2018. Lettre de rentrée 2/2
“Ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi.”
Dieu est non seulement la source de vie, mais il est Vie. La vie qui se partage dans la création et se répand comme expérience unique du don de l’amour. Un amour pour l’homme qui prend sens dans l’expérience du temps et la cohérence des choix afin d’exprimer la liberté dans la fidélité à Dieu d’une part et sa propre responsabilité de Fils de lumière d’autre part. Oui, la vie est offrande de Dieu et nous demande d’être fidèles à la Parole. Ce qui nous ouvre à l’accueil du prochain comme vérité dans la foi. Rien ne sert nous dit Isaïe, de vouloir consulter Dieu, si je ne suis pas attentif à mon frère et à son cri. A quoi bon le jeûne si par ailleurs je ne convertis pas mon caractère, si je ne porte pas attention aux besoins de mon frère. Néanmoins, être attentif n’est pas répondre aux folles exigences qu’il peut me faire, c’est bien dans l’écoute, lui apprendre la simplicité de la communion dans la réalité de ses besoins. Notre relation à Dieu, Vie qui se prolonge dans la Personne Don nous conduit à choisir le chemin de l’amour comme réalisation de tous les possibles. L’amour vainc tout. Toujours. Même dans les sentiments d’échecs que nous pourrions traverser, ou bien les fatigues de soi, l’amour de Dieu est premier et demande de notre part une réponse confiante tournée vers l’espérance.
Hélas, quand bien même l’amour de Dieu nous traverse, nous redresse, et nous fait cheminer, nous sommes en butte à nos propres faiblesses. Oui, nous ne sommes pas parfaits. Nous le voudrions, … mais la réalité de notre humanité, et parfois le manque de persévérance nous ramène à nos propres faiblesses. Cependant elles ne sont jamais une fin en soi ! « C’est aussi un défi incessant pour les consciences humaines, un défi pour toute la conscience historique de l’homme: le défi qui consiste à marcher sans «tomber», sur les routes toujours anciennes et toujours nouvelles, et à «se relever» si l’on est tombé. »[ii].L’amour de Dieu reste notre horizon, et la confiance en sa miséricorde notre chemin d’humanité. Lui qui s’est incarné, Il nous révèle la Parole dans le quotidien d’une vie humaine, et il nous apprend que Tout est possible lorsque nous obéissons à la volonté du Père. La croix comme la résurrection et les fruits de pentecôte, sont les éléments d’une vie de foi qui n’occulte rien, mais en même temps ne s’arrête jamais à un aspect, pour se laisser conduire en vérité et témoigner de cette joie d’être aimé dans la fidélité. Comme le rappelle le Pape Paul VI aux prêtres « Enseignez … la voie nécessaire de la prière, préparez-les à recourir souvent et avec foi aux sacrements de l’eucharistie et de la pénitence, sans jamais se laisser décourager par leur faiblesse. »[iii]. Sans jamais nous décourager de nos propres faiblesses, mais en gardant toujours le regard vers le Christ qui nous appelle à persévérer dans la lumière de la foi, malgré l’obscurité environnante. « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. »[iv]
Nous sommes invités à vivre avec humilité la Parole, qui nous modèle et ne cesse pas de grandir en nous lorsque nous lui faisons écho, sans toutefois la posséder. Nous ne sommes que des serviteurs bien pauvres et bien frêles, que parfois nous voudrions plus forts, plus parfaits. Mais nous restons blessés par le péché originel et dans nos corps et dans nos âmes nous essayons d’harmoniser notre vie à la volonté de Dieu. Le baptême nous lave du péché. C’est vrai, la vie dans l’Esprit Saint à travers la confirmation, l’expérience de la grâce et la prière fervente tout au long de notre vie continuent de nous modeler et de nous transformer. La participation à l’eucharistie, et la venue de Jésus présent au milieu de nous amène à persévérer dans la recherche de l’unité. Tout cela est vrai, mais nous succombons aussi aux attaques de l’adversaire. La question n’est pas tant de ne pas tomber, mais bien de garder confiance en Dieu pour toujours se relever. Ne cherchons pas à savoir si nous péchons, même le juste pèche sept fois nous dit l’Ecriture, mais recherchons toujours à vivre la réconciliation dans le mystère de la Rédemption.
Dieu est fidèle dans le don de la vie
La vie ne s’arrête pas aux imperfections que nous pourrions avoir, mais recherche le sens de toute rencontre. Un espace de la dignité de l’homme qui se vérifie dans tous nos actes. Dans une recherche de liberté ou la fidélité se vérifie à travers la responsabilité de nos actes. La beauté de la vie n’est pas dans sa forme de l’apparence mais dans le fond de la relation de l’amour. Les tentatives eugéniques sont dans la surface de ce qui apparait projeté, mais manque de profondeur dans le vécu et de justesse dans l’analyse. La vie est offrande de Dieu et richesse de création elle se déploie dans l’amour et se révèle en mystère de la relation tout en gardant la saveur d’une aventure qui se continue toujours dans la fidélité à la Parole et la manifestation de l’Esprit Saint. L’homme est invité à une relation d’amour, c’est-à-dire de partage du don, chacun selon ses besoins, mais toujours en référence à sa vocation propre et à l’amour de Dieu. Si la vie est tristesse, osons implorer avec véhémence notre Père dans une prière d’intercession et agissons pour refuser les tragédies et rappeler ce qui est juste aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes. Demander à l’Esprit Saint avec énergie et pugnacité ce dynamisme de l’amour qui est inépuisable, parce que justement, l’amour est vie.
Quoique nous fassions, quoique nous vivions, quoique nous pensions, sachons que Dieu est fidèle. Résolument fidèle dans sa Parole, et en nous souvenant que l’alliance promise ne s’arrête jamais. Il nous conduit pour nous libérer de l’oppression du péché et des perversités de nos désirs mauvais. Il s’agit de mettre du terreau dans nos désirs bons et de le suivre, afin de nous laisser restaurer par sa présence. La fidélité de Dieu se vit dans la pluie de bénédictions qu’Il nous fait vivre à chaque fois que nous marchons sur ses pas. Cette fidélité de Dieu se vit même dans l’épreuve, puisqu’il ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces. Oui, Les béatitudes sont un programme de bonheur dans l’ajustement des relations et du témoignage. Dieu nous appelle au bonheur et Il ne désire pour nous que ce qui est bon. Il ne nous soumet pas à la tentation, mais laisse l’expression de notre liberté faire des choix. « L’apostolat de la charité témoigne de l’amour chrétien plénier non seulement en paroles mais aussi en actes. Les gens sont alors amenés à se demander d’où jaillit un tel amour et pourquoi les chrétiens sont différents dans leur comportement et par les valeurs auxquelles ils s’attachent[v]. Par cette charité apostolique, le Christ touche les cœurs des hommes et les conduits à mieux comprendre ce que l’on entend par la « civilisation de l’amour »[vi] que l’on s’efforce de construire. »[vii]
La fidélité au Seigneur dans notre vocation baptismale est d’abord un acte d’espérance à développer comme une partition harmonieuse de musique, suivant le rythme dans chaque instant de notre vie. Le chant lancinant de la culture de mort, qui invite au relativisme et au moindre effort amène avec elle tristesse, colère, violence et surtout la désespérance. Un chant de désolation sur l’abomination d’un monde qui va mal. Nous ne devons pas écouter cette mélodie racoleuse, elle ne doit pas trouver place dans notre cœur. La banalisation d’idées bizarres, de comportements inadaptés, de revendications individualistes qui germent dans une vision utilitaire avec son cortège idolâtrique d’argent, de possession de l’autre en tant qu’objet, de pouvoir despotique ; ainsi que des mœurs qui vont à l’encontre de la Parole, ne doivent pas trouver la moindre brèche d’accueil ou d’emprise à travers notre engagement spirituel. « Le développement de la technique, et le développement de la civilisation de notre temps marqué par la maîtrise de la technique, exigent un développement proportionnel de la vie morale et de l’éthique. »[viii]. La lumière du Christ illumine la vie par l’amour, en lui donnant toutes les nuances de l’espérance dans une familière fidélité à la Parole. Une radicalité de l’absolu ou la vie est toujours défendu dans son expression, dans sa fécondité naturelle, dans sa conception qui est d’abord œuvre de Dieu.
