La dictature de l’émotionnel qui en oublie sa liberté
Il faut redonner le sens de l’homme et comprendre la direction que nous prenons dans l’intelligence de la foi et le discernement fruit de la sagesse. En effet il ne faut pas croire que tout changement est un progrès comme il serait vain de penser l’immobilisme comme source de fécondité. La question qui se pose au croyant est bien de comprendre en premier sa vocation. « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » Une réponse que Dieu donne à l’homme dans la Création où Il le fait à son image. Le sens de l’homme (de son existence) c’est de prendre soin de son frère dans un amour qui n’est que don. Un sens qui demande la responsabilité d’aller jusqu’à la radicalité de l’amour dans un acte libre d’offrande. Plus encore « L’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don sincère de lui-même. »[i] Alors, une des illusions serait de s’affranchir du sens pour vivre l’émotion comme seule réflexion.
Or nous pouvons nous mettre en marche dans l’émotion et connaître les naufrages d’un lendemain sans avenir. Rien ne sert de courir dans la moderne perversité des désirs toujours insatisfaits. Ces désirs qui deviennent des ogres vidant l’intérieur de l’existence de tout sens dans la manducation de toute réflexion et la faim insatiable, et si instable, d’une expérience nouvelle. Etre en marche vers le bien, et non dans le gouffre de la perversité, demande de savoir sur quoi nous nous appuyons. Aller de l’avant, est faire nôtre la Parole de Dieu qui nous invite à l’actualiser dans notre vie par une vérité de l’amour qui prend en compte la réalité, et non dans l’idéologie de l’émotionnel qui en oublie ce qui est juste. La place de notre condition humaine est marquée par le service de Dieu et le service du frère dans la gratuité de la relation et sa juste place, qui pousse à la contemplation de Dieu, vraie marche vers le bonheur où la liberté se vit dans la fidélité.
Les lois sociétales passent et se ressemblent toutes dans une course émotionnelle vers un individualisme qui débouche sur la perversité. Dans la foi nous devons protester avec véhémence, faire silence dans la prière, et, à un moment précis, agir avec célérité. Le délit d’entrave à l’IVG facilite l’avortement sous contrainte (ASC) où plus personne n’a son mot à dire et la mère comme l’enfant deviennent des objets. Que dire de la réalité hallucinante de ce couple qui va au planning familial, et où l’homme est nié dans sa dignité propre et sa relation à l’autre.
Non, nous ne pouvons pas faire d’idolâtrie du corps en refusant la personne en devenir. Cette même idolâtrie qui aujourd’hui pousse à voir dans la PMA (Procréation Médicalement Assistée) un îlot d’enfant sur mesure. Nous ne sommes plus à un paradoxe près à travers cette mouvance qui refuse l’enfant par l’avortement et le désire dans la PMA. Nous pourrions même trouver dans un même couple les deux demandes, voire à demander une GPA (Gestation pour Autrui, autre nom de l’esclavage aujourd’hui) afin de pouvoir partir en vacances sans l’encombrement de l’effort physique. Les salles de sport aideront à maintenir le corps dans l’illusion du temps qui ne passerait pas.
Dans la foi nous devons nous souvenir que la sainteté passe par cet engagement à lutter contre le péché et tout ce qui est de l’ordre du vice et qui fourvoie. Il nous faut être témoin de la lumière du Christ qui demande une exigence et en même temps offre une route du bonheur éternel. Défendons la liberté en combattant toutes les formes d’aliénation tyrannique. La fin dernière nous resitue sur le sens de l’homme et l’importance de nos choix par une vie bonne. Soyons témoin et demandons à Dieu de se manifester afin de faire advenir le royaume des cieux.
Père Greg.BELLUT
Curé de l’ensemble paroissial
[i] Gaudium et spes 24*3
Source de l’illustration : “Christ de Wissembourg”, vitrail provenant probablement de l’abbatiale de Wissembourg, Bas-Rhin, vers 1060 (?) Diamètre: 25 cm. Musée de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg