2017. Lettre de Noël : En Lui était la vie
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes »
L’évangélisation de notre emploi du temps prend sens dans l’acceptation de Jésus dans notre vie. Mais il ne s’agit pas d’un fardeau que j’accueille, comme une contrainte par rapport à un engagement minimaliste. Bien au contraire, c’est une nouvelle liberté qui nous est proposée par des choix de vie qui réorientent toutes nos actions sur ce qui nous paraît premier, afin de laisser les futilités de ce monde passer devant nous. Futilités hélas, qui paraissent bien attrayantes et néanmoins deviennent vite illusoires. Il nous faut alors ouvrir nos yeux à l’attente d’un Sauveur qui nous libère des poids du jour et des angoisses de la nuit. Il vient à notre rencontre, et ne se contente pas d’être une idée, mais l’accueil d’une relation. L’attente est alors cette ouverture du cœur qui est prêt à recevoir Celui qui doit venir. « A l’aube du salut, il y a la naissance d’un enfant, proclamée comme une joyeuse nouvelle: « Je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David » . Assurément, la naissance du Sauveur a libéré cette « grande joie », mais, à Noël, le sens plénier de toute naissance humaine se trouve également révélé, et la joie messianique apparaît ainsi comme le fondement et l’accomplissement de la joie qui accompagne la naissance de tout enfant » . Noël est la fête de la vie. D’une vie de communion en Dieu et d’une fraternité retrouvée qui illumine les ténèbres du péché et nous ouvre à l’accueil du Rédempteur.
D’une vie dont nous sommes témoins et que nous devons défendre contre toutes les violences idéologiques qui parfois se prétendent scientifiques et cependant ne sont qu’une négation de l’homme et de sa dignité propre de Fils de lumière. D’une vie enfin qui se respecte au commencement, comme tout au long de sa croissance, dans les choix et les propositions d’altérités et qui se respecte au soir du jour comme accompagnement et action de grâce. L’espérance chrétienne s’abreuve à la source de la vie et transforme avec bienveillance toutes les relations pour les réorienter dans l’histoire du salut et marcher vers notre Seigneur. Le véritable témoin de la foi offre son dynamisme au service de la Parole dans une annonce explicite à travers ses choix et ses paroles, à travers sa fraternité et sa prière, à travers tout son être. Noel est alors ce temps d’espérance qui se réalise à travers la promesse de vie en Jésus Christ, l’incarnation du Verbe qui introduit au mystère de la foi.
L’heure de l’Evangile est réalisation de la promesse dans notre histoire. L’Eternité de la Parole qui s’inscrit dans notre vie comme une reconnaissance d’amour. L’expérience d’une Parole dans le monde de ce temps et parallèlement dans l’éternité ouvre notre histoire à la contemplation de la manifestation efficace de la grâce. « L’Evangile de l’amour de Dieu pour l’homme, l’Évangile de la dignité de la personne et l’Evangile de la vie sont un Evangile unique et indivisible. » Nous ne sommes pas des chrétiens partitionnés dans des tranches de vie où chacun irait de sa musique de vérité, mais bien en communion dans un même Evangile qui nous conduit ensemble à comprendre le mystère du salut à travers plusieurs sens. Que je touche, que je vois, que je sente, que j’écoute que je goûte les Ecritures, c’est toujours ce bois de la croix qui est en même temps le tison de la résurrection, le même visage du Christ chemin de vie, la même odeur de sainteté que nous avons à partager, la même musique d’une prière qui se vit dans l’unité, le même pain partagé pour la multitude. Il n’y a pas de chemin de traverse, ni d’autres orientations, lorsqu’on parle de l’Evangile, mais une même perception dite dans nos langues, reçue à travers nos personnalités, et redisant la même grâce d’être en communion avec Dieu et nos frères. L’espérance est ce chemin de vie qui parle d’amour et conforte notre foi dans les actes que nous témoignons. L’annonce de l’Evangile est alors pour nous le mystère de la joie et il ne cesse pas de grandir dans notre cœur. Joie qui ouvre à l’espérance, parce que les promesses se réalisent, et parallèlement croire en Dieu donne le vrai sens de toute notre vie.
Le témoignage d’un message de vie
Nous partageons notre vie à cause d’une relation d’amour et non d’une idée. Les idées passent l’amour demeure. Or l’avènement du Fils de Dieu nous entraine à comprendre la beauté de la vie dans l’ordre de la création. Cette vie qui promeut son expansion et en même temps la richesse des diverses manifestations de son œuvre à travers le temps qui passe. « La signification la plus profonde et la plus originale de cette méditation du message révélé sur la vie humaine a été saisie par l’Apôtre Jean, qui écrit au début de sa première lettre: « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie — car la Vie s’est manifestée: nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue —, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous » . Mais la communion se propose, elle ne s’impose pas, et peut connaitre un refus, voire la manifestation du mauvais. En toute occasion la radicalité de l’amour peut prendre des sens différents jusqu’à offrir sa propre vie par fidélité à Dieu.
Dans cette proposition de vie, il peut y avoir le premier cercle d’incompréhension qui par les arguments essayent d’infléchir les positions. Mais très vite on commence à tourner en dérision la proposition de l’autre voire à la caricaturer dans des langages d’extrémismes ou passéistes, sans qu’il y ait vraiment une argumentation ni parfois de logique. Le clivage de la pensée entraine souvent des injonctions paradoxales ou suivant le contexte des orientations complètement opposées sont prises. « Athées et incroyants d’un côté, non pratiquants de l’autre, opposent donc à l’évangélisation des résistances non négligeables. Les premiers, la résistance d’un certain refus, l’incapacité de saisir le nouvel ordre des choses, le nouveau sens du monde, de la vie, de l’histoire, qui n’est pas possible si l’on ne part pas de l’Absolu de Dieu. Les autres, la résistance de l’inertie, l’attitude un peu hostile de quelqu’un qui se sent de la maison, qui affirme tout savoir, avoir goûté à tout, ne plus y croire. » Aujourd’hui il faut y ajouter un esprit laïc d’un sectarisme délirant qui sous prétexte de liberté y combat le christianisme plus que nulle autre religion dans une prise à partie sidérante. La christianophobie est un fait sociétal et non un concept. La conversion de la très controversée Frigide Barjot en est un exemple. Femme des médias elle a compris que l’on ne traitait pas toutes les religions sous le même angle. Dans une soif de justice et une recherche de vérité, elle est tombée de son cheval médiatique pour, comme Paul prendre le chemin de Damas et s’attacher au Christ. « Le semeur, quand il voit poindre l’ivraie parmi le grain n’a pas de réactions plaintives ni alarmistes. Il trouve le moyen pour faire en sorte que la Parole s’incarne dans une situation concrète et donne des fruits de vie nouvelle, bien qu’apparemment ceux-ci soient imparfaits et inachevés. Le disciple sait offrir sa vie entière et la jouer jusqu’au martyre comme témoignage de Jésus-Christ ; son rêve n’est pas d’avoir beaucoup d’ennemis, mais plutôt que la Parole soit accueillie et manifeste sa puissance libératrice et rénovatrice. » Dans ce regard de l’annonce du Royaume tout prend un sens nouveau et notre vie est orientée vers ce témoignage de la joie en l’amour de Dieu. De plus, le témoignage de notre foi ne se fait pas sans offrande de l’amour. Amour qui se met en service en reprenant son frère avec patience, en illuminant sa propre vie de la vérité des Ecritures et en faisant confiance à l’autre pour qu’il puisse trouver le chemin du salut. « L’amour du prochain … consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. » Le témoignage de l’amour ne s’arrête pas aux premières épreuves, mais continue d’espérer dans un regard bienveillant qui ne retient pas la faute mais recherche sans cesse les progressions et réconfortera le prochain dans sa marche vers la vérité d’un Dieu Tout Puissant qui tient notre histoire entre ses mains.
La vie de notre foi, et l’annonce à nos frères n’est pas dans un esprit revanchard, mais trouve sa joie dans toutes les relations nouvelles qui se bâtissent et fécondent la vertu d’espérance en proposant toujours la vie. La chaleur de l’étable n’est peut-être pas extraordinaire, mais elle permet la naissance du Sauveur. L’amour s’accommode des circonstances pour y trouver le nécessaire sans s’attacher au superflu. La conversion de Noël est alors pour nous, dans nos choix de vie, de revoir nos besoins pour avoir ce qui est nécessaire. Lors de la maladie ou de la soudaineté de la question de la mort, la vie prend un sens nouveau où nous revoyons l’échelle des valeurs. Or cette prise de conscience peut se faire aussi dans la foi, à la lecture des Ecritures, lorsque nous nous laissons guider par la Parole qui nourrit notre quotidien et nous laisse entrevoir le Royaume. « Seul celui qui se sent porter à chercher le bien du prochain, et désire le bonheur des autres, peut être missionnaire. Cette ouverture du cœur est source de bonheur, car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » . Personne ne vit mieux en fuyant les autres, en se cachant, en refusant de compatir et de donner, en s’enfermant dans le confort. Ce n’est rien d’autre qu’un lent suicide. » Dans la fête de la vie que représente Noël portant ensemble notre foi vers des chemins d’humanité ou le frère devient une communion à vivre dans l’intergénérationnel, chacun selon sa propres place.
La contemplation du dynamisme de la vie dans notre histoire
La foi est une aventure dans cette rencontre de la Parole de vie qui s’inscrit dans mon histoire. En faisant mémoire des signes de Dieu dans ma vie, je comprends le dessein de Dieu dans l’histoire des hommes, où je suis appelé à être acteur de la grâce reçue. Noel est bien cet accueil de Dieu dans ma vie ou il m’est demandé un engagement de ma part qui ne soit pas fait de tiédeur et de relativisme, mais bien de cette radicalité de l’amour qui s’engage, qui témoigne, qui moissonne. La foi nous invite à cultiver la paix comme des citoyens du royaume promis. Néanmoins le diable artisan d’une culture de mort, dans la dispersion de ses pensées, et la fragmentation de sa relation nous entraine vers des voies sans issue. Oui, il nous entraine vers des voix perdues lorsque la logique de mort l’emporte sur la grâce de la vie. « A la source de toute violence contre le prochain, il y a le fait de céder à la « logique » du Mauvais,…comme nous le rappelle l’Apôtre Jean: « Car tel est le message que vous avez entendu dès le début: nous devons nous aimer les uns les autres, loin d’imiter Caïn, qui, étant du Mauvais, égorgea son frère » . Ainsi, le meurtre du frère à l’aube de l’histoire donne un triste témoignage de la manière dont le mal progresse avec une rapidité impressionnante: à la révolte de l’homme contre Dieu au paradis terrestre s’ajoute la lutte mortelle de l’homme contre l’homme. » Un monde sans Dieu devient alors un monde sans frère en d’autres termes un monde mortifère. L’authentification de l’amour de Dieu est notre amour du frère. Car les deux sont les compléments d’un même amour qui se propage dans toutes les dimensions, féconde toutes nos relations, engage tout notre être.