Oui, la fidélité de Dieu nous oblige à une résistance face à l’errance, nous devons contrer l’ennemi. Combattre vigoureusement pour refuser l’individualisme et les techniques tournées vers elles-mêmes qui font régresser au lieu de d’aider à grandir, qui clivent et déstabilisent au lieu d’unir et d’équilibrer. La culture de mort entretient l’illusion d’un progrès moderne, et amène les fléaux toujours plus nombreux dans le temps et dans l’histoire. L’illusion de ce qui est moderne ne passe pas l’examen du temps et laisse pantois les générations futures dans une répétition des mêmes erreurs dans le temps. Seule la foi demeure inébranlable dans l’engagement de l’amour du prochain qui est l’écho de l’amour de Dieu, écho de l’espérance du salut qui regarde le frère avec bienveillance. La vie se comprend dans le temps de l’homme par rapport à l’éternité de Dieu, une histoire de fidélité qui fonde la civilisation de l’amour évangélique. L’homme lorsqu’il puise sa vie en Dieu se réconcilie avec sa propre nature et lui redonne sens. « La nourriture de la vérité nous pousse à dénoncer les situations indignes de l’homme, dans lesquelles on meurt par manque de nourriture en raison de l’injustice et de l’exploitation, et elle nous donne des forces et un courage renouvelés pour travailler sans répit à l’édification de la civilisation de l’amour. »[ix]
Fuir les travers des demandes mauvaises présuppose de recentrer notre vie dans la prière, la lecture et la méditation de la Parole, non d’un point de vue intellectuel mais pratique. Ce qui revient à vivre l’attention au frère dans le prendre soin, en donnant son temps. Le sens de la vie se comprend dans cette présence du Tout Autre qui nous propose de le suivre dans l’offrande à travers l’obéissance à sa Parole, premier acte d’humilité qui conditionne toutes nos autres actions. « Les chrétiens sont appelés à servir non seulement comme « un phare de la foi pour l’Église universelle, mais aussi comme un levain d’harmonie, de sagesse et d’équilibre dans la vie d’une société qui, traditionnellement, a été et continue d’être pluraliste, multiethnique et multi-religieuse »[x]. Le service passe par la médiation du temps, et l’attention que nous mettons au prochain. La vie demande le partage par notre présence, et l’écoute pour discerner ensemble ce qui fait notre dignité humaine. Dignité humaine qui trouve ses racines dans le Don Créateur du Seigneur. L’évangélisation du temps ouvre à la liberté de l’amour qui s’exprime dans la vérité de la foi. Le temps est alors cet espace de discernement où nous contemplons l’œuvre de Dieu et nous y voyons les signes. Vivre dans l’harmonie à la volonté de Dieu dans l’attention au frère et en même temps expérimenter le partage en nous abstenant de traiter nos affaires le jour saint (le dimanche) nous inonde des bienfaits du Seigneur. « Le Seigneur sera toujours ton guide. En plein désert, il comblera tes désirs et te rendra vigueur. Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais. »
« Crie à pleine gorge ! Ne te retiens pas ! »
Un mardi en fin d’après-midi venait me rejoindre le drame d’un prêtre, Jean Baptiste qui s’était donné la mort et que l’on avait découvert le matin même. L’immédiateté de la communication aujourd’hui nous fait participer de plein fouet aux drames humains. Quelle fut cette béance qui s’est ouverte pour ce prêtre jusqu’à connaitre les ravins de la mort ? Quel drame a traversé sa vie pour être plongé dans la désespérance et se trouver dans une voie sans issue, où la mort apparait comme une fatalité ? Un drame pour un homme au solide bagage intellectuel, et dans une pastorale auprès des jeunes si prometteuse. L’incompréhension d’un tel geste qui pousse à une forme de sidération où les mots nous manquent.
Le suicide a eu une visibilité très importante d’abord sur les réseaux sociaux avant de se répandre dans les mass médias. J’étais au courant du drame, comme d’un rappel du désarroi qui peut pousser à la désespérance dans une société de plus en plus clivante et deshumanisante dans sa raideur. Il avait rencontré son évêque, abordé des difficultés quant à des comportements inadéquats et a mis fin à ses jours. Et reste la question du pourquoi, question lancinante à devenir exaspérante. Et puis, et puis…l’absurdité du geste qui sonne comme un reproche et en même temps comme une profonde solitude. Cette solitude originelle de l’homme qui ne trouve pas de complémentarité et se retrouve dans l’angoisse d’être seul face à la Création. Une incomplétude dans ce désir de l’amour qui connait la tension de l’inquiétude déstabilisatrice. Une conscience de soi qui a du mal à trouver le sens de sa propre existence. En plus, résonne l’appel d’une société qui promeut l’euthanasie et l’avortement comme des choix relatifs aux situations. Le suicide assisté comme une situation acceptable devant une sinistre conscience. La mort serait un acte comme un autre…
L’épreuve de la solitude originelle qui est en même temps le moteur même de notre liberté à faire des choix, qui prolonge le don de la vie. Solitude de l’homme qui rappelle le besoin d’alliance avec Dieu qui vient transformer notre vie en un projet d’amour dans une vitalité créatrice mais qui se révèle si fragile. Alliance qui nous rappelle cette espérance de communion éternelle dans le salut par la fidélité aux Ecritures et une confiance en ce qui est dit. « L’homme est seul parce qu’il est “différent” du monde visible, du monde des êtres vivants. » et peut le vivre comme une épreuve lorsqu’il se détache de l’amour du Christ pour se recentrer sur lui-même. En effet « la signification originelle de l’homme est définie sur la base d’un “test” spécifique ou d’un examen que l’homme soutient devant Dieu (et d’une certaine manière également devant soi-même). Grâce à un tel “test” l’homme prend conscience de sa propre supériorité, c’est-à-dire qu’il n’est sur la terre aucune espèce d’être vivant qui puisse être considérée comme son égal. »[xi] De sa dignité propre du don de la vie qui prend tout son sens dans la relation et le dialogue.
