2017. Lettre de rentrée pastorale : L’évangélisation du temps

« Tout passe ». Sainte Thérèse d’Avila nous redit par cette simple phrase la hiérarchie des tâches à effectuer face à la fuite inexorable du temps. Aujourd’hui, happés par un emploi du temps devenu chronophage sous l’emprise de la technique, nous en oublions parfois la relation à l’autre et au Tout Autre. Subissant une inversion des priorités, nous ignorons la Toute Puissance de Dieu qui pourtant s’inscrit dans notre histoire et nous invite à partager l’amour dans un choix libre à sa Parole de vie.

Les vacances, et la période estivale nous ont invités au repos et parallèlement à la réfection de notre âme, comme une demeure laissée en friche et dont il faut restaurer les pièces de l’attention à Dieu, rafraîchir de la foi notre espace intérieur.  « La foi chrétienne est foi en l’Incarnation du Verbe et en sa Résurrection dans la chair, foi en un Dieu qui s’est fait si proche qu’il est entré dans notre histoire.  La foi dans le Fils de Dieu …, ne nous sépare pas de la réalité, mais nous permet d’accueillir son sens le plus profond, de découvrir combien Dieu aime ce monde et l’oriente sans cesse vers lui ; et cela amène le chrétien à s’engager, à vivre de manière encore plus intense sa marche sur la terre. »  L’évangélisation du temps est alors compréhension de la grande espérance du salut dans la vérité de nos actes.

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Aussi, le temps de la rentrée loin d’être une autre période désolidarisée de la précédente, est un prolongement de notre quotidien dans une fine rosée de la présence de Dieu dans la vie de la cité. Le temps prend alors toute son ampleur à la rencontre du quotidien où l’instant n’a de sens que dans l’histoire de l’alliance. Une parabole de l’évangéliste Saint Matthieu nous fait comprendre la notion du temps dans la grâce des vocations à accomplir. Il s’agit de la Parabole des Talents. La première partie est cadencée par la distance et le temps : « C’est comme un homme qui part au loin : … Aussitôt, … Longtemps après » Après la notion d’éternité qui est la distance sans date de retour, nous avons l’immédiateté de la réaction des serviteurs qui font fructifier les talents. Et celle de celui qui choisit de s’en aller et de forer un trou. C’est-à-dire de marquer une autre forme de distance. De relativiser le don. D’avoir une image de Dieu en dehors du temps et de l’espace. Or à la conclusion de la parabole nous voyons bien que le salut tient à la capacité d’entrer dans le temps de Dieu en devenant acteur de la Création. Et les deux premiers serviteurs sont acteurs de la Création en développant d’autant la grâce reçue. Nous aussi, nous sommes appelés dans le temps à développer les charismes et les dons que le Seigneur a déposés dans notre vie en les étayant par les vertus, source de sanctification.

Le péché est alors cette prise de distance avec la grâce dans un défi de Dieu. Pas franchement ouvert dans le refus du talent, mais dans un enfouissement terrestre qui fait prendre à toute chose une forme de relativisme qui se veut consensuel et plus proche de la vérité et qui est en fait blasphématoire.  La crainte de l’engagement, et la fuite de Dieu devient alors son propre enfermement. Et ses ténèbres intérieures l’entraînent vers les ténèbres extérieures où il devra vivre le temps de la conversion pour revenir à Dieu et laisser parler l’amour.  L’occupation à ne rien faire dans les futilités de ce monde nous empêche la responsabilité de notre mission première qui est d’annoncer la Parole et d’en témoigner autour de nous. La vérité de l’amour demande un engagement de notre part jusqu’au témoignage. C’est-à-dire l’adéquation de la parole de vie dans le quotidien de nos actes.

1. L’évangélisation du temps un impératif du témoignage

Rencontrer Dieu demande d’y être disponible, et la simplicité de vie nous aide à le vivre. Par contre le monde des écrans nous empêche d’avoir le souci du frère, empêtré dans une course d’informations numériques qui en oublie la relation fraternelle.

Combien d’attitudes compulsives de personnes accrochées à l’idole des Ecrans ? Ils passent des heures devant la télévision en dehors de toute rationalité. D’autres dans une addiction au portable jusqu’à ne plus savoir trouver le sommeil et être en permanence en décalage dans la relation à l’autre. Certains perdus dans l’irréalité de l’internet comme une porte sur le monde qui devient l’enfermement à soi-même, et la radicalisation à travers les horizons de violence, de haine voire de mort. Tous ceux-là ont acheté la solitude à domicile comme ersatz de vie. L’évangélisation du temps devient alors une urgence sociétale dans la rencontre, et la communion à travers le partage et la relation. Même s’il faut sortir de chez soi, du propre confort de l’enfermement pour l’inconnu de la visite comme tressaillement de joie aux richesses insoupçonnées.

A nous de témoigner de la présence de Dieu dans notre vie par nos actes, et les choix que nous faisons. Parfois nous serons comme le sel de la terre peu différent des choix de la cité, d’autrefois nous serons comme des lumières devant les ténèbres du péché et de la mort, en proposant d’autres choix qui respectent la dignité des personnes dans l’altérité de leur vocation propre. Mais ce témoignage de la foi aura toujours souci du pauvre et du malade de nos communautés. Une attention spécifique car par eux la grâce de Dieu se vit plus intensément dans le détachement et l’abandon à sa providence. En effet, « les premiers à avoir droit à l’annonce de l’Évangile sont précisément les pauvres, qui ont besoin non seulement de pain, mais aussi de paroles de vie ». La diaconie de l’amour, qui ne doit jamais faire défaut dans nos Églises, doit toujours être unie à l’annonce de la Parole et à la célébration des saints mystères »  Venir à la messe le dimanche ou en semaine n’est pas juste un acte de dévotion, mais d’abord un témoignage de l’amour de Dieu vécu dans notre aujourd’hui. Un prolongement de la grâce qui passe et qui se vérifie dans notre histoire. Les pas de Dieu qui deviennent visibles dans nos propres pas et soutiennent les plus faible en redonnant force et espérance.

