2020. Lettre Baptême du Christ
« Dans l’assemblée je bénirai le Seigneur. »[i]
Cœur de chair dans la mission de l’Eglise
La semaine de l’unité des chrétiens nous rappelle le devoir de communion dans l’urgence ecclésiale d’allumer le feu de l’Evangile sur la terre, le feu du partage de l’Esprit Saint à tous pour vivre le don de l’amour et annoncer la joie de la Bonne Nouvelle. « L’évangélisation contient … la prédication de l’espérance dans les promesses faites par Dieu dans la nouvelle alliance en Jésus-Christ ; la prédication de l’amour de Dieu envers nous et de notre amour pour Dieu ; la prédication de l’amour fraternel pour tous les hommes — capacité de don et de pardon, de renoncement, d’aide aux frères — qui, dérivant de l’amour de Dieu, est le noyau de l’évangile ; la prédication du mystère du mal et de la recherche active du bien. Prédication, également, et celle-ci est toujours urgente, de la recherche de Dieu lui-même à travers la communion avec ce signe visible de la rencontre de Dieu qu’est l’église de Jésus-Christ, et cette communion s’exprime à son tour par la mise en œuvre de ces autres signes du Christ vivant et agissant dans l’Eglise que sont les sacrements. »[ii] Or le sacrement du frère nous rappelle l’importance du service de la charité auprès du prochain et la réalité de l’amour dans le lien fraternel dont l’incarnation du Christ donne un écho nouveau et plus solide de l’impératif de l’amour. Nous sommes invités à rechercher une disposition d’ouverture pastorale dans notre accueil de l’autre, et la diversité des communions à réaliser. Cela demande déjà une conversion personnelle et une transformation communautaire.
1. La transformation pastorale
Dans une paroisse de campagne, la secrétaire reçoit un appel. « Je suis Madame X j’ai deux enfants, et je suis à 6 km de la paroisse mais je ne suis pas véhiculée ». La secrétaire répond, nous avons un service de navette pour venir vous chercher. Super, répond la mère de famille, j’ai aussi une famille près de chez moi, avec deux enfants, je pense qu’ils seront intéressés par la proposition. La secrétaire raccroche et voit arriver le curé. Elle lui dit : j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle c’est qu’on pourra accueillir dimanche deux familles, la mauvaise, nous avons 48 h pour trouver le covoiturage. Cette histoire vécue il y a peu en province montre la disponibilité pastorale dont nous devons faire preuve, et l’ingéniosité pour trouver les solutions d’accueil. Or parfois nous sommes repliés sur nous-mêmes sans nous donner l’audace de trouver les solutions, comme ce curé, qui a dit à un catéchumène de se représenter dans six mois, parce qu’il n’avait pas d’équipe d’accompagnement… Il nous faut quitter certaines rigidités de fonctionnement pour aller à l’aventure de la rencontre avec l’autre, avec Dieu et s’ouvrir aux imprévus. Il y a une urgence missionnaire à saisir dans la disponibilité à l’Esprit Saint. Et oui, il peut y avoir un enfant au caté en plus, même si en tant que responsable je ne suis pas au courant, mais la catéchiste a saisie l’urgence pastorale et elle a d’abord et avant tout mis en avant l’accueil. Il nous faut être disponibles dans cette mission fraternelle de répandre la lumière du Christ dans la gratuité de l’amour.