Seul face à nous-mêmes, nous sommes appelés à trouver le ressort de notre autonomie pour témoigner d’un choix qui rende gloire à Dieu et refuser l’humanité blessée qui nous pousse au désespoir. C’est une lutte, un combat, une guerre, dans lesquelles Dieu ne doit jamais être absent. Ce n’est pas tant la liberté qui prime alors que notre dignité humaine et l’accomplissement de la vocation de fils de Dieu appelés à la ressemblance. Certes, il y a l’après où le fléau s’abat sur la volonté, qui elle se trouve diminuée à une conscience aux abois et nous fait faire des choses qui ne reflètent pas ce que nous souhaiterions. Le dénuement peut nous faire perdre le goût de la quête de soi et vivre le vide de l’abandon absolu. La fatigue de soi devient le fardeau d’être.
Oui le geste du suicide du frère nous communique le vide qui vient à nous habiter comme une absence que l’on ne comprend pas et qui interroge toujours. Un drame de la déflagration psychique qui impacte la désolation de la question ontologique et creuse une brisure existentielle. Une porte qui semble fermée, mais reste toujours entrouverte et interroge à n’en plus finir sur le sens. Comme une autonomie brisée, une vulnérabilité qui nous rappelle que tout vient de Dieu et qu’il nous faut sans cesse le contempler pour garder cette folle espérance qui fait de nous des témoins de l’amour dans la fidélité à sa Parole. La vulnérabilité est entrée par le péché d’Adam et vient nous rejoindre aux carrefours de nos vies où nous devons reposer des choix. Il ne s’agit pas d’entrer dans une forme de positivisme, mais bien à l’écoute de l’Esprit comprendre la volonté de Dieu et lui obéir dans l’humilité de l’acceptation de la Parole. Si nous n’y prenons garde, nous pouvons vivre une forme de dissymétrie entre le projet de Dieu et la parole d’alliance et notre propre humanité perclus par le péché (mais ne désespérant jamais de la grâce). La volonté de vouloir faire le bien (et la constance à le vouloir) fait qu’un jour, dans le souffle de l’Esprit Saint nous le vivons. Nous le savons dans les tempêtes nous pouvons aussi connaitre le naufrage. Ne jugeons pas de ce que nous aurions dû faire ou pas faire, mais abandonnons nous dans les canots de survie que sont la prière, l’écoute de la Parole et persévérons à générer l’amour autour de nous. La vérité n’est pas la transparence mais bien l’amour dans la réalité du quotidien et la volonté d’être fidèle.
Le suicide est toujours une violence pour l’entourage. Une forme de lancinante culpabilisation qui interroge sur ce que nous n’avons pas vu, ce qui aurait pu être fait, ce qui aurait dû être fait. Comme une recherche de protection du geste qui nous prive de sens. Mais même dans le suicide pathologique il y a un acte de la personne qui est l’expression d’un choix. Nul ne peut lui ravir ce choix, ni même en discuter puisque la mort vient ravir tout dialogue libérateur. « Si nous avions su, nous aurions » peut être dirais-je, mais l’acte en lui-même nous retire toute possibilité d’échange et nous enferme sur nos propres actions, en endossant parfois inutilement la responsabilité. Remettre à chacun la responsabilité de ses actes nous permet de prendre du recul et de comprendre ce qui est de notre fait, de ce qui ne l’est pas. N’entrons pas dans le jugement, au vu de nos propres fragilités et de la complexité de la situation, mais vivons le deuil.
Le suicide pathologique, et le suicide idéologique
Il nous faudra faire attention dans l’acte suicidaire pour séparer ce qui est idéologique de ce qui est pathologique. L’acte idéologique est une errance grave qui nous enferme dans un positionnement excluant le salut. La pathologie est une atteinte de notre conscience par le refus du don de la vie source de notre humanité. Nous ne pouvons pas traiter l’acte de la même manière, ni en occulter la gravité et la conscience de l’acte.
Exhumer la culture antique pour la dire moderne
L’Eglise, sur le suicide a tenu un discours au long des siècles, sans toujours y mettre de nuance. Elle refuse d’admettre à la prière (et donc à la sépulture chrétienne), des idéologues qui font du suicide un choix de libération se faisant propriétaire du don de la vie. Ce fut l’époque antique, où l’on décidait de mourir à 40 ans, parce qu’après la vie ne valait plus le coup d’être vécue, et avant d’avoir les affres de la maladie corollaire à la vieillesse. Aujourd’hui une vidéo circule sur le net montrant de « Jacqueline » Jencquel une septuagénaire qui ne connait aucune affre de la maladie physique (et psychique quoique..) et qui planifie sa mort en 2020 parce que « la perte de l’autonomie, c’est le fin de la vie ». Elle demandera la mort au nom même de sa volonté consciente et puisqu’elle ne veut pas connaitre la dégénérescence, relance le débat antique de l’idéologie d’une qualité de vie que je quantifie selon des critères qui se projettent dans l’irréalisme d’un avenir. Quoique « Jacqueline », bien loin d’être un citoyen lambda se révèle être une militante et ancienne vice-présidente de l’association, « pour le droit à mourir dans la dignité », elle interroge. Comme si la dignité de l’homme n’était pas justement liée à la vie, et que nous assistons encore une fois à la déconstruction de la parole en donnant aux mots un sens contraire de leur signification. Le débat antique qui se veut moderne aujourd’hui est toujours voué à l’absurdité. Non ce n’est pas du courage que de trouver la vieillesse comme une maladie incurable, c’est de la bêtise crasse. Rien ne sert de bien présenter les choses pour affirmer la culture de mort. Le ministre de la propagande, Goebbels, présentait très bien et il était décrit comme un homme affable et avec des bonnes manières. Juste que les propos dont il donnait toute la publicité n’était qu’inhumanité, violence, cruauté et dégradation de l’homme. Juste que les propos aujourd’hui, bien présenté, sont irrecevables car ils vont à l’encontre de la vraie dignité de l’homme.
Il est beau d’être vieux[xii], car c’est une bénédiction de Dieu pour être utile à la création par notre présence, et l’histoire que nous rapportons. La vieillesse est la délicatesse de la vie qui se cueille au soir de notre rencontre avec le Tout Autre. Le débat sur l’euthanasie, (sans faire de confusion avec l’acharnement thérapeutique) bien que plus complexe qu’un choix conscient d’une personne qui a toutes ses capacités, n’en est que l’extension dans une finalité d’un refus de la vie dans tous ses aspects (par la personne ou par son entourage). Mais plus que l’énoncé de concept, ou de conscience droite, la source de vie nous apprend à vivre la rencontre à la margelle du puits pour se laisser aimer par Dieu « Si tu savais le don de Dieu ». La vie est un don immense que nous ne pouvons pas brader sur les places du relativisme ou de l’expression de situation qui sont réductrices et contextualisées à un espace et à un moment. Nul ne peut nous dispenser de notre responsabilité morale et de la norme que Dieu nous a données pour vivre dans son alliance. L’idéologie du suicide assisté comme de l’euthanasie est un acte où nous participons activement, en l’approuvant pour nous-mêmes et pour l’autre, nous enferme dans une coopération mortelle qui nous coupe de la grâce et dans notre propre responsabilité empêche toute sépulture chrétienne. En pleine connaissance du mal, et dans l’entier consentement de l’acte nous nous opposons à la loi de Dieu.