Nous n’évangélisons pas seuls mais en Eglise, aidés par les sacrements, portés par la prière et en accordant la Parole de Dieu nos choix de vie. « L’Église qui est disciple-missionnaire, a besoin de croître dans son interprétation de la Parole révélée et dans sa compréhension de la vérité. » C’est pourquoi dans la tradition apostolique, et le bon sens des fidèles nous écoutons ceux qui ont la science de la foi pour marcher en vérité dans la compréhension contemporaine en même temps toujours nouvelle et enracinée dans la tradition mémoire de la foi. Le témoignage se fait dans l’écoute du frère, et de ses besoins, dans l’accompagnement d’un bout de chemin ensemble, où nous partageons avec lui ce que Dieu partage avec nous. Il s’exprime dans l’annonce explicite de notre joie de vivre et d’aimer. Même si cela ne va pas sans combat et sans croix. « Nous ne pourrons jamais rendre les enseignements de l’Église comme quelque chose de facilement compréhensible et d’heureusement apprécié par tous. La foi conserve toujours un aspect de croix, elle conserve quelque obscurité qui n’enlève pas la fermeté à son adhésion… tout enseignement de la doctrine doit se situer dans l’attitude évangélisatrice qui éveille l’adhésion du cœur avec la proximité, l’amour et le témoignage. »  C’est ainsi que nous deviendrons artisans de paix et orfèvres de la relation fraternelle, dans ce travail qui demande le don de soi dans l’oblation, le don de Dieu dans l’amour et la crucifixion dans le refus de l’esprit du monde. L’annonce de la Bonne Nouvelle ne se fait ni par violence, ni par haine, nous n’avons pas à être désabusé, ou désespéré des situations, mais en toute chose, témoigner juste par amour, et dans la fidélité à la Parole reçue et méditée dans le temps comme un espace de rencontre.

 Il s’agit bien de témoigner de la présence de Dieu dans notre vie, de cette communion de l’indicible d’où jaillit toute joie, toute paix. Une vérité qui brille dans les ténèbres de l’esprit du monde pour rappeler aux fils de la lumière le chemin de vie que tous sont appelés à suivre. Il peut y avoir des refus, des oppositions à cette vérité, elle demeure fidélité de la Parole pour tous et nous devenons intercesseurs devant Dieu, de nos frères. L’amour est chemin de conversion qui ouvre à la sagesse de Dieu dans la contemplation de son œuvre. « la foi se configure comme chemin, elle concerne aussi la vie des hommes qui, même en ne croyant pas, désirent croire et cherchent sans cesse. … Celui qui se met en chemin pour faire le bien s’approche déjà de Dieu, est déjà soutenu par son aide, parce que c’est le propre de la dynamique de la lumière divine d’éclairer nos yeux quand nous marchons vers la plénitude de l’amour. »  Enfin il s’agit de souligner le lien entre l’amour qui s’offre et Dieu qui se propose pour faire la conjonction salutaire.

2. Le temps comme le déroulement d’une histoire sacré

Le temps ne se vit pas à contre temps. Autrement dit le temps de Dieu n’est pas le temps de l’homme. Lorsque Dieu fait alliance, il habite l’histoire des hommes pour que la promesse porte du fruit et demeure. L’incarnation du Fils fait habiter Dieu dans le temps de l’homme. Autrement dit,  l’éternité immuable a bien un avant et un après. Jésus dans l’histoire des hommes est l’amour dans la temporalité. Notre rapport au temps doit alors prendre en compte cet espace de la rencontre où Dieu se révèle. Lire les signes des temps prend alors une autre dimension dans la disponibilité que nous sommes appelés à vivre dans un partage d’oblation qui fortifie la relation tout en enracinant l’amour dans la fidélité à la Parole. Nous ne sommes plus dans une recherche du temps perdu, mais bien dans une conquête du temps à retrouver qui unifie l’âme et le corps, participe à la communion et engage à la prière de louange, d’intercession et d’action de grâce. Le temps devient un espace de réalité ou nous invitons Dieu qui ne cesse pas de frapper à la porte et attendre de nous une réponse.