Notre histoire est reliée à la présence de Dieu dans notre vie c’est pourquoi nous attestons dans la foi, à la suite de St Jean « Il vit, et il crut. ». D’ailleurs le mot voir et le mot vivre en français sont homonymes dans la conjugaison de la troisième personne du singulier. Comme un regard de bienveillance sur la vie qui nous fait entrer dans la foi par la porte de l’espérance et nous amenant à contempler l’amour. Un peu comme si vivre et voir lorsque la personne n’est pas partie prenante de l’action aient en français le même écho. Toute histoire de vie est une histoire d’amour, et tout échec de vie dans une culture de mort est un refus de l’amour offert. Nous ne pouvons pas traiter la question de la vie sous l’angle d’intérêt personnel. Ni entrer dans des compromissions vis-à-vis de notre foi au nom d’un confort qui prend ses sources dans un individualisme délétère. J’insiste avec vigueur, nous ne pouvons pas nous dérober sur l’étendue et la gravité des attentats contre la vie ni fuir les conséquences qui en découlent, et encore moins rendre Dieu responsable de ces conséquences dans la folie de nos logiques avariées.
L’avortement est toujours un échec et ne peut jamais se justifier quand bien même des circonstances atténuent la responsabilité. Celle-ci demeure devant l’acte. « L’avortement provoqué est le meurtre délibéré et direct, quelle que soit la façon dont il est effectué, d’un être humain dans la phase initiale de son existence, située entre la conception et la naissance » . Nous ne pouvons pas supprimer notre conscience face à de tels actes, ni même nous en décharger sur des lois d’un autre âge. La première victime de l’avortement est la personne en devenir dans le ventre de sa mère. Sans en ajouter dans la violence qui oblige certaines femmes à l’avortement lorsqu’il ne s’agit pas tout simplement d’un bourrage de crâne véhément annihilant gravement la capacité de discernement de la personne qui avorte et sa propre liberté. Beaucoup trop d’avortements sont fait dans la contrainte. Pareillement, nous ne pouvons voir un acte médical dans l’avortement mais un acte de barbarisme, autrement dit un traitement inhumain et dégradant. Quant à dire qu’il n’y a pas de risque sur de telles pratiques est un mensonge qu’il nous faut avec force dénoncer, et les conséquences psychiques d’un tel acte sont bien présentes n’en déplaise à l’idéologie dominante. « La majorité des études scientifiques sérieuses qui ont été publiées sur le sujet montrent qu’il n’y a pas de séquelle à long terme psychologique de l’avortement. » On peut s’interroger sur la qualification d’étude scientifique, et sur le terme sérieux, tant l’assertion va à l’encontre de ce que vivent les personnes ayant vécu de tels actes, et des conséquences sur leur vie et sur leur foyer quand dans certains cas cela ne touche pas à la fécondité. Réalités de vie de plusieurs personnes que j’ai rencontrées. Je ne parle pas dans la nébuleuse idéologie d’un « en général ». Mais dans la vraie vie, et la réalité de mes rencontres, je n’ai été témoin que des personnes meurtries, des couples blessés, et des histoires de vie traversées par la douleur de la perte.
Notre vocation d’accueil du Verbe de vie implique pour nous des conséquences sur la défense de la vie et de la vraie connaissance de ce qui se passe, et non de l’idéologie, fut elle dominante. La vérité vient toujours à la lumière pour celui qui cherche. Cette vérité qui redit l’impératif de la vie, de la culture de la vie et du refus du mépris, du mensonge, et de la tyrannie d’une pensée unique et perverse incluant d’ailleurs le déni d’entrave pour tenter d’empêcher la lumière de la foi percer les erreurs de ce monde. La désinformation sur ce point confine à la bêtise et à l’absurdité et nous devons nous rappeler que l’ignorance crasse est toujours un péché. « C’est au plus intime de la conscience morale que s’accomplit l’éclipse du sens de Dieu et du sens de l’homme, avec toutes ses nombreuses et funestes conséquences sur la vie. C’est avant tout la conscience de chaque personne qui est en cause, car dans son unité intérieure et avec son caractère unique, elle se trouve seule face à Dieu. » Afin de défendre notre vie de fils de lumière, nous devons nous enraciner dans la prière, avoir une familiarité avec la Parole du Seigneur et œuvrer dans la charité auprès de nos frères, notamment dans l’écoute et le partage concret des souffrances et des besoins.
L’accueil précaire de l’enfant Dieu à Bethlehem nous indique que face à toute circonstance la naissance reste un émerveillement du don de Dieu à la vie. L’accueil d’un enfant dans la famille humaine reste le plus beau des cadeaux à recevoir et à éduquer dans la vie spirituelle. « Seul celui qui reconnaît que sa vie est marquée par la maladie du péché peut, dans la rencontre avec Jésus Sauveur » L’appel à la conversion et l’annonce de la miséricorde de Dieu invite chacun à retourner vers le Père prodigue à tout moment pour travailler à la vigne du salut. « Je voudrais adresser une pensée spéciale à vous, femmes qui avez eu recours à l’avortement. L’Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser sur votre décision, et elle ne doute pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse, et même dramatique. …. Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l’espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s’est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l’avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir: le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. » Renouvelons cette joie de la rencontre, dans une relation où la vie tend vers le bien, le désir de l’âme vers ce qui est beau et la conscience de l’être dans ce qui est vrai. Noël est l’attente joyeuse du Sauveur qui vient à notre rencontre en toute humilité. Approchons nous de sa présence et vivons cette alliance d’amour à l’infini.
