Lapsi ou perméabilité à l’esprit du monde ?
Les lapsi (pluriel de lapsus) sont des chrétiens du début de l’Eglise qui ont préféré renier leur foi plutôt que d’être persécutés. Puis lorsque la persécution pris fin, ils demandèrent instamment leur réintégration dans l’Eglise. On leur donna le nom de lapsi (ceux qui ont fait une erreur). Cela ne se fit pas sans un débat entre ceux qui refusaient le pardon, et ceux qui rappelaient contre vents et marées, que la conversion dans la pénitence est lieu de réconciliation. Ceci étant dit, à travers les lapsi, se met en place ce qui sera plus tard le sacrement de réconciliation, se développant au cours des siècles pour arriver au rite que nous connaissons aujourd’hui. Heureusement nous pouvons l’utiliser plus d’une fois dans notre vie….
Mais que s’est-il passé ? Tout est parti d’un climat de violence et de peur, avec une persécution sanglante et acharnée amenant à des morts en nombre. Nous faut-il rappeler que l’esprit de peur (même s’il est raisonnable dans certaines circonstances) va à l’encontre de la vertu d’espérance, et nous fait commettre des actes inconsidérés. Certes, les lapsi se sont révélés lors d’une crise politique de persécution des chrétiens, mais aujourd’hui encore on peut s’interroger sur la crise sanitaire, et l’attitude légitimisme qui est allé au-delà du principe de précaution, comme l’ont rappelés certains évêques, touchant à notre liberté et voulant s’immiscer dans la conscience.
N’y a-t-il pas eu des lapsi se conformant à l’esprit sanitaire, en mettant en avant les consignes sanitaire jusqu’à se confiner en oubliant le nécessaire service du frère, et du principe premier de charité ? D’autres lapsi n’ont-ils pas sacrifié la relation à un enfermement avec un refus de tout contact, ou pire encore le justifiant pour mettre la vie de foi entre parenthèse ? D’autres lapsi encore, ne voulant pas prier avec les autres par peur du virus, et dans un oubli du devoir premier de prier en communauté. Et ne parlons pas de ceux qui relativisaient l’Ecriture en nous rappelant à notre responsabilité dans le bien commun et occultant ainsi l’efficacité de la prière. Il est vrai que dans ce domaine, il ne faut pas avancer sur une témérité inconsciente observé dans certains rassemblements oubliant la vertu de prudence et l’impératif discernement à opérer. Mais cela nous a été assez répété sans que nous appesantissions à nouveau. « l’Évangile « annonce et proclame la liberté des enfants de Dieu, rejette tout esclavage qui en fin de compte provient du pêché, respecte scrupuleusement la dignité de la conscience et son libre choix, enseigne sans relâche à faire fructifier tous les talents humains au service de Dieu et pour le bien des hommes, enfin confie chacun à l’amour de tous ».[1] Le développement des talents humains ne peut se définir entre ce qui est utile et ce qui ne l’est pas, mais bien au service de notre responsabilité de la création avec l’intelligence du bien commun.
Le temps estival va peut-être nous permettre de réapprendre la vertu d’espérance, et de ce qui est vraiment premier dans notre vie, délivré de toute peur pour rester des contemplatifs de Jésus. Qu’est-ce que le Seigneur me demande de vivre aujourd’hui sans fuir mes responsabilités de citoyen de la civilisation de l’amour ? « Les chrétiens, en particulier les fidèles laïcs, sont exhortés à se comporter de telle sorte que « brille dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la force de l’Évangile. Ils se présentent comme les fils de la promesse, lorsque, fermes dans la foi et dans l’espérance, ils mettent à profit le moment présent [2] et attendent avec constance la gloire à venir. »[3] Une espérance qui fonde notre amour et nous apprend à tout donner dans la fidélité à la révélation, et se donner soi-même comme offrande agréable à Dieu ici et maintenant.
Que ce temps estival, qu’il soit dans le repos ou le labeur, permette de redresser ce qui est tordu dans les exigences sanitaire, pour nous réchauffer au souffle de l’Esprit et vivre pleinement en fils de Dieu. N’ayons pas peur ! le Christ vient toujours à notre secours et la grâce donné suffit à notre bonheur premier. Alors sachons vivre avec audace le témoignage de notre foi en ne nous laissant pas instrumentaliser par les mauvaises nouvelles, ou les angoisses de la crise sanitaire, mais en confiance dans le dessein divin et l’attente du royaume.
Père Greg BELLUT
Curé de St Charles Borromée
[1] Concile Œcuménique Vatican II, Const. past. Gaudium et spes, 41: AAS 58 (1966) 1059.
[2] cf. Ep 5, 16; Col 4, 5
[3] cf. Rm 8, 25 &CDSE 579