Notre rapport au temps ouvre les horizons où tout est possible et parallèlement le limite dans un espace contraint de la vie. « Il y a une tension bipolaire entre la plénitude et la limite. La plénitude provoque la volonté de tout posséder, et la limite est le mur qui se met devant nous. Le “temps” , considéré au sens large, fait référence à la plénitude comme expression de l’horizon qui s’ouvre devant nous, et le moment est une expression de la limite qui se vit dans un espace délimité. »  Nous pouvons parler d’une évangélisation du temps lorsque nous laissons le temps de l’homme sous le souffle de Dieu. C’est-à-dire quand la vie quotidienne devient une communion à Dieu dans l’ordinaire des tâches. Une action de grâce où tout serviteur loue Celui qui l’appelle à entrer dans la joie. Il n’y a plus de recherche de résultats immédiats, mais un abandon dans le dessein de Dieu et une compréhension de sa propre histoire à l’aune des Ecritures. Le dialogue avec Dieu devient communion de volonté qui s’ouvre à l’harmonie des vies. Le détachement comme serviteur ouvre alors à l’accueil de la providence. Le temps passe, Dieu demeure.
La persévérance est cette marque du temps qui lui donne l’ampleur de la grâce qui s’accomplit. Comme les talents, le temps entre dans l’œuvre de Dieu pour consolider notre attachement à la Parole et la vérifier. Rien ne sert de récriminer alors sur le temps de nos ancêtres, prétendument bien meilleur, ni de ne parler que d’avenir en oubliant le temps présent. Notre relation avec Dieu se vit dans le temps présent, en faisant mémoire de sa promesse avec nos pères et confiant dans l’espérance des prophètes qui ouvre à la joie du Rédempteur.  Récriminer contre le temps qui passe, en magnifiant de façon illusoire le passé, c’est refuser l’œuvre de Dieu dans le monde de ce temps. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »

2.1 Je crois en Dieu le Père Tout Puissant

La Toute-puissance de Dieu doit bien être comprise comme l’implication de la Trinité dans notre histoire. Refuser le terme de Toute Puissance au nom d’incompréhension possible induit un changement dans notre pratique et notre vision spirituelle. Dieu intervient dans notre vie, et nous propose de répondre oui à la vocation de l’amour que nous sommes appelés à vivre selon nos choix. « Il s’agit de privilégier les actions qui génèrent les dynamismes nouveaux dans la société et impliquent d’autres personnes et groupes qui les développeront, jusqu’à ce qu’ils fructifient en évènement historiques importants. Sans inquiétude, mais avec des convictions claires et de la ténacité. »   La dimension de notre propre choix dans la Toute Puissance de Dieu inclut donc nécessairement l’espace de notre liberté.

Quelles sont les implications pratiques ? Si Dieu est Tout Puissant, et intervient dans ma vie, il me faut rester à l’Ecoute pour répondre positivement à son amour, et lui donner l’ampleur nécessaire dans le témoignage qui ne s’arrête pas aux frontières de nos propres considérations, mais est vraiment universelle dans cet appel à reconnaitre l’amour comme une donnée de la relation fraternelle. Si la Toute Puissance, dans le credo est lié au Père (le credo d’Athanase le lie à la Trinité, Père, Fils, Saint Esprit) c’est que dans notre vie de prière, nous avons à redécouvrir le Père comme celui qui porte notre histoire et nous donne notre identité. Tous enfants d’un même Père, pour aimer nos frères comme Jésus l’a fait jusqu’à la mort de la croix, sacrifice d’offrande, et recevoir les grâces de l’Esprit Saint pour que notre histoire soit toujours en communion avec le désir de Dieu et l’appel à vivre de sa joie. « La foi comprend que la Parole — une réalité apparemment éphémère et passagère quand elle est prononcée par le Dieu fidèle — devient ce qui peut exister de plus sûr et de plus inébranlable, ce qui rend possible la continuité de notre chemin dans le temps. »

Croire en Dieu le Père Tout Puissant, c’est tout simplement se poser la question dans tous nos choix de vie, de ce que le Seigneur veut vraiment pour nous. De ce que j’ai à vivre en communion avec Dieu. En d’autres termes de vivre la communion à Dieu en l’invitant dans mon histoire, en lui ouvrant la porte, et en le faisant entrer dans notre demeure. Cela est un vrai engagement, je le conçois, mais pour notre plus grand bonheur. Ce n’est pas un attrape- nigaud, comme voudraient le faire croire certains esprits chagrins. Le Père vient nous éduquer pour un chemin de vie qu’Il nous découvre en son Fils, Parole de Vérité, dans le souffle de l’Esprit Saint qui nous aide à vivre cette harmonie par la dispensation de ses dons.

2.2 Un regard d’espérance qui ouvre à un amour constructif

Il ne peut y avoir de déterminisme dans la foi en Jésus Christ. La vérité de ce qui a été vécu et la lucidité des mêmes causes qui entrainent les mêmes conséquences, ne doit pas oublier non plus que la dignité de la personne ouvre à des choix toujours libres et qui peuvent être différents. «L’évangélisation, … demande d’avoir présent l’horizon, d’adopter les processus possibles et les larges chemins. Le Seigneur lui-même en sa vie terrestre a fait comprendre de nombreuses fois à ses disciples qu’il y avait des choses qu’ils ne pouvaient pas comprendre maintenant, et qu’il était nécessaire d’attendre l’Esprit Saint » . En route avec l’Esprit Saint nous pouvons relire notre vie à l’aune de Pâques et accueillir le temps de Dieu dans notre vie. Un regard bienveillant sur l’autre, et sur son histoire nous donne une dimension fraternelle où l’amour transfigure l’instant dans l’histoire d’une promesse d’amour à réaliser en vérité.

L’espérance nous fait comprendre notre propre histoire comme déroulement de la promesse de Dieu dans l’alliance avec son Peuple. C’est ainsi que «Travailler pour le Royaume signifie reconnaître et favoriser le dynamisme divin qui est présent dans l’histoire humaine et la transforme. »  Accueillir ce temps comme dans la diversité des spécificités, nous éloigne de certains mouvements pervers comme l’imposture obscurantiste du gender ou dans une moindre mesure le féminisme idéologique. Comprendre la spécificité de chacun dans la dignité qui lui est propre, ne le rend pas propriétaire de droits à faire valoir, mais bien d’un service de complémentarité dans l’amour.