Si je traverse les ravins de la mort…
Dans le suicide pathologique, qui dépend du pathos (de la maladie), la prudence est là pour écarter tout jugement moral rapide et aider les uns et les autres à un témoignage de vie qui redisent l’amour de Dieu et du bonheur de l’Evangile. Justement l’aspect pathologique infirme le plein consentement et nous prive d’une liberté de conscience par l’obscurcissement de la raison. « La conscience mélancolique est dominée par l’idée de la mort, désirée « il vaut mieux être mort que subir cette torture morale intolérable »… comme une obligation, un châtiment nécessaire… la seule solution possible »[xiii] Nous ne comprenons pas toujours les actes des personnes, mais les démons intérieurs de l’ordre tant psychologique que spirituel sont parfois bien là. La prudence dans le discernement doit être de mise pour ne pas entrer dans un jugement dévastateur et dénué de justesse. L’Eglise depuis quelques siècles a pris conscience de cette pathologie mélancolique pour lui rendre la juste place de maladie, et accepter les personnes pour le dernier adieu, comme une prière réparatrice et en même temps une demande d’intercession et finalement d’action de grâce envers Dieu. La prière délie les nœuds et ouvre le cœur de la miséricorde. « On ne doit pas désespérer du salut éternel des personnes qui se sont donné la mort. Dieu peut leur ménager par les voies que lui seul connaît, l’occasion d’une salutaire repentance. L’Église prie pour les personnes qui ont attenté à leur vie. »[xiv] Les contraintes extérieures empêche le libre choix et donc porte préjudice à l’appréciation de la liberté de l’acte. Ce qui demande un jugement prudentiel ou la miséricorde de Dieu doit toujours être rappelé.
En regardant de près l’acte suicidaire dans sa logique mortifère, on peut relier la crise suicidaire à cinq phases qui sont un enchainement à l’irréparable. La phase de l’épreuve qui marque une brisure et ouvre la béance (qui révèle une fragilité intérieure profonde), une phase du « flash suicidaire, où la solution peut s’apparenter à la mort (forme de ‘rédemption’ parfois – image négative de soi-même, ou de logique d’autres fois), une phase où l’ancrage du suicide constitue une solution rationnelle (comme une réponse qui semble raisonnable), puis une phase de rumination de la mort, comme une idée obsédante, enfin la phase de la cristallisation, où le suicide devient l’unique solution envisageable[xv]. Le passage d’une phase à l’autre peut prendre du temps comme être d’une rapidité déconcertante et laisser l’entourage dans l’émoi. D’autres formes de pathologies (telle que l’anorexie, la dépression profonde, d’alcoolisme sévère, de prise de médicament ou des phases de névroses importantes) amènent aux mêmes actes, par des passages similaires, et qui ignorent la raison. Combien de personnes se sont suicidées à la sortie des camps de concentration, ou après des actes de tortures en prison ? Il y a une cassure de l’esprit qui devient irréparable, ce qui n’est pas de l’ordre de la foi mais de la structure psychique. D’ailleurs la conscience des méandres de l’agir de l’homme pousse l’Eglise à travers le catéchisme à une attitude prudentielle. « Des troubles psychiques graves, l’angoisse ou la crainte grave de l’épreuve, de la souffrance ou de la torture peuvent diminuer la responsabilité du suicidaire. »[xvi]
Nous pouvons observer que dans ces affres de souffrance, il y a parfois un cri ultime lancé à la cantonade, une recherche de scenario, mourir sur son lieu de travail, comme un reproche, ou au contraire dans les bois, comme un éloignement. Le choix du lieu peut être symbolique, sous les roues d’un train pour rappeler à ce monde indifférent ma présence ou comme un défi irrationnel. Parfois c’est une pulsion devant une situation inextricable (perdre toute sa fortune et perdre la tête). Quels que soient les modes de passage à l’acte, la question de qu’est ce qui s’est passé résonne dans la tête de l’entourage, comme la cloche lointaine d’une autre détresse dans l’incompréhension, et une part de mystère douloureux[xvii]. Il y a parfois une prise de conscience du message, mais une impossibilité de réponse, dans cette exclusion du dialogue et de la rencontre régénératrice. Un cri qui marque une fin de non-recevoir.
Les formes de “burn out” et de fatigue chronique sont des signes d’alertes d’une inadaptation, pas toujours consciente pour l’esprit mais toujours présente dans le corps (d’où l’importance de l’entourage pour alerter, et parfois intervenir). Comme une dichotomie qui rappelle à la réalité une idéalisation mal placée. Une forme de dialogue qui n’a pas pu avoir lieu et qui aboutit à une impasse du geste. Beaucoup de prudence sur l’accompagnement des personnes, et surtout de l’entourage. N’oublions jamais que le suicide dans ces cas-là est un drame pour la personne et une déchirure existentielle pour l’entourage. La prière est alors l’espace de rencontre avec Dieu où nous sommes appelés à tout lâcher pour nous laisser modeler par lui, et redonner sens à travers le sacrifice de la croix qui ouvre à la résurrection. Les chemins de croix peuvent s’avérer très douloureux, et installent une prière silencieuse qui comme un cri vient rejoindre le cri du Fils de l’homme à la croix « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » Comment ne pas souffrir avec ce père qui a perdu son fils de 24 ans et qui dix ans après le vivait d’une manière vive et tragique. Un pourquoi qui est lancé dans le vide d’une réponse. Le suicide est une violence et en même temps ouvre au questionnement profond, une blessure humaine qui fait que le matin d’après n’aura jamais plus la même couleur.
Le prêtre comme tout fidèle appelé au combat spirituel
L’épreuve de l’Eglise de Rouen nous rappelle que nous avons tous à vivre le combat spirituel comme lieu de libération et d’être attentif dans l’accompagnement du prochain en responsabilité ou bien dans la foule des petits pour rappeler ce devoir de l’amour qui est premier.
