2018. Lettre de Noël. 2/2
La théorie du genre
Avant d’aborder le problème de fond, il faut distinguer entre l’idéologie s’imposant sans discussion, par les actes politiques et éducatifs, et la théorie qui permet une étude d’approche et de compréhension. L’idéologie est une tyrannie de la conscience, puisque la pensée ne peut pas s’exprimer librement au nom d’un dictat de ce qui doit être. La question de la théorie du genre provient de l’analyse qu’il faut distinguer entre ce qui est de l’ordre biologique et ce qui est de l’ordre culturel afin de permettre à chacun (et particulièrement aux femmes) d’accéder à une identité digne et de trouver une juste place dans la société. C’est donc une distinction de la personne entre ce qui est de la nature et ce qui est de la culture. Certes, se défaire de la construction sociale pour faire émerger un homme amélioré par sa connaissance du genre peut paraître séduisant. De plus il peut y avoir une lecture touchant les sciences humaines dans leur ensemble, avec une relecture sur la place du masculin et du féminin.
En bioéthique, souvent, et c’est le cas ici, il nous faut discerner les notions sur l’intégralité de la personne humaine et non sur un des aspects. Lorsque nous voyons à travers une loupe, certes nous grossissons un aspect mais nous en oublions l’ensemble et nous ne sommes plus juste dans l’analyse. C’est une mentalité du clivage pour justifier une forme de relativisme éthique sans vraiment de fondement, sinon le dénigrement systématique des positions contraires dans l’extrémisme, ou le non progressisme, dialectique qui montre s’il le fallait, l’indigence de la réflexion. En effet, dès qu’il y a une forme de clivage, sur l’intégrité de la personne humaine, on peut raisonnablement douter du sérieux de la théorie.
1 – Est-ce une théorie ou simplement une étude ?
Peut-on parler de théorie ou d’idéologie du genre ou doit-on parler d’étude ou d’outil d’analyse ?
Certains essayent de refuser le mot théorie qui serait une « obsession d’une partie de la droite » « sous l’impulsion de la manif pour tous ». »[i] Derrière ce dénigrement, on peut en conclure que l’auteur reconnait en creux l’objet politique de la théorie du genre, et sa place dans l’échiquier idéologique[ii]. Une justification de sa légitimité est qu’elle est une approche acceptée par plusieurs pays, et pas seulement les USA. Comme si la vérité trouvait sa légitimité dans l’universalité !
Autre affirmation : On ne peut parler de théorie parce qu’elle est conceptuelle et balaye toutes les sciences par un questionnement décalé. L’argument là encore est balayé avec facilité, comme si le questionnement orienté ne serait pas idéologique ! Enfin, la fine explication de refus du mot théorie, se trouve dans le fait que cela pourrait s’avérer faux ! A part le fait qu’aujourd’hui on parle de théorie de la relativité, sans pour autant la remettre en cause, elle pousse en tout cas à une certaine humilité des connaissances, ce qui visiblement n’est pas le cas pour ceux qui veulent parler de ce qui touche au genre. Parler d’étude du genre, ou de concept du genre pour aborder les discriminations sexuelles amène inéluctablement à la polémique dans le clivage des positions.
Le positionnement frontal que nous pouvons observer aujourd’hui sur la théorie du genre démontre le clivage qu’elle veut instaurer dans notre société sous couvert de diversité. La raison et la réalité anthropologique montrent, s’il le fallait l’inanité de la théorie, mais en rire, ou y être indifférent, c’est laisser l’extrémisme parler. Sous les oripeaux de bienséance, nous avons une forme d’idéologie perverse qui introduit une autre forme de société matriarcale avec les violences qui en sont les corollaires.
Enfin il est curieux en français de refuser l’intitulé de théorie du genre, alors qu’aux USA on utilise le terme de « French Théory » pour désigner ce champ de recherche qui étudie les rapports sociaux à travers les yeux de nos propres cultures…. Le terme « théorie française » est employé parce que cette théorie s’appuie sur un nombre important d’intellectuels français, souvent marqués politiquement à gauche. Aujourd’hui une volonté de banalisation de la théorie voudrait en tirer sa légitimité, ce qui paraît bien vain vu les oppositions, certes peu relayées médiatiquement mais profondément ancrées dans le bon sens et la bonne pratique.