C’est ainsi que nous nous transformons nous mêmes en vivant la communion et en la partageant comme artisan de paix. Ce n’est plus une distorsion idéologique de fait, mais bien l’accomplissement du dessein de Dieu dans la grande espérance du salut.  «  La révélation de Dieu s’inscrit donc dans le temps et dans l’histoire. Et même l’incarnation de Jésus Christ advient à la ‘plénitude du temps’ .. dans le christianisme, le temps a une importance fondamentale ‘.  En lui, en effet, vient à la lumière toute l’œuvre de la création et du salut et surtout est manifesté le fait que, par l’incarnation du Fils de Dieu, nous vivons et nous anticipons dès maintenant ce qui sera l’accomplissement du temps ». Le refus de l’évangélisation du temps conduit irrémédiablement à des systèmes fermés sur eux-mêmes et génère une violence induite par ce refus de l’œuvre de Dieu qui se déploie autrement. Le Tout, tout de suite entraine une violence, génère des idéologies et œuvre pour une course abyssale vers une finitude désespérante. Le relativisme du temps passe par un relativisme de notre identité ouvrant la voie à toutes les déviations possibles. L’altérité du temps n’est pas un handicap mais bien une richesse dans la complémentarité. La répétition d’une situation enfermante est stérile en soi et fait connaître les affres d’une souffrance qui ne se guérit pas. Seule la conversion qui reconnait les pas de Dieu dans notre vie, dans l’inattendu des rencontres m’ouvrira à la grâce de la richesse relationnelle qui fuit le même (l’entre soi) pour s’ouvrir à l’universel. «L’histoire devient donc le lieu où nous pouvons constater l’action de Dieu en faveur de l’humanité. Il nous rejoint en ce qui pour nous est le plus familier et le plus facile à vérifier parce que cela constitue notre cadre quotidien, sans lequel nous ne pourrions-nous comprendre. »

2.3 L’âgisme, une forme de péché générationnel

Le temps devient alors une problématique qui s’étend sur l’ensemble de nos comportements et nos visions du frère et de la cité. Cette forme de discrimination par l’âge appelé âgisme  est une vision qui ne tient plus compte de la personne mais de ce que je projette. Une des définitions de l’âgisme est l« ensemble d’attitudes, d’actions personnelles ou institutionnelles par lesquelles est subordonnée une personne ou un groupe de personnes en raison de leur âge ». Le mode du jeunisme ou du mépris de l’âge est problématique dans la foi.  C’est une notion du temps qui ne respecte pas le quatrième commandement et voit les anciens comme un poids et non comme l’histoire d’une sagesse qui s’est révélée au cours du temps. Chasser tous les vieux professeurs d’un établissement pour laisser place aux jeunes aux connaissances meilleures et à la pédagogie plus sûre est de la pure idéologisation peccamineuse. L’âge n’a rien à voir avec la vocation, à l’exemple de nombreux saints qui se sont révélés tard dans leur vie, dont le plus célèbre St Augustin, mais la plus proche de nous Mère Térésa, nous montre que le temps est aussi une grâce d’un devenir d’une jeunesse qui s’est vécue depuis plus longtemps (Je ne suis pas vieux ; juste jeune avec plus d’expérience).

L’évangélisation du temps devient alors bienveillance sur les âges, autant des jeunes et des énergies qu’ils déploient parfois dérangeantes pour la tranquillité mais qui mettent aussi en mouvement, et l’autre dynamisme de la réflexion et de la concertation d’autres âges plus affirmés sur les choix de vie et les possibilités du bien commun. Il ne peut y avoir un mépris de l’autre à cause de l’âge ou de ses facultés à faire les choses différentes. Que ce soit à cause de sa culture, de sa couleur de peau, ou de son âge, toute discrimination touche à la dignité de la personne et à l’acte créateur du Père qui ne cesse pas de nous aimer, dès la conception de la vie dans le ventre de la mère, jusqu’au salut auquel nous sommes tous invités. Chacun selon l’espace du temps que Dieu lui donne de vivre pour rendre témoignage. « La foi chrétienne est donc foi dans le plein Amour, dans son pouvoir efficace, dans sa capacité de transformer le monde et d’illuminer le temps. « Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru » . La foi saisit, dans l’amour de Dieu manifesté en Jésus, le fondement sur lequel s’appuient la réalité et sa destination ultime. »  Changer notre regard par rapport à l’âge des personnes, et comprendre que l’histoire de chacun est sacrée demande alors une inversion de ce que donne l’esprit du monde, pour nous attacher au plan de Dieu pour chacun d’entre nous et aider à vivre ce témoignage de la foi.