Cela touche-t-il à la lumière de la vie qui jaillit au cœur même de notre foi. Non ! lorsque le Père Jean-Baptiste l’annonçait, il se faisait messager de l’Eglise, dans ce charisme de prophétie qui annonce la beauté des Ecritures. Oui la vie est don de Dieu, et nous sommes appelés à en être responsables dans nos choix, mais aussi dans nos accompagnements. Etre attentif à l’autre pour être nous-mêmes porteurs de vie. Il y a des détresses silencieuses que nous devons quand même entendre dans cette vie de l’Esprit Saint. La prière pour les frères, et une vie d’intercession nous fait intervenir au moment opportun pour rappeler la Parole et édifier. « Chacun est responsable de sa vie devant Dieu qui la lui a donnée. C’est Lui qui en reste le souverain Maître. Nous sommes tenus de la recevoir avec reconnaissance et de la préserver pour son honneur et le salut de nos âmes. Nous sommes les intendants et non les propriétaires de la vie que Dieu nous a confiée. Nous n’en disposons pas. »[xviii]
Le combat spirituel peut parfois être âpre, d’une rudesse insoupçonnée et en même temps dans la victoire d’une beauté qui rejaillit sur l’avant comme sur l’après. Garder ce chemin d’espérance pour voir avec espérance notre histoire et faire confiance à Dieu en toute chose. Et surtout dans les moments de lutte persévérer dans la foi. Les ouragans de nos histoires ne sont que d’un instant, le souffle de Dieu qui donne vie demeure pour toujours. Oui nous sommes fragiles, mais les yeux fixés vers le Christ nous pouvons tout, appuyés par l’Esprit. La vigilance de la prière, et l’accompagnement fraternel doivent en tout temps être nécessaires. Etre à l’écoute, encore à l’écoute, toujours à l’écoute comme un lieu de ressourcement sur la margelle du puits, et révéler la présence de Dieu dans cette eau vive de la sagesse retrouvée.
Un monde sans pardon est un monde de désolation
Je ne reprendrai pas le thème sur le pardon qui est dans les trois dernières lettres de pentecôte[xix] mais si je relis l’actualité, on reproche au Père Jean-Baptiste des gestes inappropriés sur une jeune fille devenue, depuis, majeure, et il semblerait qu’il y ait eu un détournement de mineur, dans une gravité nuancée pour l’archevêque qui n’a pas envisagé semble-t-il de le suspendre. A priori avec les informations qui nous sont données, on parle d’un problème d’attitude inappropriée qui n’est certes pas à minorer, mais laisse la réaction par le suicide un peu démuni. Comme un grand écart avec les gestes reprochés, et l’application d’une solution qui semble, dans l’état actuel de la chose démesurée.
Je soulignerai quand même un point qui dans la conférence de presse de l’archevêque de Rouen est ressorti sur l’appréciation de ces actes et les caisses de résonance médiatiques, qui montrent un certain acharnement et peuvent être dévastateurs pour des structures psychiques fragiles. Car dans cet exemple précis il y a bien deux victimes maintenant. A force de plaider dans l’irrationnel « souffrance imprescriptible» nous en oublions le pardon comme chemin de guérison. Dans la victimisation à outrance nous abondons dans la culture de mort et sa source de désespérance. En refusant le temps comme espace de purification nous sclérosons nos dialogues sur des faits qui n’ont plus de sens un demi-siècle après. Si la victime est marquée à vie, le bourreau devient une autre victime lorsqu’il y a eu des changements de vie, et des prises de conscience. « On mélange deux notions à ne pas confondre : la souffrance, qui est ici la résultante d’une éventuelle maltraitance dont il faut acter correctement l’impact[xx], et le mode d’extinction de la poursuite judiciaire par l’écoulement d’un certain délai fixé par la loi à partir du jour de la commission d’un délit. »[xxi] Le temps est aussi discernement des choix qui sont faits ou pas, et des autres actions à mener dans un contexte aussi de résilience. Boris Cyrulnik définit la résilience emprunté à la physique par la capacité à retrouver un équilibre refondateur de notre vie. « C’est l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. Ce terme est souvent employé par les sous-mariniers de Toulon, car il vient de la physique. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité. » A ne plus s’arrêter sur un fait de notre histoire, mais à progresser dans une éclosion de possible toujours ouvert.
A force d’avoir une approche sociale revendicative, il ne faut pas s’étonner d’actions mortifères. Un adage en droit nous rappelle que « Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes »[xxii] Il y a bien un mal sociétal qui engendre des formes d’absurdité des gestes qui mènent à la mort. Ce n’est certes pas l’élément principal des explications d’un suicide, mais il fait partie d’un faisceau d’indices qui pousse à la faute. Si nous remettions le pardon au centre de nos relations, et la rédemption comme principe de bienveillance (et réalité de la résilience), sans toutefois oublier que l’autorité doit aussi exercer la justice dans sa responsabilité propre, nous pourrions peut être avoir d’autres approches plus évangéliques. Cela ne justifie en rien les fautes, ni même ne nie les victimes, mais appelle à un regard dynamique de changement dans l’audace de la relation retrouvée. La dramatisation excessive de certaines situations, pendant d’une légèreté souvent peccamineuse de prise en compte des dénonciations, invite à une prudence, et à un discernement où la justice doit s’exercer pour laisser place à la miséricorde. Il n’y a pas d’amour sans vérité dans les actes commis, ni de paix sans fidélité à ce qui est juste. L’attention au frère, qu’il soit victime ou bourreau est d’abord et avant tout premier. N’oublions jamais que nous avons d’abord un frère, une sœur en face de nous. Notre frère, notre sœur. « Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? »
Culture de mort ou civilisation de l’amour ?
La question du suicide du frère, et l’impact social et ecclésial nous permet alors d’ouvrir notre réflexion sur la vie, et la culture que nous promouvons. Nous sommes appelés à nous engager vraiment dans une civilisation de l’amour qui nous rend responsables des choix que nous posons, dans nos paroles comme dans nos silences. Quelles sont les lignes directrices de notre foi par rapport à la vie don de Dieu. Le Sensus fidei[xxiii] plongé dans la prière, familier de la parole et œuvrant dans la tradition apostolique redit l’importance de la vie sans compromission.
Mais quel est notre discours sur la vie ? A-t-elle du prix lorsque nous proposons de manière éhontée, l’avortement comme une solution d’un désir ou l’euthanasie comme lieu d’économie ? Le suicide ne nous pousse-t-il pas à réfléchir et à nous interroger sur ce qui nous parait premier, et revoir les fondamentaux à la lueur des Ecritures. On parle souvent de la bioéthique en se positionnant par l’émotion mais rarement dans la réflexion et la méditation des Ecritures. Certains arrivent même à se distancier de l’enseignement de l’Eglise au nom d’une liberté de pensée tout aussi décalée qu’orgueilleuse. Même dans l’Eglise certaines autorités sèment une forme de zizanie en ouvrant des portes contraires. Les positions de l’Eglise sont très bien expliquées dans le livre « Repères chrétiens en bioéthique » du Docteur Françoise NIESSEN et du Père Olivier DINECHIN. La question est de savoir notre investissement dans la réflexion pour avoir des bases solides afin de défendre notre foi face aux agressions de ce monde en mouvement. Cette culture qui dénigre ceux qui ne sont pas dans la pensée, créant des délits imaginaires, appelés délit d’entrave[xxiv] afin d’assoir une idéologie mortifère dans un assoupissement détonnant des citoyens qui mettent une hiérarchie des valeurs sur des intérêts particuliers oubliant même ce qui fonde le pacte social.
