« J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles »

            Vivre en artisan de paix demande, pour nous, de regarder avec bienveillance nos frères, et de cultiver la vérité pour être dans la situation la plus juste. Ce qui demande un enracinement dans la prière et un service de la charité où nous rappelons en même temps la radicalité de notre foi. « Il n’est pas facile de bâtir cette paix évangélique qui n’exclut personne mais qui inclut également ceux qui sont un peu étranges, les personnes difficiles et compliquées, ceux qui réclament de l’attention, ceux qui sont différents, ceux qui sont malmenés par la vie, ceux qui ont d’autres intérêts. »[i]La vie dans l’Esprit Saint est justement déploiement de la grâce qui touche les personnes et réinvente nos relations à l’aune de l’amour. La paix est un fruit de l’audace de l’amour parce qu’elle inscrit dans le temps une communion à vivre et à faire vivre. Si l’amour a une dynamique d’éternité, la paix que l’amour  génère en est le fruit absolu. Point de demi-mesure,  ni de tiédeur dans l’amour, parce qu’il  exige dans la paix une communion fraternelle qui se veut créative et en même temps éternelle.

            « Semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté ! », ou, en tout cas, c’est le chemin de sainteté auquel nous sommes tous appelés. La communion est alors présence de Dieu au milieu de nous, comme un regard d’amour qui transfigure toutes nos relations. Certes nous connaissons des moments de passion, et nous portons nos croix, mais le travail fraternel d’unité entre nous ouvre à la Pâques de la communion et aux fruits missionnaires. Nous devenons attractif non plus par ce que nous disons, mais bien par ce que nous sommes. « La paix est en danger quand l’homme se voit nier ce qui lui est dû en tant qu’homme, quand sa dignité n’est pas respectée et quand la coexistence n’est pas orientée vers le bien commun »[ii]. Mais un regard évangélique vient à bout de toutes les difficultés pour rappeler la vérité comme un lieu de conversion et d’ajustement de notre vie. Ce n’est pas un acquis, mais un travail de tous les instants pour que notre communion demeure féconde, en bon artisan de paix. L’Esprit Saint, Personne – Don, nous fait entrer dans la civilisation de l’amour en nous proposant de vivre la paix en partage, comme lieu de générosité de la relation fraternelle.

            L’inventivité de la paix nous demande de témoigner des fruits de l’Esprit Saint avec douceur et miséricorde. Inventer une manière de rejoindre l’autre, de l’écouter et de lui donner avec générosité notre attention pour que nous puissions faire ensemble communauté. Cela demande des sacrifices, du temps, et une conscience éclairée que l’Eglise c’est nous, et qu’il  nous faut être responsable de notre propre baptême en suivant les exigences du don. Réduire notre participation à l’Eglise en dons financiers est une erreur. Le partage financier n’est que l’expression de notre foi agissante. Et parallèlement le manque de partage financier pour un annuaire de ‘bonnes raisons’ démontre un problème de communion fraternelle et de zèle missionnaire.

C’est ainsi que les annonces de la foi des premiers chrétiens et de leurs successeurs ce sont  toujours faites dans la douceur et le respect de l’autre. D’où parfois l’audace d’inculturation plus ou moins réussie mais qui fut  discernée  en Eglise. Cela demande de mettre la paix dans le cœur de ceux qui sont attirés par la facilité de la violence, de la haine et de la vengeance. Il nous faut rendre crédible la Parole de Dieu dans le prophète Isaïe. « « Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre »[iii].Ne croyons pas que la paix est de nier ou de cacher les situations ou de ne rien dire ‘pour avoir la paix’, et ainsi travestir la vérité en un magma de sentimentalisme et de lâcheté. Vivre le don de la paix demande l’amour de la vérité et de rappeler l’exigence du regard évangélique.

            Que ce mois de juin qui annonce l’été et promet des vacances nous ouvre à vivre la communion entre nous dans le partage et avec un esprit de bienveillance. Les fêtes familiales doivent être des temps de communion et de la  joie de  nous mettre sous le regard de Dieu. En même temps l’exigence d’être artisan de paix, loin d’être facile, sollicite d’être ingénieux dans la mise en œuvre. Soyons, dès aujourd’hui, témoins du Christ sauveur de notre vie et que nous sommes invités à partager. Ainsi serons-nous « appelés fils de Dieu ».

 

 

[i]&89 Gaudete et exsultate ( et citation suivante)

[ii]&494 Compenduim de la Doctrine Sociale de l’Eglise

[iii]Is 2, 4