La vie de l’homme est cadeau d’amour de Dieu
La vie est offrande de l’amour et en tant que telle doit être respectée dans un absolu qui ne connait pas la compromission. Nous pouvons comprendre que la vie est le signe de l’amour de Dieu pour nous et que cela nous rend responsables du talent que nous possédons. Une confiance en l’œuvre de Dieu qui se conduit dans la vérité de la foi et la fidélité en la promesse du salut annoncé. C‘est ainsi que nous rentrons dans l’action de grâce pour la merveille que le Seigneur a fait, le prodige que je suis. Joie d’une relation d’une vie qui désire Dieu à l’envi.
Le récit de Caïn et Abel dans le livre de la genèse est un refus de l’altérité. « En créant la matière non vivante Dieu “séparait”; aux animaux il ordonna d’être féconds et de se multiplier, mais c’est seulement au sujet de l’homme que la différence de sexe est soulignée (“homme et femme les créa”), bénissant en même temps leur fécondité, c’est-à-dire le lien des personnes » Lien qui se prolonge dans la fraternité dans le respect des différences et non dans la recherche du même. La relation à l’autre peut être vécue différemment dans une forme d’égalitarisme qui se révèle la pire des jalousies. La norme devenant je veux ce qu’a l’autre, et non ce dont j’ai réellement besoin. Notre conversion intérieure viendra bien de cette prise de conscience du décalage. La naissance du Christ à la crèche nous invite à ne pas rêver de grandeur mais dans un principe de réalité faire avec ce qui nous est proposé pour toujours rendre grâce à Dieu. Le vrai esprit de pauvreté n’est pas dans l’absence de richesse, mais dans le détachement des choses de ce monde pour toujours aller à l’essentiel et s’attacher à l’amour de Dieu dans la fécondité de nos œuvres.
La générosité de l’amour se moissonne dans l’éducation d’une conscience droite. « C’est toujours de la vérité que découle la dignité de la conscience : dans le cas de la conscience droite, il s’agit de la vérité objective reçue par l’homme, et, dans celui de la conscience erronée, il s’agit de ce que l’homme considère par erreur subjectivement vrai. » L’importance de l’éducation des consciences vécut dès le plus jeune âge permet d’apprendre à faire la différence entre le bien et le mal, notamment dans la conscience de ce qui est de la vérité et de ce qui est de l’idéologie, du mensonge ou d’une forme de tyrannie, même expression polymorphe d’une situation objectivement désordonnée. Le temps de l’avènement, comme le temps de notre séjour sur terre, est d’abord le temps de la rencontre et de la présence de Dieu que ce soit dans notre être, dans nos actes mais aussi dans notre intelligence. Réfléchir sur l’action de Dieu dans notre vie oblige alors à un travail intellectuel où les questions doivent nous aider à mieux discerner la volonté du Père. « La conscience, en tant que jugement concret ultime, compromet sa dignité lorsqu’elle est coupablement erronée, ou « lorsque l’homme se soucie peu de chercher la vérité et le bien, et lorsque l’habitude du péché rend peu à peu sa conscience presque aveugle » . Le drame est de vouloir niveler la conscience par les réalités du péché que l’on vit. Conception d’un ‘je l’ai fait et ce n’est pas si grave’, sans en porter toutes les conséquences, et lors des drames refuser sa propre responsabilité. Nous avons vite fait d’être aveuglés par l’adversaire qui tend à toujours minimiser pour nous couper de Dieu. Ne pas entrer en tentation, demande alors de s’attacher à la prière, de garder confiance en l’amour du Rédempteur et de se laisser guider par le souffle d’espérance que nous prodigue l’Esprit Saint. C’est ainsi que nous trouverons l’appel « à vivre une conversion continuelle à la vérité et au bien. »
Hélas dans la tiédeur d’une vie qui se détourne des voies spirituelles nous pouvons entrer dans une forme de relativisme qui ouvre à l’acceptation de doctrines étrangères, à la foi chrétienne et dans l’endormissement des consciences. ” La tolérance légale de l’avortement et de l’euthanasie ne peut en aucun cas s’appuyer sur le respect de la conscience d’autrui, précisément parce que la société a le droit et le devoir de se protéger contre les abus qui peuvent intervenir au nom de la conscience et sous le prétexte de la liberté”. Dans un sentimentalisme larmoyant ou dans la mise en lumière de situation exceptionnellement rare, nous voudrions étendre des règlementations qui violent la loi de Dieu et touchent à la solidarité entre les hommes. Il revient de dénoncer les situations avec humilité, mais dans la force de la vérité. Point de compromission dans le mal, mais toujours la douceur de l’annonce qui se propose comme un choix de vie qui ouvre à la lumière de Dieu dans la rencontre. Notre liberté de conscience dans la foi est alors l’adhésion à la Parole de Dieu dans la familiarité des Ecritures dans notre vie, et la méditation de ce que nous avons vraiment à vivre.