Ainsi si nous regardons point par point les positions, et nous nous laissons questionner par l’Ecriture nous ne pouvons qu’être submergés par l’inanité des propositions sociétales actuelles qui sont un refus de la réalité dans un préjugé individualiste. «Dans des sujets aussi complexes, éthiques, techniques et évolutifs, qui touchent toute la société et pour longtemps, il faut que la voie la meilleure soit cherchée par tous. S’il n’y a pas de vrai dialogue, nous risquons d’aller tout droit vers un eugénisme libéral où chacun choisira les qualités qu’il veut pour son enfant. Et vers une société où la grande distinction juridique classique entre une personne et une chose risquera d’être écornée. Comment accepter qu’à la place de la dignité de la personne, la marchandisation du corps prenne le pas? La vie ne se vend pas ni ne s’achète. La vie est donnée et elle se donne.»[xxv] L’affirmation de la dignité humaine passe par le respect de la vie, et en aucun cas sur l’absurdité du péché et de la mort. Une chose est de l’affirmer une autre est de l’étayer par les arguments qui touchent et à la loi naturelle et à la foi. Nous ne pouvons soutenir des positions sans en connaitre les raisonnements, car le risque est fort de passer dans un fidéisme qui en oublie la liberté. La liberté s’exerce dans la vraie connaissance, sinon il y a fort à parier que nous restons instrumentalisés.
J’ai choisi la voie de la fidélité,… Guide-moi sur la voie de tes volontés,
Les questions bioéthique sur la vie que ce soit en sa genèse, dans la procréation médicalement assistés (qui regroupe toutes les techniques de la fivete à la gestation pour autrui – GPA dont je ne parlerai pas puisque c’est ni plus ni moins que de l’esclavagisme), et les questions qui touchent au respect de cette vie comme un don et non comme une volonté (problématique de l’avortement), que ce soit le déséquilibre psychique et les déviances sociales, que ce soit à la fin de vie dans les questions qui touchent l’euthanasie (qui, il est vrai a été parfois une expression de l’effarouchement de l’acharnement thérapeutique). Nous sommes amenés à nous interroger sur notre fidélité à Dieu par nos choix de vie et les actes que nous posons pour défendre la Parole du Seigneur. Les arguments que nous devons employer doivent être réfléchis et partir d’une anthropologie chrétienne qui redonne le cadre non plus sur le circonstanciel, mais sur notre vocation première de célébrer la vie et de la protéger par l’arbre du bien et du mal. Jésus indique une voie lorsqu’il nous rappelle qu’Il est le chemin, la vérité et la vie. Un chemin de compréhension où nous ne devons entrer dans un dynamisme de la foi, une vérité qui se relie dans l’amour et ouvre à une plénitude des lois, et la vie qui demande le raisonnement moral et n’exonère pas d’un travail de conscience droite à rechercher en toute chose. Dans tous nos actes il y a bien une énergie du déplacement qui introduit à d’autres comportements plus adaptés, en suivant l’histoire de chacun. Le débat bioéthique entre dans ce dynamisme de rencontre et non dans l’abdication de positions. Le comité consultatif national d’éthique, plutôt aujourd’hui à appeler le comité national d’éthique dirigé, au vu des surreprésentations de certains courants par rapport à d’autres, et n’ayant plus vraiment de représentation nationale ni de respect sur les comptes rendus des questionnements faits aux citoyens (le PMA ayant été massivement rejetée lors des états généraux de la bioéthique) a-t-il une légitimité ?
Qu’est ce qui fonde la vie humaine du début à la fin, c’est bien sa vocation première d’image de Dieu appelé à vivre la ressemblance. La vie humaine n’a de sens que dans le plan ordonné de Dieu, Lui qui nous a impliqués dans la dimension de l’origine, qui dépasse l’indication temporelle pour nous introduire dans une économie du salut. Ce dessein d’amour qui ouvre à la responsabilité des choix de chacun, qui s’étale dans le temps comme un discernement à opérer pour s’ajuster au mieux à la volonté du Père. Travailler la vie humaine demande alors de faire une véritable catéchèse de la vie au nom même du respect de notre propre intelligence. Il ne faut pas placer la réflexion de la bioéthique sur une question de cas de conscience qui consiste à résoudre les cas concrets par comparaison de l’agir commun. La contextualisation ne peut favoriser la compromission. L’ajustement de l’agir humain est bien circonstanciel mais ne peut se faire a priori. La conscience de ce que nous faisons doit passer par un discernement qui demande l’écoute du souffle de l’Esprit Saint. Nous ne sommes pas dans un catalogue de cas suivant tout ce qui a été étudié, mais bien ce que Dieu me demande de vivre. Or le principe fondateur est bien le respect de la vie.
La conscience formée et éclairée est une recherche du bien dans mes actions et réfléchir comment répondre à sa vocation de fils de Dieu. Nous devons nous mettre dans la perspective de la volonté de Dieu pour notre monde. Si Dieu donne la vie, qui sommes-nous pour en faire une technique souvent marchande et dans des intérêts individualistes, en s’exonérant de tous les raisonnements moraux sains ? La justification des actes passe parfois par des concepts étrangers au don et au respect de l’autre. En Fait les questions sur la vie poussent à se poser les questions de finalité. Ce n’est plus tant une idée, que la question du sens de ce que nous faisons. Notre positionnement ne doit pas être celui des idéologues d’en face qui parle de modernité et de sens de l’histoire comme seule logique de leur pensée, nous devons parler de raison, de saine logique ancrée dans l’histoire et les connaissances que nous en avons pour rappeler au principe de la vraie vie.
La procréation médicalement assistée quelles questions pour quelles vies ?
Toute réflexion part d’un amour qui demande la vérité et qui n’est pas dans un sentimentalisme déniant toute réalité. Le problème des techniques de procréation médicalement assistée pose la question de la paternité. Qu’est ce qui fait la paternité et la maternité par rapport à la technique médicale ? La dimension biologique peut-elle être effacée pour une dimension sociétale ? En d’autres termes, des parents biologiques peuvent-ils arbitrairement, être distincts des parents éducatifs sans aucune logique culturelle ? D’ailleurs cela pose la signification de l’institution du mariage et son contexte de lieu de maturation pour la vie humaine ? Cela pose aussi la question du rapport à l’argent et de l’investissement économique au détriment d’autres projets. C’est une séparation du corps et de l’âme, faisant de l’éducation une conscience qui se dédouane de la réalité corporelle et biologique. Dieu nous a-t-il créés purs esprits, ou nous a-t-il créés dans une filiation qui demande d’honorer son père et sa mère, et qui nous appelle à ne faire qu’un seul corps avec la personne de l’autre sexe dans une complémentarité libératrice et enrichissante ? La procréation donne t’elle la voix à l’enfant qui va naitre, et respecte t’elle sa dignité lorsqu’elle lui arrache son histoire chromosomique au nom d’un bien être émotionnel et des demandes individualistes ? La technique médicale pose la question des embryons surnuméraires (qui ont été ‘fabriqués’ mais qui ne sont pas utilisés), qui sont détruits, soit utilisés à des fins de recherches, soit on les garde pour une implantation éventuelle. Or l’embryon est une personne en devenir. Dès la conception l’image de Dieu par grâce est donnée. Détruire l’œuvre de Dieu n’est-ce pas diabolique ? Quand bien même nous en sommes des talentueux serviteurs ?… Quelle dignité pour les embryons humains et quel respect pour la vie de l’homme et de tout homme ? « Le corps d’un être humain, dès les premiers stades de son existence, n’est jamais réductible à l’ensemble de ses cellules. Ce corps embryonnaire se développe progressivement selon un « programme » bien défini et avec une finalité propre qui se manifeste à la naissance de chaque enfant. »[xxvi] Le questionnement du sens de ce que nous faisons est lié à la connaissance apportée par les sciences humaines, et les textes de la Parole de Dieu.
