Messes des 18 et 19 avril 2020. Textes, homélie, prière universelle
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En ce deuxième dimanche du temps pascal, dimanche de la Divine Miséricorde, la foi est au cœur de ce qui nous réunit à distance les uns les autres en ce temps particulier de confinement. Comme Thomas, nous risquons de douter et de ne pas croire la parole des Apôtres. Mais si le Christ est ressuscité, alors des signes nouveaux apparaissent comme la charité fraternelle qui régnait dans les premières communautés. Les témoignages que nous allons entendre des débuts de l’Église nous encouragent à garder une foi vive et à mettre en œuvre dans cette période particulière une charité inventive. Ainsi se manifestera la miséricorde de Dieu pour tous les hommes de ce monde. (Voir l’article sur les quatorze œuvres de la Miséricordes)
Première lecture
(Ac 2, 42-47)
Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres. Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24)
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ;
mais le Seigneur m’a défendu.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.
Clameurs de joie et de victoire
sous les tentes des justes.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle ;
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Deuxième lecture
(1 P 1, 3-9)
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. Cet héritage vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps. Aussi vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or – cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu –, afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ. Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu ; en lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi, vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire, car vous allez obtenir le salut des âmes qui est l’aboutissement de votre foi. – Parole du Seigneur.
Évangile
(Jn 20, 19-31)
C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. – Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
« Éternel est son amour ! » Ce refrain que nous entendons tout au long des Ecritures et nous rappelant la fidélité du Seigneur en tout temps. Oui son amour dès l’origine nous est promis pour toujours. Nous pouvons certes le refuser, mais Lui reste fidèle à cet amour qui fait partie de son être même. Dieu Trinité est communion d’amour. Et nous sommes participants à cette communion d’amour lorsque nous faisons sa volonté et que nous nous rendons disponible à la grâce. « Ce qui importe est de s’enfoncer, purement et simplement dans ce bien pur, simple, inconnaissable, ineffable et mystérieux qu’est Dieu, en se renonçant à soi-même »[i] C’est bien la définition du don sincère de soi-même qui se vie dans la gratuité de la relation d’amour, tout offert, tout disponible, tout présent. Ceux qui aiment le Seigneur savent qu’Il est toujours fidèle, et garde confiance en sa Parole qui nous sauve. Mais lui va au-delà de nos scepticismes, pour continuer de se révéler comme à Thomas. Dieu se dit par son corps ressuscité, révélant la passion mais l’émerveillement de sa résurrection. Il vient au secours du manque de foi de Thomas, comme il vient au secours de notre foi en nous proposant des signes. « C’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ».
Parler d’amour demande d’abord de la vie d’abord en Eglise, dans l’enseignement des Apôtres, c’est-à-dire du pape et des évêques, et la communion fraternelle, c’est-à-dire l’unité que nous maintenons dans notre communauté. Déjà deux défis majeurs aujourd’hui. C’est devenu un sport ecclésial de discuter des avis du pape, et des évêques, et en même temps certains évêques vont s’égarer dans des doctrines étrangères aux Ecritures. Il nous faut donc discerner, avec le bon sens des fidèles, ce qui est de l’Esprit Saint de ce qui ne l’est pas. Mais plus encore, regarder les autres évêques ne doit pas nous empêcher, de rechercher la communion avec notre évêque, et avec Lui de rechercher les signes de la présence de Dieu dans l’Eglise de notre temps. Le Synode nous y aide. Nous avons la grâce d’avoir un évêque très pastoral, prions pour lui, mais prions avec lui pour les changements de cœur de chacun afin que tous puissent rencontrer le Seigneur ressuscité dans notre vie.