Il ne peut pas y avoir une conscience en variable d’ajustement selon les situations et en minimisant les conséquences à travers une logique égoïste. Oui, la radicalité de l’amour impose des choix parfois crucifiants mais toujours humainement riches de sens. L’instant n’est pas l’histoire mais une partie. Autrement dit « nous avons perdu cette bataille mais nous n’avons pas perdu la guerre » . Notre foi doit toujours guider notre raison et souffler sur notre conscience pour lui permettre de faire les bons choix qui s’imposent et non la déraison d’une facilité qui disperse. Il ne s’agit pas de juger mon frère, entendons le bien, mais plutôt d’orienter ma vie vers un absolu de l’amour qui n’adhère pas à des compromissions. Trop souvent, les choix que nous faisons manquent des vertèbres de la foi, du poumon de l’amour et du coeur d’espérance. Trop souvent, nous excluons notre quotidien de la relation à Dieu ayant un parc privé en dehors du spirituel !! Trop de cris d’effroi dans l’obscurité du péché nous entrainant dans l’angoisse et la culpabilité car nous avons eu honte et nous nous sommes cachés. Entendons bien que le cri de l’homme face à la responsabilité du péché engendre le cri de Dieu sur l’unité de sa création et son projet d’amour dévoyé par un manque de confiance de sa créature faite à son image : l’homme. Etre au Christ demande d’y être tout entiers et exclue certaines positions sur la culture de mort, quand bien même c’est légal dans le pays. En aucun cas cela donne la légitimité morale. Il y a une injustice viscéral dans la négation de l’autre personne, mon frère. L’impératif de conversion est d’abord un amour responsable qui se situe dans la vérité des Ecritures et l’intelligence de la foi. Une contemplation de Dieu qui demande de répondre dans un désir insatiable tant que la communion parfaite ne se fait pas. Désirer Dieu jusqu’à venir l’adorer à la crèche, le suivre sur les routes d’Israël et dans l’incompréhension de la crucifixion recevoir la joie de Pâques comme le signe absolu de la miséricorde infinie qui invite tous les pécheurs à s’abreuver à la source divine à travers le sacrement de réconciliation et offert dans le sacrement de l’Eucharistie. Dieu est toujours présent, même si nous, de notre côté nous nous éloignons. Il est la source de vie, même si nous préférons les breuvages boueux des choix de mort. Il se révèle à nous et demande juste un retournement de notre cœur pour contempler enfin sa grandeur. Il est Dieu, mon Seigneur qui se partage et qui me rend témoin.
Alors, il nous faut revoir notre vie comme un cadeau de Dieu et recevoir la naissance du frère comme un cadeau, nous fait entrer dans le mystère de l’incarnation de plain-pied. Notre conscience entre dans la joie de la rencontre avec ce discernement de la vie de l’Esprit qui m’ouvre à la paix intérieure et à la fécondité du témoignage. « Il nous faut, avant tout, faire apparaître la splendeur fascinante de cette vérité qui est Jésus Christ lui-même. En Lui, qui est la Vérité , l’homme peut comprendre pleinement et vivre parfaitement, par ses actes bons, sa vocation à la liberté dans l’obéissance à la Loi divine, qui se résume dans le commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Cela se réalise par le don de l’Esprit Saint, Esprit de vérité, de liberté et d’amour : en Lui, il nous est donné d’intérioriser la Loi, de la percevoir et de la vivre comme le dynamisme de la vraie liberté personnelle » Le oui de Marie dans son humilité à obéir à la volonté de Dieu opère un retournement de situation où l’homme réintègre sa liberté comme oblation à Dieu à travers le salut du Fils et dans le souffle de l’Esprit. Oui, l’incarnation du Verbe ouvre ce nouvel espace de liberté où l’homme est appelé à rejoindre l’enfant de la crèche pour venir l’adorer et rendre gloire à Dieu avec les anges et la cour céleste. L’espérance à travers la culture de vie, voit l’œuvre de Dieu se déployer avec émerveillement. Comme une adoration permanente de la prodigalité du Seigneur dans la profusion de ses œuvres.
Le témoignage des saints innocents un cri de la vie
Le service du corps n’est pas sévices du corps. Nous ne pouvons restreindre ce cadeau de Dieu dans une aliénation individualiste qui voudrait « que ce soit mon corps et j’en fais ce que je veux » au détriment de sa propre identité spirituelle et d’une conscience droite appelée à rendre gloire à Dieu corps et âme. Cette problématique que nous retrouvons pour des questions de fin de vie, les comportements sexuels déviants ou intrinsèquement désordonnés et les questions liées à l’avortement et aux funestes techniques médicales de procréation. Nous ne pouvons pas être étrangers à ces discours, ni complices, mais nous devons bien, en enfants de la lumière, développer cette responsabilité de cultiver l’intelligence de la foi, d’approfondir dans la prière le choix de Dieu et de témoigner à tous de la générosité de la vie.
Nous ne pouvons pas faire du col de l’utérus un passage entre la personne et l’inexistant, comme si c’était un goulet d’étranglement où nous pourrions dire vie et mort. Comme une montagne à deux versants auxquels nous décrèterions que le côté nord serait stérile et le côté sud promis à l’avenir. Le langage de la vie reconnait la dignité de la personne dès la conception comme promesse de Dieu. Comme nous ne pourrions faire un parallèle entre les accidents naturels des fausses couches avec l’intention malicieuse de mettre fin à une vie. Genre d’idéologie qui utilise les raccourcis pour se donner bonne conscience. Comme la stérilité n’est pas une permissivité à toute action technique d’instrumentalisation de la vie. Nous ne pouvons pas délaisser cela « aux sachants » sans prendre notre propre contribution à faire toute la lumière sur notre façon de vivre en vérité avec la Bonne Nouvelle annoncée et reçue.
