« Je suis le chemin la vérité et la vie »
En regardant le Christ je suis appelé à choisir la lumière de la vérité et non l’obscurité du mensonge. Cela demande de fonder mes choix sur des valeurs éthiques fidèles à l’Evangile de la vie. Les « valeurs, dans la mesure où elles procèdent du génie humain, qui est un don de Dieu, sont fort bonnes ; mais il n’est pas rare que la corruption du cœur humain les détourne de l’ordre requis : c’est pourquoi elles ont besoin d’être purifiées. »[1] Une invitation à la conversion pour ne pas se laisser instrumentaliser dans une recherche de technique mais pour rappeler dans une bonne hiérarchie la suprématie de la dignité de l’homme et du respect de la vie. Le devoir de charité ne dispense pas du discernement d’une part et de l’engagement d’autre part. Nous ne pouvons pas être dans le positionnement de l’autruche, dans une forme de non implication visible ou une résignation fruit du péché contre l’espérance.
Le témoignage de notre foi passe par les choix, bons, que nous entreprenons, et par le refus de nous compromettre dans l’approximation d’un sentimentalisme naïf et dépourvu, souvent, de raison. Ne devons-nous pas bâtir la cité de Dieu en vivant notre foi au cœur de ce monde et en témoignant de l’amour comme langage de relation ? Cela n’implique-t-il pas d’être responsable de nos choix, et des choix de sociétés, et de nous positionner pour ou contre, avec vigueur sans oublier l’impératif de fraternité universelle ? Sommes-nous, dans le débat bioéthique, sur le débat des valeurs et non pas sur des débats existentiels ?
La violence des propositions sociétales, et l’interdiction de penser autrement, imposées par des lois de la bonne pensée doivent nous faire lancer des cris, en rappelant notre attachement au Christ, source de toute vie. Nous avons à discerner ce qui doit être vécu, et le jugement se fait dans nos actes, en refusant de suivre une culture du déchet. Il ne s’agit pas simplement de faire entendre notre voix, mais de crier contre l’injustice qui porte atteinte à la dignité de la vie. C’est un cri prophétique à la suite de Jean Baptiste pour remettre chacun devant ses responsabilités, et refuser la forme d’indifférence qui se fonde sur le constat : « tant que je ne suis pas concerné directement ».
Le Christ n’est pas une impression de valeur sur notre vie, il est une irrigation de notre vie qui nous demande de prendre position clairement et ostensiblement, et certainement dans un misérabilisme d’opinions relatives. « Lorsque la hiérarchie des valeurs est troublée et que le mal et le bien s’entremêlent, les individus et groupes ne regardent plus que leurs intérêts propres et non ceux des autres. »[2]. Nous avons à juger nos actes, et à nous positionner sur les actes de nos frères, en faisant les reproches nécessaires s’il le faut et à dénoncer le mal. Ne pas le faire est un manque de vérité de l’amour, un déracinement de la fidélité en Dieu, et une dépréciation de l’espérance. C’est une mystification de notre témoignage évangélique, et l’illusion d’une relation bâtie sur le mensonge. Bien sûr qu’il nous faut prendre position ! Bien sûr qu’il nous faut nous manifester ! Bien sûr que l’amour doit toujours être premier dans ce que nous avons à vivre.
Prendre soin les uns des autres, c’est nous positionner positivement dans la recherche du bonheur et de la joie pour soi et pour nos frères dans une merveilleuse communion d’action. Lorsque les clivages apparaissent dans des propositions de loi qui refont l’anthropologie, nous devons savoir dire non. C’est notre responsabilité. Et nous devons laisser la responsabilité à l’autre de le prendre comme un jugement ou comme un refus d’une proposition offrant d’autres moyens pour le bien commun.
La foi demande un engagement dans la vie de tous les jours. Nous n’avons pas à avoir peur de parler de la vérité, même si cela ne plait pas, ou qu’il y a un refus de conversion. C’est bien notre regard fixé sur le Christ et dans la réception de l’Esprit Saint que nous devons vivre la volonté de Dieu notre Père. Vivre notre foi demande d’être à l’écoute, dans une dimension prophétique, c’est-à-dire rappeler toute chose par rapport aux Ecritures d’où découlent toutes les valeurs positives pour la dignité de l’homme image de Dieu. « Dans toutes ces valeurs, l’accueil du message évangélique pourra trouver une sorte de préparation, et la charité divine de celui qui est venu pour sauver le monde la fera aboutir. »[3]
[1][1] &11/2 Gaudium et spes
[2] &37/1 Gaudium et spes
[3] &57/6 Gaudium et spes