « Le don de la libération et de la terre promise, l’Alliance du Sinaï et le Décalogue sont donc intimement liés à une pratique qui doit régler, dans la justice et la solidarité, le développement de la société israélite. »44 Ce principe de l’amour, qui demande l’équité, est une composante de la vie du frère et de l’attention à ce qu’il vit soit juste, que ce soit l’étranger ou la personne ayant une orientation sexuelle autre. Le principe del’équité doit toujours être maintenu, au nom même de l’amour. « C’est l’« amour qui brise les chaînes qui nousisolent et qui nous séparent en jetant des ponts ; un amour qui nous permet de construire une grande famille où nous pouvons tous nous sentir chez nous. […] Un amour qui a saveur de compassion et de dignité »45. »46 La vieen Jésus, demande d’accueillir cette fraternité comme lieu de réalisation de notre propre sainteté à travers la sainteté de nos frères. Un partage d’expérience qui se vit dans la communion ouvre à la fécondité. Mais le Christ à travers le bon Samaritain ouvre la solidarité à celui qui a besoin de moi au nom même de la dignité humaine. « Celui qui a besoin de moi et que je peux aider, celui-là est mon prochain. Le concept de prochain est universalisé et restecependant concret. Bien qu’il soit étendu à tous les hommes, il ne se réduit pas à l’expression d’un amour génériqueet abstrait, qui en lui-même engage peu, mais il requiert mon engagement concret ici et maintenant. »47 Il y a un déplacement du service, qui dépasse le besoin social pour rejoindre la question de la dignité de l’homme. Au nom d’un même Père, et dans la reconnaissance d’une fraternité que Jésus nous a révélée au nom de l’amour, nous devons rechercher la communion dans la vérité de l’amour, c’est-à-dire sans instrumentalisation ni injustice. Cela doit nous interroger quant au discernement que nous avons à opérer dans nos relations afin d’être le plus enadéquation avec la Parole.

Conclusion

La vérité libère la conscience lorsqu’elle engage à une transformation de la personne et une unificationhumaine plus importante. « S’il existe un droit à être respecté dans son propre itinéraire de recherche de la vérité, il existe encore antérieurement l’obligation morale grave pour tous de chercher la vérité et, une fois qu’elle est connue, d’y adhérer48. » Or, annoncer la vérité pour mieux s’en démarquer et vouloir prendre au piège par la paroleest une forme de perversion grave de la conscience. Ne nous y trompons pas, même si cela est répandu notamment par les mass-médias, en déformant de manière endémique les propos tenus par les uns et les autres et dans unevision parfois très binaire, cela n’en est pas plus acceptable. L’obligation d’indignation nous conduit à porter contre ce genre de propos un témoignage de notre foi, un acte de charité et une promesse de possible réajustement dans lacivilisation de l’amour. Car la vérité vient à la lumière et toutes les formes d’instrumentalisation sombrent dans l’oubli. Or « la vérité éclaire l’intelligence et donne sa forme à la liberté de l’homme, qui, de cette façon, est amené à connaître et à aimer le Seigneur. »49 Science du dénigrement, l’instrumentalisation de la Parole est fondée sur une méconnaissance de Dieu et une défiance de son œuvre. Il y a comme une forme de clivage à vouloir opposerl’action de Dieu et la liberté humaine, comprise comme ouverture à tous nos désirs sans exercer le discernementdes consciences et de la responsabilité des actes. Or la Parole est d’abord un lieu de rencontre avec Dieu et de dialogue, mais aussi de discernement en Eglise de ce que nous avons à vivre, à l’écoute du souffle de l’Esprit Saint.

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La lumière de la foi, dans la mesure où elle est unie à la vérité de l’amour, n’est pas étrangère

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au monde matériel, car l’amour se vit toujours corps et âme ; la lumière de la foi est une lumière incarnée, qui

procède de la vie lumineuse de Jésus. »43

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La Parole de Dieu demande la prière afin d’être disponibles à la grâce, à l’intelligence des Ecritures dans une connaissance qui s’approfondit et demande la réflexion, et enfin à la foi comme lieu de confiance en l’œuvre deDieu. Les saints sont les hérauts de cette liberté, comprise comme lieu d’épanouissement dans la volonté de Dieu.