Le défi de la santé et du respect de la vie ainsi que des responsabilités qui y incombent ouvrent des axes de discernement qui demandent une conscience droite pour évaluer dans les circonstances toujours particulières le chemin lumineux du disciple du Christ. L’innocence des victimes ne vient pas que du seul premier âge, mais dans les formes de suicides assistés et d’euthanasie touchent aussi l’âge de la vulnérabilité. « Au terme de l’existence, l’homme se trouve placé en face du mystère de la mort. En raison des progrès de la médecine et dans un contexte culturel souvent fermé à la transcendance, l’expérience de la mort présente actuellement certains aspects nouveaux. » Sans confondre avec l’acharnement thérapeutique, ou bien l’intention des conséquences, l’Eglise rappelle dans la vérité de la foi que « l’euthanasie est une grave violation de la Loi de Dieu » et ne peut jamais être une option acceptable pour les chrétiens. Bien plus, nous devons être vigilants, promouvoir une culture de l’accompagnement de la fin de vie. Souvent les demandes d’euthanasie, malgré la complexité de l’histoire de chacun et des conséquences qui en découlent, relèvent souvent d’une solitude. L’accompagnement adéquat, d’une part, et la perspective renouvelée du sens de la vie et de la richesse de l’histoire de chacun permet de réorienter les demandes vers un cheminement intérieur d’offrande et d’abandon à la providence.
Néanmoins nous ne pouvons pas entrevoir la dignité de la vie que sous un angle mais dans son ensemble comme louange au Créateur et participation à son œuvre dans notre responsabilité propre. « Tout ce qui s’oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les tentatives de contraintes psychiques; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie infra-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable: toutes ces pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subis- sent, et elles insultent gravement à l’honneur du Créateur ». Nous comprenons à la suite de la lecture des pères du concile Vatican II que la culture de vie dépasse certains points de fixation mais touche avec ampleur tous les aspects de notre vie et de celle de nos frères. Cette fête de Noel est l’occasion pour nous de célébrer la beauté de la vie en rappelant qu’elle est d’abord l’intention de Dieu, participation à l’œuvre de création et richesse de l’amour inventif dans la pluralité des vocations. Notre liberté s’offre comme un espace de rencontre entre des choix qui vont vers le bien commun et la sainteté de vie, comme un témoignage lumineux qui devient action de grâce pour l’action de Dieu le Créateur. La restauration de la relation ouvre à un changement de nos actions pour vivre avec nos frères un rapport ou la foi, l’espérance et la charité sont toujours présent. Etre co-créateur demande de vivre notre responsabilité de vie à l’écho des Ecritures.
Sexualité au service de la vie
La sexualité ne doit pas non plus servir de variable d’ajustement à notre engagement spirituel. La sexualité est au service de la vie, un chemin d’ouverture à la grâce de la rencontre et à la complémentarité dans l’altérité qui passe par la communion des sens et la construction d’un même projet. Nous ne pouvons pas traiter la sexualité comme une extraterritorialité du royaume des cieux. « C’est une chose, en effet, que d’avoir conscience que la valeur du sexe fait partie de toute la richesse des valeurs avec laquelle l’être féminin apparaît à l’être masculin. C’est une autre chose de “réduire” toute la richesse personnelle de la féminité à cette unique valeur, c’est-à-dire au sexe comme objet convenant à la satisfaction de sa propre sexualité. » . Le désir sexuel est porté dans un projet commun et ouvre à un respect de la personne dans toutes ses dimensions. L’incarnation du Fils de Dieu, le Verbe fait chair, nous invite alors à comprendre la sexualité comme une composante de tout l’homme et non pas une partie distincte de l’ensemble.
Cela implique pour nous des choix de vie qui sont porteurs d’un sens de Dieu et d’une ouverture à l’autre dans une approche entière et non parcellaire. Ne faisons pas d’une composante le tout de notre personnalité. Nous ne pouvons pas réduire la personne à un comportement qu’il soit bon ou pervers sans regarder l’ensemble et l’orientation de vie. Les publicains et les prostituées ont bien pris en compte la pauvreté de leur vie pour opérer une conversion nécessaire, et s’orientent résolument vers Dieu malgré les choix paradoxalement mauvais de leur vie. Ils savent bien qu’ils doivent redresser leur vie, mais ils continuent d’espérer, et de garder confiance en Dieu. Ils nous interpellent aussi à conformer nos choix en Dieu. Nous devons nous détourner des idéologies de la culture de mort qui se veulent raisonnables en proposant la mort comme une nécessité vitale !!!. Et comme nous n’en sommes plus à un paradoxe près, ils disent poser un choix de liberté en tyrannisant ceux qui pensent autrement dans un exercice de culpabilisation stupéfiant dans le renversement des valeurs. Le sentimentalisme déconnecté de la vérité est négation de l’amour. Alors « Règne une civilisation conditionnée par une manière de penser et de juger nettement matérialiste et utilitaire. La bio-physiologie contemporaine peut fournir de nombreuses informations précises sur la sexualité humaine. Toutefois la connaissance personnelle de la dignité du corps humain et du sexe doit être puisée également à d’autres sources. La parole de Dieu Lui-même en est tout particulièrement une: elle contient la révélation du corps, celle qui remonte à l'”origine”. » Comme nous le redit le Pape actuel, le Tout est supérieur à la partie, ce qui est dans le domaine du corps, la sexualité n’en est qu’une partie. Certes non négligeable mais en aucun cas l’essentiel. Voir la personne humaine dans tout son ensemble et ne pas réduire à une composante permet de relier l’histoire de chacun à la promesse de vie de l’ensemble. « Le tout est plus que la partie, et plus aussi que la simple somme de celles-ci. Par conséquent, on ne doit pas être trop obsédé par des questions limitées et particulières. Il faut toujours élargir le regard pour reconnaître un bien plus grand qui sera bénéfique à tous. » L’éducation de notre conscience à une droiture de vie n’empêche pas les chutes, mais ne conditionne pas nos actions à un aspect fini.