2- Historique
Il y a plusieurs faits constitutifs de la théorie du genre.
Le premier fait est le féminisme et la place de la femme dans une société patriarcale. IL y a une demande d’égale dignité dans l’aspect social et le bien commun. En Europe, vers les années 1848 commencèrent des demandes de libéralisation des femmes sous le joug des maris et n’ayant pas de propre autonomie. Plusieurs revendications trouveront écho par les suffragettes aux USA au début du XXème siècle, et finalement les années 1960 par les avancées de techniques médicales sur le corps. Ces prises de conscience de l’égale dignité de chacun et des progrès techniques ont marqué un pas de plus dans les revendications. Hélas, la juste représentation faisant place peu à peu à une autonomie individuelle de plus en plus forte où la place des hommes devient de plus en plus absconse. C’est dans ce courant de pensée que viennent les études universitaires américaines de Judith Butler (elle-même vivant en couple homosexuelle) dans un syncrétisme de certains philosophes français. Comme quoi les traversées outre-Atlantique finissent souvent dans les naufrages de pensées particulières. Il faudra rester très prudent sur l’amalgame d’auteurs aux conceptions philosophiques très différentes pour en trouver des traces d’une communauté d’idées.
Judith Butler aborde la sexualité (et l’homosexualité), comme une construction du corps, dans un espace social lié au pouvoir et à la domination (et donc une norme social contestable en soi). Une dialectique de lutte des classes n’est pas loin au nom d’un égalitarisme qui voudrait dans des bons sentiments, redonner à chacun la place qui lui revient et lutter contre les discriminations (dont particulièrement celle des femmes). Les normes n’existent plus, juste l’identité individuelle qui relie à la sexualité, en clair, sortir d’une bipolarisation sexuelle pour s’inventer de nouveaux modes relationnels où les possibles n’ont de limite que l’imagination. De là à dire que la théorie du genre sert de justification à toutes les possibilités de rencontre personnelle, et ainsi de légitimer des modes de vies contestables (dans la recherche du bien commun), il n’y a qu’un pas.
Les autres faits sont les ‘travaux’ du psychologue et sexologue néo-zélandais, John Money, sur les questions de réattribution de l’identité. Il se trouva un terrain d’expérimentation sur des jumeaux. En effet, l’un d’eux ayant eu une circoncision ratée, David, les parents REIMER ont contacté le psychologue. Celui –ci les persuade que s’ils l’élèvent comme une fille, il sera une fille, et enlèvent à David les organes masculins pour une « réattribution sexuelle ». Seulement voilà, à la puberté, l’enfant se sent garçon et le dit aux parents. Ceux-ci révèlent l’histoire de naissance, ce fut l’occasion d’un véritable tsunami dans la vie des jumeaux. La fin de l’histoire est assez triste pour ceux-ci puisqu’ils finissent par se suicider à deux ans d’écart, laissant l’expert dans des divagations d’une idéologie hasardeuse. Les études de John Money viennent des problématiques de l’hermaphrodisme (intersexué dit-on aujourd’hui) et interrogent sur leur véritable être sexué (XX, ou XY). On comprend de suite, que la théorie du genre a comme déclinaison le transsexualisme. Une libération de la réattribution sexuelle ouvrait à l’acceptation d’une pédophilie voulue par les deux partenaires…. Judith Butler a remise en cause les travaux du Docteur Money, et notamment la malhonnêteté de l’analyse du cas traité David REIMER.