L’évolution technologique et l’avancée des moyens de communication marquent une véritable fracture générationnelle d’une part, et une inversion des connaissances plus liées à l’âge mais au centre d’intérêt et la capacité d’aller chercher l’information. Cette constatation a un impact direct sur nos relations intergénérationnelles et sur un principe de l’autorité qui se faisait auparavant dans l’expérience du savoir. Ces nouvelles formes de rapport sont utilisées d’ailleurs dans cette appréciation de nouveauté moderne sans le recul nécessaire ni même la réflexion du bon usage emporté par la fougue de la jeunesse. Le péché générationnel viendrait alors d’une autosuffisance qui viendrait à voir comme lourde la réalité du temps qui passe. Le plaisir d’être ensemble étant devenu la suffisance d’être avec le même âge, voire pour d’autres à la recherche de la jeunesse perdue…

Aujourd’hui l’âgisme est une véritable problématique, qui a toujours existé selon les époques mais avec plus ou moins d’acuité. Notre foi doit alors faire entrer le temps dans l’espace de notre histoire pour nous remémorer le 4ème commandement qui est d’honorer notre père et notre mère. Notre temps ne nous appartient plus mais se partage dans la mémoire des anciens, dans notre propre vie quotidienne et les devoirs d’état qui sont les nôtres  pour le bien de la famille et notamment de ses enfants qu’il faut éduquer, amener à gouter à la liberté de la foi qui permet des choix respectant la dignité humaine dans une culture de vie. Il nous faut expérimenter la gratuité de la relation qui est trésor d’humanisation.

2.4 Synthèse

Suivre les commandements du Seigneur et rester disponible à sa Parole conditionne notre vie à répondre à l’amour de Dieu qui se manifeste pleinement lorsque nous répondons positivement à la joie et en même temps l’exigence de la rencontre. «La Parole de Dieu est la véritable lumière dont l’homme a besoin. Oui, au moment de la résurrection, le Fils de Dieu s’est manifesté comme Lumière du monde. À présent, en vivant avec lui et par lui, nous pouvons vivre dans la lumière.»  Nous n’avons plus qu’à en témoigner avec force et courage. Que le Seigneur soit notre encouragement dans ce que nous avons à vivre. Et gardons nos yeux fixés sur Lui pour relire toute notre vie à la lumière de sa sainte volonté.
Relire son histoire en demandant à Dieu ce que j’ai à vivre est le meilleur témoignage que je peux montrer autour de moi. «A la mesure de l’humilité et de la foi, on y découvre les mouvements qui agitent le cœur et on peut les discerner. Il s’agit de faire la vérité pour venir à la Lumière : ” Seigneur, que veux-tu que je fasse ? “.»  La confiance en Dieu ouvre à l’espérance en l’homme et la fidélité à la Parole. Ne regardons pas nos propres faiblesses et notre péché, mais confiants dans la miséricorde du Seigneur laissons nous guider avec confiance par sa Parole. «Relevez-vous et soyez sans crainte !»

La vraie révélation de Dieu se lit dans notre vie à travers le temps que nous passons avec Lui. Aujourd’hui où l’idole des écrans envahit nos instants, il importe de remettre Dieu au centre de notre vie, et non dans l’accessoire que l’on oublie dans les rythmes infernaux imposés par les vaines préoccupations. La nouvelle évangélisation passe par la conversion du temps et de la relation au frère qui est d’abord moment de communion et non dans la virtuelle illusion. Pas d’autres discernements que de regarder la gestion de notre temps pour s’apercevoir de ce que l’on met en premier. «Jésus Christ purifie et libère de nos pauvretés humaines la recherche de l’amour et de la vérité et il nous révèle en plénitude l’initiative d’amour ainsi que le projet de la vie vraie que Dieu a préparée pour nous… C’est notre vocation d’aimer nos frères dans la vérité de son dessein.»  Oui l’homme est une histoire sacrée lorsqu’il laisse Dieu écrire sa vie dans la fidélité aux choix de vie, c’est-à-dire en écho à la Parole du Seigneur. Le dessein de chacun se lie au dessein de la communauté de l’Eglise comme un témoignage lumineux qui interpelle le particulier et la communauté pour chanter les louanges du Seigneur. Vraiment, Il est ressuscité, et ne cesse pas de nous aimer et de nous accompagner comme un ami parle à un ami.  «Dieu, la sainteté est ton chemin !»

3. Temps de rencontre avec Dieu et avec nos frères

La conversion de notre rapport au temps demande alors un engagement communautaire qui authentifie notre foi. Il n’y a pas de touristes dans l’Eglise, mais des fils et des filles de lumière engagés avec fidélité dans la vie de la communauté, chacun selon ses propres capacités. Pour être missionnaire, il faut écouter le souffle de l’Esprit Saint et s’engager résolument dans un témoignage de vie qui passe par les fruits de la communauté pastorale et de ce qu’elle donne à voir.

3.1 Pèlerinages

Plusieurs temps de pèlerinage vous sont proposés. Qu’est-ce qu’un pèlerinage sinon se mettre en marche. Sortir de nos cavernes du quotidien pour se tenir à l’orée du mont Horeb écouter le Seigneur parler dans un murmure . Traverser la mer des habitudes pour rencontrer le Seigneur dans une vie promise à la joie lorsqu’elle laisse la Parole de Dieu lui montrer le chemin. Entrer en pèlerinage pour éprouver le détachement des biens de ce monde, et vivre le combat spirituel en confiance avec le dessein de Dieu. Le pèlerinage (à  travers l’effort du corps et la manière d’habiter le temps d’un silence de recueillement) nous offre d’autres dimensions à découvrir dans la relation à l’autre ; notamment la fraternité à vivre et le bien commun à partager de façon responsable.
Le pèlerinage de Senlis, dimanche 15 octobre est vécu en secteur comme une démarche ecclésiale. Vivre ensemble une rencontre à travers la doctrine sociale de l’Eglise et la vie de Saint Louis, Roi de France qui a eu un souci du bien de son peuple, et notamment les plus pauvres et les plus humbles. Comme un rappel pour nous, dans la vie de la cité d’avoir à cœur d’être entrepreneurs d’un bien commun qui nous rend acteurs et responsables.
Les pèlerinages mariaux, du 13 octobre pour clore le centenaire de Notre Dame de Fatima, le 9 décembre comme chaque année autour de Notre Dame des miracles, ou le 12 mai 2018 ne font pas que montrer notre dévotion à Marie. Il y a une participation active de notre temps de mission où nous témoignons de façon dynamique de notre foi, et inscrivons le temps de prière dans le temps de notre vie quotidienne, arrachés aux occupations habituelles pour nous mettre en prière.