Ce qui rend la foi active c’est de reconnaître l’œuvre de Dieu dans ce monde et y participer au service de la charité, en gardant au cœur le souvenir de la promesse du Salut. C’est un chemin de perfection où nous laissons la Parole éclairer notre vie de la présence de Dieu. La sainteté est justement la transparence de la présence de Dieudans notre vie notamment par l’écho de sa Parole de grâce. En effet, la vérité de la connaissance de Dieu nous entraîne sur le chemin de la sanctification, parce que nous nous ajustons toujours plus à la volonté de Dieu et nouscomprenons la liberté comme lieu de fidélité à nos choix premiers, c’est-à-dire d’obéissance à Dieu dans l’engagement de nos vies et dans la connaissance de l’alliance. « Un don de Dieu, purement gratuit, qui, une fois offert, interpelle la liberté de l’être humain pour un oui entier, une acceptation intégrale »50 Or l’intégration de laParole se fait par tout notre être, dans nos paroles, par les actes que nous posons et l’ajustement de notre corps ànotre âme pour sans cesse nous tourner vers Dieu. L’appel de la sainteté est résonnance de la Parole d’alliance dansnotre histoire. « Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons étécréés. Il veut que nous soyons saints »51 c’est-à-dire toujours en présence de notre Seigneur Jésus Christ, et quenous sachions vivre et annoncer la Bonne nouvelle du salut avec l’aide de l’Esprit Saint et les charismes qu’Il nouspermet de vivre autour de nous pour le bien de la communauté. Certes nous avons nos limites et nos fragilités, mais Dieu nous a donné le trésor de la Parole et nous fait messagers de sa joie. Alors nous pouvons garder confiance et avec le psalmiste reconnaître que “le Seigneur est ma lumière est mon salut, en Lui mon espérance”. « Qui veutautre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il veut, et qui veut autre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il demande.Vanité des vanités, tout est vanité, sauf le Christ »52.

Père Greg BELLUT – Curé de St Charles Borromée Ensemble paroissial de Joinville le pont

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1 &48 Verbum Domini – Saint Basile -Regula : LXXX, XXII, PG 31, 867.
2 &11 Lumen Gentium
3 &1784 CEC

4 Mt 4,4
5 Lettre de rentrée 2020 2-2 – liberté et pandémie, la foi irréfragable
6 &40 Lumen Gentium
7 &263 – les mots d’ordre de Saint Jeande la Croix – La pureté du regard p 69
8 &17 Lumen Fidei
9 cf. Rm5, 5
10 cf. 1 Co 12, 3
11 &21 Lumen Fidei
12 &8 Evangelii Gaudium
13 &7 Lumen Fidei
14 cf. Ga 5, 22
15 &123 Verbum Domini
16 ibid
17 Cf. Ac 20, 35.
18I le Besoin de joie au cœur de tous leshommes in Gaudete In domino Paul VI19 P 293 Ecrit de saint Silouane –chapitre sur la paix
20 ibid
21 &3 la joie dans le Nouveau Testament in Gaudete in domino
22 Conclusion Dominum et vivificantem23 P 359 Ecrits de Silouane Chapitre XII Des saints

24 &89 Verbum Domini citant cf. Ac 4, 12
25 &123 Verbum Domini – cf. Jn 6, 6826 Ct 7,13

27 P 359 Ecrits du Staretz Silouane – XII Des saints
28 P 360 Les Ecrits du Staretz Silouane ibid

29 Il convient de rappeler l’importante Exhortation apostolique Gaudete in Domino publiée par le Pape Paul VI, de vénérée mémoire, le 9 mai de l’Année Sainte 1975, car elle vaut toujours, l’invitation qui y était exprimée à “implorer de l’Esprit Saint ce don de la joie” et aussi à “goûter la joie proprement spirituelle, qui est un fruit de l’Esprit Saint” : AAS 67 (1975), pp. 289, 302.

30 &67 Dominum et vivificantem31 &67 Dominum et vivificantem32 &78/3 Gaudium et spes
33 &93/1 Gaudium et spes

34 &19 TDC du 20 fevrier 198035 &&94 TDC /5
36 &59 Lumen Fidei
37 &97 Fratelli Tutti

38 après 220
39 Cf. Apologeticum 39,7: PL 1, 468: Les Belles Lettres, Paris (1929), p. 83.
40 vers 117

41 Épître aux Romains, titre: PG, 5, 801: SCh 10, p. 108.
42 &23 Dieu est amour
43 &34 Lumen Fidei

44 &23 CDSE
45 Discours aux personnes assistées parles œuvres caritatives de l’Eglise, Tallin – Estonie (25 septembre 2018) :L ́Osservatore Romano, éd. en langue française (4 octobre 2018), p. 12
46 &62 Fratelli Tutti
47&15 Dieu est amour
48 &34 Veritatis splendor citant Cf. DH
2 ; aussi Grégoire XVI, Encycl. Mirari vos arbitramur (15 août 1832) : Acta Gregorii Papae XVI, I, p. 169-174 ; Pie IX, Encycl. Quanta cura (8 décembre 1864) : Pii IX P.M. Acta, I, 3, p. 687-700 ; Léon XIII, Encycl. Libertas praestantissimum (20 juin 1888) : Leonis XIII P.M. Acta, VIII, Rome (1889), p. 212-246.
49 Préambule – Veritatis Splendor
50 &19 Bible et morale – les racinesbibliques de l’agir chrétien
51 &1 Gaudete et exsultate
52 Saint Philippe Neri p 92 Saint PhilippeNeri, prêtre dans l’Esprit Saint et le feu –JF Marie Audrain