Homélie, janvier 2018. “Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci”
4ème Dimanche du Temps ordinaire
«Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci». Première lettre de saint Paul apôtre aux corinthiens (7, 32-35).
Nous pouvons rencontrer dans nos vies des épreuves, et la maladie nous introduit dans l’immédiateté de la fragilité humaine. Mais si nous avons souci des affaires du Seigneur alors nous pourrons en tout temps et en tout lieu rendre gloire à Dieu dans notre corps et notre esprit et voir l’accomplissement de son œuvre dans notre vie.
Lorsque nous proclamons notre foi nous croyons en Dieu, le Père Tout Puissant, c’est-à-dire celui qui tient en main notre histoire. Nous ne confondons pas la Toute-puissance avec la tyrannie qui est justement l’antithèse de la puissance, et révèle au contraire une impuissance chronique. La Toute Puissance de Dieu se manifeste dans l’universalité de son action, à travers le mystère du dessein de Dieu et de l’amour source de Toute action. L’esprit prophétique rappelle bien cette action de Dieu qui touche le cœur de l’homme. Manifestation de Dieu qui ouvre à l’émerveillement de son action dans notre histoire, et que nous accueillons dans une cascade d’action de grâce. « Je ferai se lever …un prophète je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai ». Dieu intervient dans notre histoire et nous accueillons cette réalité du don de Dieu dans notre vie. Nous ne sommes plus dans l’idée de Dieu mais dans sa rencontre qui nous donne un nouvel horizon de vie et nous invite à faire des choix en conformité aux Ecritures.
Dans l’action de grâce que Dieu nous permet de vivre, réfléchissons sur cette dimension de la Toute Puissance dans sa dimension de mystère. Je rappelle le sens mystère dans la foi chrétienne, ce qui est caché à nos yeux, mais est appelé à se révéler. « La foi en Dieu le Père Tout-Puissant peut-être mise à l’épreuve par l’expérience du mal et de la souffrance. Parfois Dieu peut sembler absent et incapable d’empêcher le mal. Or, Dieu le Père a révélé sa Toute-Puissance de la façon la plus mystérieuse dans l’abaissement volontaire et dans la Résurrection de son Fils, par lesquels Il a vaincu le mal. »[i] Le mystère tient bien à ne pas comprendre immédiatement ce qui nous arrive, mais à découvrir peu à peu le sens dans l’histoire des hommes et dans ma propre vie. La persécution des chrétiens dès la naissance de l’Eglise était abominable, mais a obligé la communauté à émigrer et à annoncer sa foi dans le monde entier de l’époque, c’est-à-dire le bassin méditerranéen, l’Asie mineure et l’Afrique du Nord. Nous comprenons aussi que par le témoignage de foi des premiers martyrs, nous sommes invités à vivre une certaine radicalité dans l’amour qui n’admet aucune compromission. La foi est d’abord un amour qui se partage dans la vérité de la Parole et non dans le sentimentalisme d’une forme de relativisme. Ceux qui ont donné leur vie pour le Christ savent dans leur chair l’expérience unique d’un amour qui se reçoit et qui se partage. Les martyrs scellent cet amour de Dieu en redonnant un sens nouveau à la vie.
« Seule la foi peut adhérer aux voies mystérieuses de la Toute-Puissance de Dieu. Cette foi se glorifie de ses faiblesses afin d’attirer sur elle la puissance du Christ »[ii] . Et nous pouvons rendre grâce pour son action qui s’accomplit toujours avec miséricorde. Car le Seigneur ne comptabilise pas nos péchés, mais regarde la ferveur de notre prière pour répondre et se manifester dans notre aujourd’hui. « Rien n’est donc plus propre à affermir notre Foi et notre Espérance que la conviction profondément gravée dans nos âmes que rien n’est impossible à Dieu. »[iii] Certes nous ne comprenons pas toujours le sens de son action, ni le pourquoi du comment, mais nous sommes sur qu’Il est là, et que nous sommes invités à la confiance dans la foi. C’est alors que dans la joie, et l’émerveillement de sa présence agissante dans notre vie nous chantons avec allégresse sa gloire qui s’est manifestée. « Il s’est penché sur son humble servante » Joie d’une grâce qui se découvre dans notre vie et qui produit de l’effet. La glorification de Dieu que nous vivons à chaque eucharistie qui est la traduction grecque d’action de grâce nous donne de faire une confession publique des gestes divins que nous avons pu voir. La traversée de la mer rouge, ou nous sommes sortis de nos esclavages pour accueillir la grâce dans le dépouillement à nous-même et l’accueil de la promesse. La résurrection qui nous ouvre au mystère de la rédemption qui renie tout déterminisme en rappelant qu’avec Jésus, nous sommes définitivement racheté de tout péché, lorsque nous l’accueillons dans notre vie. L’esprit prophétique est là pour nous rappeler à rester dans cet émerveillement et en même temps dans la conversion pour nous rapprocher sans cesse de cette grâce agissante, et faire grandir notre espérance.
L’action de grâce chrétienne est ce que nous vivons aujourd’hui, l’eucharistie. Nous célébrons la résurrection du Christ qui a fait de toute sa vie un hymne à la louange du Père dans la conduite de l’Esprit Saint. L’œuvre de Dieu s’est révélé à l’homme et nous invite alors à faire mémoire des merveilles que Dieu continue de faire aujourd’hui. Et l’action de Dieu est toujours avec abondance. « Jésus décrit ainsi son chemin personnel, qui le conduit par la croix jusqu’à la résurrection; c’est le chemin du grain de blé tombé en terre qui meurt et qui porte ainsi beaucoup de fruit. Mais il décrit aussi par ces paroles l’essence de l’amour et de l’existence humaine en général, partant du centre de son sacrifice personnel et de l’amour qui parvient en lui à son accomplissement. »[iv] et nous entrons dans cette adoration qui contemple l’œuvre de Dieu et jubile de bonheur dans cette nouvelle communion qu’Il instaure. Dieu est vivant je l’ai rencontré personnellement, il est quelqu’un pour moi.
Alors prions les uns pour les autres et vivons cette joie de la manifestions de Dieu dans notre vie et remettons Dieu en premier dans nos prises de décisions. « La nouveauté radicale que l’Eucharistie introduit dans la vie de l’homme s’est révélée à la conscience chrétienne dès les origines. Les fidèles ont immédiatement perçu l’influence profonde que la célébration eucharistique exerçait sur leur style de vie. »[v] Soyons toujours en action de grâce pour tout ce que le Seigneur nous donne et continuons de mettre toute notre vie sous l’éclairage des Ecritures pour continuer de chanter ses louanges.
« Venez, crions de joie pour le Seigneur, Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le ! »
Père Grégoire Bellut,
[i] &272 CEC
[ii] &273 CEC – cf. 2 Co 12, 9 ; Ph 4, 13
[iii] &274 CEC
[iv] &6 Dieu est amour
[v] &72 Sacrement de l’eucharistie – Benoit XVI