L’attente du Sauveur doit nous permettre de revoir notre vie à la lecture de sa Parole et à nous mettre en marche à la suite des rois mages pour offrir notre humanité comme trésor pour le roi des rois. Ne soyons pas statiques dans une position de fracture des choix, mais bien dans une recherche de communion dans la relation à Dieu et à nos frères. « La vie “selon la chair” fructifie en effet la “mort”, c’est-à-dire comporte comme effet la “mort” de l’Esprit. Le terme ” mort” ne signifie donc pas seulement la mort corporelle, mais aussi le péché que la théologie morale appellera péché mortel. » L’adoration du petit enfant à la crèche est alors un appel à la vie, voire un souffle de vie dans notre histoire et nous permet de réorienter de manière durable tous nos choix dans la grâce éternelle. Venez ! Adorons-le !
Marie Eve nouvelle, porte de la vie
Les pères de l’Eglise en faisant de Marie la nouvelle Eve recentrent l’alliance dans ce choix de dire oui à Dieu et d’accepter cette union particulière qui fait de chacun de nous une humble réponse à la volonté de Dieu dans la liberté de notre vocation propre. « A l’Annonciation en effet, Marie, s’est remise à Dieu entièrement en manifestant «l’obéissance de la foi» à celui qui lui parlait par son messager, et en lui rendant «un complet hommage d’intelligence et de volonté» . Elle a donc répondu de tout son «moi» humain, féminin, et cette réponse de la foi comportait une coopération parfaite avec «la grâce prévenante et secourable de Dieu» et une disponibilité parfaite à l’action de l’Esprit Saint qui «ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus parfaite». Vivre la culture de vie demande alors d’être en communion avec la volonté de Dieu et attentifs à l’actualisation de la Parole dans notre vie. Nous ne nous appartenons plus, mais nous appartenons au Christ chemin de vie. Une réorientation de tout notre être qui en même temps loin de nous écraser, nous libère définitivement dans la confiance et l’abandon. Vivre cet engagement qui illumine notre espace intérieur de la présence de Dieu et le rendre familier à nos décisions fait de nous des croyants libérés parce que dans la volonté de Dieu et accomplissant ainsi pleinement notre vocation.
La vie est structurée dans l’altérité et la complémentarité ce qui est source d’épanouissement et de prodigalité dans la diversité observée. La source de l’amour est en Dieu qui lui-même est Trine et Un. L’amour est alors cette réponse à l’unicité de Dieu en trois personnes. Dans l’œuvre de la création le projet d’amour de Dieu est porté par l’espérance et demande la foi qui ouvre à la connaissance de Dieu. « Marie, que la tradition a l’habitude d’appeler la «nouvelle Eve» , la vraie «mère des vivants» , proclame avec force la vérité non voilée sur Dieu, le Dieu saint et tout-puissant qui, depuis le commencement, est la source de tout don, celui qui «a fait des merveilles». En créant, Dieu donne l’existence à toute la réalité. » Cette réalité qui se comprend dans un accompagnement intergénérationnel où chaque âge de la vie a ses spécificités et demande une interaction avec les autres tranches d’âges. Nous avons à veiller à respecter cette réalité intergénérationnelle en ne délaissant pas les jeunes à des jeux informatiques aussi futiles que vains, à ce que le travail des parents ne soit pas l’occasion de fuir leur responsabilité familiale, et dans le respect de nos ainés qui ne doivent pas être relégués à une forme d’inutilité tolérée. « L’Église ne peut pas et ne veut pas se conformer à une mentalité d’intolérance, et encore moins d’indifférence et de mépris à l’égard de la vieillesse. Nous devons réveiller le sentiment collectif de gratitude, d’appréciation, d’hospitalité, qui ait pour effet que la personne âgée se sente une partie vivante de sa communauté. Les personnes âgées sont des hommes et des femmes, des pères et des mères qui sont passés avant nous sur notre même route, dans notre même maison, dans notre bataille quotidienne pour une vie digne ».