Ces deux courants historiques ne sont pas remis en question tant par les partisans que par les opposants. Se rajoutent ensuite d’autres racines ancestrales afin de se refaire une virginité pour les partisans, mais sans vraiment de cohérence. Certes, on peut vouloir rapprocher les droits de l’homme de 1948 au décalogue, mais l’emprise culturelle et la différence historique sont telles que cela paraît un peu vain. Il en va de même sur les rapprochements entre le courant féministe de la fin du XIXème siècle et du XXème siècle avec certains épisodes de l’antiquité, dont nous avons une information parcellaire. C’est des tentatives idéologiques similaires qui veulent s’affranchir du mouvement féministe (pour le rendre audible par tous), ou de Money (reconnaissant l’errance médicale). Il n’en demeure pas moins que les faits sont une réalité de l’histoire de la théorie du genre et de sa genèse. Une histoire violente, et clivant qui détruit plus qu’elle ne construit. D’ailleurs la déconstruction de la parole vient de ce même courant de pensée… Redonner un autre sens au mot pour interdire le langage. Et pourtant il nous faudrait un rapport minimal à la vérité au lieu d’assoir des positions ex nihilo. Certaines lois sur l’homophobie par exemple qui voudraient empêcher l’expression d’une opposition au mariage, comme de l’islamophobie, pour empêcher un positionnement sur l’islam entre dans ce champ de déconstruction de la parole.
Lorsque la législation entre sur le champ de la pensée, on peut se demander si elle y a sa place, ou est-ce le départ d’une forme de tyrannie ? On ne peut pas tout dire, mais la raison doit subvenir aux erreurs, et certainement pas l’oppression. Non seulement le dialogue doit être premier, mais encore la raison et la vérité doivent toujours être mis en avant pour réduire à néant toutes les perversités qui pourraient s’exprimer. Jeter des anathèmes n’a pas de sens, lorsque la vérité est absente. Entrer en dialogue avec l’autre c’est laisser place du débat et non le vivre comme un combat dans la négation des positions et la caricatures des expressions. On peut être surpris par la séduction de certaines positions qui une fois dominante dans les mass médias, rejettent avec une intolérance inégalée toutes les autres positions.
La place de l’Eglise n’a pas varié sur la théorie du genre, car depuis le début elle est fondée sur l’Ecriture. Elle rappelle d’une part l’égale dignité de l’homme et de la femme (Gn 1,26) et en même temps sa complémentarité dans la différence (Gn 2,22-23). Néanmoins il est difficile d’avoir une vue d’ensemble sur la théorie du genre et de ses conséquences sans en comprendre les véritables enjeux.
3 – Quels sont les enjeux ?
On part du principe que ce qui n’est pas génétique est culturel, en omettant d’ailleurs tout l’apport de la biologie sur l’évolution de l’espèce, et l’interférence du bain d’hormones dans lequel est fabriqué le cerveau et qui influe sur la masculinité et la féminité de nos instincts. C’est d’ailleurs ce qui nous distingue. Homme et femme ont bien une égale dignité mais dans la complémentarité de ce qu’ils sont l’un pour l’autre, c’est-à-dire don, nous dit la Genèse. L’intelligence féminine et l’intelligence masculine ne sont pas identiques, sans pourtant en faire une hiérarchie, mais bien dans l’acceptation des diversités qui amènent à une vraie créativité lorsqu’elles s’harmonisent. Faire du sexe une construction culturelle est une aberration de la réalité, une indigence de la raison, une vanité de la relation. Comme réduire l’humain à ses instincts en oubliant un peu vite qu’en chacun de nous il y a toujours un acte de volonté, c’est la différence fondamentale avec l’animal. L’animal agit par instinct, l’homme exerce toujours sa volonté, même si elle est a minima.
L’autre aberration de la théorie du genre est cette relecture de l’histoire à travers une lecture biaisée par nos propres visions culturelles. Dire qu’en tout temps et en tout lieu le masculin est considéré comme supérieur au féminin, est non seulement absurde, notamment dans les sociétés matriarcales, qui ont été le mode de fonctionnement primitif (du XXème siècle au XIIème siècle avant JC, et qui continue à exister, même dans la Grèce antique). La lecture obscurantiste du moyen âge, en occultant la place de la femme, ne permet pas d’aborder pleinement le phénomène de Jeanne d’Arc.