Ceci étant dit, il nous faut aussi programmer ensemble pour vivre la communion les uns avec les autres, afin de ne pas s’autosaisir de responsabilités qui sont dévolues à d’autres, ou prendre des dates sans concertation dans l’aléatoire de l’inspiration sans discernement. Il nous faut donc être attentifs à communiquer le plus rapidement possible les initiatives missionnaires et mettre chacun dans la boucle pour inscrire de manière efficace l’heure de l’évangile à l’horloge de la réalité de la communauté. L’Esprit d’audace missionnaire demande une inventivité certes, une écoute, toujours, et en même temps un impératif d’accueil et de communication pour permettre de vivre tout cela dans la paix. L’urgence d’un accompagnement où le Christ est présent, disponible et surtout vivant la relation avant la planification. C’est laisser une porte ouverte à ceux que nous accompagnons même si ceux-ci sont parfois un peu au bord de la route. Cela demande de nous rappeler que la foi est toujours l’élément premier de nos rencontres, et l’espérance la clé de la relation avec nos frères pour être au service de la charité en toute chose. Toute la communauté évangélise lorsqu’elle se rend attentive aux cris du monde, et apporte la lumière de Jésus dans la vérité de l’amour. Il y a un appel pressant à redire l’heure de l’évangile et les impératifs de l’amour dans une conscience éclairée par la vérité. Une communauté vit l’appel de l’Esprit Saint et la grâce de la joie dans la relation à l’autre, et le souci de ceux qui sont en marge de nos cités afin de s’engager vraiment dans la solidarité fraternelle au nom de l’Evangile. « Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Eglise ”[iii], tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Evangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde »[iv] Cet appel est pour tous les baptisés, et il demande à chacun de prendre ses responsabilités pour croitre spirituellement et s’ouvrir à la grâce de Dieu promise à chacun d’entre nous.
Cela demande du temps, plus que de l’argent. Du temps pour éduquer nos jeunes à une véritable hiérarchie des valeurs afin de redonner le sens premier de ce que nous avons à vivre. Du temps pour vaincre les solitudes et s’engager dans les relations fraternelles ouvrant à la prière, à la joie d’être ensemble dans un esprit de fête, et à l’accueil de tous sans distinction et dans la communion. Un appel à être vigilant aux maux du monde pour entreprendre une mission de salut par nos initiatives missionnaires et nos disponibilités dans les différents services. Comme assurer les ponts entre les générations afin de mieux communiquer dans les diversités de nos âges et de nos cultures. Ah l’accueil des cultures, un enjeu éminemment premier dans notre communauté qui demande prudence et patience. Prudence pour ne pas arriver avec ses gros sabots, patience, pour être à l’écoute des uns et des autres, afin de progresser ensemble sur le chemin de la paix par un ajustement de chacun à l’amour de Dieu pour tous. Soyons attrayants par nos témoignage de vie, sans être de la contrefaçon en annonçant la vérité de l’Evangile et non pas un ersatz dans un relativisme diabolique ou une dictature d’une valeur d’accueil qui en oublie la lumière structurante de la loi de Dieu.
2. Une conversion financière
L’importance de la communion fraternelle et de nos relations avec les autres demande une vigilance dans l’unité par rapport à l’argent et ce que cela induit dans la gratuité de l’échange. C’est d’ailleurs un échange que j’ai eu avec un paroissien voulant se faire payer pour un service d’Eglise. Je lui ai rappelé la gratuité du service, et il me répond mais vous payez bien quelqu’un. Dans l’urgence nous devons assurer une continuité du service demandant alors une rémunération, mais la communauté devrait être capable de subvenir par les charismes des uns et des autres, à la gratuité du service. Il nous faut rappeler sans cesse la gratuité de l’Evangile qui ne peut servir de tremplin sur d’autres ambitions. En même temps il est important que quelqu’un qui s’engage de manière importante dans son emploi du temps puisse être rémunéré et nous devons nous assurer que nous ne contribuons pas à une dégradation du niveau de vie par des demandes intempestives.
