Le bien commun dans l’Eglise à travers le partage pour construire ensemble
En tant que Curé des paroisses de St Charles Borromée et Ste Anne et St Joachim de Polangis, je ne peux qu’être inquiet de la baisse sensible du denier de l’Eglise, qui chaque année, érode notre fonctionnement économique. Nous n’avons pas de subvention pour vivre, et tout vient du partage que nous pouvons vivre en communauté paroissiale. Le chemin de sainteté que nous sommes appelés à vivre vient aussi de cette faculté de partager comme une joie de l’Evangile. « Je me réfère … à cette joie qui se vit en communion, qui se partage et se distribue, car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir »[i] et « Dieu aime celui qui donne avec joie »[ii]. »[iii] Chacun contribue selon ses moyens.
Nous avons plusieurs moyens de partager simplement. Le premier, qui représente un bon tiers de nos recettes, est le denier de l’Eglise. C’est de prélever sur notre salaire annuel une partie pour le fonctionnement de l’Eglise. Le mieux est de le faire en prélèvement mensuel, afin d’être lucide et persévérant sur une vraie réalité à vivre notre foi. La Bible nous rappelle que la dîme est de 10 % des revenus. Aujourd’hui, une forme de relativisme tend à faire diminuer le montant de notre contribution, ce qui ne permet pas vraiment d’être optimiste. D’autres vivent dans des difficultés qui rendent impossible un partage à un tel pourcentage, et doivent en conscience donner ce qu’ils peuvent sans pour autant se mettre dans des impasses, ou des choix irresponsables. Le mieux est quand même d’asseoir son partage dans la prière et à l’écoute de la volonté de Dieu avant d’en faire un choix idéologique, ou du désir du moment.
D’autres moyens sont de faire célébrer des messes, afin d’aider au revenu des prêtres, tant actifs que retraités. Une messe est à 20 €, cet argent n’est pas pour l’enrichissement de qui que ce soit, mais va dans une caisse commune pour redistribuer pour chaque prêtre un complément du salaire qui constitue un tiers de ses revenus (900 € par mois net). Les intentions de messe, notamment pour les âmes du purgatoire ou le repos des familles est donc, non seulement une démarche spirituelle sérieuse, mais aussi une réalité économique qui aide au fonctionnement de l’Eglise.
Les quêtes sont faites pour aider au fonctionnement de l’Eglise mais ne représentent qu’un tiers de ses ressources. Grâce à des nouveaux paroissiens le budget a augmenté à St Charles de manière importante, mais il reste assez en deçà des besoins réels. La Paroisse de St Charles a cessé depuis deux ans d’être en déficit pour être à l’équilibre. Mais il faudrait avoir de l’argent pour des restructurations (notamment des salles de catéchismes).
J’interviens aussi pour parler des legs. Pour les héritages, même si c’est très lointain, n’oubliez pas l’Eglise. Pour le diocèse, les legs constituent, chaque année, une part importante de ses revenus, même s’ils tendent à baisser. Sans partage la communauté ne peut pas vivre. L’Eglise a besoin de vous, et il nous faut le dire très clairement. Sans financement, tout devient très difficile.
Cela n’empêche pas des propositions pastorales pour aider les uns et les autres à participer à des pèlerinages avec des prix défiant toutes concurrences. Le pèlerinage de Paray-le-Monial est très clairement en deçà du cout réel, mais on a réussi à être à l’équilibre chaque année, grâce aux dons et aux quêtes supplémentaires. De plus nous avons fait des propositions de prix pour des familles ayant des petits revenus afin de permettre à chacun de vivre sa foi à travers un événement fort. Il faut nous aider. L’aide financière va avec l’engagement communautaire pour participer à la vie de la paroisse, et pour rendre témoignage d’une communauté appelante. Soyons témoins de cette joie de croire à travers notre capacité à vivre en vérité la réalité économique comme un moyen et non comme une fin. « Le mot “solidarité” est un peu usé et, parfois, on l’interprète mal, mais il désigne beaucoup plus que quelques actes sporadiques de générosité. Il demande de créer une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens par quelques-uns. »[iv]
Sources :
- i Ac 20, 35
- ii 2 Co 9, 7
- iii &128 Gaudete et exsultate
- iv &188 Evangelii Gaudium
Père Greg BELLUT, Curé de l’ensemble paroissial