Une relecture sémantique de la langue, à partir d’une règle commune qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin, introduit l’écriture inclusive. Celle-ci veut s’affranchir des règles du bons sens et du consensus pour affirmer à travers le mot la suprématie de la sexualité. Mais avons-nous à introduire dans nos relations les plus communes une approche sexuelle ou simplement des règles qui permettent de vivre une paix sociale dans une relation apaisée ? Nous voyons bien en arrière fond, le rejet des normes et de toutes les normes comme postulat de relation égalitaire. Néanmoins, avant d’être un écrit la parole est dialogue de ce qui s’entend, et donc un vécu des émotions à travers une juste appréciation, le reste n’est que pure vanité. En français on dit le chat, alors qu’en allemand la culture emploie le féminin pour le nom générique. Y a-t-il vraiment une incidence primordiale sur la convention de l’articulation du sens féminin et masculin ?
Une des approches du genre est dans l’éducation des enfants, en disant que la sexualité n’est que du domaine de la construction sociale et la représentation en est aidée par la différence anatomique. Evidemment cela est faire fi des flux d’hormones dans notre cerveau pour influer sur nos comportements, comme de nier la différence entre l’évolution relationnelle des hommes et des femmes et les appétences selon la nature sexuée de la personne. Comme le montrent des études, pourquoi certains métiers sont plébiscités plutôt par les femmes, et d’autres par les hommes ? Il y a bien une intelligence qui ne s’exprime pas de manière identique suivant la réalité sexuelle de la personne. Les preuves que le sexe est une construction sexuelle n’existe pas de manière scientifique, nous sommes dans l’idéologie, afin de permettre, entre autre, la bisexualité (homosexuel et entre un homme et une femme) et justifier la transsexualité comme un choix. L’une des principales volontés de la théorie du genre est de normaliser toutes les attitudes sexuelles comme des possibles à expérimenter. Une autre volonté étant de s’affranchir d’une vision judéo-chrétienne de la famille.
En effet l’un des enjeux de la théorie du genre est bien de défendre la transsexualité comme une réalité. La question de la transsexualité vient de la problématique de l’hermaphrodisme aujourd’hui appelé intersexué (un nourrisson qui nait avec les deux sexes). Une intervention chirurgicale se produisait afin de clarifier l’identité sexuelle (il y a l’ablation de l’organe le moins développé). Cela touche 1 naissance sur 100.000. La problématique médicale et psychologique spécifique de ces cas-là ne peuvent justifier la transsexualité qui est une pure conjoncture de se « sentir » homme ou femme. On arrive aujourd’hui à des situations de droits ubuesques. Ainsi la cour d’appel de Montpellier s’est prononcée sur un cas de filiation dans le cadre du transsexualisme. En clair, Monsieur se sentait femme, a demandé à se faire appeler Madame et à être considéré comme une femme (sans modification morphologique), ce qui fut fait. Mais avec sa femme il eut un enfant, la mère fut bien inscrite, mais aucune reconnaissance de l’autre partenaire, il attaque l’Etat français qui lui répond que les registres n’intègrent pas la place pour une seconde mère, et ayant refusé l’attribut de père ne peut se prévaloir d’une reconnaissance civile. La Cour d’appel[iii] reconnait la maternité biologique mais non gestatrice. En fait elle confirme qu’il ne peut y avoir qu’une mère, met en lumière le concept de parent biologique pour donner la place de l’autre partenaire. La théorie du genre n’a pas pu se faire intégrer actuellement dans le droit français pour reconnaitre le sexe neutre. Mais la notion de parent biologique reste une vraie interrogation sur la réalité qui reste de l’ordre de la nature.