L’attention à l’aspect financier doit demander une certaine liberté de conscience pour rechercher ce qui est juste, et s’enraciner dans la vérité de l’amour quant à ce que nous avons à poser comme acte. «L’argent pourrit tout », derrière cette assertion, nous sommes invités à vivre la vigilance. Beaucoup reviennent à l’Eglise catholique à cause des errances de l’argent dans le protestantisme. Très clairement cela nous incite à un appel d’exemplarité, pour rappeler la gratuité de la foi afin de n’être à charge de personne, et que notre témoignage soit enraciné dans le don de l’amour. Car l’amour est toujours une relation dans la rencontre de l’autre et ne peut se réduire à un commerce d’utilité. Il nous faut clairement fuir des pastorales où l’argent serait premier, et les malédictions liées à ceux qui ne partagent pas. Comme Saint Paul nous rappelle que nous ne devons pas faire de différence entre nous par rapport aux avoirs des uns et des autres. Dire que l’argent brise le lien fraternel est une litote. Car plus que briser, l’argent fracture la relation fraternelle, et l’ampute de sa dimension de dignité humaine pour en rechercher un profit quantifiable sur le poids et la valeur des cellules. Une compartimentation du frère qui lui enlève toute sa personnalité pour une forme d’aliénation matérielle.
« Galates stupides qui donc vous a ensorcelés ? ». Nous avons écrit une lettre sur le partage assez complète et claire pour laisser à chacun le discernement nécessaire à l’intelligence de la foi et à l’éclairage d’une conscience droite. Chacun d’entre nous est assez disponible pour accueillir les questions et y répondre. Pourquoi donc aller chercher des informations dans des communautés, certes médiatiquement très fortes, mais fortement biaisées par l’appel aux dons et un discours sur l’argent très discutable, le protestantisme a certes quelques aspects intéressants à redécouvrir, mais ne peut en aucun cas être une référence dans le discernement financier que nous avons à opérer. Je le répète, si nos frères protestants doivent nous aider dans l’approche amoureuse de la lecture de la Parole de Dieu chaque jour, ou la possibilité d’une évangélisation avec une réorganisation qui s’affranchit des structures pour rejoindre chacun au cœur de sa vie, les errances et certaines frasques de pasteurs, l’aspect instrumentalisé de l’argent rend le discours sur ce point très douteux pour ne pas dire plus. Revenir à l’Eglise catholique d’une part ou vivre une certaine ouverture d’esprit n’empêche pas l’obligation de connaitre la doctrine catholique, de relire le catéchisme et d’écouter la tradition apostolique avant d’aller courir vers d’autres sources impropres à la consommation de la vie d’enfant de Dieu.
Tout n’est pas à rejeter dans le protestantisme, loin s’en faut : la manière d’approcher la Parole de Dieu, la constance et le fait de s’y référer à chaque heure du jour et de la nuit, les visions prophétiques dans l’apprentissage des textes sacrés et la connaissance diversifiée des versets ainsi est une force qu’il nous faut obtenir. Pour cela ils sont des témoins. D’autre part, la capacité de croissance des communautés et l’expansion que l’on peut y découvrir peuvent aussi être un modèle pour nous, même s’il nous faut discerner avec prudence. Certaines extensions se font sur une présentation émotionnelle avec un goût artistique assuré, mais sans véritablement de fond dans la superficialité du temps qui annonce par définition le naufrage … quand bien même l’illusion de la superficialité est attrayante sur l’instant. Néanmoins en vertu du discernement ecclésial et dans une prudence des pouvoirs et contrepouvoirs pour sauvegarder une pleine liberté dans l’obéissance, nous avons à nous référer à l’Eglise catholique et à elle seule. Aller chercher ailleurs des renseignements sur ce que nous avons vivre dans la communauté ecclésiale peut entraîner des graves erreurs d’appréciation, des fourvoiements dans la pensée, et l’errance des propos dans l’absence de repères solides et attestés.
