26ième dimanche T.O.
Comme il le fait souvent, Jésus part de ce qu’il voit. De son temps, comme au temps d’Amos, l’extrême richesse côtoie l’extrême pauvreté. Et de nos jours, cela n’a pas changé. Dieu ne peut tolérer cette situation dramatique. Le pauvre est aussi son enfant bien-aimé. Il faut savoir que le nom de Lazare signifie “Dieu aide”. Le riche n’a pas de nom.
La richesse peut être bonne en soi. Mais elle peut devenir un péché quand elle rend sourd et aveugle. Le péché du riche c’est d’avoir transformé la clôture de son rang social en frontière infranchissable à l’autre. Il n’a rien fait de mal. Son problème c’est qu’il n’a pas vu. Ses richesses lui ont fermé les yeux, bouché les oreilles et fermé le cœur. Du coup, c’est lui le riche qui se trouve enfermé ; c’est lui qui est prisonnier ; c’est lui qui est aliéné par sa richesse.
Et c’est dramatique parce que c’est son avenir éternel qui est en jeu. Il n’y aura pas de séance de rattrapage ; un jour, il verra clair parce que la mort lui aura enlevé les richesses qui l’aveuglaient. Ce jour-là, il ne pourra plus repartir à zéro. L’Évangile nous parle d’un grand abime entre lui et Lazare. Cet abime infranchissable, c’est lui, le riche, qui l’a creusé. Cette solitude dans laquelle il se trouve, c’est lui qui l’a organisée. Il s’y est complètement enfermé. Maintenant, personne ne peut rien pour lui.
Cet évangile est donc pour nous un appel pressant à nous convertir. Il est urgent que chacun de nous ouvre ses yeux, ses oreilles et surtout son cœur à tous les Lazare qui sont sur notre route. Un jour, un pauvre mendiant avait affiché devant lui : “Au moins, n’ayez pas peur de me regarder !” Ce regard qu’il attendait des passants était bien plus important pour lui que la pièce qu’on pouvait lui donner. A travers celui qui est dans le besoin, c’est Jésus qui est là. Un jour, il nous dira : “j’avais faim, j’étais malade, en prison, étranger… et vous êtes venus à moi”.
Nous ne devons pas attendre qu’une apparition vienne nous dire qui est Lazare et où le trouver. Il est à notre porte, même s’il habite à l’autre bout du monde. Si nous ne le voyons pas, c’est que nous sommes aveuglés. Il est urgent de combler les ravins d’indifférence, de raboter les montagnes de préjugés, d’abattre les murs d’égoïsme.