Synthèse
La transformation du vocabulaire concernant la théorie du genre passe par le mot inclusion qui se redéfinit comme une égalité qui donne une visibilité toutes les diversités. Une sorte de laïcité française à l’envers, qui au lieu d’exclure l’espace des identités les mettent en avant comme un choix. L’Ecriture inclusive, orthographie en masculin et en féminin pour bien marquer de façon superfétatoire la mixité. L’inclusion touche bien entendu les changements des comportements sexuels pour obliger une visibilité, tant dans la culture que dans les relations sociétales. Mais ce terme polysémique parle autant de mixité, que d’éducation dans l’accueil d’un enfant portant un handicap d’être scolarisé dans une structure ordinaire.
Une autre forme pour refuser de parler de théorie du genre est sous le doux nom d’éducation à l’égalité, qui peut être décliné comme éducation à l’égalité garçon – fille. Une espèce d’ABCD de l’égalité qui se révèle instructif dans les postulats du genre qu’il veut mettre en place. La sémantique est passée sur l’inégalité entre les deux sexes sous tous ses aspects. Même si le titre parait louable, dans la recherche de justice, la réalité des endoctrinements et les délits qui entravent la liberté de pouvoir exprimer d’autres opinions laisse place à une forme de tyrannie de la pensée. L’état des savoirs sur l’identité sexuelle ne peut se réaligner que suivant des postulats pourtant bien discutables.
L’erreur fondamentale de la théorie du genre est de croire que l’on peut séparer certains comportements qui sont le fruit du biologique, et chimique (des différentes hormones) de ce qui est de l’ordre culturel. Etre homme et femme serait donc uniquement une construction des comportements sociaux. C’est faux, comme il serait faux d’affirmer l’inverse, c’est-à-dire de penser que tout n’est qu’ordre de la nature et de l’instinct. La richesse de la nature humaine et de l’œuvre de ses passions (au sens philosophique du terme, c’est-à-dire de ce qui participe à ses émotions et non de l’ordre de l’instinct, de ce pâtir de l’homme dans l’agir) ne peut être mis dans des bocaux de théorie sans nier sa complexité et son intégrité dynamique de la vie. L’Homme (en terme générique) n’est pas indifférencié, c’est bien dans sa masculinité, et sa féminité que chaque personne perçoit le monde, et les interactions. Cela demande parfois des ajustements dont nous devons prendre conscience, mais toujours dans le respect de nos différences.
A qui profite le crime ? Pourquoi parler de théorie du genre alors que l’analyse et les prises de parti posent questions ? D’une part très clairement cela permet de mettre en avant tout la culture LGBT (Lesbienne, Gay -homosexualité masculine- Bisexualité et Transsexualité). Relativiser la sexualité suivant une norme culturelle exclut donc tout terme d’anormalité (et de pathologie) et introduit à une approche indifférenciée de la sexualité. En effet cela développe une plasticité dans les relations où chacun pourrait s’essayer à tout. « L’homme est une femme comme une autre ». Nous noterons le changement de civilisation qui veut retourner à une forme de matriarcat (ou quand le progrès nous fait remonter à la préhistoire…)
Certes la Bible que ce soit dans l’ancien testament (appelé autrement le premier testament), ou dans le nouveau testament, condamne très clairement ce qui s’oppose à l’acte créateur donné dès l’origine avant le péché originel « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. »[iv]. Mais certaines églises protestantes relativisent l’interdiction, la contextualisant dans une culture donnée, et font évoluer la compréhension dans un sentimentalisme de l’amour qui en oublie la vérité.
L’autre approche économique de ce thème ouvre un marché où les gens s’engagent et orientent les flux financiers. D’autres problématique nées de ces situations créé un vrai marché tant dans le droit, pour faire valoir des positions de vie, que dans le commerce biomédical, dans la PMA, la GPA et les autres propositions très lucratives (comme la récupération de ce qui est lié à l’avortement pour la recherche médicale et le marché des laboratoires – voir le scandale du planning familiale américains). La puissance économique n’est pas à nier dans l’étude du genre, bien au contraire, elle en est une clé d’étude pour comprendre pourquoi cela prend vraiment de l’ampleur. Je ne reviendrai pas sur le prétendu aspect universitaire qui s’achète au lieu d’entrer dans une vraie logique de recherche, et affirme ce qu’il ne peut démontrer. Les sciences humaines devraient conduire à une grande humilité, et certainement pas à des affirmations péremptoires qui en deviennent idéologiques.