3. Une conversion spirituelle
La célébration eucharistique est un lieu de prière personnel et communautaire. La réforme liturgique du Concile Vatican II, fidèle à la tradition apostolique que St Grégoire[v] avait déjà opérée une fois, en demandant que la messe soit dite en langue vernaculaire, c’est-à-dire de passer du grec au latin, a continué de s’opérer aujourd’hui dans les différentes langues des nations. Hélas, l’hérésie protestante a empêché l’Eglise au Concile de Trente de progresser sur cette voie, mais toutefois l’Esprit Saint continuant de souffler, et dans le discernement pastoral, aujourd’hui nous avons une pluralité de célébrations rejoignant chacun dans sa manière de prier. N’y a-t-il pas une attitude de coresponsabilité à vivre au cœur de la célébration. ? Certes le prêtre, le diacre, les lecteurs, les animateurs musicaux participent plus activement dans la célébration. Toutefois chacun d’entre nous sommes invités à rechercher le souffle de l’Esprit, à travailler l’écoute de la Parole, la méditation des oraisons et les signes qu’il nous est donné de voir pour manifester Dieu présent au milieu de nous. La prière personnelle est aussi une prière communautaire. La participation aux chants, même si je chante faux, la réponse de l’assemblée à l’invitation du prêtre ou du diacre sont autant d’actes communautaires demandant une participation de chacun. Il n’y a qu’à aller à certains enterrements pour gouter à une certaine solitude de la foi…
Entrer dans la prière demande aussi de passer du temps personnel. La prière du chapelet est l’accueil du mystère de Dieu dans la vie des hommes à travers l’histoire de Marie. Cette communion des saints particulière où Marie est en même temps notre mère et mère de l’Eglise. Elle nous conduit vers son Fils en nous demandant de l’écouter et de vivre l’’Evangile en acte. La première des disciples fait de nous des disciples dans un engagement plein de confiance aux Ecritures, au magistère de l’Eglise et responsable dans le bon sens des fidèles.
La conversion personnelle demande aussi un travail sur le service de la charité pour être à l’écoute de chacun d’une part et se mettre au service pour le bien commun et l’annonce de la Bonne Nouvelle d’autre part. Les moines d’Orient ont été à l’œuvre de production de la terre et de constructions que nous conservons encore aujourd’hui. Ils ont développé dans un milieu aride les moyens de substances pour tous. Il nous faut continuer à développer le service du bien commun à travers la production d’un bien pour la société et garder au cœur l’impératif de l’annonce de la Bonne Nouvelle ; Dieu est amour et Jésus vient nous sauver.
4. L’unité n’est pas le relativisme
Il nous faut vivre l’universalité dans le respect des positions de chacun, mais aussi en recueillant les différences non comme pierre d’achoppement mais de besoin de rapprochement à faire dans l’esprit d’artisans de paix. Il nous faut d’abord être au clair avec le message de l’Eglise catholique et de la tradition apostolique. Nous avons tous les ouvrages nécessaires et les maitres spirituels. Par la suite la tradition de nos frères orthodoxes et protestants peuvent nous remettre en lumière des vérités que nous avons peut être minorées, mais en aucun cas ne peuvent être le pain de consistance de notre vie spirituelle.
a) La prudence œcuménique
Certains se complaisent à écouter en boucle des enseignements de pasteurs, sous prétexte qu’ils parlent d’exorcisme, de prière de guérison et de délivrance ou qu’ils ont un charisme reconnu. Ce n’est ni sain, ni normal. Je reconnais que la lecture de « La croix et le poignard » du pasteur David Wilkerson, ou certains points d’enseignements du pasteur Rick Warren par exemple peuvent nous rendre vigilants à certains appels de l’Esprit Saint. Ma lecture du starets Silouane (abbé orthodoxe), ou de Séraphim de Sarov (ermite orthodoxe du début du XXème siècle) a été réconfortante certes mais après un parcours de lecture des pères de l’Eglise, et le discernement nécessaire pour y voir la volonté de Dieu. Nous avons tout à gagner à relire la dimension spirituelle de nos frères chrétiens, comme lire dans les traditions spirituelles du soufisme ou de la pensée rabbinique ou bien d’autres sur l’approche de Dieu. Toutefois oublier sa propre tradition pourrait nous incliner sur des pentes dangereuses de l’errance spirituelle et du nomadisme de la foi.