La proposition du pèlerinage du Vietnam en Janvier 2018 est l’occasion de découverte d’un autre pays et d’accompagner le Père Paul dans la démarche diocésaine de vivre l’Eglise dans l’accueil des communautés sœurs et l’enrichissement spirituel qui peut en découler.

En juillet 2018, nous proposerons à nouveau le pèlerinage de Paray le monial avec cet axe de spiritualité sur le sacré cœur de Jésus et l’adoration comme acte de miséricorde qui amène au sacrement de réconciliation. C’est un pèlerinage à vivre en famille, et tous, nous sommes invités à tenir date, pour que nous fassions cette année, deux cars, et soyions vraiment missionnaires dans le témoignage de notre engagement.

3.2 Reliques de Sainte Marguerite Alacoque

Le diocèse reçoit durant trois jours les reliques de Sainte Marguerite Alacoque, disciple de la révélation du Sacré cœur de Jésus, et qui a eu de nombreux écrits dont l’Encyclique Haurietis Aquas du Pape Pie XII sur le Culte du Sacré Cœur de Jésus.

Le samedi 11 novembre, les reliques passeront par Saint Charles Borromée l’après-midi et une messe sera célébrée par notre évêque Monseigneur Michel SANTIER  et se prolongera par une soirée de miséricorde. C’est un temps fort pour notre communauté et en même temps une grâce à vivre et à partager. La mobilisation doit se témoigner dans l’engagement dynamique de notre foi. Une Eglise missionnaire s’authentifie par l’engagement des uns et des autres, et la capacité de communion à vivre les événements. Le temps spirituel ouvre à la communion de ses membres et ainsi à la manifestation de Dieu. La lettre de la Toussaint approfondira cette découverte du Sacré cœur de Jésus qui est offert pour la conversion des pécheurs.

3.3 Une catéchèse qui se déploie

Le témoignage de notre foi s’accroît aussi dans l’apprentissage des mystères et la compréhension par l’intelligence de la dimension spirituelle. Une des erreurs est de mettre à distance la raison et la foi comme si Dieu avait créé l’intelligence de l’homme pour qu’il la mette sous cloche lorsqu’il parle spirituel. Le scientisme a tout misé sur l’absolu de la technique en oubliant le paramètre de la grâce. Mais St Augustin, comme St Thomas d’Aquin et bien d’autres docteurs de l’Eglise nous font comprendre que la foi se murit dans la prière, se comprend dans l’étude des textes, et se réfléchit dans la connaissance pour rayonner dans tous les milieux et à travers  toutes les médiations. «La Révélation chrétienne est la vraie étoile sur laquelle s’oriente l’homme qui avance parmi les conditionnements de la mentalité immanentiste et les impasses d’une logique technocratique; elle est l’ultime possibilité offerte par Dieu pour retrouver en plénitude le projet originel d’amour commencé à la création.»  La catéchèse est donc un lieu de rencontre de la connaissance de Dieu avec l’expérience de la rencontre de sa présence dans la contemplation de son œuvre.

3.3.1 Catéchèse et mystagogie

Trois grandes catéchèses vont jalonner notre parcours d’année. Elles sont ouvertes à tous, parents et enfants, catéchumènes ou néophytes, engagés, ou simplement de passage. Tous appelés à réfléchir ensemble sur la foi. Les trois jours sont indépendants et permettent à chacun de faire un choix, mais sont aussi un ensemble où nous pouvons approfondir notre foi en communauté.

Ces trois jours, le 17 novembre 2017, le 11 mars et le 17 juin 2018 sont l’occasion de vivre un dimanche ensemble, et de développer notre foi en la méditant en Eglise et selon l’enseignement du catéchisme et des documents de l’Eglise universelle. Il y a une double dimension dans ce temps de l’Eglise. La première est de vivre la communauté, de se retrouver ensemble pour vivre un temps fort. La seconde est d’approfondir sa foi et de la comprendre avec nos frères, dans un esprit de communion et de prière. Si nous voulons être une église qui évangélise, avant de sortir dans les périphéries, il nous faut d’abord faire communauté et instaurer un climat de communion. Vivons notre vie d’enfants de Dieu et ensuite parcourons les chemins pour annoncer la Bonne Nouvelle que nous aurons reçue, méditée et approfondie.

Entrer dans le mystère de la foi, c’est en même temps chercher le sens, le trouver, puis creuser plus profondément, dans ce dynamisme de la découverte qui nous met en chemin, comme dans un pèlerinage et en même temps marque notre esprit de points forts que nous découvrons dans notre itinérance, une recherche de la lumière qui est de plus en plus forte et qui illumine nos choix d’une orientation nouvelle. C’est-à-dire comprendre dans les sacrements ce que nous vivons, et vivre les sacrements pour comprendre ce que nous sommes appelés à transformer. Chacun est responsable de ses choix, ne soyons pas spectateur des propositions mais acteurs en y participant de manière constructive et en communion les uns avec les autres.