La place des parents est première dans l’éducation des enfants comme nous le rappelle le Concile.. « Les parents, parce qu’ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à ce titre, ils doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d’une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C’est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l’amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu’elle favorise l’éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales dont aucune société ne peut se passer».[v] Il est devenu obligatoire aujourd’hui d’interroger son enfant et de s’inquiéter de ce qui est véhiculé dans les cours, pour redresser ce qui est tordu, réchauffer la froide indifférence, dans le feu de l’altérité afin de rappeler notre vocation d’image de Dieu dans ce projet qui porte la dignité de chaque personne humaine. Ne nous endormons pas dans la tiédeur d’une forme d’indifférence qui laisse place à la violence du mensonge. « La famille est la première école des valeurs, où on apprend l’utilisation correcte de la liberté. Il y a des tendances développées dans l’enfance, qui imprègnent l’intimité d’une personne et demeurent toute la vie comme une émotivité favorable à une valeur ou comme un rejet spontané de certains comportements. »[vi]
Nous ne pouvons plus prendre à la légère une théorie qui est un changement civilisationnel (et qui s’annonce comme tel). Un bousculement anthropologique au pied d’argile dans le déni de la réalité. Il nous faut clairement différencier ce qui est de la juste place de chacun et du respect de la dignité de l’homme, de ce qui est de la bêtise de l’indifférenciation et d’une jalousie non avouée de la place de l’autre qui créé un manque chez soi. En d’autres termes un manque de confiance qui déclenche une rivalité mimétique dans la nouvelle lutte des sexes. Nous ne pouvons pas être dans l’approximation, devant une théorie du genre à l’argumentaire bien huilé et s’appuyant sur l’égalité pour faire de l’égalitarisme et oublier la juste place de chacun dans sa spécificité. N’oublions pas que« La famille chrétienne, … est la première communauté appelée à annoncer l’Evangile à la personne humaine en développement et à conduire cette dernière, par une éducation et une catéchèse progressives, à sa pleine maturité humaine et chrétienne. »[vii] Cela permet non pas de voir les différences comme un échec, mais bien une complémentarité dans la relation. Nier la différence, refuser l’altérité la plus grande entre deux être (la sexualité) c’est jeter un discrédit sur l’amour où s’origine l’enfant. L’enfant devient un objet, un projet de consommation économique par les techniques médicales. Nier la masculinité et la féminité produit de la confusion et une inégalité de la réalité. La théorie du genre est une colonisation idéologique qui cherche à détruire la famille, cliver la société et vivre dans l’illusion d’un monde permissif où tout rapport est lié à l’argent. Nous devons par l’intelligence de la foi et la grâce de la prière nous doter d’armes de dissuasion massive. Le mépris de l’altérité n’est-elle pas une forme de mépris de notre vocation d’image de Dieu ? « Au commencement… Dieu créa l’Homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, Il les créa homme et femme. »[viii]
Père Greg – Curé
Ensemble paroissial de Joinville le Pont
Sources :
[i] Le nouvel obs, artice de Florencia ROVIRA TORRES du 3 octobre 2016
[ii] Même s’il faut reconnaitre que c’est un ministre d’un gouvernement de droite Luc Chatel qui l’a introduit dans les programmes, et que c’est un ministre de Gauche qui a développé son rayonnement jusqu’en 2013
[iii] Cours d’appel de Montpellier du 14 novembre 2016 16/06059
[iv] Gn 2,24
[v] &3 Déclaration sur l’éducation chrétienne Gravissinzum educationis
[vi] &274 Amoris Laetitia
[vii] &2 Familiaris Consortio
[viii] Gn 1,26, notons l’insistance du verbe créer donné à trois reprises.
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Source de l’illustration :
Fresque du 11e siècle. Abbaye de Saint-Savin sur Gartempe, France