Nos frères protestants ont certes un rapport décomplexé à l’argent, mais ce rapport bien souvent en devient peccamineux. Tout ce qui brille dans le spirituel ne vient pas de Dieu loin s’en faut, et les artifices du malin sont nombreux dans ce domaine. De plus le rapport au célibat et la grâce de la chasteté dans le protestantisme, notamment en Afrique noire ne peut que poser question sur une lecture biaisée de la Parole de Dieu. Enfin le manque de communion ecclésiale dans les Eglises protestantes ont amené à côtoyer des Eglises, comme celle d’Afrique du Sud promouvant l’apartheid. Il nous faut vraiment exercer un discernement prudentiel pour savoir ce qui peut vraiment nous faire grandir et à chaque fois demande de faire émerger les ressources du bon sens des fidèles et de la tradition apostolique .
Je ne voudrais pas oublier de parler des fautes que nous pouvons commettre en écoutant des pasteurs qui se sont fourvoyés gravement sur certains aspects de la foi catholique rendant l’ensemble de leur message problématique. L’exemple d’un pasteur ayant eu des propos blasphématoires sur Marie, voire diaboliques, avec une haine non dissimulée s’est non seulement déconsidéré gravement mais n’est carrément plus fréquentable dans l’ensemble de ses enseignements. La manifestation d’une telle haine étant révélatrice d’un grand désordre spirituel intérieur qui l’exclut de toute possibilité de communion et de capacité d’enseignement ajusté. Continuer de l’écouter revient à commettre un péché, quand bien même dans son enseignement il prononce parfois des vérités de foi. La vertu de prudence œcuménique doit s’exercer pour reconnaitre les possibilités de communions et chercher à les vivre dans une complémentarité de la foi, et refuser les compromissions sur des attitudes sectaires ou aux antipodes de l’Evangile. Un pasteur qui se promène avec une crosse d’or pur, aura du mal à parler de la simplicité évangélique et du nécessaire appel du Christ à rejoindre l’aveugle sur le chemin pour lui donner la lumière de la foi. Il nous faut non seulement discerner mais avoir une cohérence dans la foi afin de discerner dans le souffle de l’Esprit Saint ce que nous avons à vivre. Oui, Internet à l’avantage de faire du monde un grand village, mais il peut y avoir des maisons vraiment pas fréquentables et nous devons avoir l’intelligence de la foi et la conscience de la sagesse pour prendre ses distances.
b) La patience œcuménique
Vivre les réalités du christianisme demande aussi de savoir prier ensemble sur ce qui nous rassemble et ne pas systématiquement rechercher ce qui nous sépare. Cet impératif de la communion peut nous amener dans l’intelligence de la foi à avoir des attitudes pastorales responsables pour permettre à chacun de retrouver les lumières de la Parole de Dieu, et vivre les conversions nécessaires à l’accueil de cette parole. Le Renouveau Charismatique a éclos dans cette richesse œcuménique d’un partage d’expérience spirituelle. C’est une richesse que certaines communautés actuelles essayent de maintenir comme le Chemin Neuf. D’autres s’intéressent plus à notre héritage avec la tradition juive comme la communauté des Béatitudes alors que la communauté de l’Emmanuel a vraiment vu l’urgence de l’annonce de la foi et la joie de croire. Je ne cite que les trois principales communautés présentes dans notre diocèse et en France.
Cela demande d’être patients avec les uns et les autres, et prendre le recul nécessaire à un dialogue de fond. L’œcuménisme étant un dialogue entre frères chrétiens, c’est-à-dire ceux qui reconnaissent Jésus comme une des trois personnes de la Trinité. Ceux qui ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu ne sont pas chrétiens. Cette vieille définition du début du christianisme nous permet d’avoir un socle commun qui d’ailleurs s’est opéré auprès des deux professions de foi que nous pouvons dire ou chanter le dimanche, le Symbole des apôtres ou le Credo de Nicée Constantinople. Sur ces bases nous pouvons initier une communion spirituelle à travers la prière et l’action commune dans le service de la charité pour une même espérance du salut.