Nous devons nous poser les vraies questions. Doit-on dissocier la relation sexuelle de la relation de vie ? L’enfant n’est-il qu’une conception technique avant d’être un projet d’amour qui passe par l’âme et par le corps ? Dans les techniques de PMA on peut faire intervenir un tiers donneur, mais quelle est sa relation (ce qui pose aussi la question de l’inceste). Un homme (dans les années 80) avait donné naissance à plusieurs centaines de personnes par le don de son sperme, le médecin en toute impunité (pas vraiment de législation, ou il s’en affranchissait) avait donc fécondé plusieurs embryons. Le même homme parcourait sa ville de 15 000 habitants et finissait par regarder les enfants dans une recherche de ses propres traits… la question d’identité ne peut marginaliser le donneur à un simple don d’ADN. Car ce même ADN porte en lui-même une histoire, un sens, et ne peut être réduit à la résultante d’un échange ! Quelle société faisons nous, ce même homme pouvant parfaitement avoir des rapports avec un de ces enfants devenus adultes… l’interdit de l’inceste est d’abord un interdit de consanguinité. Elle est donc un concept de la loi naturelle avant d’en faire une position religieuse. La PMA n’engage t’elle pas à un mensonge de filiation ?
La procréation est constitutive de la dignité de la personne, dont on pense sa vie et dont on en prend soin et qui invite à entrer en relation. La chosification de l’embryon pose un problème et notamment sur le droit de l’enfant qui doit être premier. La PMA par un tiers donneur avec une sélection promeut une forme d’eugénisme et une société qui voudrait maitriser l’acte reproductif en modifiant génétiquement ce qui est le souhait des adultes. Une forme de tyrannie existentielle suivant des stéréotypes fonctionnels et qui s’établissent au gré des humeurs. Certes ne nous laissons pas aller à un pessimisme devant le projet d’anéantissement de la personne humaine dans une visée technique, la nature reprend toujours ses droits mais à quel prix ? Le bébé sur mesure risque d’être une société de démesure. D’une société du don de la nature nous passerons à une tribu qui se leurre à travers ses choix dans une fracture anthropologique soutenant une fracture économique et aggravant le clivage déjà occasionné pour d’autres aberrations sociétales. Le comité consultatif d’une pensée nationale d’éthique n’aide pas à la sérénité des débats, ni à une réflexion à la hauteur des enjeux. « Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. »[xxvii]
Le fondement même de la norme est à rechercher dans le plan créateur de Dieu et de son dessein pour l’homme. La vérité comprise dans la norme évite les dérives relativistes d’une société en perte de sens. La norme ne peut être un aménagement de ce que je peux en faire, elle s’éclaire dans la lumière de son fondement qui se trouve dans la loi de Dieu. Ne soyons pas spectateurs d’un dialogue bioéthique mais bien citoyen à part entière d’une question qui rediscute notre humanité sur des valeurs marchandes et techniques. Retrouver le sens de ce que nous faisons pour en vivre ensuite la réalité dans les actes de nos vies. Il y a une exigence à respecter le sens profond qui ne nous plait pas toujours mais qui est non seulement libération et en même temps croissance à une autre réalité où la vie de l’amour est toujours présent. L’intelligence de la norme nous invite à comprendre la volonté de Dieu dans notre vie, comme un prolongement de l’œuvre de création, c’est-à-dire en étant nous-même co-créateur. L’agir qualifie l’être, et l’homme doit s’autodéterminer dans sa liberté ce qui demande de prendre conscience de lui-même et de rechercher le bien. On parlera de conscience droite dans cette recherche du bien et l’action qui en découle comme un aboutissement d’une liberté fidèle. Je rappelle ce texte du concile qui aujourd’hui nous éclaire sur les éléments de bioéthique. « Plus la conscience droite l’emporte, plus les personnes et les groupes s’éloignent d’une décision aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité. Toutefois, il arrive souvent que la conscience s’égare, par suite d’une ignorance invincible, sans perdre pour autant sa dignité. Ce que l’on ne peut dire lorsque l’homme se soucie peu de rechercher le vrai et le bien et lorsque l’habitude du péché rend peu à peu sa conscience presque aveugle. »[xxviii]
Synthèse
La question d’un cas de suicide pose la question de la vie. Nous l’avons abordé sur un sujet d’actualité qui est la PMA, mais nous aurions pu aussi interroger sur les débats concernant l’euthanasie qui est une recherche d’une bonne mort en perte de sens. L’évolution de la mort qui hier se passait à la maison et aujourd’hui est occultée dans les maisons de retraite et les hôpitaux nous ramène à une angoisse première de solitude et en même temps de mise à distance. Ne peut-on pas parler de déni de la mort ? Si l’homme est acteur de sa vie peut-il l’être de sa mort ? La question est mal posée, l’homme n’est pas acteur de sa vie mais participant de sa vie qui est don de Dieu, serviteur qui ne peut s’ériger en droit de propriétaire.
Le débat d’euthanasie, comme pour celui de la PMA et d’autres, a un sous-bassement économique. A quoi bon des vieux qui ne servent à rien et qui coutent cher ? Le cynisme d’une société qui perd de plus en plus ses racines au nom d’un mondialisme éphémère. A l’angoisse de la mort, vient s’ajouter la perfidie des données économiques. A cela s’ajoute l’individualisme forcené qui veut régenter même des biens qui ne lui appartiennent pas. Sommes-nous si éloignés de cela lorsque nous parlons de l’euthanasie, et du gaspillage des ressources humaines, et de la destruction de notre terre ? L’homme n’est-il pas aussi un corps en osmose avec la nature ? Y’a-t-il vraiment une perte de dignité dans la maladie qui engage à conquérir une liberté de mourir, ou n’est-ce pas la peur doublée d’un isolement face à la souffrance qui oriente vers d’autres choix ? Certains essayent vainement le registre de la compassion, mais peut-on choisir à la place de la personne ? Comme l’amour et le pardon, on ne peut compatir à la place de l’autre ni se mettre à la place de l’autre, nous sommes juste là pour accompagner et relier la dignité de la personne à notre propre dignité dans la relation ! Depuis Caïn et Abel, nous avons un interdit du meurtre, quand bien même lorsqu’il s’agit de son frère. Le meurtre est toujours synonyme de violence même s’il se fait en gant blanc des médecins.