3.3.2 Parole de Dieu

A force d’en parler dans les homélies, de distribuer des nouveaux testaments à ceux qui n’en ont pas chacun sait l’importance que je mets dans la lecture et la méditation de la Parole. Comme un choix pastoral premier.  « « LA PAROLE DU SEIGNEUR demeure pour toujours. Or cette parole, c’est l’Évangile qui vous a été annoncé » . …nous sommes placés face au mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole. Cette Parole, qui demeure pour toujours, est entrée dans le temps. »  et qui doit nous accompagner dans tous nos choix de vie, surtout les plus important, comme un critère de discernement. Pour cela plusieurs propositions sont faites.

Logo atelier bibliqueIl existe sur notre paroisse depuis plusieurs années, un groupe qui se réunit le mercredi soir pour réfléchir sur les textes de la Bible. Vivre le temps de l’Eglise, et entrer dans une démarche de renouvellement de notre foi demande d’autres engagements. Et c’est l’occasion de participer à ce nouveau groupe.

D’autre part, nous avons depuis plusieurs années, et nous continuerons encore, une proposition de lecture continue de livres bibliques sur les périodes de l’avent et de carême. Ceci afin d’avoir une expérimentation sensible des Ecritures dans leur ensemble. Cela demande de notre part un engagement autonome à lire la Parole de Dieu de façon assidue pour se laisser modeler par les Ecritures et rayonner dans le témoignage. Peut-être cette année investir ces temps d’une attention plus accrue pour rayonner des fruits de l’Esprit Saint en partageant avec d’autres nos découvertes.

Enfin, le premier décret du synode diocésain de Créteil porte justement sur les maisons d’Evangile à déployer avec dynamisme. Moment de réunion à travers un texte d’Evangile et de partage suite à des questions que l’on peut se poser. Pas besoin de spécialiste, nous sommes aidés par des fiches techniques pour nous aiguiller dans la mise en place. Avec les voisins et un cercle d’amis pas forcement proches de l’Eglise mais qui ont une soif spirituelle, de leur donner une première approche. Je reconnais que cela demande de sortir de nos formes de timidités, mais l’annonce audacieuse de la foi passe par la méditation de la Parole et du partage entre nous de ce qui nous fait vivre. La Parole transforme. La Parole purifie. La Parole sanctifie. «L’Esprit Saint qui a inspiré les auteurs sacrés est le même qui conduit les saints à donner leur vie pour l’Évangile. Se mettre à leur école représente un chemin sûr pour entreprendre une interprétation vivante et efficace de la Parole de Dieu.»

Dans la prière familiale, il peut être bon avec les enfants de reprendre l’un des textes du dimanche, et d’essayer de comprendre comment cela nous rejoint dans notre vie de tous les jours. L’homélie peut aider à ce cheminement de compréhension, mais l’échange en famille permet d’enraciner cette réflexion pour devenir une démarche personnelle. Un appel à la conversion qui ouvre à la sainteté de vie. «Demandons au Seigneur que, …notre vie soit cette ‘bonne terre’ sur laquelle le divin Semeur puisse semer la Parole afin qu’elle porte en nous des fruits de sainteté,  « trente, soixante, cent pour un’ ».

3.4 Alpha Couple

Vivre le sacrement du mariage demande parfois de faire une pause ensemble et de discerner les fruits de la vie commune. Il ne s’agit pas d’une étape dans la tempête, mais plutôt une sortie au désert pour se mettre sous le regard du Seigneur et voir dans nos capacités à communiquer la grâce qui passe.

Un parcours pour les couples ayant quelques années de vie commune est proposé sur sept thèmes afin de relire dans un discernement éclairé, et à travers un dialogue constructif les interactions dans le couple. Retrouver un souffle ou l’Esprit Saint continue d’accompagner à travers l’approfondissement du partage.

3.5 Synthèse

La proposition pastorale est en prolongation des préparations aux mariages vécus dans notre secteur et d’un approfondissement de la vie chrétienne dans la spécificité des sacrements.  S’ouvrir aux propositions pour devenir participant de la communauté et pierre vivante d’une Eglise en marche. Le témoignage ne se fait pas sur le fond de notre fauteuil de salon en regardant la télévision pour se détendre mais bien dans la réponse aux propositions.
Nous voici appelé à se mettre à l’écoute de Dieu dans les pèlerinages, s’ouvrir à la prière à travers l’école de Sainte Marguerite Alacoque pour mieux aimer le sacré cœur de Jésus, entendre le déploiement de la catéchèse comme une extension de l’authenticité de notre foi. Ils sont autant de lieux de conversion et en même temps d’illumination intérieure d’un Dieu qui se rend présent.

4. Effusion de l’Esprit Saint

Notre communauté paroissiale connait de nombreuses disparités dans la pratique et le parcours des personnes. Le parcours catéchétique des jeunes qui voit au long des années une diminution dramatique doit questionner sur notre capacité de témoignage et de mission. Or le principal protagoniste de la mission est bien l’Esprit Saint qui nous fait rendre témoignage. Le parcours de l’Effusion de l’Esprit Saint aide à percevoir comme vitale une mise en route du témoignage de notre foi. Tous concernés, nul n’est exclu, chacun doit se sentir mobilisé. Entrer alors dans l’écoute de l’Esprit Saint et de ce que nous avons à vivre demande une disponibilité du cœur pour laisser Dieu nous questionner sur nos choix, et illuminer notre vie des choix qui portent vie.