La nécessité de communion que nous avons à vivre demande un long travail sur le temps et de la persévérance pour aboutir à une vraie relation. Or, parfois nous pensons pouvoir faire Eglise dans un entre-soi mortifère imitant ainsi la culture de mort, celle-ci en même temps s’éparpille, et en même temps devient de plus en plus intolérante envers ceux qui pensent autrement. Entre chrétiens, il ne doit pas en être de même, nous avons à promouvoir la civilisation de l’amour chacun selon ses charismes et dans l’admiration de ce que fait le frère pour être ajusté à la volonté de Dieu et à la fécondité de l’Esprit Saint à travers tous les baptisés. Il nous faut admirer les fruits de l’Esprit Saint à travers l’ingéniosité évangélique des autres, et non en être jaloux. L’amour ne jalouse pas, mais communique sa joie dans la réussite au service du royaume. La vie d’enfant de Dieu demande une relation de confiance entre frères d’un même Père. Cette relation basée sur la foi, et la méditation des Ecritures, et pour l’annonce d’une même espérance en Jésus.
Conclusion : Rechercher l’unité dans la cohérence
La foi est un chemin d’aventure du décentrement de soi pour être à l’écoute du Seigneur, l’entendre parler dans notre vie et suivre la vérité de notre vocation première d’aimés de Dieu. Il s’agit bien d’entrer dans la contemplation de l’œuvre de Dieu dans la croissance spirituelle de nos frères, même s’ils ne sont pas de la même Eglise, et ne pas vouloir que la foudre s’abatte sur eux. Rendre grâce pour la Toute Puissance de Dieu qui se montre dans l’universalité de son action, et ne s’arrête pas aux frontières de nos pensées. Et toujours garder l’écoute du Seigneur dans ce que nous avons à vivre, à l’aune de la Parole de Dieu. « Il est nécessaire donc, de redécouvrir toujours davantage l’urgence et la beauté d’annoncer la Parole, en vue de l’avènement du Règne de Dieu annoncé par le Christ lui-même »[vi]. Le dialogue œcuménique doit nous amener à vivre la vérité de cette Parole du Christ « Que tous soient un » afin de progresser dans une plus grande communion. Cela doit être marqué par l’exigence de connaitre son identité propre, et la nécessité d’être attentifs à ce qui nous fait vivre et ne pas batifoler de maitre spirituel en enseignement plus ou moins ajusté à la théologie catholique et à la tradition de l’Eglise. Le bon sens des fidèles doit nous inviter à la prudence des enseignements reçus dans des églises sœurs, et la patience pour ne pas entrer dans une volonté fusionnelle de prier ensemble sans avoir fait la vérité entre nous. Nous devons savoir vivre notre relation fraternelle sans confusion dans la relation. « Les Écritures Saintes sont, dans le dialogue [œcuménique] lui-même, des instruments insignes entre les mains puissantes de Dieu pour obtenir cette unité que le Sauveur offre à tous les hommes »[vii].
Père Greg BELLUT
Curé de St Charles Borromée, Joinville le Pont
Doyenné de St Maur – Joinville – Diocèse de Créteil
Sources :
- [i] Ps 25,12b
- [ii] &28 Evangelii Nuntiandi
- [iii] Déclaration des Pères du Synode, n. 4 : L’Osservatore Romano (27 octobre 1974), p. 6.
- [iv] &14 Evangelii Nuntiandi
- [v] St Grégoire le Grand pape de 590 à 604 a mis la réforme grégorienne sur la liturgie et des chants dit grégorien.
- [vi] &91 Verbum Domini
- [vii] &46 Verbum Domini – Conc. Œcum. Vat. II, Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio, n. 21.