L’esprit de jouissance qui dénie la maladie est la pire des illusions qui amène aux comportements les plus pervers. Le film « La plage » qui relate l’histoire d’un groupe de jeunes qui vivent le carpe diem, se trouve tout d’un coup ramené à la réalité de la souffrance lors d’une attaque de requin. Le rescapé qui soufre et hurle sa douleur est mis en dehors du village, et avec une volonté de le laisser pour compte. Un des membres refuse cet état de fait au nom même de l’humanité première. Le refus d’euthanasie se fait dans le prolongement de cette fraternité qui reconnait la vie comme un don avant d’en parler comme un fardeau. Dieu seul est Celui qui nous conduit sur le chemin de vie pour la grande espérance du salut. L’acte euthanasique est donc de vouloir être comme Dieu. Or la vie ne se comprend que dans Celui qui nous la donne et qui est vie par essence. « Je suis Celui qui suis ». Je suis l’existant vivant, présent hier aujourd’hui et demain, de l’instant jusqu’à l’éternité. La vie de Dieu est offrande pour l’homme, et donc sacrée. « Tout homme a le devoir de conduire sa vie selon le dessein du Créateur. Elle lui est confiée comme un bien qu’il doit mettre en valeur ici-bas, mais qui ne trouve son épanouissement que dans la vie éternelle. »[xxix]
Evidemment il y a l’ambiguïté des demandes, un établissement de fin de vie disant que toutes les demandes de fin de vie disparaissaient lorsqu’il y avait un accompagnement humain et une prise en charge de la douleur sérieux. D’autant plus que l’aspect mélancolique de l’euthanasie ne peut pas non plus être exclu, notamment dans le grand âge. Transgresser l’impératif de soin par un acte meurtrier pose une déchirure du contrat soignant / soigné et interroge vraiment. Peut-on aller voir une personne réputée nous aider dans le soin et la compassion et s’adonner à la négation de la vie ? L’argument individualiste de vouloir mourir ne peut se comprendre dans la conception du bien commun qui rend la relation à l’homme interdépendant du frère. Une décision personnelle a forcément des répercussions sociétales. Les questions éthiques actuelles nous le montrent. Ce n’est pas seulement un projet personnel mais bien un projet de société. Et quand bien même on va transgresser les règles dans un pays permissif, cela ne le rend pas plus légitime. Nous avons à prendre en charge les plus fragiles, et l’état démocratique de la société se vérifie dans ce devoir d’être attentif à tous. « … la tentation de l’euthanasie se fait toujours plus forte, c’est-à-dire la tentation de se rendre maître de la mort en la provoquant par anticipation et en mettant fin ainsi « en douceur » à sa propre vie ou à la vie d’autrui. Cette attitude, qui pourrait paraître logique et humaine, se révèle en réalité absurde et inhumaine, si on la considère dans toute sa profondeur. »[xxx]
Le suicide du Père Jean-Baptiste nous a entrainés à réfléchir sur le débat de société sur la vie et notre propre discours. Il y a bien un péché commun dans l’argumentation d’une culture de mort et de la désespérance qui en découle. Notre témoignage de foi se vérifie dans notre capacité à proposer la lumière de la vie dans l’obscurité des intérêts personnels clivants. « Dans la vie de l’homme, l’image de Dieu resplendit à nouveau et se manifeste dans toute sa plénitude avec la venue du Fils de Dieu dans la chair humaine: »[xxxi] Laissons-nous habiter par la grâce de la Bonne Nouvelle en méditant les Ecritures et en y discernant la volonté de Dieu pour chacun de nous. Aimer Dieu demande non seulement d’aimer son frère, mais d’entrer en relation de communion avec chacun, pour une civilisation de l’amour. Posons-nous les questions sur notre relation à Dieu et à sa volonté dans notre vie, et obéissons à ces commandements qui nous ouvrent au salut. « Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. »[xxxii]
Père Greg. BELLUT
Curé de l’ensemble paroissial de Joinville le Pont
Et si demain
Et si demain,
Malgré la violence de ta disparition,
Le cri du silence et ces flots d’émotions
Nous espérions toujours, relevant la tête,
La paix est fruit d’amour, pour nous jour de fête
Et si demain,
La culpabilité d’acte indicible
De la vie arrêtée dans l’acte acide
Serait révélateur de bien d’autres trésors
Et que l’unique bonheur c’est de croire encore
Et si demain,
Dans l’incompréhension de ce départ brutal
Qui ne dit pas son nom mais qui nous fait si mal
Nous ayons l’horizon du service gratuit
Le frère comme don et Dieu source de vie
Et si demain
Malgré cette douleur habitant le présent
Par ces larmes du cœur et ton regard absent
Nous sachions voir parfois les merveilles d’ici
Simplement être là, rebondir dans ce oui,
Et si demain….
Notes
[i] Is 58 (et les citations suivantes)
[ii] &52 Redemptoris Mater
[iii] &29 Humanae Vitae
[iv] Jn 1
[v] Cf. Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 21 : AAS 68 (1976), p. 19 ; La Documentation catholique 73 (1976), p. 5.
[vi] Paul VI, Homélie de la Messe de clôture de l’Année sainte (25 décembre 1975) : AAS 68 (1976), p. 145 ; L’Osservatore Romano, éd. hebd. en langue française, n. 1 (2 janvier 1976), p. 3.
[vii] &32 Ecclesia in oceania
[viii] &15 Redemptor Hominis
[ix] &90 Sacramentum Caritas
[x] Benoît XVI, Homélie de la messe dans la Vallée de Josaphat, Jérusalem (12 mai 2009) : AAS 101 (2009), p. 473, L’ORf, 19 mai 2009, p. 12.
[xi] TDC 5 – Catéchèse du 10 octobre 1979
[xii] Hymne à la vieillesse – – Lettre estival 2018 3/1
[xiii] P 204 – Psychiatrie de l’adulte – Collectif Lempière – Féline ed Masson
[xiv] CEC 2283
[xv] P 78, le suicide un tabou français
[xvi] CEC 2282 b
[xvii] P 83 le suicide un tabou français
[xviii] &CEF 2280
[xix] Pentecote 2016 2/2, Pentecote 2017 2/2, Pentecote 2018 2/5
[xx] De par expérience pour ceux qui sont amenés à traiter de tels dossiers, nous savons que l’impact d’une bise un peu trop chaleureuse n’est pas celui d’un viol avéré, bien que dans les deux cas le clerc ne respecte pas la norme du canon 277. Encore faut-il le constater à sa juste proportion, c’est-à-dire sur le mode inductif.
[xxi] Agressions sexuelles dans l’Eglise : Séisme et effacement du droit, article de l’Abbé Bernard du Puy-Montbrun, Docteur en droit canonique et diplômé en sciences criminelles.
[xxii] « Nemo auditur propriam turpitudinem allegans », turpitude signifiant sa propre faute, son propre comportement déviant.
[xxiii] Le bon sens des fidèles
[xxiv] Entrave à la conscience Edito dec 2016 (sur le délit d’entrave à l’avortement)
[xxv] Mgr d’Ornellas
[xxvi] &4 Instruction Dignitas Personae
[xxvii] 2 T 4,13
[xxviii] &16 – Gaudium et spes
[xxix] Déclaration sur l’euthanasie – congrégation de la doctrine de la foi 1980
[xxx] &64 Evangelium Vitae
[xxxi] &36 Evangelium Vitae
[xxxii] 2 T 4,1