4.1 Un parcours pour la rencontre de Dieu

La vie d’enfant de lumière doit comprendre le mystère de la paternité de Dieu. Ce Père qui nous envoie le Fils, le Rédempteur qui nous rappelle la fraternité qui nous lie par notre création, image de Dieu appelé à la ressemblance. Cette expérience de fraternité que nous avons à vivre à travers la découverte de l’amour de notre Père, transforme notre vie, nous conduit dans l’acceptation de l’Esprit Saint comme ressourcement inégalable.

4.2 Une rencontre dans notre parcours de vie

Reconnaitre notre Père nous entraine dans la découverte de l’incarnation de la Parole comme chemin de vie et de bonheur dans la vérité de l’alliance. Le Christ Rédempteur vient nous sauver. Que dis-je, vient me sauver. Expérience personnelle d’un Dieu qui s’inscrit dans mon histoire qui me retourne. La conversion devient alors cette illumination intérieure qui se voit au dehors comme un témoignage flagrant d’une vie habitée par l’Esprit Saint.

4.3 Une préparation pour le témoignage et l’évangélisation

Comprendre la présence de Dieu dans ma vie m’ouvre à partager son amour avec tous ceux que je rencontre. Car l’amour dans son dynamisme est aussi partage, oblation de soi pour la communion en Dieu. Une radicalité de la rencontre qui m’ouvre à d’autres choix, me donne une hiérarchie de valeur où Dieu est toujours premier. Je deviens alors un témoin audacieux de cette joie intérieure qui ne demande qu’à s’exprimer à tous avec humilité et douceur dans la vérité de notre communion.

4.4 La vie dans l’Esprit Saint – une communauté qui interpelle

La découverte de Dieu est d’abord acceptation de la grâce dans notre vie, et un changement dans nos comportements de foi qui devient témoignage pour ceux que nous rencontrons. Aimer passer du temps ensemble construit notre communauté et en même temps invite d’autres à s’y refugier comme havre de paix. Le feu de l’Esprit Saint vient réchauffer la tiédeur des positions individuelles pour rappeler la fraîcheur des Ecritures qui renouvelle tout vie, restaure tout ce qui est abimé et amène à interpeller chacun dans sa mission propre. Nous avons du prix aux yeux de Dieu et une importance dans le charisme communautaire que nous avons à vivre en serviteurs fiables. L’Esprit Saint nous fait entrer dans la joie de Dieu et communique cette joie à tous ceux que nous rencontrons. Invitation à partager un bonheur qui s’offre avec générosité. Le sens de notre vie devient alors la Parole de Dieu.

4.5 Synthèse

Entrer dans cette démarche d’effusion de l’Esprit Saint est un appel à vivre notre communauté dans une direction missionnaire. Comment être signe au milieu de la cité de cette joie de croire ? Comment inviter les autres à se laisser transformer dans la vie en Dieu ? Tout simplement en expérimentant cette vie de l’Esprit Saint et en laissant Dieu agir dans notre vie. « la foi véritable « ne se base pas sur des paroles de sagesse terrestre, mais sur la manifestation de la puissance de l’Esprit » .  Pas de grand discours, mais juste l’expérimentation de cette présence de Dieu dans notre aujourd’hui, afin de dire à la suite des disciples, « Il est vivant nous en sommes témoins ! »

Conclusion

«La vérité que Dieu a confiée à l’homme sur lui-même et sur sa vie s’inscrit donc dans le temps et dans l’histoire.»  L’implication dans notre communauté, et la gestion de notre temps sont autant d’axes pour comprendre le besoin d’évangélisation et de transformation dans une hiérarchie des valeurs ou Dieu est premier. Se laisser transformer par la grâce en devenant acteurs des talents reçus et que nous avons à laisser fructifier dans notre vie. «La foi affine le regard intérieur et permet à l’esprit de découvrir, dans le déroulement des événements, la présence agissante de la Providence.»  La première évangélisation que nous avons à vivre se situe dans nos choix quotidiens. Ils se lisent dans la cohérence de notre vie avec la Parole de Dieu non dans le jugement, mais dans la vérité des situations, et la rectification dans l’amour de ce que nous avons à vivre. Le détachement ne se fait pas sans mort à soi-même, mais il ne se fait pas non plus sans une libération qui apporte la vraie joie.
Je reconnais la complexité de l’évangélisation du temps qui demande à chaque fois un discernement éclairé par la Parole et par les frères. Cependant nous avons un secours avec notre avocat , notre défenseur, l’Esprit Saint. «Par son action, la Bonne Nouvelle pénètre dans les consciences et dans les cœurs humains et se diffuse dans l’histoire. En tout cela, l’Esprit donne la vie». La nouvelle hiérarchie du temps où nous mettrons Dieu en premier ouvre à une culture de vie et au respect de la dignité humaine dans le rythme qui lui est propre. Accueillir la vie telle qu’elle nous est proposée renvoie à l’accueil du don de Dieu et la confiance dans la foi que nous lui faisons. Dieu pourvoit. « L’identité chrétienne, qui est l’étreinte baptismale que nous a donnée le Père quand nous étions petits, nous fait aspirer ardemment, comme des enfants prodigues – et préférés en Marie – à l’autre étreinte, celle du Père miséricordieux qui nous attend dans la gloire »

Père Greg. BELLUT
Curé de l’ensemble paroissial de Joinville le Pont – 3 septembre 2017