De même vivre la communion fraternelle avec tant de différences culturelles, sociales et ethniques est un véritable défi. En même temps nous avons tous été créé à l’image de Dieu, c’est-à-dire que nous avons tous l’égale dignité dans la fraternité. C’est un appel à un regard de bienveillance sur l’autre, et à rechercher la communion avant de s’affronter aux différences qui appauvrissent et être dans la culture du déchet. « Il y a là la vraie guérison, du moment que notre façon d’être en relation avec les autres, en nous guérissant réellement au lieu de nous rendre malade, est une fraternité mystique, contemplative, qui sait regarder la grandeur sacrée du prochain, découvrir Dieu en chaque être humain, qui sait supporter les désagréments du vivre ensemble en s’accrochant à l’amour de Dieu, qui sait ouvrir le cœur à l’amour divin pour chercher le bonheur des autres comme le fait leur Père qui est bon »[ii] La civilisation de l’amour demande un dynamisme toujours présent pour vivre cette fraternité dans toutes ses dimensions et essayer de réparer la relation avec persévérance, même si ce n’est pas évident tous les jours. « Vous devez «briller devant les hommes» par cette lumière; il importe pour cela que vous donniez entre vous un témoignage de mutuelle charité, lié à l’esprit fraternel de chaque communauté, car le Seigneur a dit: «A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres»[iii]. »[iv]Notre communauté paroissiale doit être un témoignage vivant de cet amour vécu entre nous et parmi nous. Et le service de la charité n’est pas à comprendre comme une œuvre caritative pour donner des besoins matériels, ceci n’est qu’un passage, très souvent ce que les autres attendent de nous c’est une relation, un dialogue bienveillant, une attention à leur histoire, et qu’ils se sentent des hommes et des femmes debout par le respect que nous leur témoignons. L’écoute dans la compassion nous aide à entrer dans cette communion fraternelle. Et le discernement des frères doit nous aider à comprendre l’histoire de chacun et à être attentif à la communion pour vraiment rendre témoignage. La solidarité que nous avons entre nous est le signe de cette communion, et de la justesse de notre foi à travers un ajustement fraternel. « La présence de Dieu accompagne la recherche sincère que des personnes et des groupes accomplissent pour trouver appui et sens à leur vie. Dieu vit parmi les citadins qui promeuvent la solidarité, la fraternité, le désir du bien, de vérité, de justice. »[v]
Le dimanche de la miséricorde, est la découverte de l’amour de Dieu qui se manifeste par sa présence dans notre vie et les signes qu’Il nous montre à chaque instant décisif, comme un lieu de rencontre et de dialogue, ou nous devons persévérer dans la confiance et nous enraciner dans les Ecritures pour aller plus loin. « Là où il y a vie, ferveur, envie de porter le Christ aux autres, surgissent des vocations authentiques. Même dans les paroisses où les prêtres sont peu engagés et joyeux, c’est la vie fraternelle et fervente de la communauté qui réveille le désir de se consacrer entièrement à Dieu et à l’évangélisation, …. »[vi] Nous ne pouvons pas nous satisfaire des chaises vides, mais au contraire, croire qu’avec Dieu tout est possible et annoncer la Bonne nouvelle à tous les coins de rue de nos maisons, afin d’aller chercher la brebis perdu et de vivre notre foi avec audace et assurance. Alors nous pourrons voir le souffle de l’Esprit agir dans notre communauté et ainsi vivre la Parole du Seigneur.« Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés. »
Sources :
- [i] P 144 Sermon Jean Tauler
- [ii] &92 Evangelii Gaudium
- [iii] Io 13, 35.
- [iv] &15 Redemptionis Donum
- [v] &71 Evangelii Gaudium
- [vi] &107 Evangelii Gaudium
Prière universelle
Intro :
+ Ensemble, laissons monter vers Dieu les besoins de nos sœurs, de nos frères dans la crise mondiale actuelle.
R/ Dieu de miséricorde, tu nous aimes pour la vie
« Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun » (Ac 2, 42-47)
En ce moment, la crise sanitaire, source de toutes les autres crises, perturbe la vie des hommes. Que cette belle image du début de l’Eglise apporte l’espérance à chaque croyant vivant à l’ère du coronavirus ! Seigneur, nous te prions. R/
« Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! » (Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24)
Les louanges à Dieu, parfois, ne sortent pas facilement de nos bouches et de nos cœurs nous qui sommes confrontés aux multiples problèmes causés par la pandémie. Que ta lumière, Seigneur, éclaire chaque être humain en cette période difficile, qu’elle aide chaque homme à découvrir ta présence, à toi le Dieu aimant, parmi les souffrants ! Seigneur, nous te prions. R/
« Il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts» (1 P 1, 3-9)
Ce temps de confinement n’est pas évident pour quiconque, spécialement pour ceux qui sont sous l’emprise des addictions, que le Christ Ressuscité, plein de miséricorde vienne à leur rencontre et leur donne la force et le goût de vivre ! Seigneur, nous te prions. R/
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20, 19-31)
En ce dimanche de la Miséricorde Divine, nous demandons à Dieu de faire sortir du confinement le cœur de chaque être humain : du dirigeant au simple citoyen, de le conduire au pardon, au partage et à la tolérance ! Seigneur, nous te prions. R/
Conclusion : (le célébrant)
Dieu miséricordieux, en croyant que grâces et bienfaits sont accessibles à tous les hommes en ce dimanche, sous l’action de l’Esprit Saint et de l’amour du Ressuscité, fais nous poser des actes de confiance totale en toi. Par Jésus le Christ Notre Seigneur Amen.
Sources de l’illustration : Mazzolino Ludovico. The incredulity of St Thomas. 1522. Galeria Borghese