Marie n’a pas été seulement la Théotokos – l’enfanteuse de Dieu . Elle est aussi la fille du Fils comme humble servante du Seigneur qui redit son oui à l’écho de la Parole. Cette parole qui en même temps demande aux parents de ne pas exaspérer leurs enfants dans des demandes hors cadre, et parallèlement rappelle le devoir fondamental d’honorer ses parents comme héritage d’une culture à chérir et à développer. La culture de mort fera entrer le concept d’utilitarisme pour reléguer les relations à des poids à supporter plutôt qu’à des richesses à partager. Les vieux étant inutiles dans une civilisation portée pour les jeunes qui seuls ont un avenir. D’autres vivent leur retraite dans un affranchissement de leur devoir de grands parents, ‘ayant déjà élevé leurs enfants, ce qui est en soi suffisant’ ! La relation intergénérationnelle doit être en toute chose préservée, chacun selon ses responsabilités dans une recherche de communion et de lien social qui rend témoignage à l’œuvre de Dieu dans la vie des hommes. Le jeunisme, comme l’âgisme sont des discriminations par l’âge qui ne rendent pas gloire à Dieu car en soi, les deux idéologies refusent la complémentarité et ne lisent la situation que par un aspect bien particulier. Marie en mère aimante nous rappelle le devoir relationnel que l’enfant doit avoir avec ses parents, et l’importance des parents d’éduquer les enfants et de ne pas les laisser à la baby sitter télévisuelle. Nous devons rechercher d’autres nounous que celle des écrans. Les chemins de croissance se font dans une rencontre où se transforme la relation. C’est vrai dans la relation à Dieu, mais cela commence dès l’aurore de notre vie par la relation parentale qui doit faire grandir et apprendre la sécurité dans l’autonomie à découvrir. Noël où chacun se rassemble devant la crèche nous apprend que les vieux comme les jeunes, les pauvres comme les riches, les indigents comme les savants, tous nous sommes appelés à venir l’adorer et à présenter nos prières devant Lui le roi des rois qui s’est fait petit enfant. La simplicité de la Vierge devient alors un chemin d’imitation et de communication où nous nous sentons en confiance. Faisons de nos différences non des motifs d’exclusion, mais au contraire une richesse pour bâtir un monde pluriel dans l’ingéniosité des histoires propres à chacun. Dans l’enracinement de notre histoire et l’engouement d’un dynamisme retrouvé, nous abattrons les frontières pour vivre un monde où l’autre est d’abord un Fils de Dieu et mon frère. C’est ainsi que nous continuerons ce chemin de vie dans une fraternité retrouvée.
Synthèse
Le combat est inégal entre la pression médiatique et l’influence d’une parole d’aliéné, et la proposition de vie dans un espace de liberté où le choix de Dieu ouvre à un bonheur d’éternité. L’ersatz de l’immédiateté ne donne pas l’épaisseur de notre histoire qui se relie aux appels de Dieu et à nos réponses. « Dieu demeure abstrait. Dieu demeure un concept lointain et inefficace s’il ne devient pas un événement de notre vie, si rien n’est changé en nous, si notre existence n’est pas transfigurée par sa Présence, car s’il est le bien souverain, il faut que cela se voie, et se propage, et se communique : Dieu entre nécessairement dans l’histoire s’il entre réellement dans notre vie. » Ne restons pas dans le superficiel des bonnes idées, mais entrons dans la relation profonde en prenant le large, et en étant attentif au souffle de l’Esprit Saint.
Faut-il le répéter ? La Bonne Nouvelle n’est pas un carcan d’empêcheur de vivre, mais bien une proposition d’orientation vers un bien meilleur. L’éducation d’une conscience droite est alors l’espace d’une rencontre avec Dieu qui devient l’émerveillement de sa grâce dans notre aujourd’hui. La miséricorde du Seigneur est sans limite, mais cela ne veut pas dire qu’il faille avoir une mentalité de chenapan, décidant de changer de vie sur notre lit de mort. Certes des personnes l’on fait dont Talleyrand qui s’est repenti sur son lit de mort. Et vous savez quoi ? Le Seigneur a fait miséricorde… Mais offrir une vie orientée vers Dieu est un délice de communion.
Les exigences de la Parole de vie orientent notre marche vers un bien commun qui respecte notre vocation d’image de Dieu appelée à la ressemblance. Faire des choix demande toujours d’en abandonner d’autres. A nous d’être assez responsables pour s’engager sur des choix de vie. Ne nous laissons pas voler la richesse de notre engagement dans la tiédeur d’une relativité qui endort la conscience et falsifie le sens de notre vie. La liberté se vit dans l’humilité d’un oui à la volonté de Dieu et non dans une forme d’autonomie qui en oublie la complémentarité. « Revendiquer le droit à l’avortement, à l’infanticide, à l’euthanasie, et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d’un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. Mais c’est la mort de la vraie liberté: « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché » Quant à nous, portons cette vie qui trouve le sens dans la relation particulière à Dieu et à nos frères. Ainsi nous sommes invités dans certaines situations à vivre le combat spirituel pour mettre Dieu au centre de notre vie, et délaisser tout ce qui opprime l’homme dans ces idéologies nauséabondes, et ces droits qui aliènent. Seul le Christ libère et nous ouvre à l’amour d’oblation. « Voulez-vous maintenant savoir ce que c’est qu’aimer, et quelle est l’âme qui aime d’un plus grand amour? Eh bien! … celle qui est le plus fermement résolue de contenter Dieu en tout; qui a le plus ardent désir de lui plaire, qui fait le plus d’efforts pour éviter de l’offenser, qui le prie avec le plus d’ardeur pour que Jésus-Christ son Fils soit de plus en plus aimé et glorifié, et que l’Église catholique s’étende de plus en plus sur la terre. Voilà les marques du véritable amour. » . Noël est un appel à recevoir Dieu dans notre vie, de l’adorer et en même temps d’en témoigner autour de nous comme une relation qui bouleverse notre vie et nous rends amis.
Père Greg BELLUT
Curé de l’ensemble paroissial de Joinville le Pont.
Lettre de Noël 2017 à télécharger en .pdf Dans cette version, vous trouverez toutes les sources des citations. Vous pouvez aussi la trouver dans nos deux églises.